Bordeaux - Requalification viaire

Quelques photos sur le chantier actuel de requalification de l'espace vert entre la rue Jean Descas et le château du même nom... :








Sans savoir à l'avance si cet espace se transformera en gated community, il est dommage qu'on ne puisse pas espérer une continuité avec le parvis de l'église Ste-Croix via le square derrière l'ancienne troisième fortification, rue Peyronnet :

accès fréquemment interdit aux piétons pour le square Dom Bedos, derrière le conservatoire de musique Jacques Thibaud, quartier Ste-Croix

Compte-rendu de la réunion de ce soir sur "la dernière phase" de l'aménagement de la rue Kléber

Vraiment c'était à ne pas louper. Histoire de vérifier ses théories personnelles de laboratoire sur la "gouvernance verticale bordelaise"... Voir aussi  : ça et ça...

Au-delà de toutes polémiques venons-en aux infos de base.

D'abord le titre du powerpoint, qui venait faire décor au fond de la salle, annonçait bien la musique :

"réunion d'information", et ceux qui voulaient bien s'enhardir à relever ce détai, en évoquant l'absence de concertation, l se voyaient blackbouler par le discours convenu... :

qu'il n'aurait pas fallu louper aucun des trentre-six épisodes de la réunionite qui a démarré... en 2012, origine du projet.

Sinon "livraison" de l'aménagement aux beaux jours l'année prochaine, au mois de mai, sans toutefois la totalité des plantations : les dernières étant mises en terre à l'automne prochain.

Le signal à la salle  - 30 à 40 personnes, pas mal de seniors, une majorité de O+ il me semble... - pour les questions, n'a eut besoin d'être fait, avec une rafale de questions qui a occupé finalement une bonne heure du rassemblement.

Bien sûr il y a eu les inévitables remontrances - justifiées il me semble - sur la carence d'action de la municipalité, ou de l'interco, sur la merde de chien, les bagnoles stationnées malgré la stricte limitation,  même pas signalée, du fait du "concept" zone de rencontre par ici la bonne soupe..., du tapage nocturne, des déchets jetés à tous les vents, des zones d'accumulation dans les "fosses" végétalisées, de la rampe d'accélération du segment de la rue Kléber venant aboucher crs de la Marne et, summum de l'horreur... :

des bagnoles garées devant les portes de garages...
Au point que la maire adjoint a dû faire la mère grondeuse, quand des riverains ont menacé... de convertir leur garage inutile en "pièce à vivre supplémentaire"... :

il existe une prescription dans le PLU qui interdit cette horreur supplémentaire... !!!

Quelqu'un dans la salle est venu envenimer la situation, en faisant part de sa révolte au sujet des gigantesques garages collectifs, qui truffent la ville jusque dans son hypercentre, et qui pourraient bien donner lieu à mutationpour du logement, terriblement rare dans la ville et son agglo, faut-il le rappeler, enfin rare et très cher...

Là-dessus m'dame la zélue maire-adjoint s'est fendue d'une désapprobation mi feinte, mi raison, en évoquant l'aubaine de la situation, avec ces anciens hangars convertis en garages, qui permettaient de créer une soupape de sûreté pour la demande de stationnement... Tout en manifestant toutes les craintes du monde sur leur avenir, du fait qu'ils n'étaient pas répertoriés au cadastre pour leur usage actuel..., et donc échappaient aux terribles règles du PLU. Et, larme à l'oeil ou presque, elle évoqua tout le potentiel archéologique menacé, que ferait subir aux vénérables endroits la sacrilège reconversion...

Mais là où c'est devenu franchement intéressant, c'est quand a été évoquée la participation habitante dans et avec le projet...
Participation très très faible : on le savait déjà. L'hypothèse de la verticalité de la gouvernance a été clairement évoquée par une dame de la salle : pourquoi la rue Kléber dans ce choix d'une rue à végétaliser? Pourquoi ne pas avoir choisi la rue Beaufleury (!) - ici-, qui aurait pu rassembler davantage d'habitants "mobilisables"...? Enfonçant le clou jusqu'à dire que le projet a raté parce qu'octroyé et non demandé par les riverains... Un tempérament a été apporté par une autre dame, qui elle a évoqué une bronca lors d'une réunion où aurait été annoné en son temps l'abandon du projet... Peut être des nostalgiques de la réunionité, estimant avoir fait société depuis le début... ?

