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Le Monde, 24/12/2005
L'Etat refuse de payer les dégâts des violences urbaines
LE MONDE | 24.12.05 | 13h18 • Mis à jour le 24.12.05 | 13h20
Qui va payer la facture des violences urbaines de novembre ? Ni l'Etat ni les assurances ne veulent, à ce jour, supporter les frais des dégâts. Le 4 décembre, Jean-François Copé, ministre délégué au budget, a indiqué que "l'Etat n'interviendrait pas financièrement dans ce dossier". Les assureurs, de leur côté, ont promis de payer les dommages de leurs assurés "rubis sur l'ongle". Mais ils entendent assigner l'Etat en justice pour obtenir remboursement des indemnités versées. La plupart des assureurs introduiront des recours devant les tribunaux administratifs aussi bien pour les sinistres causés aux particuliers — voitures ou locaux commerciaux — que pour les bâtiments communaux.
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Chiffres
200 MILLIONS D'EUROS.
Coût global des dommages causés par les violences. Les incendies de voitures représentent 23 millions, les dégâts sur les bâtiments publics entre 80 et 150 millions.
45 MILLIONS D'EUROS.
Montant des indemnités que devra verser la Société mutuelle d'assurances des collectivités locales (SMACL) pour les violences urbaines de novembre sur le patrimoine public. Cette mutuelle est gérée par des élus et des fonctionnaires territoriaux.
150 MILLIONS D'EUROS.
Montant total des cotisations des collectivités locales à la SMACL, sur un marché total, tous assureurs confondus, de 450 millions.
DÉGÂTS
NOISY-LE-GRAND.
L'incendie du gymnase a provoqué des dommages pour 6 millions d'euros.
LE BLANC-MESNIL.
L'incendie ou les dégradations de plusieurs locaux municipaux sont évalués à 4,3 millions d'euros.
PONTOISE.
La destruction du théâtre représente 3 millions d'euros, tout comme les dégradations du théâtre de la communauté d'agglomération de Cergy.
AIDER LES COMMUNES.
Le gouvernement a décidé de raccourcir d'un an le délai de remboursement de la TVA sur les travaux de reconstruction.
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Entre le 27 octobre et le 17 novembre, 233 bâtiments publics ont été dégradés ou incendiés dans 300 communes. La Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA) évalue les dommages sur le patrimoine municipal à 80 millions d'euros. La Société mutuelle d'assurances des collectivités locales (SMACL) les estime à 150 millions.
Pour réclamer l'engagement financier de l'Etat, les assureurs invoquent la loi du 7 janvier 1983. Elle dispose que "l'Etat est civilement responsable des dégâts (...) résultant des crimes et délits commis (...) par des attroupements ou rassemblements (...) soit contre des personnes, soit contre des biens".
Le gouvernement se retranche derrière la jurisprudence de cette loi pour refuser de payer la note. Plusieurs arrêts du Conseil d'Etat ont exclu la responsabilité de l'Etat lorsque les actes de violence étaient "prémédités" ou lorsque les dégâts étaient le fait de "petits groupes", et non des attroupements, "plusieurs heures" après un événement tel que "le décès accidentel d'un jeune poursuivi par les forces de l'ordre" ayant pu par ailleurs donner lieu à une "manifestation".
Mais la SMACL, qui a pris la tête de la contestation, récuse en bloc ces arguments. Elle réfute la thèse de la "préméditation" en s'appuyant sur le rapport des renseignements généraux du 23 novembre, consacré aux émeutes, qui évoque "une forme d'insurrection non organisée". Elle estime qu'en décrétant l'état d'urgence, à partir du 8 novembre, le gouvernement a lui-même reconnu "qu'il y avait atteinte grave à l'ordre public". Ordre public dont l'Etat est responsable. "Nous assurons 150 communes touchées pour lesquels nous avons 173 dossiers de sinistre. Pour chacun, nous engagerons un recours contre l'Etat. S'il le faut, nous irons jusqu'au Conseil d'Etat", prévient Bernard Bellec, président de la SMACL.
D'autres assureurs, comme AXA, menacent d'en faire autant. Mardi 13 décembre, Gérard de La Martinière, président de la FFSA, a déploré la future "partie de cache-cache, à durée indéterminée, à travers tribunaux administratifs interposés" entre le gouvernement et les assureurs. Il a plaidé, au nom de toute la profession, pour "un protocole d'accord sur les modalités d'indemnisations" qui prévoirait un versement financier global de l'Etat aux assureurs. Le gouvernement s'y refuse. "Chaque cas est spécifique et sera tranché devant les tribunaux s'il le faut", explique-t-on au cabinet de Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales.
En choisissant le contentieux plutôt qu'une "transaction à l'amiable", le gouvernement "joue la montre", déplorent les assureurs. Les jugements prendront entre trois et cinq ans. Mais la SMACL se rassure en rappelant qu'"entre deux tiers et trois quarts" des arrêts rendus par le Conseil d'Etat sur la base de la loi de 1983 ont retenu la responsabilité de l'Etat. "L'Etat ne va tout de même pas prendre en charge toutes les dégradations des bâtiments publics sinon à quoi servirait-il qu'il y ait des assurances ?, fait-on valoir dans l'entourage de M. Hortefeux. L'Etat n'a pas les moyens de payer dans le contexte budgétaire."
Pour les assureurs, il est "injuste" que les communes assument financièrement "des risques d'exception" qui n'ont rien à voir avec leur gestion quotidienne. "Les violences urbaines sont un nouveau risque comme les catastrophes naturelles ou les attentats. Elles doivent être prises en charge par la solidarité nationale", assure M. Bellec.
Pour sortir du bras de fer, M. Hortefeux a proposé, lundi 12 décembre, que se tienne, fin janvier 2006, une table ronde entre l'Etat et les assureurs en vue de créer un fonds de "mutualisation de certains risques spécifiques dont ceux liés aux violences urbaines". Il pourrait être financé par une prime sur les cotisations des villes les moins exposées au profit des plus vulnérables. Neuilly-sur-Seine aiderait Clichy-sous-Bois. L'Etat, au-delà d'un certain montant de dégâts, financerait les réparations à travers la Caisse centrale de réassurance nationale, alimentée par des taxes prélevées sur les cotisations.
En attendant, à défaut du concours de l'Etat pour éponger les dégâts et pour faire face à d'éventuelles nouvelles flambées de violences, les assureurs prévoient d'augmenter sensiblement le montant des franchises ainsi que les cotisations d'assurances des communes. Toutes devraient connaître une hausse de 5 %. Celles qui ont été touchées par les émeutes pourraient subir une augmentation en moyenne de 30 % pendant plusieurs années. "Les cotisations sont fonction du degré d'exposition aux risques. Mais la hausse découle aussi des incertitudes que l'Etat, par son refus de financer, fait peser sur les comptes des assureurs", se justifie Jean-François Irastorza, chargé de la communication à la SMACL. Les communes pauvres, souvent plus exposées, devraient supporter cette hausse.
Béatrice Jérôme
Article paru dans l'édition du 25.12.05
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AFP
19 janvier, 17h36
Diversité: "il y a des gisements d'avenir dans nos cités" (Azouz Begag)
"Il y a des gisements d'avenir dans nos cités", estime, dans un entretien à l'AFP, Azouz Begag, ministre délégué à la promotion de l'Egalité des chances, qui a signé jeudi une convention avec 150 PME pour faciliter le recrutement de jeunes issus des quartiers.
Q. Pourquoi la signature de cette convention sur la diversité avec le groupe Socoda?
R. On peut très bien tenter des mesures législatives pour réaliser, au forceps, la diversité française dans l'entreprise mais on se rend compte que l'un des axes essentiels, c'est une sensibilisation psychologique, culturelle. Il faut faire passer l'idée aux entreprises que dans les quartiers de banlieue, dans les cités où il y a des pourcentages de sous-emploi (de l'ordre de 50%), il y a des gisements d'avenir. Il y a des jeunes tellement frustrés de ne pas pouvoir donner la mesure de leurs talents, de leurs compétences que, si on va les chercher, ils donneront deux, trois fois plus que d'autres. Parce qu'ils ont faim d'être pris en considération. Nous avons une chance historique à jouer en 2006 en faveur de l'égalité des chances.
