Urbanisme - Pourquoi la ville française est en panne ?

Pourquoi la ville française est en panne ?

Pour faire une réponse courte : parce-qu'elle est en France et remplie de français 

Plus sérieusement, personellement, quand je regarde les projets qui se font en France, je vois plus ou moins en simplifiant trois cas de figures :
1) un projet banal lancé par un promoteur quelconque en centre-ville
2) un projet important pleins de contraintes et sous tutelle de l'état
3) un gros projet privé plutot en périphérie car c'est plus simple de pouvoir y construire.

Ce que j'appelle un projet "banal" , c'est un projet qui ne diffère en presque rien du tissus existant, de petite taille, etc, à l'architecture parfois surprenante mais qui ne l'est pas dans 95% des cas.

Les projets importants , c'est les ZAC, etc, dans des zones ou il n'y a rien, et qui sont pourtant assomées de réglementations. Regardez la ZAC rive gauche, c'est un quartier plutot sympa, mais ce qui me gene c'est de penser que plusieurs grands architectes y ont construit quelquechose et que ça passe totalement inaperçu, on fait un quartier de masse, sans vouloir lui donner une vraie identité, ni de point de repère avec pas un bout qui dépasse. Au final l'état est chef d'orchestre d'un quartier qui finalement se remplit de projets généralement sans personnalité.

Enfin les gros projet privés c'est quoi ? à la rigueur les tours de La Défense (et encore, c'est plutot des emplacements avec une surface a construire déjà décidée à l'avance...) , des centres commerciaux.... mais ça reste en général exclu des centres ville.
On arrive donc dans des situations ou un promoteur privé ne cherchera pas à faire un truc pas ordinaire, car il sait très bien que ça sera pas possible et qu'il n'aura probablement rien a gagner, et du temps et de l'argent à perdre.

Ensuite, un autre truc qui n'aide pas, c'est la mentalité :
Tout projet un peu audacieux sera systématiquement refusé et dénoncé par des tas d'associations de quartier, écologique, ou autre. On voudra des espaces verts, des crèches, des écoles, des maisons de retraites, des hlm, etc.
Parfois je trouve ça abérrant : pourquoi demander un espace vert pour un terrain de 1 ou 2 hectares (donc rien du tout)quand on est dans une grande ville et qu'on a des parcs autrement plus grand a proximité ?
Toutes ces choses (parc, creches, etc) sont évidement utiles, mais pourquoi forcément s'opposer à un projet qui revitaliserait tout un quartier sous pretexte de faire une creche pour 20 gosses ? parfois j'ai l'impression que les gens oublients qu'ils vivent dans des grandes villes et qu'ils veulent la campagne en centre ville (je caricature mais vous me comprenez).

Prenons le projet de la London Bridge Tower : le projet est très audacieux, la municipalité est pour, les associations de quartier sont pour aussi, vous voyez ce genre de cas arriver à Paris ? personellement, non, je vois déjà les associations denoncer le capitalisme , l'architecture aggressive, le non respect de leur droits ou je ne sais quoi d'autre, et ce même si la construction d'un tel projet les aiderait.

Ca me rappelle aussi certains projets à New York, ou les associations opposées aux projets sont intelligentes et plutot que de s'engager dans des bras de fer ridicules pour flatter leur ego, elles n'hésitent pas a demander des contre-parties, genre acces libre pour les résidents du quartier à la piscine d'un hotel, ou construction d'une creche sur une partie de l'immeuble, etc....

Personellement j'attend avec impatience de voir un promoteur dire dans un journal qu'il a racheté un terrain a batir genre a coté de la tour pleyel ou des mercuriales ou à marne la vallée ou n'importe où où les transports le permettent, et dire "voilà je vous propose cette tour de 250m signée Jean Nouvel / Richard Rogers / Cesar Pelli ou peu importe qui d'autre, les associations , la municipalité, et le promoteur sont arrivés à un accord satisfaisant tout le monde, le projet devrait pouvoir démarrer d'ici 6 mois".

Quand on sera là, la ville française sera moins en panne que quand on lit les articles a propos des débats sans fins pour des projets même pas si marquants que ça...

Batiactu, 10/10/2005

Le CNV veut «reformuler» la ville

Instance de concertation et de proposition, le Conseil national des villes (CNV) a proposé jeudi une «refondation» de la politique de la ville dans un rapport remis à la ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité, Catherine Vautrin.



«La politique de la ville ne doit pas être abandonnée» mais «reformulée» et «renforcée», estime le CNV dans ce texte, qui doit être remis à tous les ministres concernés. «La politique de la ville a découvert les inégalités entre les territoires, la décentralisation ne saurait régler, à elle seule, cette question», estime le CNV, pour qui «la solution relève d'une volonté forte et d'une politique déterminée de solidarité entre les territoires, que seul l'Etat peut impulser, coordonner et unifier».

Le CNV propose de «conditionner l'engagement de l'Etat aux côtés des collectivités locales et son appui financier au respect d'un cahier des charges».

En réponse, Catherine Vautrin a estimé que la politique de la ville était «dans une phase charnière». Et a ajouté avoir demandé au Premier ministre Dominique de Villepin de «présider un comité interministériel à la ville avant la fin de l'année» pour faire un «bilan d'étape» et «enclencher avec le CNV renouvelé la réflexion sur la contractualisation» entre l'Etat et les agglomérations et sur «l'évolution des politiques financières».

Le CNV rassemble 55 personnalités, dont des élus locaux ou nationaux, des représentants d'organismes participant à la mise en oeuvre de la politique de la ville, des partenaires sociaux, des habitants des quartiers les plus déshérités. La composition du CNV, dont les membres avaient été nommés en 2002, doit être renouvelée dans les jours qui viennent.