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École Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse

Creative Commons LicenseCreative Commons LicenseCreative Commons LicenseCreative Commons License Chéricutz
Identifiant PSS #11350
Nom École Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse
Noms alternatifs ENSA, EAT (École d'Architecture de Toulouse), UPA (Unité Pédagogique d'Architecture)
Quartier Secteur 6.3
Adresse(s)
  • 83, rue Aristide Maillol
Statut

Construit

Construction 1970
Fonction(s) Éducation

Données techniques

Niveaux R+1
Hauteur totale estimée

≈10,00 m

Liens associés

Site officiel toulouse.archi.fr Lien externe

À propos de cette fiche

Ajoutée par Chéricutz le 13/02/2009
Dernière mise à jour par Chéricutz le 28/07/2010
Architecte(s) / Maître(s) d'œuvre

Dans la folie du développement de Toulouse dès le début des années 60, il fallait au plus vite répondre au boom démographique, dû notamment aux populations pieds-noires dont la ville digérait une partie du rapatriement. L'utopie qui prévaut à la conception du quartier du Mirail (1) promettait une ville nouvelle crée ex-nihilo à quelques kilomètres de la ville-centre (2).

Une ville à la conception radicalement moderne (3), parcourue de rues verticales superposées, indépendantes de la circulation automobile - reléguée en pied d'immeubles voire sous la dalle sous laquelle se glisseront les parkings ; une ville à la fois dense par l'intensité de la vie qu'elle proposait à portée de pieds, mixte par les activités entrelacées, claire et aérée par les larges espaces verts qui irriguait les interstices entre les immeubles ; une ville pour tous, égalitaire et bienveillante, avec de vastes appartements, solides et bien pensés, duplex, loggias, pièces d'eau à gogo ; une ville variée, diverse, proposant des logements collectifs, des maisons de ville, des équipements publics, des lieux de travail, des écoles, des collèges, une université (4), une école d'architecture , etc. …

Découpée en trois quartiers (Mirail-Université, Reynerie et Bellefontaine) et conçue par la même équipe d'architectes visionnaires, Team X (5), l'opération est en rupture à la fois aussi bien avec la ville traditionnelle par la forme qu'avec la Charte d'Athènes par l'envie de produire non pas une machine à habiter formatée mais bien un morceau de paysage urbain, ancré dans le site ; une Groβ Form arachnéenne basée sur des bâtiments articulés les uns aux autres selon des angles à 120° et courant à flanc de coteaux sur la margelle de la Garonne. Près de trois kilomètres de bâtiment intimement frères qui devaient, selon les prévisions, regrouper à terme près de 100 000 habitants. Une vrai doublure à la ville rose (6).



Le Mirail devait être tout ça, une ode au progrès, le point de départ d'un urbanisme révolutionnaire. Des lendemains qui chantent dès aujourd'hui.

Mais le Mirail a dépéri (7)...



Aujourd'hui devenu dans l'imaginaire - tabou ? - du toulousain l'archétype du ghetto, celui où l'on ne va jamais, que l'on évite si aisément avec ses voies de transit en alvéoles qui en contournent soigneusement chaque secteurs, qui permettent de ne pas entrer dans le vif du sujet, dans le coeur du problème, dans la plaie de... Bref, une ville dans la ville qui dresse comme des murailles ses hauteurs habitées, bardées de paraboles sur des linéaires de béton grisâtre. Un repère où nul ne va s'il n'y est obligé, d'où nul ne sort s'il n'en est tiré. Une non-ville ? (8)

Et pourtant, la vie est réelle entre la dalle et les coursives (9). La ville bat son plein au gré de parcs magnifiques (La Reynerie), d'équipements publics en plein renouveau (le Centre Alban Minville (10), bientôt la Maison de l'Image (11)), et connaît depuis une dizaine d'année un vrai travail de recomposition urbaine, lent mais profond, dans le cadre du GPV. Après le temps des démolitions vient celui des reconstructions - fortement attendues par les habitants – qui visent à casser les trop longues façades, à briser les enclaves, à ouvrir le quartier sur l'extérieur… Un travail de longue haleine qui laisse béances et rénovations, cicatrices et ambitions (12)




Dans la lignée de l'ensemble du quartier du Mirail et de l'Université qu'elle jouxte, l'école d'architecture conçue par Georges Candilis reprend les thèmes chers à l'architecte. L'utopie de sa conception promettait un lieu ouvert au public, parcouru d'une rue intérieure sur laquelle s'ouvraient des cours universitaires, des ateliers d'architecture enfin libérés du joug des Beaux-arts, en prise directe avec la vie de la cité. Bref un lieu très libertaire, dans l'air du temps, où culture, philosophie, action, social se mélangeaient dans une remise en question des archaïsmes de la société...

Du point de vu constructif, "l'objet" aussi est  intéressant : trame proliférante, patios, système de poteaux-poutres en triangles. A l'origine, tous les pans verticaux sont des ensembles légers : façades en menuiseries métalliques, cloisons mobiles.... A noter également un judicieux système d'éclairage zénithal par des sheds orientés au Nord.

L'école a été depuis agrandie à deux reprises (14)







______


(1) A lire, un passionnant article retraçant l'histoire de la conception et de la réalisation du quartier.

(2) Cette photo aérienne datant de 1962 montre le "vide" préexistant…

(3) Ce croquis d'architecte illustre bien l'articulation entre un plan fait d'éléments linéaires et des façades où les coursives empilées fonctionnent comme autant de rues traditionnelles.

(4) Voir la fiche de l'Université de Toulouse II - Le Mirail sur PSS.

(5) Plus d'information sur cette mythique agence d'architecture.

(6) On comprend au travers de cette esquisse l'ampleur de la greffe urbaine proposée.

(7) A voir absolument, une série de vidéos conservées par l'INA et qui permettent de retracer en pointillé l'histoire d'abord enthousiasmante, puis cahotante, puis chaotique et enfin pleine d'espoirs de ce quartier emblématique de la production urbaine française du troisième quart du XXe siècle.

(8) Ce quartier qui, s'il est décrié à juste titre en France, reste mondialement connu comme l'une des réalisations majeure du Mouvement Moderne. On en parle ici sur PSS.

(9) Consultez le site T-O-Mirail, où comment le quartier est vu par les habitants.

(10) Voir la fiche du Centre Culturel Alban minville sur PSS.

(11) Voir la fiche du Centre Culturel Alban Minville sur PSS.

(11) Voir la fiche de la Maison de l'Image sur PSS.

(12) Des projets sont dans l'air du temps pour donner une place plus centrale à cette zone dans la ville. A suivre ici sur PSS.

(13) A voir également, une étude américaine très complète sur la structure morphologique et la répartition typologique du Mirail publiée en 1972 dans le
Washington Post

(14) Une première fois dans les années 1990, puis une seconde fois vers 2003.


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