Q. Est-ce une réponse aux émeutes en banlieue de cet automne?
R. C'est une réponse majeure. L'une des clés de lecture de ces violences inouïes, c'était le sentiment affiché de ces jeunes de ne pas être membres à part entière de notre société. C'étaient des jeunes qui, dans leur tête, n'étaient pas en France. Voilà des jeunes qui, dans un rite sacrificiel de mise à mort d'eux-mêmes, nous disaient: madame la France, m'en fous de la mort parce que je n'ai rien, rien à perdre.
Q. Quel peut être le rôle de l'entreprise pour remédier à cette situation?
R. Elle doit être aujourd'hui dans l'impérieuse nécessité républicaine de sortir de ses habitudes. Elle doit faire ce que les Anglais appellent de l'+out reaching+: au moment où j'emploie, où je recrute, est-ce que je pense à ceux qui ne sont pas dans mon cercle habituel de recrutement? Est-ce que ces Français de Clichy, des Minguettes, j'y pense? Est-ce que je fais attention à ce que les femmes soient reconnues dans mon entreprise? Et les handicapés? Il faut aller chercher des compétences diverses parce que ce sont tous ceux-là qui vont faire tourner la boite, et faire tourner le pays tout entier.
Propos recueillis par Anne-Marie LADOUES
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Le Monde, 20/01/2006
Bruxelles versera 100 millions d'aides aux banlieues au lieu du milliard promis
LE MONDE | 20.01.06 | 14h43 • Mis à jour le 20.01.06 | 14h43
BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN
José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, avait annoncé une enveloppe d'un milliard d'euros pour aider les banlieues françaises dans le feu des émeutes de novembre 2005. La réalité est plus modeste : M. Barroso, qui doit prendre la parole, mardi 24 janvier, devant l'Assemblée nationale à l'invitation de son président, Michel Debré, est allé un peu vite en paroles.
D'après nos informations, les fonds susceptibles d'être attribués aux banlieues difficiles par les caisses européennes ne dépasseront pas les 100 millions d'euros. Et il ne s'agira que d'un redéploiement. L'identification des montants encore disponibles sur les fonds structurels attribués à la France doit permettre au premier ministre Dominique de Villepin d'envoyer dans les tous prochains jours à la Commission un mémorandum d'accord précisant les demandes françaises, afin de financer des infrastructures, et des formations dans les banlieues défavorisées.
Après un minutieux travail d'audit, les experts français et européens ont identifié entre 30 et 35 millions d'euros redéployables sur les sommes allouées à la France d'ici à la fin du plan de financement 2000-2006 au titre du soutien aux régions en difficulté. A ce montant, s'ajoutent entre 60 et 65 millions d'euros financés par le Fonds social européen.
En revanche, les fonds attribués à la France pour mener des actions dans les villes (au nom du programme Urban), sur lesquels M. Barroso espérait puiser une cinquantaine de millions d'euros supplémentaires, sont pour l'essentiel épuisés.
Si les sommes disponibles sont nettement en deçà de celles envisagées par le président de la Commission à la mi-novembre, cette dernière accepte en revanche que les autorités françaises fassent preuve de "flexibilité" dans leur utilisation : des régions non éligibles habituellement, comme la région Île-de-France, dont le revenu est beaucoup trop élevé par rapport à la moyenne communautaire, vont pouvoir en bénéficier pour leurs banlieues difficiles.
FEU VERT ATTENDU
Dans son courrier, le premier ministre doit par ailleurs "insister", selon un haut fonctionnaire français, sur une autre mesure phare de son plan d'action pour les banlieues : l'extension d'une vingtaine de zone franches urbaines (ZFU), et la création de quinze nouvelles zones afin de faciliter, à l'aide d'exonérations de charges fiscales et sociales, l'implantation d'entreprises dans les quartiers sensibles.
La semaine dernière, la ministre française déléguée à la cohésion sociale, Catherine Vautrin, est venue défendre cette initiative auprès de la commissaire à la concurrence, Neelie Kroes, qui considère ces exonérations comme des aides d'Etat. La Commission a déjà approuvé le régime des zones franches urbaines en 1996, lors du lancement de ce dispositif destiné à favoriser la création d'emplois. En 2003, elle a confirmé son autorisation jusqu'en 2007. La France lui demande de renouveler son feu vert pour cinq nouvelles années.
"Une nouvelle autorisation ne devrait pas poser trop de problème, mais l'examen sera minutieux, car l'on parle de nouvelles zones", dit on auprès de la Commission. Paris espérait une réponse favorable avant la fin mars 2006. Mme Kroes n'a pas pu s'engager sur un délai aussi rapproché. Elle a prévenu que l'examen en cours prendrait sans doute davantage de temps, et dépendrait "du niveau de coopération des autorités françaises".
Philippe Ricard
Article paru dans l'édition du 21.01.06
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AFP
Violences urbaines: 55 à 60 millions d'euros de dégâts pour collectivités
2006-02-03 00:18:18
PARIS (AFP)
Les violences urbaines de novembre dernier ont occasionné entre 55 et 60 millions d'euros de dégâts pour les collectivités touchées par ces événements, a indiqué jeudi le ministère délégué aux collectivités locales.
Ces chiffres, établis par les préfectures, ont été communiqués à l'occasion d'une table-ronde qui a rassemblé au ministère les associations d'élus locaux et plusieurs groupes d'assurances, autour du ministre Brice Hortefeux, sur le problème de l'assurance des collectivités locales.
Concernant les dégâts occasionnés lors des incidents dans les banlieues, et qui concernaient des biens très majoritairement assurés, le ministre a rappelé que le gouvernement avait rejeté l'hypothèse d'une indemnisation des dommages par l'Etat, "à l'exception d'un nombre très limité de situations correspondant aux premiers événements de Clichy-sous-Bois", indique-t-il dans un communiqué.
M. Hortefeux a également souligné que les collectivités concernées pourraient bénéficier d'un remboursement anticipé du Fonds de compensation de la TVA (FCTVA), dès la reconstruction des bâtiments, soit une dotation globale de l'ordre de 10 millions d'euros.
Il a précisé que certaines collectivités avaient pu engager des actions en justice à l'encontre de responsables de dégâts.
Pour les communes qui, malgré ces mesures, se trouverait en "situation de grave déséquilibre financier", le ministre a promis un "examen au cas par cas" de leur situation.
Enfin M. Hortefeux a annoncé la mise en place de trois groupes de travail interministériels associant élus et assureurs en liaison avec le Comité des finances locales (CFL). Ils auront à traiter de "l'assurabilité des collectivités territoriales" en vue d'aborder la question d'un éventuel fonds de mutualisation, du cahier des charges des marchés publics et de la prévention des risques.
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Libé, 21/02/2006
Banlieues
En Seine Saint-Denis, les maires désespèrent
Rien n'a changé depuis les émeutes, assurent les élus, stigmatisant l'absence de mobilisation de l'Etat. Retour dans un département encore meurtri.
par Thomas LEBEGUE
QUOTIDIEN : mardi 21 février 2006
Comme si rien ne s'était passé, ou presque. Quelques subventions rétablies en urgence, des dossiers de renouvellement urbain en cours d'instruction, et pas grand-chose d'autre. Trois mois après les nuits de violence qui ont embrasé une vingtaine de villes de Seine-Saint-Denis, les maires concernés déplorent que l'Etat n'ait toujours pas pris de mesures exceptionnelles en faveur du département. Et beaucoup se demandent si le gouvernement n'a pas tout simplement remis le couvercle sur la marmite, sans se demander pourquoi elle avait explosé.