La zélue ne s'est pas laissée déboulonner. A la remarque d'un "sécréteur de jus de crâne", au sujet de la nécessité de mobiliser les sciences sociales au cours de ce projet - sociologues, anthropologues, psychologues... mais point de géographes : ça ne sert qu'à faire débiter la liste des préfectures, comme sous J. Ferry... ? - elle a répondu que nombre d'étudiants sont venus se casser les dents dessus le projet, et dès le début. La mère (!) adjointe est même venue chercher sa soeur à la rescousse, puisque chercheuse à la prestigieuse EHESS, et trouveuse d'un merveilleux contre exemple de ce qu'il ne faut pas faire en termes de participation habitante... avec la rue Kléber à Bordeaux .

Très fortiche je trouve. Bien sûre elle n'était pas encore zélue dans la précédente mandature, alors... Quelques arguments ont toutefois été apportés par la jeune femme... Soyons gallants... D'abord une population qui change beaucoup, avec un effectif étudiant important, ne pourrait que difficilement s'investir dans du jardinage de rue. Et puis la taudification entrâinée par les marchands de sommeil du coin de donnerait pas le courage de regarder dehors... Beaucoup de logements sont sans confort. Un riverain, qui semblait avoir un attachement sentimental fort au projet, se dresse en donneur de conseils :

pour augmenter la participation pourquoi de pas mettre dans le coup les habitants en diffusant une info sur l'utilité de recycler ses eaux de lavage de légume, ou de rinçage de vêtements, ou autres pour arroser en été les plantations... ?

Le discours technique imparable et la moralisation à quatre sous ont servi d'argument final à l'élue :

il est question d'un projet technique de récupération des eaux, il existe des conventions à signer entre le riverain et la ville pour "gérer" une jardinière ou une plante grimpante sur on mur, il existe dans la ville plein de services techniques pour renseigner l'heureux entrepreneur local en vert (!)et contre tous...

Bref ça rigole pas, le Do It Yourself n'aura toujours pas voix au chapitre et les voies de la gouvernance bordeluche sont plus que pénétrable : la verticale, où tout tombe du ciel, jusqu'au choix des essences à planter...

... et cette misérable mascarade de démocratie participative s'est terminée en preuve de dilettantisme de jardinière - la zélue, pas les bacs... -, lorsque quelqu'un(e?) dans la salle se plaignait - comme dab - des trainées interminables de pissat humain :

aux pointes de la connaissance agronomique, M'dame... a évoqué en ricanant l'expérience - interessante à mon goût (!)    - d'urinoirs nantais, qui devraient prévoir un recyclage "intelligent" de l'excrétat, sans bien sûr donner son opinion sur une éventuelle généralisation à Bordeaux...

Livre sur les aménagements des places au fil du temps, pas toujours glorieux (Ravezies ou la gare)
http://www.sudouest.fr/2017/11/27/-3981873-4583.php
am

rien a voir avec l'ANMA auteur du plan guide. Cette agence n'était pas maitre d'œuvre des espaces publics de Re Centre. Amart, il y a quand même des subtilités entre un urbaniste qui propose de révéler des pépites et des traversées urbaines (aller jusqu'à la Garonne - prolongement de l'axe Bourse-Parlement-CaJu-Lafargue-Grosse Cloche-Menu-Kléber) et le travail de concertation/appropriation, ou tout simplement le travail de définition des espaces publics. Cette rue n'aurait pas été un échec si elle avait était traité simplement, comme une rue entre cours et boulevard, avec la touche de "modernité" qui est celle d'une végétalisation simple (façade, et qq arbres en cépée par exemple).