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Grand Ensemble de Beauval - Tour Anjou

Identifiant PSS #22657
Nom Grand Ensemble de Beauval - Tour Anjou
Noms alternatifs ZUP de Beauval, les Y, les Tripodes
Quartier Beauval
Adresse(s)
  • mail des Allobroges
  • allée Alain
  • rue Paul Arène
Statut

Détruit

Construction 1969
Démolition 2021
Fonction(s) Logements
Style architectural Mouvement moderne

Données techniques

Niveaux R+17
Hauteur totale estimée

≈57,00 m

À propos de cette fiche

Ajoutée par Chéricutz le 05/12/2009
Dernière mise à jour par nyc971 le 08/03/2021
Architecte(s) / Maître(s) d'œuvre
Maître(s) d'ouvrage
  • Meaux Habitat

Le Grand Ensemble de Beauval est un parfait exemple de la construction industrialisée de logements qui se met en place dans les années 50 sous la férule du Ministère de la Reconstruction et du Logement (MRL) et voit son apogée dans les années 60 en terme de capacité de production.

Marcel Lods, alors urbaniste en chef de l'aménagement de la Seine-et-Marne, conçoit entre 1959 et 1963 la Zone d'Urbanisation Prioritaire (ZUP) de Beauval qui sera livrée dans sa totalité en 1969. L'opération est parallèle à celle de la Pierre Collinet1 et vient se substituer au premier projet lancé sur le secteur : une Ville Radieuse2 fut en effet envisagée puis finalement abandonnée au terme de cinq années de tractations entre son concepteur Le Corbusier et les ingénieurs de Ponts et Chaussée qui lui reprochaient son manque de pragmatisme en terme de maîtrise des coûts.

L'enjeu est bien celui-là : réduire et industrialiser la construction en utilisant la préfabrication lourde. Lods l'a bien compris, lui qui, dès 1931 avec la cité du Champ des Oiseaux à Bagneux3 - et surtout en 1935 avec la cité de la Muette4 - est l'un des premiers à mettre en œuvre cette méthode allant à l'encontre des procédés traditionnels utilisés dans le secteur du bâtiment. Il charge d'ailleurs son collaborateur Henri Beauclair, chef de projet à Meaux, de mettre en place un système performant qui sera connu sous le nom de procédé GEAI (Groupement d'Études pour une Architecture Industrialisée)5.

Au total, 8 300 logements seront construits à Beauval, essentiellement sous la forme de quatre larges tripodes comme celui-ci (R+10+attique) et de tours comportant également trois branches (R+16+attique). Cette configuration est en effet celle qui combine du point de vue fonctionnel les avantages de la tour (un maximum d'appartements empilés pour un minimum d'occupation au sol) et de la barre (un maximum d'appartements desservis pour un minimum de circulations verticales). En effet, une seule cage y dessert trois couloirs tout en limitant les vis-à-vis par un angle entre les ailes de 120°. La contrepartie est que les appartements sont mono-orientés - sans parler évidemment de l'uniformité sempiternelle de l'architecture ainsi produite.

Mais au-delà du brutalisme stylistique, technique, urbain et social du modèle reproduit ainsi à l'envie et détaché du tissu local, c'est le relatif éloignement des zones d'emploi, la concentration sur le site des mêmes classes de population par les autorités, puis la stigmatisation de ces quartiers6 qui s'en est logiquement suivie qui condamnera très rapidement Beauval ; moins de 15 ans après sa construction interviennent les premières rénovations.

Dès 1995, la déconstruction progressive s'engage ; les quatre tripodes ont d'ores et déjà été démolis à l'explosif sous l'impulsion du maire Jean-François Copé qui efface jusqu'aux traces au sol de l'existence de ces titans de béton - remplacés par de mignonnettes maisons mitoyennes, sans plus d'âmes mais satisfaisant les goûts de propriétaires des nouveaux occupants. D'ici à 2012, 3 070 logements auront été démolis sur les zones placées sous convention ANRU (la Pierre Collinet et Beauval) alors que seuls 2 350 logements auront été reconstruits7.

La tour Anjou - objet de cette fiche - fut une des tours de Beauval qui sont communément appelées « tripodes ». Elles doivent être démolies d'ici 2025 dans le cadre du projet de rénovation urbaine menée par la mairie de Meaux en collaboration avec l'ANRU et le bailleur social gérant ce grand ensemble résidentiel, Meaux Habitat, suite à la signature d'une convention le 14 décembre 20158.

La Ville de Meaux a dévoilé le 1er avril 2016 le calendrier de ces futures démolitions :
- En 2019, les tours Albret, Anjou et Alsace, qui regroupent au total 507 logements, tomberont à leur tour ;
- En 2022-23, ce seront les tours Camargue et Chambord qui subiront le même sort ;
- Enfin, en 2024-25, les tours Aquitaine et Argonne seront les dernières à être démolies.
Au total, 1 200 logements supplémentaires seront démolis, alors que 1600 avaient déjà été démolis et reconstruits dans le cadre du précédent PRU (Programme de Rénovation Urbaine).

Le relogement des 438 familles qui vivaient dans les tours Albret, Anjou et Alsace a débuté au même moment. Sur ces 438 familles, 138 d'entre elles ont été reçues par des élus et 16 autres ont accepté une proposition de nouveau logement social.

Le 7 mars 2021, aux alentours de 13 heures, la tour Anjou fut démolie par implosion, quelques secondes après la tour Alsace9, 10. Ensemble, les deux tours ont été démolies près d'un an et demi après la tour Albret.

Depuis, il ne reste plus que quatre tours (Aquitaine, Argonne, Camargue et Chambord), qui subiront le même sort en 2024, puis en 2027.



Notes et références

  1. Voir la Pierre Collinet sur PSS.
  2. Vous trouverez plus de détails sur ce projet avorté en vous reportant à sa fiche détaillée sur PSS.
  3. Cette cité HBM fut le premier exemple en France de l'utilisation de la préfabrication dans la construction.
  4. Considérée comme le premier Grand Ensemble, la cité de la Muette est également détaillée sur PSS.
  5. Plus d'informations sur Archiwebture.
  6. Ce point de vue écrit par un ancien habitant de Beauval retrace bien les sentiments ambivalents sur la vie dans les grands ensembles, puis leur mise à la poubelle de l'histoire. À lire sur parole2banlieue.
  7. Mêmes si les chiffres n'apparaissent pas aussi clairement, c'est bien le bilan comptable brutal qui est officiellement - et succinctement - tiré de cette vaste Opération de Rénovation Urbaine (ORU) par la Mairie de Meaux.
  8. Le Parisien, le 16 décembre 2015 : Meaux : les sept tours de Beauval seront démolies d'ici 2025.
  9. Le Parisien, édition Île-de-France & Oise, le 7 mars 2021 : « C’est beaucoup d’émotion » : à Meaux, les tours Alsace et Anjou disparaissent du paysage.
  10. Vidéo de la démolition des tours Alsace et Anjou : A Meaux, les tours Alsace et Anjou ont été dynamitées (YouTube - Le Parisien).

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