A Clichy-sous-Bois, d'où sont parties les émeutes le 27 octobre, c'est le statu quo. «J'interpelle l'Etat depuis trois mois pour qu'il débloque deux dossiers symboliques pour les Clichois, explique le maire PS Claude Dilain. Le premier concerne l'implantation d'un commissariat de plein exercice et le rétablissement d'une forme de police de proximité. Le second porte sur le désenclavement de la ville en matière de transports : nous voulons être raccordés au tramway qui va passer près de chez nous.» Pour l'instant, aucune réponse.
Quant aux dégâts causés par les jeunes émeutiers, Claude Dilain affirme que le ministère du Budget refuse toujours de créer un fonds national d'indemnisation, quitte à laisser les collectivités locales négocier en tête à tête avec les assurances. Pour la seule ville de Clichy-sous-Bois, les compagnies imposent désormais une franchise de 2 millions d'euros sur les bâtiments communaux, en cas d'émeutes. «Autant dire qu'on est proches de l'autoassurance, dit le maire. Quand je pense que l'Etat avait indemnisé les stations de ski en raison du manque de neige... La cause des banlieues vaut celle des remontées mécaniques !» Jusqu'à maintenant, seule la région Ile-de-France a fait un geste en débloquant 20 millions d'euros pour les collectivités locales, plus 2 millions d'euros destinés aux automobilistes qui ont vu leur véhicule brûler.
«Rien vu». Autre ville, même galère : Sevran, 50 000 habitants, est l'une des communes les plus pauvres du pays. Là encore, Stéphane Gatignon, le maire communiste, ne peut que constater l'inertie des pouvoirs publics. «On a cru qu'avec les événements on aurait une écoute particulière pour les villes en grande difficulté comme la nôtre, mais on n'a rien vu venir», dit ce jeune élu qui n'arrive plus à boucler les fins de mois de sa mairie. Si les assurances ont remboursé le gros des dégâts, la facture finale s'élève tout de même à 600 000 euros : des plaques de bitume fondues, des éclairages cassés, des portes fracturées... «On aimerait que l'Etat intervienne au moins dans les discussions avec les assurances.» Deux points positifs toutefois depuis la crise : l'instruction des dossiers de renouvellement urbain (réhabilitation de logements, pour l'essentiel)a subi une légère accélération. Et, surtout, les associations commencent à retoucher les subventions que le gouvernement Raffarin avait supprimées.
Lettre à l'Elysée. Selon Stéphane Gatignon, ce manque de réaction de l'Etat relève d'un mauvais calcul : «Comme on l'a vu en novembre, les poches de pauvreté, un jour, cela éclate et cela touche tout le monde.» Dans une lettre ouverte qu'il a envoyée le 1er février à Jacques Chirac, il a fait plusieurs propositions pour que «l'Etat joue son rôle» : classer toute la ville en zone urbaine sensible (ZUS), aider à la réhabilitation des logements, rénover complètement la gare RER de Sevran-Ligny... Une démarche inhabituelle mais rapidement imitée par le président PCF du conseil général, Hervé Bramy, qui s'est lui aussi fendu d'une lettre ouverte au chef de l'Etat (lire encadré page précédente). «Nous nous adressons directement à Chirac, explique l'élu communiste, car le Premier ministre, à qui j'ai déjà écrit plusieurs fois, n'a visiblement pas pris conscience du gouffre qui se creuse au sein de la population française.»
Sans aller jusqu'à partager ce genre de considérations tranchées, Jean-Christophe Lagarde, maire (UDF) de Drancy, constate aussi que «l'Etat n'a pas donné un centime supplémentaire depuis trois mois». Point noir : dans sa ville de proche banlieue, «il n'y a jamais eu aussi peu de policiers, et cela se ressent sur les courbes de la délinquance». En revanche, le maire a vu son dossier de renouvellement urbain avancer à grands pas ces dernières semaines. «Mais je pense que cela résulte de ma médiatisation personnelle, et pas d'un effort spécifique pour la Seine-Saint-Denis.» La preuve : l'Etat s'est fait très discret quand il s'est agi, en décembre, de fermer trois centres de soins de la Croix-Rouge dans des villes pourtant touchées par les violences : Drancy, Epinay-sur-Seine et Le Blanc-Mesnil. Après un pataquès administratif (fermeture puis réouverture temporaire des centres), la Croix-Rouge doit prendre une décision définitive le 9 mars.
La préfecture positive. Du côté de la préfecture de la Seine-Saint-Denis, à Bobigny, on met en avant l'action de l'Etat après la crise des banlieues. La conséquence la plus visible tient dans la nomination d'un «préfet délégué à l'égalité des chances», Hervé Masurel, nommé le 11 janvier en Conseil des ministres. Tout juste débarqué de Haute-Saône, sa première mission consiste à «faire en sorte que les crédits débloqués par le Premier ministre (100 millions d'euros pour toute la France, ndlr) se retrouvent rapidement dans les caisses des associations». Son prochain objectif, dit-il, sera d'accélérer la mise en place des «équipes de réussite éducative» qui doivent aider les élèves en dehors du temps scolaire.
Enfin, aux élus locaux qui se plaignent de ne pas avoir obtenu de rallonge budgétaire après les violences, Hervé Masurel rappelle que la dotation de solidarité urbaine (DSU), pour la Seine-Saint-Denis, a littéralement explosé sur la période 2003-2005 : + 35 % en deux ans, pour atteindre un niveau record de 45,8 millions d'euros à la fin de l'année dernière. Une aide structurelle, non liée à la crise récente, dont la plupart des élus locaux de la Seine-Saint-Denis parlent assez peu, jugeant la somme sans commune mesure avec l'«urgence sociale» qui s'est manifestée lors des nuits d'émeutes.
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Je me risque à donner mon avis sur cet article.
Pour moi le problème des banlieues n'est absolument pas un problème de finance locale. Pendant les 30 derniéres années les quartiers difficiles ont été aidés. Aujourd'hui l'ANRU est trés active, les crédits deployés étaient déjà important avant les émeutes.
Ce n'est pas en augmentant encore les sommes alouée que l'on va donner un avenir aux jeunes de Banlieue. Peut-être reconstruire un gymnase organiser des match de foot ... je ne vois pas ce que ça change.
Et puis bon l'opposition en bloquant le CPE à bloqué toutes les lois Borloo.
Je fais partie de ceux qui pensent que le problèmes des banlieues n'est pas un probléme sociologique, ou d'urbanisme -ni du au racisme de la société Française-. Mais un problème économique quand il y a 25 % de chomage chez les jeunes ce sont fatalement les populations les plus fragiles qui sont le plus en difficulté.
C'est sans aucun doute l'une des causes les plus profondes, Romain...
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BatiActu 20-02-2006
Le premier Forum mondial des Banlieues
C’est à Nanterre (Hauts-de-Seine) que s’ouvrira le 2 mars prochain le premier Forum des autorités locales de périphérie (Falp), ou Forum mondial des banlieues, qui rassemblera pendant trois jours des maires de communes de douze pays d’Europe et d’Amérique du Sud.
«Les événements vécus récemment dans les banlieues de France mais également aux portes de Ceuta et Melilla (Espagne) ou encore dans les quartiers populaires des grandes métropoles l'ont confirmé : les territoires et les populations de banlieues populaires posent aujourd'hui de façon urgente et parfois violente des questions sur le ‘vivre ensemble’ et ‘l'exclusion sociale’ dans les métropoles», selon un communiqué de la ville de Nanterre qui accueillera le Forum les 2,3 et 4 mars prochains.
Selon le communiqué, le Falp doit permettre à 36 collectivités locales «d'Argentine, du Brésil, du Chili, d'Espagne, de France, d'Italie, du Pérou, du Portugal, du Sénégal, de Slovaquie, d'Uruguay, du Venezuela» de «mettre en commun soit leurs expériences de terrain, soit leurs problématiques, soit leurs réflexions propres». Sur trois jours, les débats rassembleront «collectivités locales, chercheurs spécialistes du monde urbain, associations et citoyens».
http://www.batiactu.com/data/20022006/2 … 95708.html
PSS - Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire
City Forum - Ville 3D
~ Ah tu Voi c pour sa ke Seul les pti bonhomme du Baby on ldroi dShooT - Chandler Friends s06-ep06 ~
20 minutes, 2/03/2006
Une internationale des banlieues se réunit à Nanterre
20 Minutes | édition du 02.03.06
Les banlieues du monde se sont donné rendez-vous à Nanterre (Hauts-de-Seine). Aujourd'hui débute la première édition du Forum des autorités locales de périphérie (FALP). Il s'agit en fait d'une rencontre inédite d'élus venus des banlieues de douze pays, répartis sur trois continents. Pendant trois jours, des maires sénégalais, péruviens ou slovaques débattront par exemple du « refus de l'apartheid urbain », des droits à la santé, au logement et à la mobilité.
