Après une semaine harassante dans les transports, j'ai eu enfin le temps d'étudier (si j'ose dire) le peu de ce qui nous est révélé des différents projets. Les commentaires qui suivent sont peut-être injustes, car il ne sont inspirés que par les rares et maigres rendus publiés, lesquels ne permettent pas de se faire une idée vraiment précise des différentes propositions présentées.
Le moins qu'on puisse dire est que le résultat est dans l'ensemble assez décevant, les architectes consultés semblant éprouver la plus grande difficulté à s'affranchir des poncifs d'un urbanisme moderniste hérité de la charte d'Athènes, lorsqu'ils ne persistent pas à s'y complaire. À regarder ces rendus, on se croirait revenu quarante ans en arrière, devant ces visions du Paris futur publiées dans un vieux numéro de Paris-Match daté de juillet 1967, les espaces verts en plus ! Car à la différence des années 60, la densité urbaine n'est même plus assumée aujourd'hui, les architectes se sentant obligés de poser leurs immeubles au milieu des jardins, comme dans l'espoir naïf de se concilier les antitours, nimbies et autres urbanophobes, en leur concédant un carré de pelouse planté de quelques arbustes pour chaque immeuble bâti.
Porte de la Chapelle, Abalos & Herreros proposent une tour bizarroïde - mi-moderniste, mi-organique - dépourvue d'élégance, posée sans trop d'imagination au milieu d'une cité HLM des années 60, à la place du traditionnel bac-à-sable. S'insirant sans doute du concept d'îlot ouvert imaginé par Portzamparc, Brenac et Gonzales tentent le pari de la convivialité, en faisant varier les hauteurs et les gabarits d'un ensemble hétéroclite de tours et de low-rise, organisés autour d'un jardin paysager côté pile, mais alignés sur la rue côté face. L'intention est louable mais je reste sur mes premières impressions, le résultat est peu convaincant : absence de perspectives, composition dépourvue d'harmonie et sensation d'un quartier replié sur lui-même. Quant au projet de Perrault, il est tout simplement impossible de s'en faire ne serait-ce qu'une vague idée. Reste la tour elle-même qui ne me déplait pas, bien qu'elle évoque en moi les images de la ligne verte de Beyrouth dans les années 80, avec ses immeubles bombardés et abandonnés, progressivement conquis par la végétation.
Du côté de Bercy, ce n'est guère mieux. Barthélémy et Grino posent au hasard quelques tours quelconques à côté de l'inévitable parc arboré, l'autre côté de l'avenue étant occupé par des logements low-rise, tandis que Michelin se contente d'une double tour monumentale située sur l'échangeur, vraisemblablement onéreuse et difficile à construire, à en juger par le porte-à-faux impressionnant au-dessus de la base. Plus malin, Vasconi trouve un moyen terme entre les deux précédents, créant de la monumentalité à moindre coût par la répétition de tours de formes identiques, mais aux claddings variés, alignées le long d'un axe structurant, le tout bien entendu au bord d'un parc aux allées bien droites et bordées d'arbres bien alignés eux aussi. Feichtinger nous gratifie du projet le plus intéressant, proposant un morceau de - presque - vraie ville, avec immeubles alignés le long des rues et dotés semble-t-il de commerces en pied, mais tout de même séparés les uns des autres par des pelouses, n'effrayons pas trop le bobo.
À Masséna, Demians pose bien sagement quelques fines tours néomodernistes au milieu du gazon, comme il se doit, avec la volonté louable de créer des perspectives harmonieuses qui auraient pu séduire il y a quelques décennies, mais paraissent aujourd'hui surannées. On ne saisit pas grand chose du projet de Sauerbruch et Hutton, les image ne contenant aucune information exploitable hormis l'aspect des tours siamoises isolées, dont la sobriété des formes est compensée par la fantaisie bariolée des façades. Ferrier alterne de petites tours hypergreen avec des immeubles low-rise et des espaces verts, le tout intégré au réseau urbain. Enfin Lapierre semble être le seul à proposer de densifier sérieusement le bâti, avec une variété d'immeubles low-rise et mid-rise plutôt séduisants.
En conclusion, je ne vois rien de vraiment enthousiasmant dans ces études. Seuls Demians, Ferrier et Lapierre à Masséna, ainsi que Feichtinger à Bercy, me paraissent tirer leur épingle du jeu, et encore uniquement sur le plan esthétique en ce qui concerne la première.
Dernière modification par Fred75: 25-11-2007 01:41
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...Caen Capitale
Elle ne sont pas novatrice, elle ne sont pas classiques. Mais qu'est-ce que c'est ? 
( j'exagère, mais c'est vraie que certains boulots sont étrange.)
. J'aimerais pouvoir en rire, mais ça fait peur... 
