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Tours et gratte-ciel - Réflexions

#1 04-01-2005 12:41:40

Boris_F
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Tours et gratte-ciel - Réflexions

La conception

Lors de la décision du lancement d'un gratte-ciel et après les premières définitions du cahier des charges, le client effectue un appel d'offre auprès d'architectes dans le monde entier. Le projet est en effet d'une telle ampleur que rare sont les architectes qualifiés. Le maître d'½uvre choisi ensuite parmi plusieurs propositions celle qui lui convient le mieux, en 1932 l'Empire State Building a ainsi été choisi sur un panel de 17 projets différents.

Les principales prérogatives de l'architecte sont l'intégration de son projet dans l'environnement, la maximisation de l'espace intérieur, la circulation dans le building et le respect des règles de sécurité. La bâtiment doit par exemple posséder une particularité esthétique, permettre une rentabilité maximale, être suffisamment confortable et résister aux forts vents, aux incendies et aux séismes.

Les fondations

Un gratte-ciel pèse plusieurs centaines de milliers de tonnes réparties sur une petite surface au sol. Les fondations du bâtiment doivent pouvoir le soutenir et lui permettre de résister au vent et aux tremblements de terre. Ainsi la nature du terrain joue un rôle essentiel, le building doit avoir un point d'ancrage solide. En fonction de la nature du terrain, il peut être nécessaire de chercher en profondeur des couches solides aptes à soutenir le bâtiment, les fondations pouvant alors atteindre les 100m de profondeur.

Manhattan est constitué d'un sol entièrement rocheux, idéal pour la construction et permettant le maintient de tous les buildings construits. Pour les tours du World Trade Center la roche permettant de supporter l'édifice était situé à une 20aine de mètres de profondeur.

Mais malheureusement la nature du terrain est parfois surestimée, et la forte croissance du nombre de buildings dans certaines villes engendre d'autant plus de problèmes. C'est ainsi que le sol de Shanghai en Chine s'affaisse sous la masse de ses bâtiments. Plus de 3000 immeubles de plus de 17 étages y sont construits engendrant un affaissement du terrain de 1.5cm par an en moyenne, allant jusqu'à 3cm par an dans le quartier financier. Les environs du gratte-ciel Jin Mao de 421m connaissent un affaissement annuel de 6.3cm. La structure du métro et de certains bâtiments est déjà affectée, ce qui ne devrait pas s'arranger avec la construction ou planification actuelle de 3000 autres immeubles et également du plus haut centre financier mondial, avec 492m de hauteur et 101 étages.

Le sous-sol de Shanghai est composé de terre molle sur une épaisseur de 300m, formée de sable et de limon accumulés par le fleuve Yangtsé depuis plus d'un millénaire. L'affaissement non homogène du terrain a déjà causé l'effondrement de plusieurs immeubles, et au rythme actuel Shanghai passera sous le niveau de la mer dans 50 ans. Des mesures limitant entre autre la construction des gratte-ciels sont en cours d'élaboration, visant à faire passer le rythme moyen d'affaissement annuel à 0.5cm.

La structure

La structure des gratte-ciels diffère sensiblement de celle des bâtiments standard. Les bâtiments d'environ 4 étages ne sont soutenus que par leurs murs là où les gratte-ciels doivent adopter une armature squelettique, les murs étant alors fixés dessus. Les bâtiments de plus de 40 étages doivent en plus adopter une configuration leur permettant de résister au vent, qui peut exercer une force considérable.

Tous les gratte-ciels ne sont pas semblables, leur structure pouvant être très différente de l'un à l'autre. Les matériaux sont de plus choisis en fonction des disponibilités dans le pays de construction, et les méthodes de fabrication ont beaucoup évoluées avec le temps: la découverte de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques permettant de construire toujours plus haut.

L'amélioration des liaisons entre les matériaux a permis le passage d'une 15aine d'étage à la fin du 19ème siècle à une 40aine dans les années 30. L'ossature en acier est utilisée jusqu'aux années 50, le béton armé faisant alors son apparition et permettant la conception de structures avec un noyau central.

Le noyau central est l'élément assurant la rigidité de l'édifice, il parcourt le bâtiment sur toute sa hauteur et contient généralement les ascenseurs. Les efforts exercés par le vent sont retransmis au noyau par l'intermédiaire d'éléments horizontaux positionnés dans le plancher des étages. Les gratte-ciels à noyau central peuvent atteindre une hauteur d'une 50aine d'étages tout en réduisant l'emprise au sol. Le doublement voir le triplement de la structure centrale a ensuite permis d'atteindre des hauteurs d'environ 70 étages.

Pour les gratte-ciels plus hauts plusieurs types de structures existent. Le World Trade Center fut par exemple construit sur la base d'un noyau central additionné d'une ossature extérieure métallique. L'ossature extérieure entoure la totalité de l'édifice et est reliée aux éléments horizontaux des planchers par des amortisseurs viscoélastiques, permettant d'absorber les effets du vent. Cette structure extérieure étaient préfabriquée puis solidarisée avec des boulons à haute résistance. Le bâtiment a ainsi été conçu pour résister à des vents exerçant une force sur les façades supérieure à 200 kilogramme par mètre carré. Le déplacement du dernier étage n'est alors que de 28cm.

Un autre système permettant de dépasser les 100 étages est la structure à ossature extérieure triangulée, le John Hancock Center à Chicago est construit sur ce modèle. Des renforts triangulés sont ajoutés à la structure extérieure et permettent de renforcer la stabilité de l'ensemble.

Une autre structure permettant de dépasser les 100 étages est l'assemblage d'un ensemble de minces tours, permettant une plus forte solidité, surtout au niveau de la base. La Sears Tower de Chicago est construite sur ce principe.

Les façades

Les façades d'un building sont les reflets du style du bâtiment. Au début du 20ème siècle les architectes préféraient laisser bien visible les poteaux ou autres structures fonctionnelles, montrant la maîtrise de la technique. Des poteaux puissants et espacés montraient par exemple le contrôle d'énormes efforts. La couleur était aussi employée pour mettre en valeur certaines parties du bâtiment au détriment d'autres.

A cette époque le métal et la pierre étaient les principaux matériaux utilisés pour le revêtement des façades, puit vinrent la céramique pour des teintes plus claires et des alliages de bronze (utilisés par exemple sur le Seagram construit en 1958 à New York) permettant des effets de miroitement. Par la suite les éléments structuraux ont été cachés et les façades furent recouvertes de revêtements lisses et uniformes, constitués de verre et d'aluminium, conçus par feuilletage pour être de bons isolants et allant jusqu'à créer des effets de lumière suivant la position du Soleil.

La Construction

La construction d'un building sort de l'ordinaire. Les techniques de construction ne sont pas les même que celles employées pour des bâtiments plus modeste: le matériel est fixé sur le building et monte avec lui, on a donc un déplacement en hauteur du chantier. Ainsi les grues sont fixées soit sur le noyau central, soit à l'extérieur sur des échafaudages. De plus les matériaux de construction doivent être acheminés en haut du bâtiment au fur et à mesure.

La construction de l'Empire State Building
http://www.techno-science.net/Illustrations/Architecture/Gratte-ciels/Img/Empire_State_Building_9.jpg

La construction des WTC
http://www.techno-science.net/Illustrations/Architecture/Gratte-ciels/Img/WTC_5.jpg

La construction de Tarpei 101
http://www.techno-science.net/Illustrations/Architecture/Gratte-ciels/Img/Taipei101_8.jpg

Dans le cas d'un bâtiment à noyau en béton, un coffrage itinérant est installé, s'appuyant au fur et a mesure de l'avancement sur ce qui est déjà réalisé. Le béton est ensuite coulé à l'intérieur du coffrage. La vitesse d'avancement est d'au maximum un étage par jour.

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Edité le 04/01/2005 à 12:44 par MyNight


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#2 09-01-2005 21:24:00

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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Un article de Madeleine Van Oyen

« Maintenant, rien ne sera irréalisable pour eux »(1) : jaloux de ses prérogatives, Yahvé stoppe la construction de la tour de Babel. C’était sans compter, aux alentours des années 1860, l’invention concomitante de l’ascenseur(2) et de l’architecture métallique(3) : une conjonction de l’évolution des techniques qui permet de vaincre la hauteur et donne naissance au premier gratte-ciel — un « grand immeuble de bureaux » comme on dit alors, le Home Insurance Building (cf. ill.). Ce dernier, construit en 1884(4) par l’ingénieur Le Baron Jenney à Chicago, ressemble plus à un palais à l’italienne trapu, du haut de ses 55 mètres, de ses dix étages et de son architecture classique, qu’aux Petronas Towers de Kuala Lumpur, 450 mètres, quatre-vingt huit étages, actuellement n°1 au top cent des plus hauts gratte-ciel du monde — les derniers de la liste affichant un bon 226 mètres(5). « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! »1 Le mot d’ordre biblique perdure.

Les obélisques, minarets, pyramides, tours des châteaux et flèches des cathédrales culminant à une centaine de mètres n’ont pas attendu la Révolution industrielle pour exister. Des escaliers suffisaient à conduire les hommes en ces hauteurs-là, qui étaient l’apanage de la puissance divine ou royale — s’il est vrai que le parallélisme entre le pouvoir et la vision surplombante des choses (« panoramique », disent les guides touristiques) va de soi. Le mot gratte-ciel ne dit pas autre chose : il désigne à l’origine une petite voile triangulaire au sommet d’un mât, et, par métaphore, tout ce qui est exagérément haut. C’est le Daily News de Boston qui consacre le terme pour désigner le nouveau type d’immeubles, dans un article de 1891 intitulé « How the Sky-Scrapers are Built ». Trois ans auparavant, Buffington avait baptisé « gratte-nuages » sa tour à ossature d’acier de vingt-huit étages ; appellation sans suite.
La hauteur comme célébration de la gloire — mais encore faut-il savoir de quelle gloire. Le gratte-ciel n’est pas le seul à avoir dû se justifier, en cette fin du XIXe siècle où l’architecture bouleverse la ville traditionnelle. On connaît les réactions contre la tour Eiffel des « écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté, jusqu’ici intacte, de Paris » (parmi lesquels Gounod, Garnier, Maupassant, Zola) qui écrivirent dans une lettre ouverte : « La tour Eiffel dont la commerciale Amérique elle-même ne voudrait pas, c’est, n’en doutez pas, le déshonneur de Paris. Il suffit pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer un instant une tour vertigineusement ridicule dominant Paris, ainsi qu’une gigantesque et noire cheminée d’usine, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. »(6) Humiliantes pour les autres monuments, les tours de nouveaux rois, les cathédrales de nouveaux dieux : le capitalisme industriel moderne et le progrès scientifique. À New York, le « Dieu Dollar »(7) a sa « cathédrale du commerce », le Woolworth Building, ainsi qu’il fut surnommé à sa construction en 1913 : « Il y avait des banques prétendant être des temples, des gratte-ciel prétendant être des cathédrales, et les immeubles de bureaux de Madison Square prétendant être des campaniles vénitiens — et tous recevaient des médailles pour leur prétention »(8).
La métaphore religieuse est de fait récurrente en termes architecturaux : flèches, dômes, tourelles et pyramides se succèdent en haut des tours. Traditions maya, romane, gothique et surtout style Art déco à partir de 1925 voisinent dans la skyline de Manhattan. Lorsque Burnham et Root construisent, en 1891, le Monadock Building aux maçonneries lisses sans ornementation, c’est pour des motifs financiers et non par choix esthétique(9). En 1922, le célèbre concours lancé par le Chicago Tribune en vue de construire « le plus bel immeuble de bureaux du monde » récompense une tour d’inspiration gothique (par Hood et Howells). Cependant le concours, véritable état des lieux des tendances architecturales de l’époque, voit poindre le modernisme du Bauhaus avec le projet de Gropius (cf. ill.). Il faudra attendre l’après-guerre pour que domine le style « simplifié, pur, propre, généralisable, raisonnable, abstrait »(a) théorisé par Mies van der Rohe. Mais si ce dernier réalise à New York le très beau Seagram Building (1958), tout de granit, bronze et verre, la leçon du modernisme n’est pas toujours bien comprise : « les répliques auront rarement la qualité de l’original » et le « standard immobilier totalitaire et souvent destructeur, [...] univers banalisé de boîtes et de cages »(a), se met en place. C’est pourquoi, au cours des années 1980, les gratte-ciel baroques resurgissent, en réaction à la prédominance de ce « style international ». Contre les gratte-ciel uniformes (laids ?) aux toits plats des années 1960 et 1970, la vague historiciste souligne parfois de manière très explicite ses références aux « tours romantiques »a de l’entre-deux-guerres — ainsi le Nationsbank Center de Johnson et Burgee (Houston, 1984, cf. ill.). Depuis, le modernisme est revenu en force, mais avec la ferme volonté d’être « une source esthétique pouvant être utilisée avec autant de profit que le classicisme »(a) : la Hong Kong and Shanghai Bank de Foster, les travaux de Kohn Pedersen Fox ou d’Helmut Jahn en témoignent.
Les avatars du modernisme prouvent en fin de compte que la métaphore de la hauteur fonctionne encore : la hauteur signifiant la puissance, ce qui est haut se doit d’être puissant. L’homme n’accepte de casser le paysage que pour quelque chose qui le mérite : gloire de Dieu, du roi, de la science, du capitalisme. « Du prolétariat », proclame un ouvrage hagiographique sur la « citadelle des citoyens » que fut le nouveau Villeurbanne(10) (architecte Môrice Leroux), exemple typique de la conception des années 1930 en matière de logements populaires. Villeurbanne célèbre ses  Gratte-Ciel (sic) : les majuscules sont sans doute la meilleure preuve qu’ils n’en sont pas. N’est pas Manhattan ni Hong-Kong qui veut — le vocabulaire, dès les années 1960, le dit lui-même : un immeuble raté n’est qu’un high-rise, une tour, une barre, un IGH (immeuble de grande hauteur) dans le jargon des spécialistes.
Non pas que la construction en hauteur doive être l’apanage des quartiers d’affaires. New York aussi a ses gratte-ciel d’habitation moderne : le premier, la Ritz Tower (165 mètres), fut construit en 1926 par l’architecte Emery Roth, en réaction aux apartment buildings ne dépassant pas une quinzaine d’étages — qu’il surnommait les « égratigne-ciel »(a). Un immeuble new-yorkais et une « barre » d’habitations HLM peuvent bien sûr être identiques. Mais le premier, quand bien même serait-il de qualité médiocre, s’inscrit dans un tout, fonctionnant comme une mise en abyme de la ville à laquelle il participe. Bien des « barres » européennes ne sont quant à elles que des ruptures architecturales ne symbolisant rien d’autre que la pauvreté qu’elles logent.
Ces « barres » de logements s’inscrivaient lors de leur construction dans l’utopie architecturale énoncée par Le Corbusier et ses pairs dans la Charte d’Athènes (1933) — utopie selon laquelle l’immeuble-ville, changement quantitatif, apporte en outre un changement qualitatif à l’habitat : «  Le choix de la vue la plus agréable, la recherche de l’air le plus pur et de l’insolation la plus complète : [...] seules des constructions d’une certaine hauteur pourront satisfaire heureusement à ces exigences légitimes ». La hauteur devient synonyme de la modernité de l’univers « simplifié, pur, propre, généralisable, raisonnable, abstrait »a évoqué par Mies van der Rohe. L’enthousiasme des années 1960 fait parfois sourire ; ainsi dans cette citation d’un ouvrage(11) multipliant les références fascinées à Le Corbusier : « On sait qu’un immeuble haut peut revenir plus cher [...] Mais la femme occupée exclusivement par son ménage dans une maison individuelle ou jumelée peut être libérée grâce à un appartement entièrement automatisé pour une activité professionnelle ou autre (ne serait-ce qu’à mi-temps). Le loyer élevé de l’immeuble haut serait amorti par cette libération ou les revenus supplémentaires. Le ménage est loin de demander toute la réflexion et l’énergie que peut fournir une femme. Sans un immeuble haut, on ne peut libérer ces énergies et les utiliser ».