« Le trait commun entre Milan, Caracas, Londres et Paris reste la ségrégation à la fois urbaine et sociale, estime Patrick Jarry, maire (PCF) de Nanterre. Or, l'avenir des métropoles ne peut passer que par une action commune avec leur périphérie. » Eloi Pieta, maire de Guarulhos, une banlieue de Porto Alegre au Brésil, aspire pour sa part à « un rôle plus important des villes de périphérie dans leur propre pays, mais aussi sur la scène internationale ».
Le maire de Nanterre replace les débats dans l'actualité récente : « C'est l'occasion de ne pas tourner trop vite la page des violences urbaines de novembre. » Et de souligner : « On parle souvent de territoires à problèmes, mais les banlieues sont aussi des lieux de créativité culturelle et sociale exceptionnels. » Les acteurs locaux, artistes, jeunes, élus ou syndicalistes prendront la parole. «Ils ne la lâcheront pas de sitôt », gage Patrick Jarry.
Constance Badot
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Le Monde, 22/03/2006
Des cités à la cité
LE MONDE | 22.03.06 | 13h42 • Mis à jour le 22.03.06 | 13h42
Les banlieues secouent la République. Avec les violences urbaines d'octobre et novembre 2005, la France a redécouvert l'existence de ces "marges", de ces "périphéries", de ce qu'on a longtemps refusé d'appeler des "ghettos". Cinq mois après le déclenchement de la "crise des banlieues" - 10 000 véhicules incendiés, des centaines de bâtiments publics dégradés, des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre - l'émotion est retombée, rendant possible une réflexion plus apaisée sur les défaillances et les réussites du modèle français. Tel était l'objectif du débat du Monde organisé lundi 20 mars au Théâtre du Rond-Point, dans le 8e arrondissement de Paris.
Cette crise n'a pas fini d'interpeller la société, mais l'impact de long terme sur l'opinion publique reste néanmoins difficile à évaluer. L'élément le plus important pourrait être le sentiment de "peur intense" des Français, relève Brice Teinturier, directeur du département politique et opinion de TNS-Sofres. Et donc la tentation du repli : "Nous vivons aujourd'hui dans une société où, incontestablement, le sens du collectif a tendance à se déliter, à régresser. Un slogan comme celui de la "France pour tous" (lancé par Jacques Chirac lors de sa campagne pour la présidentielle de 1995) ferait de moins en moins florès. Aujourd'hui, ce serait plutôt la "France de chacun", avec des groupes sociaux qui se vivent de plus en plus séparés", explique ce spécialiste de l'opinion publique.
La société française, plus individualiste que l'américaine, où le patriotisme sert de ciment, se fragmente. L'école ne parvient pas à réduire les inégalités. Les discriminations dans l'accès au logement ou à l'emploi sont considérables. Comment s'étonner alors que les jeunes des banlieues, situés à la marge de la marge, se révoltent ? Et usent de la violence physique contre la violence sociale subie au quotidien ? "C'était une jacquerie, une révolte sociale, estime Claude Dilain, maire (PS) de Clichy-sous-Bois, à propos des émeutes de novembre. Au moins, là, la société française est interpellée et va cesser les tartufferies sur les banlieues."
Une société profondément inégalitaire est instable, sous tension. L'ancien patron de Renault, aujourd'hui président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), Louis Schweitzer, rejoint l'élu de terrain sur ce constat. "Tant qu'il y a de l'injustice, il y aura du désordre. Ce n'est pas la seule raison de combattre l'injustice, mais l'ordre passe par la justice. Si ceux qui ont fait l'effort d'avancer voient des portes fermées, je ne vois pas comment il n'y aura pas de révoltes", explique-t-il.
Jacques Attali ne craint pas de dire les choses plus crûment encore. "Il faut employer les mots qui conviennent : aujourd'hui, les problèmes portent sur les Noirs et les musulmans, point. Je ne pense pas qu'il soit plus difficile d'être quoi que ce soit d'autre que noir ou musulman." L'ancien conseiller spécial de François Mitterrand affirme que la très faible représentation des Noirs et des musulmans parmi les députés, les ministres, les préfets, les directeurs d'administration centrale paraîtra "effroyable" dans quelques années. Comme l'absence de droit de vote pour les femmes jusqu'en 1945.
A contre-courant du pessimisme ambiant, le sociologue Dominique Wolton veut voir une preuve de vitalité dans la crise de l'automne. "Il existe une colère, une révolte, une indignation. C'est important que les gens sachent dire "non"", martèle-t-il. Et dans la "demande d'égalité" de la jeunesse française à travers les violences urbaines et le refus du contrat première embauche (CPE), il voit un encouragement. "On aurait pu avoir une partie de la jeunesse qui joue la rupture avec la société. Cela n'a pas été le cas : ils demandent à être respectés et veulent un minimum de justice", estime M. Wolton.
Mais une fois toutes ces carences soulignées, que faire ? Paradoxalement, commencer par mettre en valeur les réussites de la banlieue afin de ne pas l'enfermer dans un statut de victime. "Les habitants des quartiers un peu oubliés nous disaient : "Nous ne comprenons pas pourquoi on ne parle que des échecs"", souligne la philosophe Blandine Kriegel, présidente du Haut Conseil à l'intégration (HCI), créé en 1989 et chargé de donner des avis au gouvernement.
Hinde Magada tient un discours similaire. Seule porte-parole directe des "jeunes de banlieue", ayant reçu le prix Talents des cités, décerné par le Sénat, elle démontre, par son itinéraire de "fille d'immigrée", "d'origine marocaine", "musulmane", qu'il est possible de réussir. Titulaire d'un BTS de commerce international, elle a dû faire des ménages, travailler en usine et dans un centre d'appel avant de devenir secrétaire médicale. Elle a alors choisi de créer sa propre entreprise, qui emploie aujourd'hui cinq salariés. "Avec une amie, on a mis nos motivations en commun. Et la motivation, c'est le principal", explique Mme Magada, âgée de 29 ans.
M. Attali souligne que la diversité est une ressource pour le pays. "Il y a toujours plus de difficultés d'intégration quand il n'y a pas de croissance, quand il y a une société qui se rabougrit, qui vieillit, qui regarde sur elle-même. A ce moment-là, les places sont rares et donc chacun se défend en s'enfermant, en interdisant aux autres de venir", concède-t-il. Mais il plaide pour une attitude complètement opposée : considérer les minorités comme une richesse essentielle dans un contexte de mondialisation. "Alors, tout devient possible", assure l'économiste, formant le voeu d'un Bill Gates à la française venu de banlieue. "La France mourra, disparaîtra comme nation si on ne sait pas exploiter ce formidable potentiel", ajoute M. Attali.
Une attitude "positive", un discours de valorisation des banlieues ne suffiront évidemment pas. Il faut aussi des moyens, une politique de soutien économique, social, éducatif. Mais deux logiques s'opposent. Celle d'une rupture avec l'approche républicaine traditionnelle. Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), dénonce ainsi la tendance à euphémiser la réalité et à s'abriter derrière les "paravents de la République". M. Attali évoque, lui, des "mesures radicales", notamment l'instauration d'une "discrimination positive provisoire", mesure qui marquerait un "échec" mais qu'il juge aujourd'hui indispensable.
De l'autre côté, Bariza Khiari, sénatrice (PS) de Paris, et Mme Kriegel défendent les "outils de l'égalité républicaine". La philosophe défend les vertus de l'action engagée par Jacques Chirac, auprès duquel elle est chargée de mission, avec l'installation de la Halde, la création d'un musée de l'immigration, les expérimentations autour du CV anonyme.". "En France, le problème n'est pas la loi, mais la façon dont elle est appliquée", résume-t-elle.
Le travail reste immense. "J'ai entendu beaucoup de choses sur l'intégration, sur le sacro-saint débat sur la discrimination positive, mais cela m'apparaît en décalage total avec ce que vivent les habitants des quartiers", conclut, dépité, M. Dilain. L'élu cite un jeune de sa commune : "On veut être des enfants de la République à part entière et pas entièrement à part." Et rappelle que, bien plus que des moyens financiers, les jeunes veulent du respect : "Ils ont soif de reconnaissance." Chenva Tieu, administrateur du Club du XXIe siècle, promoteur de la diversité sociale et ethnique, est plus sévère encore : "Les débats, c'est bien, mais, en attendant, rien ne bouge."
Luc Bronner et Mustapha Kessous
Article paru dans l'édition du 23.03.06
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AFP
Violences-banlieues: 50 à 60 millions d'euros de dommages selon M.Hortefeux
AFP 28.03.06 | 20h22
Le ministre délégué aux Collectivités territoriales Brice Hortefeux a réaffirmé mardi au Sénat que le montant des dommages causés aux collectivités lors des violences de l'automne 2005 dans les banlieues se situait entre 50 et 60 millions d'euros.
Intervenant en clôture d'un débat sur le bilan des violences urbaines et la situation dans les banlieues, M. Hortefeux a indiqué qu'"au plus fort des événements, du 27 octobre au 20 novembre", plus de 200 bâtiments publics et 74 bâtiments privés avaient été détruits.
A ces chiffres s'ajoutent sept dépôts de bus et 22 bus ou rames de train, ainsi que 10.300 véhicules incendiés, dont 4.200 en Ile-de-France.
Selon le ministre, 139 membres de forces de l'ordre ont été blessés, 3.101 personnes ont été placées en garde à vue, dont 1.486 ont été déférées. La moitié environ ont été jugées en comparution immédiate, donnant lieu à 422 condamnations "à une peine d'emprisonnement ferme ou comportant une partie ferme".
Il a souligné que 80% des personnes interpellées étaient des "réitérants" qui, pour autant, n'avaient "pas nécessairement fait l'objet d'une condamnation par la justice".
Les intervenants de gauche dans le débat, Jacques Mahéas et Jean-Luc Mélenchon pour le PS, Eliane Assassi pour le PCF, ont fait un lien entre les violences d'il y a quatre mois et les manifestations de ces derniers jours contre le CPE, reprochant au gouvernement de ne pas avoir su prendre la mesure de l'"urgence sociale".
Pour l'UDF, Philippe Nogrix a appelé le gouvernement à "calmer les inquiétudes, à rencontrer les parties, à discuter et à reconnaître ses torts".
M. Hortefeux a affirmé que la lutte du gouvernement contre l'insécurité s'était "poursuivie et intensifiée" depuis le mois de novembre, avec la "présence visible et dissuasive dans les lieux et aux heures les plus sensibles de 21 unités de CRS et de sept escadrons de gendarmes mobiles".
Il a indiqué que, du 26 novembre au 1er mars, les services de police avaient interpellé 576 personnes dans le cadre de la lutte contre l'économie souterraine, dont 240 ont été écrouées.
A ces statistiques s'ajoutent celles des groupes d'intervention régionaux (GIR): 373 "objectifs identifiés", plus de 200 interventions, 876 interpellations, 787 gardes à vue, 208 mandats de dépôt, et saisie, outre 90 véhicules, de plus d'un million d'euros en espèces, plus de 5 kg de cocaïne, 10 kg d'héroïne, 250 kg de cannabis, 55.000 cachets d'ecstasy.
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20 minutes, 11/05/2006
Claude Pernès : « Le maire peut faire office de guichet unique »
20 Minutes | édition du 11.05.06
Interview de Claude Pernès, maire (UDF) de Rosny-sous-Bois (93) et président de l'Association des maires d'Ile-de-France.
Hier s'ouvrait à Aulnay-sous-Bois un colloque sur le rôle des maires six mois après les violences urbaines. Quel peut être ce nouveau rôle ?
C'est celui découvert au moment des émeutes de novembre. Les maires sont le dernier maillon dans la chaîne de sécurité et du dialogue et ce rôle leur a enfin été reconnu.
Qu'est-ce qui a changé depuis six mois ?
Le maire a maintenant vocation à réunir autour de lui tous ceux concernés par la politique de la ville : la police, la justice, les enseignants, les associations. D'après le discours qu'a prononcé Nicolas Sarkozy hier à l'Assemblée nationale, le maire aura plus de pouvoir en matière d'absentéisme, qui nourrit l'échec scolaire, et donc la délinquance. Nous aurons la possibilité de convoquer les parents d'un enfant trop souvent absent et d'établir une convention avec eux.
Est-ce bien le rôle d'un maire ?
Des maires le feront, d'autres non. Moi, j'attends cela avec impatience. Il y a deux problèmes récurrents : l'absence de sanction et la démission des parents. Si on peut agir sur cette dernière, ce sera déjà un grand pas.
Les maires demandent-ils d'autres responsabilités ?
Nous ne sommes pas des éducateurs ou des policiers. Mais le maire peut être le guichet unique pour étudier la situation d'un jeune en difficulté avec toutes les parties prenantes autour de la table. Le rôle de coordination est celui qui nous conviendrait le mieux.
Quelles solutions pouvez-vous apporter ?
Dans chaque ville, il y a un noyau dur de peu d'individus. On ne les connaît pas, ce sont ceux qui brûlent les voitures et dorment le jour. Ils ont leur langage, leurs codes et ne sont même pas connus des travailleurs sociaux. Il faut qu'on réussisse à aller les trouver et ensuite avec tous les acteurs, notamment des pédopsychiatres, qu'on parvienne à les resociabiliser.
L'initiative anti-bandes du maire de Montfermeil a fait beaucoup parler...
Je préférerais des actions coordonnées, mais on ne peut empêcher un maire d'essayer de prendre des mesures.
Les maires ont-ils les moyens d'agir ?
Les moyens sont là, si c'était une question d'argent, ça se saurait. C'est une question de motivation.
Recueilli par Michaël Hajdenberg
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Le Monde, 6/06/2006
Hugues Lagrange : "On peut lire les violences comme une demande d'Etat de la jeunesse"
LE MONDE | 06.06.06 | 13h45 • Mis à jour le 06.06.06 | 14h03
Directeur de recherche au CNRS, vous avez dirigé, avec Marco Oberti, l'ouvrage Emeutes urbaines et protestations (Presses de Sciences-Po, 224 p., 12 euros), un premier décryptage de la crise des banlieues d'octobre et novembre 2005. Que montre la géographie de ces violences ?
Nous avons observé un peu plus de 200 villes, celles de plus de 25 000 habitants en Ile-de-France et celles de plus de 65 000 habitants ailleurs, pour essayer de comprendre pourquoi certaines avaient bougé alors que d'autres étaient restées calmes. On voit se dégager des facteurs constants dans les zones où les émeutes ont été les plus intenses ou les plus longues. Certains, comme le taux de chômage des jeunes ou le classement du quartier en zone urbaine sensible, ne constituent pas des surprises.
Quatre facteurs paraissent décisifs. Le premier est le taux de jeunes de moins de 20 ans : dans certains quartiers, cette classe d'âge représente 35 % de la population, contre 25 % en moyenne nationale. Or ce genre de pyramide sociale est typique des processus révolutionnaires.
Un deuxième facteur tient aux contrastes de richesse : beaucoup de quartiers actifs pendant les émeutes sont des territoires pauvres dans des villes plus riches - situation que l'importance des violences en Seine-Saint-Denis, assez homogène dans la pauvreté, a partiellement masquée. Les jeunes subissent donc le décalage des niveaux de vie et le voient au quotidien.
Troisième facteur : les émeutes sont souvent intervenues dans des villes qui ont fait l'objet des premières conventions de démolition et reconstruction avec l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), ce qui correspond à des situations de forte dégradation de l'habitat.
Un quatrième facteur est plus délicat à analyser : les incidents ont été plus fréquents dans les quartiers où le taux de familles de plus de six personnes est plus élevé. C'est la variable la plus corrélée avec la survenue d'émeutes.
Comment expliquez-vous cela ?
Nous avons tendance à penser l'immigration d'un seul bloc, mais il existe des populations immigrées très différentes. D'un point de vue social et culturel, les situations des personnes issues de l'Afrique du Nord ou de l'Afrique noire n'ont pas grand-chose à voir entre elles : arrivées en France plus tôt, les premières paraissent mieux intégrées que les secondes. Dans les populations qui viennent d'Afrique noire, on trouve un nombre important de familles avec très peu de ressources, un faible investissement scolaire, une connaissance limitée de la langue et des fratries nombreuses.
Pendant les émeutes, beaucoup d'observateurs ont signalé que les jeunes Noirs étaient aussi nombreux que les jeunes Maghrébins. Cela traduit, en réalité, une surreprésentation, dans la mesure où les premiers sont quatre fois moins nombreux sur le territoire. Il ne s'agit pas d'un problème de couleur de peau mais des conditions dans lesquelles s'opère l'éducation de ces jeunes : de nombreux travaux montrent que leur socialisation est plus délicate.
Peut-on établir un lien entre les émeutes de 2005 et les violences commises par des "jeunes de banlieue" à l'encontre de manifestants opposés au contrat première embauche (CPE) ?
L'unité de la jeunesse n'est pas un fait naturel. Il existe bien une culture jeune, mais on surévalue l'homogénéité de cette classe d'âge. En réalité, les divisions sociales sont très fortes et les rapports peuvent être conflictuels. Le mouvement anti-CPE est d'abord une mobilisation des enfants des classes moyennes qui constatent leur exclusion des emplois les plus protégés par les adultes. Les jeunes des banlieues, eux, sont les exclus des exclus.
Les émeutes de 2005 présentent-elles des ressemblances avec d'autres crises urbaines ?
Il faut replacer les émeutes de novembre dans le contexte français des vingt-cinq dernières années, notamment les épisodes violents qu'ont connu les banlieues au début des années 1980 et des années 1990. Sur le plan géographique, les quartiers concernés n'étaient pas les mêmes. Sur le plan politique, les revendications paraissent très différentes.
Dans les années 1980, juste après l'élection de François Mitterrand, le mouvement s'adresse à la gauche : il marque une demande de reconnaissance. Au début des années 1990, la déception des jeunes issus de l'immigration vis-à-vis de la gauche est déjà forte : ils n'ont pas trouvé leur place dans la vie politique. En 2005, la revendication paraît, à première vue, ne pas être politique. Mais on peut lire les violences comme une demande d'Etat de la part de cette jeunesse, ce qui constitue un acte politique.
Propos recueillis par Luc Bronner
Article paru dans l'édition du 07.06.06
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Lecture à conseiller:
Je l'ai lu et on peut trouver quelques conclusions d'enquetes de terrain qui font tomber pas mal de préjuger.
L'analyse ne se concentre pas que sur l'urbanisme mais intègre le sociale ou encore les facteurs économiques.
cafe-geo.net
Les banlieues en France, territoires et sociétés (Jean-Claude Boyer)
Jean-Claude Boyer, Les banlieues en France, territoires et sociétés, Armand Colin, Paris, 2000, 206 p.
Armand Colin, 2000
Date de publication: 20 février 2005
Définir la banlieue n’est plus aussi simple qu’auparavant. Jadis, elle désigne la partie d’une agglomération urbaine extérieure aux limites administratives de la ville-centre. Aujourd’hui, on insiste sur les liens de dépendance avec le centre, notamment en matière d’emplois et d’activités. Bien plus, le terme de banlieue s’alourdit de considérations péjoratives : « Depuis longtemps, la qualité de ’banlieusard’ est plus attribuée que revendiquée, et elle comporte une connotation de distance sociale autant que spatiale. Le ’train de banlieue’ n’évoque pas le summum de la vitesse et du confort ; le ’pavillon de banlieue’ ne constitue pas l’archétype d’un habitat de qualité ». Progressivement, une nouvelle définition de la banlieue s’impose donc dans le langage courant, celle de territoires connaissant de graves difficultés économiques et sociales, caractérisées par l’action des politiques publiques. Pour comprendre les banlieues, il faut donc de plus en plus faire appel à deux disciplines : la géographie et la sociologie. C’est de cette pluralité de voix et de regards que cet ouvrage est fait.
Définir la banlieue pose problème et l’ouvrage retrace les évolutions de ce concept, depuis la définition juridique médiévale originelle (la partie d’une lieue sous le ban, c’est-à-dire l’autorité, de la ville) jusqu’aux définitions socio-spatiales que l’on connaît aujourd’hui. Les différentes approches, spatiales, sociales, statistiques ou discursives révèlent la complexité des points de vue posés sur la banlieue. L’ouvrage s’attache ensuite à retracer les étapes de la formation des paysages de banlieue, depuis les premiers faubourgs qui accompagnent l’industrialisation de la France, les cités-jardins des années 1920 et 1930, les grands ensembles de l’après guerre jusqu’aux villes nouvelles et à la périurbanisation diffuse dès les années 1970. A un processus de densification qui atteint son apogée avec les grands ensembles qui symbolisent le renouveau architectural, technique et social de la France d’après guerre, succède une phase d’étalement urbain plus ou moins maîtrisé.
Ces banlieues, issues de multiples processus, sont donc aujourd’hui diverses : leur lente formation se traduit par des formes spécifiques. Ainsi, les banlieues s’individualisent-elles selon la distance à la ville-centre, ses formes architecturales et ses formes d’occupation. Des typologies peuvent ainsi être établies : elles soulignent toutes la très grande variété de ce que l’on désigne pourtant sous le nom unique de banlieue. Leurs activités traduisent aussi leur inégale dynamisme : l’agriculture recule progressivement pour laisser la place à l’habitat individuel ou collectif, tout comme l’industrie qui n’est plus comme au XIXe siècle leur raison d’être. C’est donc le secteur tertiaire qui, en dépit d’inégalités, est le plus développé.
Le peuplement des banlieues est lui aussi spécifique et divers : malgré l’accroissement naturel des banlieues, celles-ci restent marquées par les flux migratoires. Elles continuent d’entretenir des échanges complexes de flux avec la ville-centre et l’immigration étrangère y joue un grand rôle. La question de l’intégration se pose et alimente les débats sur les quartiers sensibles.
J.-C. Boyer aborde ensuite la crise des banlieues et les réponses publiques apportées. Ces deux chapitres sont les plus denses et les plus intéressants de l’ouvrage. Ils abordent les manifestations et les causes de la crise qui agite certaines banlieues et analyse aussi les discours médiatiques qui stigmatisent les quartiers sensibles en véhiculant des clichés à leur endroit. De bons éléments d’analyse des réponses apportées permettent de comprendre l’évolution des enjeux de la politique de la ville : c’est désormais à l’Etat, et non plus aux communes impuissantes, de régler ces problèmes. Cela pose la question de l’échelle d’action pertinente : faut-il agir à l’échelle du quartier, de la ville ou de l’agglomération. En outre, la réflexion sur le bâti qui a longtemps été la seule se double d’une volonté d’intervenir sur la condition économique et sociale des habitants.
Enfin, l’ouvrage se clôt par une analyse de cas fouillée de la banlieue parisienne qui, par sa taille et sa complexité, qui, tout en constituant un bonne synthèse du reste de la banlieue française s’en distingue par l’ampleur et la complexité des processus à l’œuvre.
Les questionnements abordés dans ce manuel sont donc classiques tant par leurs contenus que par leur forme ; toutefois, l’abondance des documents (notamment des cartes) en fait un outil commode.
Compte-rendu : Yann Calbérac
http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=564
PSS - Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire
City Forum - Ville 3D
~ Ah tu Voi c pour sa ke Seul les pti bonhomme du Baby on ldroi dShooT - Chandler Friends s06-ep06 ~
20 minutes, 23/10/2006
Banlieues : l’Etat n’a pas fini de payer la fracture
20 Minutes | édition du 23.10.06
Il y a un an, des émeutes secouaient les banlieues et toute la société française. Bilan chiffré de ces violences urbaines : 10 300 véhicules brûlés, 200 millions d'euros de dégâts, 3 000 personnes placées en garde à vue. Ces émeutes ont aussi montré le délabrement social, économique et éducatif des quartiers. Depuis un an, les annonces se succèdent. Avec un résultat pour le moment peu visible tant le malaise est profond. « Le gouvernement a tenu tous ses engagements, on est en train de faire bouger les choses », assure Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Cohésion sociale. Revue de détail commentée par plusieurs acteurs.
1. Habitat
Dans le cadre de la nouvelle Agence nationale de rénovation urbaine, l'Etat a signé 230 projets de rénovation pour 400 quartiers. Quelque 30 milliards d'euros de travaux sont prévus jusqu'en 2013. « Nous sommes entrés dans une phase opérationnelle, explique Catherine Vautrin. A Chanteloup-les-Vignes (78) ou à La Duchère à Lyon, les gens prennent possession de leur nouveau quartier. »
2. Transports
La question du désenclavement est toujours aussi problématique car elle conditionne l'accès aux écoles, aux facultés et aux emplois. Les habitants de Clichy-sous-Bois qui doivent souvent avoir le permis pour espérer décrocher un travail attendent toujours leur tramway, bloqué pour des questions administratives. « J'en fais un test politique, annonce Claude Dilain, le maire PS de Clichy. Je veux savoir si on a vraiment envie de s'occuper des banlieues. »
3. Emploi
Selon un bilan gouvernemental, 128 000 jeunes absents des listes de l'ANPE issus des zones urbaines sensibles ont été reçus par les missions locales. 46 000 ont été orientés vers un emploi et 25 000 vers un dispositif d'accompagnement.
Sur les 50 184 jeunes qui sont passés par l'ANPE, 33 926 ne sont plus inscrits. Fin 2006, quinze nouvelles zones franches seront opérationnelles.
Des mesures aux effets insuffisants. « Cela ne compense pas la discrimination que subissent les habitants des quartiers dits sensibles, explique François Pupponi, maire PS de Sarcelles. Le seul frémissement est venu des grandes entreprises. Mais le taux de chômage chez les moins de 25 ans est toujours de 30 %. Alors que nous sommes dans un bassin où des emplois se créent mais ne bénéficient pas à nos jeunes. »
4. Education
Depuis un an, plusieurs mesures ont été prises : 249 établissements ont ainsi été classés « ambition réussite », 379 équipes de réussite éducative ont été créées et trente grandes écoles vont s'ouvrir à la mixité sociale. « Je suis a priori favorable à ces outils, explique Claude Dilain. Nous avons à Clichy trois collèges “ambition réussite”. Les enseignants sont perplexes, mais nous jugerons sur les résultats. »
5. Vie des quartiers
Le gouvernement a débloqué une enveloppe supplémentaire de 100 millions d'euros à destination des associations. Mais Hassan Ben M'Barek, du collectif Banlieues Respect qui regroupe 165 structures, conteste l'utilisation de ces fonds : « L'argent est allé aux grands réseaux associatifs, et pas aux associations de terrain avec des gens issus de ces quartiers qui ont fait leur preuve. Il est surprenant que ces structures ne soient pas soutenues, c'est une forme de suspicion. Il faut un débat parlementaire sur l'utilisation de ces fonds, et plus largement sur l'impact des politiques de la ville. »
6. Discriminations
Si la charte de la diversité a aujourd'hui été signée par 1 800 entreprises, le CV anonyme est en revanche passé à la trappe. « Moi, je n'étais pas pour, assure Claude Dilain. Il ne faut pas avoir honte de son adresse, de son nom, de sa couleur de peau... C'est contre ça qu'il faut lutter. »
David Carzon
Demain : Que sont devenus les émeutiers ?
©2006 20 minutes
Pour Claude Dilain, les effectifs policiers à Clichy-sous-Bois sont insuffisants. « Mais, ajoute-t-il, c'est un piège de parler de la banlieue à travers le nombre idéal de policiers. Ils ne peuvent rien pour les problèmes économiques et sociaux. » vote Banlieues Respect demande l'inscription automatique sur les listes électorales. Il y a 2 à 3 millions de personnes qui ne votent pas dont une bonne partie est issue des quartiers défavorisés.
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«On reste chacun chez soi, on ne se parle plus»
20 Minutes | édition du 23.10.06
C'est une tour de banlieue comme il en existe des milliers en France. Douze étages, quarante-huit appartements. Cité de la Plaine du Lys, 3 000 logements en plein coeur de Dammarie-les-Lys, une ville de 20 000 habitants en Seine-et-Marne, au sud de Melun. La ville du château de la « Star Academy » et de la banlieue grise. Il y a un an, des voitures ont brûlé ici comme ailleurs. Les feux de poubelles et de véhicules continuent toujours, même si le rythme est bien moins élevé. Une violence devenue une habitude pour des habitants dont rares sont ceux qui se disent heureux de vivre ici, même s'ils reconnaissent que le quartier est loin d'être un des plus chauds du pays.
« Je ne veux pas que ma fille grandisse ici »
Douzième étage, Sandrine interrompt son ménage pour nous recevoir dans son salon, sa fille Alicia, 1 an, dans les bras. La jeune femme s'est installée à la Plaine avec son compagnon il y a trois ans. « On n'avait pas le choix, ailleurs c'était trop cher pour nous. » Aide-soignante, elle compte partir « dès que possible ». « C'est pas le Bronx, mais je ne veux pas que ma fille grandisse ici, je ne veux pas prendre ce risque. » Quel risque ? « La délinquance, les gamins qui traînent le soir en bas, le manque de respect général... ». Comme beaucoup d'autres habitants de la tour, Sandrine déroule son quotidien inchangé depuis les émeutes : le digicode « cassé pour la troisième fois », l'ascenseur « bloqué tous les week-ends », des jeunes qui « jouent dedans, il arrive même qu'ils pissent dedans », des locataires qui « jettent leurs ordures par les fenêtres ».
L'odeur dans le hall d'entrée, pourtant correct à l'oeil, prend en effet à la gorge. Un mélange d'urine et d'excréments, malgré la pancarte du bailleur qui proclame que « la propreté est notre priorité ». Dans les escaliers, les « Nique la police » ou « Baise l'Etat » couvrent les murs. Quatrième étage, Flavienne, la cinquantaine, vit à la Plaine depuis 1985. « Dammarie, c'est une ville agréable, avec un côté campagne, mais à la Plaine, ça se dégrade. » Et cette descente sociale date bien d'avant les émeutes pour cette secrétaire commerciale. La pire défaite ? « La perte de lien entre les gens. » « On reste chacun chez soi, on ne se parle plus, et quand il y a un problème, tout le monde baisse la tête », résume Flavienne. Un diagnostic partagé par Luciano, 23 ans, Martiniquais installé à la Plaine depuis cinq ans. L'homme a connu « les conneries, genre deal, qui finissent en garde à vue ». Il a aussi subi « l'adresse de la Plaine qui te fiche comme voleur face aux patrons ». Aujourd'hui, il travaille comme éboueur, se lève à 4 h tous les matins. Près de l'ordinateur d'où s'échappent des morceaux de rap et de ragga, Luciano dit vouloir « faire [sa] vie » et « continuer à sourire à [ses] voisins ».
« Je veux faire du fric, du biz, y a moyen ici »
Au fil des étages, plusieurs locataires ciblent le problème principal de la cité : « les jeunes ». Des garçons sans nom ni visage, minots entre 12 et 17 ans. « Ils disent qu'il n'y a rien pour eux, mais le peu qu'il y a, ils le détruisent, ils ne respectent personne, ni leurs parents, ni leurs profs, ni la police », explique Corinne, arrivée de Roumanie avec ses trois fils il y a sept ans. Ces « jeunes », nous en avons rencontré quelques-uns en fin d'après-midi sur une place de la cité. Yacid, 16 ans, plante le décor sans détour. « Moi, je suis Marocain, pas Français, la France je lui chie dessus. » Exclu quinze jours du lycée pour des « trucs trop compliqués », le garçon dit vouloir « faire du fric, du biz, y a moyen ici ». Alex, 17 ans, s'en prend lui à la police. « Les keufs, on n'en veut pas ici. Dès qu'ils viennent, ils insultent, ils veulent pas parler avec nous, alors nous, on veut pas parler avec eux... Maintenant c'est violence et compagnie. » Plus loin, Samia, 13 ans, nous interpelle. « Je veux partir, c'est moche ici, c'est crade », se plaint la jeune fille. A ses côtés, deux garçons crachent par terre. Personne ne relève. Une habitude.
Bastien Bonnefous
©2006 20 minutes
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Trois semaines d'émeutes dans tout le pays
20 Minutes | édition du 23.10.06
Les violences urbaines de novembre 2005 constituent la période d'agitation la plus importante connue par la France depuis Mai 1968. Les émeutes ont commencé à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) le 27 octobre 2005, jour où deux adolescents sont morts électrocutés en se réfugiant dans un transformateur EDF pour échapper à la police. Des voitures sont brûlées et des projectiles jetés contre les forces de l'ordre. Le 1er novembre, des violences éclatent dans d'autres quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis. Le lendemain, toute la France est touchée. Des bâtiments publics sont incendiés.
Le 4 novembre, la gauche demande la démission du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir attisé les tensions en utilisant le mot « racailles ». Le 8, l'état d'urgence est décrété. Des couvre-feux sont instaurés. Des mesures sont prises pour les quartiers sensibles, notamment dans le domaine de l'emploi. Le 14 novembre, 20 millions de Français regardent l'allocution télévisée de Jacques Chirac, un record. Le 17, le calme est rétabli.
D. C.
©2006 20 minutes
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Hassan Ben M'Barek : "Les 100 millions d’euros promis par l’Etat ont surtout profité aux grands réseaux"
20Minutes.fr | 23.10.06 | 07h41
Interview de Hassan Ben M'Barek, président du collectif Banlieues Respect
Pourquoi demandez-vous un débat parlementaire sur l’attribution des aides aux associations et aux collectivités après les émeutes de novembre ?
Les 100 millions d’euros promis par l’Etat aux associations ont surtout profité aux grands réseaux associatifs nationaux, et pas aux associations de terrain avec des gens issus de ces quartiers qui ont fait leur preuve. Les Français ont le droit de savoir où est allé cet argent. Il faut un débat parlementaire sur l’utilisation de ces fonds, et plus largement sur l’impact des politiques de la ville dans les quartiers en zones urbaines sensibles.
Vous y voyez une forme de méfiance ?
Il est surprenant que ces associations ayant réalisé depuis plusieurs années de nombreuses actions citoyennes, ne soient pas soutenues, c’est une forme de suspicion de la part des décideurs à l’égard de ces associations composées uniquement de gens du terrain et d’origine extra-européenne. Au sein de notre collectif qui regroupe 165 structures, seules trois d’entre elles ont touché de l’argent. Pourtant, avec l’inflation des structures associatives, le bon sens voudrait qu’on fasse appel à celles qui travaillent depuis longtemps sur le terrain.
Quelle serait une des premières actions à prendre selon vous ?
Il faut faire passer un projet de loi pour une inscription automatique sur les listes électorales. Nous avons fait cette demande auprès du ministre de l’Intérieur qui ne nous a jamais répondu. Aujourd’hui, 2 à 3 millions de personnes ne sont pas inscrites et une majorité d’entre elles sont issues des quartiers défavorisés. Mais cela introduirait 8% de nouveaux électeurs et je comprends que la classe politique ne veuille pas chambouler les équilibres actuels.
Les objectifs de rénovation urbaine peuvent-ils être atteints ?
Les différentes politiques de la ville ont été faites autour de deux principes. D’abord, la dédensification des quartiers a provoqué la destruction de nombreuses tours. Ce n’est pas une mauvaise chose bien sûr. Ensuite, l’amélioration de l’accessibilité des quartiers au reste de la ville par la recherche de transports en commun en site propre. Cela a généré d’importants flux financiers. Le problème, c’est qu’à côté, on a laissé des miettes aux associations de terrain, sauf celles qui ont pu faire allégeance avec les élus locaux. Toutes les autres structures ont été marginalisées, et sans actions elles n’ont aucune visibilité. La mise en place d’une forme de précarité pour les gens du tissu associatif les pousse à abandonner le terrain.
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Claude Dilain : "un piège à parler des banlieues à travers le nombre idéal de policiers"
20Minutes.fr | 23.10.06 | 07h41
Interview de Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois
La question des transports est primordiale. Clichy-sous-Bois est-elle en voie de désenclavement ?
Depuis plusieurs années, on demande que le tramway arrive jusqu’à Clichy. Le dossier a été accepté par tout le monde, le dossier est considéré comme prioritaire. Mais aujourd’hui, il est bloqué pour un problème administratif. Pour moi, ce dossier est un test pour savoir si les politiques ont vraiment la volonté de s’occuper des banlieues.
On vous avait promis un commissariat et vous ne l’avez toujours pas…
Je n’ai aucune preuve que cette promesse ne sera pas tenue. Mais je n’ai aucun élément pour dire quand il doit arriver. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est que si les effectifs sont insuffisants, il faut aussi se méfier de cette façon de voir les choses. Il y a un piège à parler des banlieues à travers le nombre idéal de policiers. Comme cette question ne dépendait que des policiers et des magistrats. Le problème des banlieues reste un problème politique. La police ne peut rien pour les problèmes économiques et sociaux.
Les nouveaux moyens donnés par l’Etat en matière d’éducation vous semblent satisfaisants ?
Nous avons trois collèges « ambition réussite » et une partie du lycée est associée à l’initiative de Richard Descoing, le directeur de Sciences-Po, qui permet d’ouvrir les grandes écoles à la banlieue. Je suis favorable à tout cela. Les enseignants sont plus perplexes mais nous jugerons sur les actes.
La situation de l’emploi s’est-elle améliorée ?
Comme avant, il n’y a pas eu de modification fondamentale. Mais les émeutes n’ont rien déclenché sur ce point. Par contre, il y a eu un changement important. La discrimination s’est accentuée dans les entretiens d’embauche pour les jeunes de Clichy. Il y une stigmatisation très forte. En revanche, ce sont les grandes entreprises qui sont venues donner l’exemple. Et elles ont été surprises par la qualité des CV de ces jeunes. Cela s’est traduit par des contrats aidés et des CDI. Mais nous avons encore beaucoup de difficultés avec une population mal formée et en échec scolaire.
Le dispositif du CV anonymes a été abandonné. Cela aurait pu vous aider ?
Non, je n’y étais pas favorable. On ne doit pas avoir honte de la couleur de sa peau ou de son adresse. Il faut lutter contre ça.
Les jeunes de Clichy vous semblent un peu entendus qu’avant ?
Non et je vais vous donner deux exemples. J’ai organisé une exposition photo « Clichy sans cliché » avec douze des plus grands photographes du monde. Un seul d’entre eux aurait mérité la visite du ministre de la Culture. Là, il y en avait douze. J’ai invité0101010101 le président de la République, le ministre de l’Emploi et de la Cohésion Sociale, le ministre de la Culture… Personne n’a daigné venir. Second exemple : les jeunes de l’association AC le Feu ont fait le tour de France pour recueillir 20 000 doléances pour améliorer la vie dans les banlieues. Ils ont voulu les remettre à Jean-Louis Debré, le président de l’Assemblée nationale mais celui-ci ne les a pas reçus. