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Georges Maillols : cinq réalisations de l'architecte à (re)découvrir

Par Piéton, le 24/08/2025 à 22:10

Georges Maillols (1913–1998), diplômé des Beaux‑Arts de Paris en 1943, arrive à Rennes en 1947 après une première expérience à Laval. Il y reprend le cabinet Couäsnon et devient l'un des acteurs majeurs de la reconstruction et de la modernisation de la ville durant les Trente Glorieuses, signant près de 140 projets et environ 10 000 logements. Influencé par Le Corbusier, Niemeyer, le Bauhaus et les tours de Chicago, sa marque de fabrique repose sur le béton préfabriqué, la lumière abondante, les formes géométriques et une vision fonctionnelle de l'habitat. Retour sur cinq de ses réalisations.


La tour du quai Richemont (1958)

Édifiée sur un terrain marécageux qu'il a lui même acheté pour presque rien, cette tour de 11 étages (37 m) marque les premiers succès de Maillols à Rennes. Grâce à une technique de pieux en béton armé, il crée l'un des premiers bâtiments de haute densité en ville. Cette prouesse technique et formelle capte l'attention de la municipalité et ouvre la voie à ses projets futuristes.


La barre Saint‑Just (1969)

Construit à deux pas du parc du Thabor, cet ensemble remarquable s'élève en forme de pyramide. Il se distingue par ses jardins-terrasses et ses auvents ombragés. Ses ailes masquent la vue des terrasses supérieures sur les terrasses inférieures et intègrent le système de ventilation de l'édifice. La conception privilégie le calme et l'intimité, offrant aux habitants de l'espace et de la lumière. Céramique, bois, marbre sont les matériaux qui ornent les espaces communs de l'édifice.


Bourg‑l'Évêque, quartier à la mesure de l'architecte.

C'est dans le quartier de Bourg-l'Évêque, secteur insalubre qui fut rasé à la porte du centre-ville, que Georges Maillols déploie le plus visiblement son ambition à travers sa production : des logements lumineux et des espaces fonctionnels.

La Caravelle (1970)

Face à la seule esplanade du quartier, La Caravelle, par ses lignes horizontales marquées, casse la verticalité ambiante et contribue à un ensemble harmonieux dans le nouveau quartier. Sa façade sur la place est rythmée par des modules blancs en garde-corps, et le tout s'inscrit dans une stratégie urbaine menée par Maillols spécifiquement pour ce quartier. La Caravelle crée un dialogue architectural avec les Horizons.


Les Horizons (1971)

Juste à côté, Les Horizons, œuvre emblématique de Maillols, deux tours jumelles de 96 m et 99,5 m, demeurent aujourd'hui encore le marqueur totémique de la ville. Ancrées dans leur bassin, elles se distinguent de loin à l'approche de la cité. Hautes d'une trentaine d'étages chacune, l'architecte souhaitait y voir s'élever soixante niveaux, mais son ambition fut freinée par le ministère de la Construction. Réalisées en béton préfabriqué (au rythme d'un étage par semaine), elles accueillent 480 appartements de deux pièces. Leur silhouette elliptique évoque les gratte-ciel de Marina City à Chicago, avec une esthétique à la fois moderne et fonctionnelle. Leur plan et leur implantation dans le quartier rappellent aussi l'existence de deux anciens moulins à eau, disparus avec leur construction. Quant au parking-silo, doté de 440 places semi-enterrées sur plusieurs niveaux, il offre au conducteur une cinématique alternant le clair et l'obscur lorsqu'il s'y engouffre.


Le Trimaran (1977)

Le Trimaran symbolise une synthèse aboutie de son vocabulaire architectural. Situé rue Papu, l'ensemble se compose de trois corps de bâtiment en gradins – de 5, 9 et 13 étages – d'où son nom évoquant le voilier à trois coques. Ce jeu de volumes ménage des respirations visuelles dans le tissu urbain, et favorise l'ensoleillement des logements. L'élément le plus marquant reste les façades sud, animées de balcons en saillie à l'angle brisé, dessinant une géométrie dynamique et sculpturale. Ici encore, Maillols privilégie la lumière, les perspectives ouvertes et la modularité, tout en offrant une alternative architecturale audacieuse aux barres traditionnelles. Par sa configuration originale, le Trimaran s'impose comme une œuvre plastique et urbaine, équilibrant densité et habitabilité.


Georges Maillols a insufflé à Rennes une esthétique audacieuse et fonctionnelle, transformant la ville en véritable laboratoire architectural des années 1950–1970. Par ses innovations techniques, ses visions urbaines et ses réalisations sculpturales, il a profondément marqué le visage de la métropole bretonne.


Pour en savoir plus

• Fiche complète de Georges Maillols avec 127 projets recensés à Rennes sur PSS.
• Georges Maillols: 14, Quai Richemont : vers une modernité austère et lumineuse - France 3 Bretagne sur YouTube
• Georges Maillols: La barre St Just : l'intelligence d'un tandem inventif - France 3 Bretagne sur YouTube
• Georges Maillols: Les Horizons à Rennes, un signal des temps nouveaux - France 3 Bretagne sur YouTube

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