Ce n’est pourtant pas tant la Révolution industrielle et capitaliste que « la révolution mentale qu’un continent s’est imposée, en une génération, qui constitue la dimension la plus impressionnante »a de l’histoire des gratte-ciel. Cette révolution est née d’une tabula rasa involontaire : le grand incendie de Chicago, en 1871, lequel détruit presque entièrement la ville. Le traumatisme et la nécessité urgente de reconstruire « ne sont pas étrangers à la mentalité de pionniers qui caractérise la ville »(a) et, en matière d’architecture, à la fertilité des mouvements d’avant-garde. En lieu et place de l’ancienne petite ville en bois surgit le Loop, centre commercial moderne expérimentant les nouvelles techniques de construction. L’expression « école de Chicago » qualifie les deux générations d’architectes ayant donné naissance à la nouvelle architecture. La première génération, qui travaille immédiatement après l’incendie, comprend notamment Le Baron Jenney (à qui « revient tout le mérite de cette prouesse d’ingénierie consistant à soutenir un édifice entier par une ossature métallique »(12)) ; la seconde génération comprend Burnham, Root, Sullivan et Roche. En 1892, le Masonic Temple (Burnham & Root, cf. ill.), 99 mètres, est consacré immeuble « le plus haut du monde » — superlatif promis à un bel avenir.
Les gratte-ciel de Chicago ne vont certes pas sans susciter de remous : s’habituer à prendre l’ascenseur jusqu’au vingtième étage, accepter de voir les rues transformées en « canyons sombres et profonds »(13) — autant de bouleversements quotidiens qui ne vont pas de soi. En 1893 (suite à la construction du Masonic Temple), la hauteur se voit limitée à une quarantaine de  mètres à Chicago, et ce jusqu’en 1923. Occasion pour Manhattan, où aucune loi ne vient limiter la masse ou la hauteur des constructions, de détrôner Chicago en 1899, avec le St. Paul Building de George B. Post. Mais bientôt New York aussi se tempère : les 273 mètres de l’Equitable Building (1915) ayant privé une rue entière de lumière, les premières réglementations d’urbanisme obligeant à construire en retrait les gratte-ciel sont votées en 1916. La course à la hauteur se poursuit cependant au fil des progrès techniques : l’allégement constant des constructions en acier permet une progression spectaculaire ; les baies vitrées s’agrandissent au détriment des murs.
Moins de cinquante ans après le Home Insurance Building de Chicago, l’archétype du gratte-ciel américain se dresse du haut de ses 381 mètres : l’Empire State Building, construit en 1931 à New York. Le cap des 200 mètres est alors devenu chose commune, et la hauteur un élément constitutif de l’identité des villes américaines : « Pour une surprise, c’en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu’on découvrait soudain que nous nous refusâmes d’abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu’on était on s’est mis à rigoler en voyant ça, droit devant nous... Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c’est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports fameux même. Mais chez nous, n’est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. »(14)
« Couchées », nos villes européennes ? En 1769, l’architecte Pierre Patte, dans ses Mémoires sur les objets les plus importants de l’architecture, notait quant à lui avec amusement « ce que les Chinois pensent du peu de largeur de nos rues, et de l’élévation de nos maisons [jusqu’à cinq et six étages] ». Son récit rappelle que toute hauteur est relative : « Lorsqu’ils voient la description de nos bâtiments ou des estampes qui les représentent, ces grands corps de logis, ces hauts pavillons les épouvantent ; ils regardent nos rues comme des chemins creusés dans d’affreuses montagnes, et nos maisons comme des rochers à perte de vue, percés de trous, ainsi que des habitations d’ours et d’autres bêtes féroces. Nos étages surtout accumulés les uns sur les autres leur paraissent insupportables. [...] L’Empereur Canghi disait, en voyant le plan de nos maisons en Europe, il faut que l’Europe soit un pays bien petit, bien misérable, puisqu’il n’y a pas assez de terrain pour étendre les villes, et qu’on est obligé d’y habiter en l’air ». L’Empereur Canghi serait sans doute bien surpris de voir, à Shanghai, une montagne véritable, le Jin Mao Building, 421 mètres, quatrième plus haut gratte-ciel du monde. En fin de compte, l’homme s’adapte bien facilement aux bouleversements de son environnement, capable d’« habiter en l’air » comme du contraire — le tout étant de prouver qu’il n’est point misérable.

« Stratagème mécanique » visant à « multiplier les bons terrains autant de fois qu’il est possible »(15), selon Frank Lloyd Wright ? Pas seulement. Certes les parcelles sont petites et la hauteur non réglementée. Mais l’apparition du gratte-ciel n’est pas uniquement due à la rareté du terrain et au jeu de la spéculation foncière. Car « s’il est vrai qu’à Manhattan la proximité du port présentait de nombreux avantages, incitant les hommes d’affaires à s’agglutiner sur une étroite pointe de terre, [...] que dire de Chicago ou plus tard de Houston, qui disposent de vastes plaines disponibles ? »(a) Ce n’est pas le manque de place qui amène à construire en hauteur : c’est la force du symbole. « Quant à la religion et l’amour de l’art des bâtisseurs, ce sont à peu près les mêmes par tout l’univers, que l’édifice soit un temple égyptien ou la Banque des États-Unis. Cela coûte plus que cela ne vaut. Le grand ressort, c’est la vanité. »(16) Pendant la dépression des années 1930, les frais de maintenance de l’Empire State Building sont considérables, ce qui lui vaut le surnom d’« Empty State Building » — mais le symbole demeure(17) : futile, contestable ?
On peut railler : « Quant à vos hautes tours et monuments, il y eut jadis en cette ville un cerveau brûlé qui entreprit de percer la terre jusqu’à la Chine, et il atteignit si loin que, à son dire, il entendit les marmites et casseroles chinoises résonner ; mais je crois bien que je ne me détournerais pas de mon chemin pour admirer le trou qu’il fit. Cela intéresse nombre de gens de savoir, à propos des monuments de l’Ouest et de l’Est, qui les a bâtis. Pour ma part, j’aimerais savoir qui, en ce temps-là, ne les bâtit point, qui fut au-dessus de telles futilités »16.
Futilités ? Quand bien même ne serait-on pas le plus haut du monde, on peut toujours être le plus haut « du pourtour méditerranéen » (Barcelone 1992), le plus haut « de l’hémisphère Sud » (Melbourne 1985), le plus haut « d’Europe de l’Ouest » (la tour Montparnasse en 1969, puis la MesseTurm de Francfort en 1990). La Russie construisit elle aussi ses « immeubles de grande hauteur » — le terme « gratte-ciel », trop américain, étant proscrit : Université de Moscou, 1953, 239 mètres. De nos jours, « le plus haut d’Extrême-Orient » et « le plus haut du monde » se confondent, grâce aux Petronas Towers — symbole de la prospérité économique de l’Asie.
La course à la hauteur est et sera sans fin : le Japon fourmille de projets de gratte-ciel de plusieurs kilomètres depuis la fin des années 1980 (complexe X-Seed 4000, 4000 mètres comme son nom l’indique ; DIB-200, 2001 mètres, etc.). Outre le coût exorbitant et la difficulté à trouver des occupants pour les milliers de mètres carrés dégagés, les problèmes résident dans la stabilité du sous-sol, la résistance au vent de l’édifice, et dans la régulation informatique de l’ensemble (ascenseurs, éclairage, température, etc.). Techniquement, un gratte-ciel de plusieurs kilomètres est aujourd’hui possible.

« Entassés dans l’île étroite, les édifices aux mille fenêtres se dresseront, étincelants, pyramides sur pyramides, sommets de nuages blancs au-dessus des orages. »(18) Le ciel n’est plafonné que par la terre.


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#3 09-01-2005 21:27:59

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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Batiactu, 21/05/2002

Vers une nouvelle génération de gratte-ciel ?

Après l'effondrement des Twin Towers à New York, experts et architectes du monde entier ont tenté de donner une explication technique à cette catastrophe que personne n'avait osé imaginer. L'architecte français Denis Sloan va bien plus loin. Considérant que les tours sont affligées de défauts importants qui résultent de leur concept même - le noyau central - Denis Sloan ressort de ses cartons un projet imaginé dans les années 80 à partir d'un concept radicalement différent : la tour polycentrique.

(...)

Le projet de tour polycentrique de Denis Sloan aurait donc pu rester dans les cartons de l'architecte de longues années encore si un ami de ce dernier ne s'était pas enflammé à son tour pour ce concept. L'ami en question : Claude Delalande, un ancien commandant des Pompiers de Paris aujourd'hui responsable de la sécurité de Paris Expo. Pour ce professionnel de la protection incendie " ce projet exceptionnel concoure à l'obtention d'une sécurité maximale ".

Une conception radicalement nouvelle

En fait, que se soit en terme de sécurité, d'économie ou d'architecture, la force du projet Sloan réside dans le concept même. Ainsi, Denis Sloan rompt avec le principe du noyau central abritant tous les moyens de circulation verticale et autour duquel s'articulent les surfaces. Pour l'architecte, dans les configurations traditionnelles, " les locaux situés à plus de 8 à 10 mètres de la façade sont condamnés à la lumière artificielle permanente ". Par ailleurs, une agression atteignant le noyau central peut provoquer une catastrophe aux conséquences dramatiques comme l'on a pu le constater avec l'effondrement des Twin Towers.
(...)

Une méga structure polycentrique et stable

La structure offre une grande stabilité mais elle se caractérise par son aspect aérien. Elle est composée de 8 piliers et de 4 plates-formes associées qui se développent entre une "base" et un "couronnement". Une telle structure permettrait d'atteindre une hauteur de 600 mètres et d'insérer 48 blocs d'immeubles.
(...)


Egalement coupe-feu 4 heures, les plates-formes annulaires de résistance ont une hauteur de 8 mètres pour une largeur de 20 mètres. Chacune d'elles est l'équivalent d'un tablier de pont continu, dans lequel les piliers sont encastrés. Le résultat donne un anneau constitué de trois caissons parallèles, étanches, indéformables et indestructibles.

Mais indépendamment de leur rôle structural, les plates-formes ont également pour fonction de supporter et de porter les blocs d'immeubles. Elles jouent aussi un rôle primordial dans la sécurité générale de l'ouvrage en mettant en relation tous les piliers et leurs moyens de communication verticale, par une triple circulation qui est associée à des locaux d'accueil et à d'importants postes relais de sécurité-incendie assurant la protection des modules qu'elles commandent.

Un maillage urbain léger et transparent dans l'espace

L'ensemble de la méga structure et des 48 blocs inscrits dans ses mailles peut former un quartier voire une petite ville d'environ 40.000 habitants. Ce sont ces blocs qui sont la partie utile de la tour.
(...)

Les deux façades parallèles sont donc totalement ouvertes au jour. L'une d'elles regarde directement l'environnement extérieur, l'autre est tournée vers l'intérieur de la structure. " Son vis à vis le plus proche est distant de l'ordre de 45 mètres dans l'hypothèse la plus modeste, (soit plus que la largeur de l'avenue de George V) et atteint 75 mètres dans la solution développée, à comparer avec les 70 mètres des Champs-Élysées ! " commente Denis Sloan qui précise que l'organisation en spirale ou en quinconce des " fenêtres ", d'un module sur l'autre, favorise l'ensoleillement continu des façades, tout au long de la journée et à tous les niveaux.

La moitié des 48 blocs de 15 étages, disposés dans la méga structure, est portée par les plates-formes de résistance, l'autre moitié leur est suspendue. Ainsi, chaque plate-forme porte donc 6 blocs au-dessus et en retient 6 autres au-dessous. L'ensemble ainsi formé avec les 8 piliers est un module.
(...)

Tant au niveau de la sécurité des personnes que du confort d'occupation avec un maximum de luminosité naturelle, le concept de Denis Sloan apporte une réponse simple et précise. Encore faut-il arriver à se débarrasser de cette encombrante culture constructive et architecturale qui ne conduit souvent qu'à innover exclusivement par le dessin en se contentant d'adapter les techniques constructives existantes.

Jean-Philippe Defawe


La sécurité, l'élément fondamental de la conception

Quel que soit le type et l'ampleur de l'agression, notamment l'incendie, ce projet est conçu dans le but d'assurer une meilleure stabilité de la construction et la sécurité maximale en fragmentant les risques.

Alors que la résistance des immeubles de grande hauteur est principalement assurée par 2 éléments : un noyau vertical central, fortement ancré au sol pour résister aux poussées latérales et contenant toutes les circulations et gaines techniques et la façade dans laquelle l'ossature est généralement noyée, le projet de Denis Sloan repose sur structure externe qui, selon le concepteur " rend pratiquement impossible le sinistre total ".
(...)

Outre l'implantation des piliers à la périphérie de la méga structure qui assure la plus haute résistance de la construction aux secousses sismiques comme à l'incendie ou aux autres types d'agressions, les plates-formes de résistance jouent un rôle important dans le dispositif sécuritaire. En effet, elles offrent des possibilités supplémentaires de circulation entre tous les piliers et d'importantes surfaces pour l'accueil et les secours. " On y trouve de véritables relais de secours contre l'incendie dont les équipements sont mis en oeuvre immédiatement, avant l'arrivée des secours extérieurs " explique le spécialiste en matière de sécurité incendie Claude Delalande.
(...)

" Ce dispositif de circulations multiples et centrifuges évite les situations d'engorgement, voire de paralysie des manoeuvres d'évacuation ou de secours auxquelles les immeubles de grande hauteur peuvent être confrontés aujourd'hui. Il permet au contraire d'accélérer le rythme des mouvements des personnes et de combattre le sinistre dans les meilleures conditions d'intervention " indique cet ancien commandant des pompiers de Paris. " Aucun immeuble de grande hauteur n'offre actuellement de telles capacités d'évacuation et d'intervention " conlut-il.

http://www.batiactu.com/special/image.p … 51454.html

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L'article entier se trouve sur le site du batiactu.


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#4 01-03-2005 22:37:55

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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Un mail qui m'a été adressé directement par Claude Delalande, l'un des concepteurs de la tour polycentrique, que je reproduis ici in extenso :



La France, sera t'elle la premiere Nation au monde a innover en matiére de construction d'IGH ?

>>  Doit on construire les immeubles du 21é siecle avec des idées  du 20é???
>>    Merci  de prendre  connaissance de notre  nouveau  principe architectural (Brevet Français) visible sur le site intenet :   
>>   
>> French Tower : concept Français " Tours Polycentriques"  INNOVATION  IGH  NOUVELLE GENERATION     (Adresse provisoire  du site "French Tower")
>> http://olivier.pingot.free.fr/Site%20to … /index.htm

Pour  une nouvelle approche de  la construction des immeubles eleves dans le Monde en créant le Nouveau Standard de construction high rise du 21é Siecle.

>> Avec mes meilleures  salutations.
>> Claude DELALANDE


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#5 06-03-2005 21:57:14

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Batiweb (sans date)

Jusqu'où vont aller les gratte-ciel ?

La plus haute structure sans planchers au monde est la tour CN qui atteint une hauteur de 553 mètres. C’est plutôt haut pour une simple tour, mais ce n'est rien comparé à la tour Burj Dubai qui sera un vrai gratte-ciel de 800 mètres !

(...)

Mais après ce scoop, qu’en est-il de l’histoire des gratte-ciel ?

Les premiers gratte-ciel ont été érigés à la fin du XIXe siècle sur la côte est des États-Unis. À l'époque, un immeuble de 10 étages (soit une trentaine de mètres de haut) était considéré comme hors norme. Le grand incendie de Chicago, qui a détruit une grande partie du centre-ville, et sa nécessaire reconstruction ont permis l'émergence d'une nouvelle approche de la construction d'immeubles afin de réduire les coûts liés à l'augmentation du prix des terrains. Les premiers architectes de ce que l'on a appelé plus tard l'École de Chicago ont créé par leur ½uvre et par leur influence un modèle de développement urbain qui a caractérisé toutes les villes américaines au XXe siècle. On considère que le Home Insurance Building qui a été construit à Chicago en 1885 et mesurait 42 mètres est le premier gratte-ciel.
(...)

En Europe…

Le plus grand gratte-ciel d'Europe est la Commerzbank Tower à Francfort-sur-le-Main, inaugurée en mai 1997 et culminant à 258,7 mètres (300,25 avec l'antenne). Construite par l'architecte Norman Foster, elle dépasse sa voisine la Messeturm, ancienne détentrice du record européen. Ce record a été battu en 2004 par le Triumph-Palace à Mocou, avec 264 mètres de haut, 54 étages. Cette hauteur comprend le mât. La Commerzbank Tower reste la plus haute tour d'Europe pour la hauteur du toit.

Et en France ?

Le plus grand gratte-ciel de France est la Tour Montparnasse à Paris qui culmine à 210 mètres et dont la construction a été achevée en 1973. La plupart des tours de bureaux du pays sont concentrées dans le quartier d'affaires de La Défense à Paris.

L'article entier se trouve sur le site du batiweb.


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#6 10-03-2005 15:30:10

Thierry
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

L'un des problèmes avec les gratte-ciels, c'est les ascenseurs. Plus le gratte-ciel est haut, plus il faut d'ascenseurs parce que 1) il y a plus d'occupants à transporter et 2) il faut plus de temps pour transporter chaque occupant jusqu'en haut.

Et un ascenseur, ça prend de la place. Et ça prend plus de place pour un étage élevé que pour un étage bas. Explication mathématique : si on suppose qu'il y a une batterie d'ascenseurs pour chaque section de 20 étages d'un gratte-ciel et que chaque batterie d'ascenseurs occupe 5 m2 au niveau du rez-de-chaussée, alors :

- la première batterie (du 1er au 20e étage) occupera 5 m2 sur chaque étage, soit en tout 20 x 5 = 100 m2.
- la deuxième (du 21e au 40e étage) demandera 40 x 5 = 200 m2, parce qu'il faut parcourir 40 étages même si on ne s'arrête pas aux 20 premiers.
- pour la cinquième batterie (du 81e au 100e étage), il faudra 500 m2 ! Soit cinq fois plus de mètres carrés par occupant concerné que pour la première batterie.

Autant de surface qui ne peut pas être louée ou vendue...

Il y a donc une limite théorique à la hauteur potentielle d'un gratte-ciel si la surface au sol est limitée, par exemple, à un bloc de maisons new-yorkais.

Un gratte-ciel infiniment haut devrait être infiment large.

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#7 04-04-2005 22:33:22

UrbaM
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Wow ! très intéressant mynight ! merci de nous en faire profiter :)

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#8 11-04-2005 22:31:32

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Batiweb, 11/04/2005

Le concept de french tower aurait sauvé les twin towers !

Impensable d'oser affirmer cela ! et pourtant ....
Quelques jours après le 11 septembre 2001, la Société Générale demandait à Christian de Portzamparc de raboter de 50 mètres son projet de la tour Granite à la Défense, futur siège de 230 mètres, visible depuis la place de l'Etoile. Dans les mois qui ont suivi l'effondrement des Twin Towers, tous les projets de tours de la planète ont été revus à la baisse ou abandonnés. Mais tel le phénix qui renaît de ses cendres, les gratte-ciel sont de retour et « Big is de nouveau beautiful » !

(...)
L’architecte a fait le choix d’une puissante structure apparente, périphérique, aux mailles très larges, qui encadre des blocs d’immeubles indépendants, légers et à l’échelle humaine. Ces immeubles forment un mince anneau discontinu construit autour d’un vaste espace central et bénéficient entièrement de la lumière naturelle.


(...)

Ainsi, les conditions d’une sécurité maximale et d’un bien être nettement supérieur pour les personnes se trouvent cette fois réunies, sans que les intérêts économiques et financiers aient à en souffrir. Les surfaces utiles, toutes éclairées naturellement, améliorent la rentabilité de la tour polycentrique dont la construction ne soulève aucune difficulté technique particulière.

Un maillage urbain léger et transparent dans l’espace

L’ensemble de la méga structure et des 48 blocs inscrits dans ses mailles forme un quartier voire une petite ville d’environ 40 000 habitants.

a) Modules et blocs

Les modules sont constitués chacun des 8 piliers, d’une plate-forme et des 12 blocs d’immeubles identiques qu’elle supporte, 6 étant au-dessus et 6 au-dessous.

Les blocs sont la partie utile, à usage professionnel ou d’habitation, de la méga structure dans laquelle ils prennent place.
(...)

Les « pignons » de chaque bloc sont accolés aux 2 piliers entre lesquels ils sont placés. C’est par eux qu’on accède, à chaque extrémité d’étage, aux escaliers et aux ascenseurs protégés des piliers.

b) Façades

Ici les deux façades parallèles sont totalement ouvertes au jour. L’une d’elles regarde directement l’environnement extérieur, l’autre est tournée vers l’intérieur de la structure. Son vis à vis le plus proche est distant de l’ordre de 45 mètres dans l’hypothèse la plus modeste, (soit plus que la largeur de l’avenue de George V) et atteint 75 mètres dans la solution développée, à comparer avec les 70 mètres des Champs-Élysées !
(...)
c) Principes constructifs

La moitié des 48 blocs de 15 étages, disposés dans la méga structure, est portée par les plates-formes de résistance, l’autre moitié leur est suspendue. Ainsi qu’on l’a vu précédemment, chaque plate-forme porte donc 6 blocs au-dessus et en retient 6 autres au-dessous. L’ensemble ainsi formé avec les 8 piliers est un module.
(...)

On l’a vu précédemment, chaque bloc est toujours séparé du suivant par les piliers qui l’encadrent, par une plate-forme de résistance et par un vide horizontal d’environ 15 mètres de haut, coupe-feu naturel et efficace.

Tel qu’il se présente, le projet apporte prioritairement une réponse adéquate et simple aux deux problèmes majeurs que posent actuellement les immeubles de grande hauteur : il assure en toute circonstance la sécurité des personnes et des ouvrages et offre une luminosité naturelle maximale dans toutes les parties utiles de l’édifice.

Pour en savoir plus

Les dix plus hautes tours du monde
Sept des plus grands gratte-ciel sont en Asie. Si les flèches entrent en compte dans le calcul de la hauteur, ce n'est pas le cas des antennes de radiotélévision.

(...)
Et tant pis si les Petronas n'affichent que 88 étages, contre 110 pour la Sears Tower. Quoi qu'il en soit, d'ici à quatre ans, tout ce petit monde sera coiffé au poteau par la Burj Dubai, aux Emirats arabes unis, et ses 705 mètres. En 2015, Shanghai prendra le relais avec la Bionic Tower, un gratte-ciel de 1 228 mètres !

http://www.news.batiweb.com/uploadimage … 1-1004.jpg

http://www.news.batiweb.com/uploadimage … 2-1004.jpg

Directrice de la publication : Anne IMBERT

L'article entier se trouve sur le site du batiweb.


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#9 04-08-2005 17:25:23

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Posté par lyon69008

L’agglomération parisienne est, comme toutes les autres, confrontée à des défis qui dépassent nos modèles de pensée et nous imposent de revisiter nos outils d’ingénierie urbaine.

Entre les années 1930 et la fin du XXe siècle, il ne s’était pas passé grand-chose et c’est principalement aux Etats-Unis qu’avaient été construits des gratte-ciel : l’Empire State Building (381 m) à New York en 1931, le World Trade Center (417 m) à New York (jusqu’au 11 septembre 2001) en 1973, la tour Sears (442 m) à Chicago en 1974…
(...)

hier les grandes nations à bâtir cathédrales et palais : manifester leur présence au monde. Mais dans un contexte qui est celui de l’époque qui vient, qui sera à l’évidence façonné par les métropoles. Il faut évidemment se référer ici aux travaux d’Olivier Dollfus, le géographe récemment disparu, qui défendait le thème de l’archipel mégapolitain mondial (AMM), associant des métropoles davantage reliées entre elles qu’à leur arrière-pays et qui constituent désormais ensemble le noyau dur de l’espace mondial.

Notre plaidoyer en faveur de l’agglomération parisienne prend en compte les mêmes éléments. En Europe aujourd’hui, trois métropoles construisent des tours : Barcelone, Francfort, Londres (la tour de 310 m en construction en plein centre ville londonien devant être achevée en 2009) et surtout Milan, où trois tours, voisines les unes des autres, seront érigées par des architectes très connus : Daniel Libeskind, Zaha Hadid et Arata Isozaki. Toutefois, courtes sur pattes, souvent trapues, elles ne sont pas conquérantes autant qu’elles devraient l’être…

A Paris, il s’agit surtout de désamianter les petites tours des années 1970. Pour les projets qui permettraient à la capitale de conserver son rang, il faudra repasser…

L'article entier est sur:
http://www.prospective.fr/agglomeration … ctive2.htm


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#10 11-10-2005 21:36:42

JP
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

voilà j'ai un petit rapport à faire dont le thème est libre... j'aimerai parler de tours et de gratte-ciel (je n'ai pas encore délimité l'aire géographique, à priori soit Paris, soit IDF soit Europe) et je n'arrive pas à trouver de problématique et c'est...problématique !
Il y a deux ans j'avais choisi pour thème les tours du XIIIe avec pour problématique un truc du genre "pourquoi là et pas ailleurs?"
et puis une typologie des tours à la fin (d'ailleurs en y repensant, j'en ai oublié le contenu...oups...mais j'ai appris pas mal de chose interessante...)
Voilà après les questions dalle-pas-dalle ça a déjà été fait des centaines de fois et les questions tour-pas-tour aussi...
C'est vraiment difficile... car très vite j'arrive à des problématiques plus sociales qu'urbanistiques ou architecturales (j'aimerai traité le sujet en ce sens là)
Ce sont les questions concernant l'appréciation des tours, l'impact sur les skylines et la place des tours par exemple au sein des cartes mentales... mais c'est trop sociologique et ce n'est pas de mon ressort, j'en ai pas non plus les compétences (en plus le temps est plus ou moins compté)
Voilà alors si vous vous êtes posé une question particulière sur les tours à Paris, en IDF ou en Europe, ou si vous avez des idées n'hésitez pas à me la soumettre... ça pourrait m'aider ! même si c'est une question conne !
Pour le moment j'en suis à "les tours : de la nécessité en terme de logements/bureaux à l'image de modernité et de dynamisme"
mais bon, c'est encore trop subjectif à mon gout...

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#11 11-10-2005 22:02:24

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Que penses-tu d'une approche du genre : 'Paris : de la ville horizontale  à la ville verticale : de la ville invisible à la ville assumée' ?  C7


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#12 11-10-2005 22:29:49

JP
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

je comprends pas la deuxième partie?

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#13 11-10-2005 23:00:42

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Ville invisible - et horizontale car tu es plongé dedans, quand tu fais du rase-motte, tu ne vois pas l'horizon... Tu es entouré, au sein d'une rue, d'un quartier, la zone géographique te paraît à ton échelle, tu es le maître de ce petit univers...

Ville assumée : l'immeuble en hauteur se voit de tous les côtés, te rend petit (cf. 'gulliverisation' à la Durand), et quand tu es en hauteur, tu vois la ville et tu la domines... Mais tu restes tout petit, la ville t'échappe, tu ne lui appartiens plus...

Donc, la fonction du gratte-ciel, outre les problématiques urbaines densité/fonctions économiques polarisées/transports (etc), quid en matière d'image, pas seulement d'image dans le sens de mythe, mais d'image dans le sens 'visuel' du terme ? Est-ce que la ville verticale rejaillit sur le sentiment d'appartenance à la ville de l'habitant, et est-ce qu'une ville qui s'assume, qui s'affiche en tant que ville - par le gigantisme, par la verticalité - n'est pas une notion allant contre l'imaginaire de l'habitant ?

Le refus de ce qui ressemble à une ville provient-t-il du refus de se noyer dans la  ville, refus  tiraillé par  la nécessité économique d'y être? Regarde le mythe du 'village', toujours très fort à Paris, ce lieu symbolique très délimité où les habitants forment une communauté - un lien les identifiant comme appartenant au même îlot - et niant finalement tout ce qui est hors frontière... La ville contemporaine, ce sont des petits lieux qui s'emboîtent, la plus petite échelle étant son chez soi, emboîté dans la rue, emboîtée dans le bloc, emboîté dans le quartier, emboîté dans l'arrondissement, emboité dans la rive, emboîtée dans la ville intramuros, etc...

Ce système de lecture de la ville du citoyen lambda n'est-il pas remis en cause par le gratte-ciel qui polarise l'image d'une ville qui se montre, qui dépasse cette petite échelle individuelle et lisible - petite dans le sens de l'échelle humaine - et qui finit par symboliser les frontières qui s'écartent et l'individu qui se noie dans l'urbain ? La ville visible de loin l'est par sa skyline, elle montre la fin des frontières de l'individu qui pénètre dans un système, il devient un maillon et non plus un être unique. Du haut d'une tour, la ville se déploie jusqu'à l'horizon et par conséquent n'est plus un village.  Bref, l'image que la ville renvoie alors est celle d'une dilution de soi, et non plus d'un village symbolique.

Dans cette optique, réflechir à la nécessité urbaine de prévoir de l'habitat en hauteur (nécessité urbaine, je veux dire également pragmatique) demanderait sans doute de réfléchir à ce que cela implique pour l'habitant et son sentiment même de l'urbanisté ; contruire en hauteur, c'est assumer l'horizon, c'est assumer l'espace, et c'est assumer les fonctions d'une ville. Mais à Paris, ville de tradition et d'histoire, c'est aller à l'encontre de la représentation que les habitants se font d'une ville qu'ils se sont appropriée. C'est le hiatus entre verticalité et horizontalité qui me paraît donc intéressant, et non seulement le gratte-ciel pris seul.

Paris est l'une des villes au monde - de cette taille - que les habitants se sont la plus appropriée, le gratte-ciel est par définition appropriable seulement dans une certaine optique - esthétique ou pragmatique - et cette dichotomie est-elle viable dans cette ville particulière ?...

D'où la problématique : 'Paris : de la ville horizontale à la ville verticale : de la ville invisible à la ville assumée'.

(J'espère ne pas être chiant et ne pas passer pour un épouvantable prétentieux, hein, c'est pas le but... Dites-le moi des fois si vous me trouvez soulant, j'essaie juste de formaliser un truc, pas de vous casser les pieds  A5  A7 )


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#14 11-10-2005 23:15:23

JP
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

non non c'est très interessant mais on en vient à l'aspect sociologique et psychologique...
L'image de la tour dans l'inconscient, l'image de la ville depuis chez soi, le rapport à la ville entre une fenêtre au 2e sur cour et une baie vitrée au 24e étage d'une tour... tout ça reste fondé sur la perception et l'image... ce sont effectivement des sujets qui me passionnerait mais a mon échelle a priori trop difficile à faire... ce pourquoi j'annonçais la couleur dès le départ...

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#15 11-10-2005 23:20:31

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

En fait, c'est dans quel cadre, ton projet ?


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#16 11-10-2005 23:26:56

JP
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

un rapport à faire (le thème est "histoire de l'architecture et de l'urbanisme, on choisit ce qu'on veut a priori, je dois encore avoir des précisions... mais bien sur avoir un sujet qui n'ait pas été trop traité... il faut éviter un simple état de l'art en fait... il faut problématiser et tenter de trouver des éléments de réponse... une sorte de mini mémoire)

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#17 12-10-2005 08:28:39

Thierry
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Je ne sais pas si c'est le genre de sujet que tu aimerais traiter, mais en tout cas c'est des questions  bien pratiques que je me suis posé parfois :

- est-ce que ça coûte cher de faire appel à un architecte "connu" pour construire une tour ? J'imagine que le surcoût ne doit pas être très important vu la taille du bâtiment.

- question proche : est-ce que cela représentait une économie importante de faire des tours en série dans le XIIIe (ex. les Olympiades où 6 tours ont exactement la même façade en damier), ou était-ce plutôt un choix esthétique ? On pourrait comparer, si on avait les données, les coûts de construction des 4 tours quasi-identiques du centre Galaxie par rapport à l'originale Antoine-et-Cléopâtre du côté de la rue. La question se pose d'ailleurs aussi pour les grands ensembles de banlieue.

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#18 12-10-2005 19:31:42

JP
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

tiens je me rapelle de ma typologie vaseuse pour mon rapport d'il y a deux an... il me semble que c'était : ensemble sur dalle, ensemble pas sur dalle et tour isolée...

Je pense que la répétition est peut-être un choix esthétique somme toute relatif...mais par dessus tout une économie ! standardisation de la construction, économie d'échelle, reproduction du même plan.
A l'origine les Olympiades avaient été réalisé afin de loger les classes moyennes et classes moyennes supérieures travaillant dans le sud de Paris et à Orly. De là on comprend le pourquoi des pagodes du centre commercial des olympiades. Elles n'étaient pas prévu pour d'éventuel chinois...mais pour évoquer l'exotisme et le voyage...
Parallelement il y a eu le Front de Seine qui lui était prévu pour accueillir les classes supérieures... et la différence se sent sur l'individualisation des tours. Chacune a sa personnalité.
Je pense qu'on peut associer Super Italie (commercialiser par le même promoteur que nombreuses tours du front de Seine à l'époque)
Je pensais peut-être faire une étude comparative des olympiades et du front de Seine...le devenir de deux grandes opérations de rénovation...
et les questions que tu soulèves s'integreraient parfaitement....

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#19 12-10-2005 22:11:01

Thierry
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

JP a écrit:

tiens je me rapelle de ma typologie vaseuse pour mon rapport d'il y a deux an... il me semble que c'était : ensemble sur dalle, ensemble pas sur dalle et tour isolée...

J'ai en tête une petite typologie purement visuelle des tours du XIIIe, sur laquelle je ferai peut-être un site Web un de ces jours : celles qui ont une façade à caissons (Olympiades), celles qui ont un aspect plutôt vertical (Rome, Anvers), celles qui ont un aspect plutôt horizontal avec des vitres qui font la largeur de la façade (Ivry-Choisy), etc. Et puis les inclassables comme Super-Italie.

Une comparaison entre le Front-de-Seine et le XIIIe serait en effet intéressante. Avec les projets actuels (rénovation de Beaugrenelle, GPRU aux Olympiades...). Et les problèmes de copropriété posés par l'existence d'une dalle (qui paye lorsqu'il faut faire des travaux ?). Avec en plus une évolution à ce niveau : il doit y avoir beaucoup plus de propriétaires individuels aujourd'hui qu'autrefois aux Olympiades. Et le coût de la maintenance : le respect des normes de sécurité, c'est un casse-tête dans les tours...

Pour le parti-pris esthétique de l'uniformité, j'ai lu une citation de M. Holley (je crois) qui voyait dans l'élévation à 100 mètres (environ) de toutes les tours du XIIIe l'équivalent pour l'époque moderne du gabarit traditionnel. Mais bon, il y a des parti-pris esthétiques qui masquent en fait des volontés d'économie   B5

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#20 13-10-2005 00:46:35

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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Qu'est-ce qu'un gabarit traditionnel transposé dans l'époque moderne ?


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#21 13-10-2005 10:47:01

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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

MyNight a écrit:

Qu'est-ce qu'un gabarit traditionnel transposé dans l'époque moderne ?

Les règlements successifs, de 1784 à 1902, ont libéralisé dans une certaine mesure la hauteur des combles (voir l'immeuble en gradin de Sauvage, rue Vavin), mais la hauteur de la façade sur rue elle-même, à peu de choses près, est restée limitée à environ 18 mètres. D'où l'uniformité de la hauteur des immeubles dans les rues d'avant 1945. La citation de M. Holley est la suivante (en 1967) :

Un plafond continu limitant les immeubles d'habitation perpétuera la tradition parisienne qui, depuis Henri IV, a fait la particularité de notre capitale : l'unité de hauteur, mais à l'échelle nouvelle, celle de notre temps.

En gros, il met à 100 mètres la nouvelle hauteur limite des immeubles, sauf pour des opérations de prestige comme la tour Montparnasse ou l'ex-future tour Apogée.

Pourquoi 100 mètres ? Parce que c'est une hauteur "en harmonie" avec le relief parisien, puisque c'est à peu la hauteur qui sépare la Seine des points culminants de Paris (Buttes-Chaumont, Montmartre).

Bon, tout ça c'est de l'archéologie, ces discours sont bien passés de mode....

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#22 13-10-2005 15:07:51

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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

Approche très intéressante, je ne la connaissais pas  B6


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#23 13-10-2005 20:43:04

JP
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

oui les plans des années 60-70 ne voulaient pas dépasser la Tour Eiffel... et en précisant que 200m était envisageable.
La limitation des hauteurs à 100m pour presque toutes les tours d'habitations a plusieurs significations... celle effectivement d'adopter un "gabarit tradition" comme le dit Thierry...mais pourquoi ? et bien a priori ces messieurs de l'époque se voulait être des Haussmann modernes... et même si il y avait un refus des formes traditionnelles il y avait quand même la continuité des principes urbaines : l'ordre, l'ordenancement, l'alignement...
voilà une des raisons pour ce plafond...

L'autre raison, en tout cas pour le front de Seine... et seulement valable pour le front de Seine... Etant implanté dans la plaine de Grenelle,elle sont un peu en contre-bas... ainsi depuis paris les tours s'efface assez rapidement de la ligne d'horizon... (au niveau rue bien entendu, cf Place de la Concorde... le front de Seine est casi invisible (on voit deux-trois tours) alors que la tour Eiffel l'est pleinement

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#24 14-10-2005 02:23:39

Thierry
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

N'est pas Haussmann qui veut...

L'unité de hauteur à 100 mètres, c'est bien joli comme concept, mais on ne s'en rend pas tellement compte depuis le niveau du sol. Quant à l'alignement, il ne s'agit pas vraiment d'un alignement sur rue, mais plutôt d'un alignement sur des schémas abstraits visibles depuis l'avion ou depuis certains points. Par exemple, les tours des Olympiades forment une sorte de berceau autour de la dalle, mais elles sont complètement de biais par rapport à l'avenue d'Ivry, où elles donnent l'impression d'avoir été plantées au hasard.

Bref, ces tours ont plutôt de la gueule si on les voit depuis le bon endroit, mais pas depuis la rue où tout le monde passe  A6

http://thbz.org/images/121/mini/olympiades-arcenciel.jpg

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#25 14-10-2005 07:54:46

Boris_F
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Re: Tours et gratte-ciel - Réflexions

(Tu as un PM, Thierry  A7 )


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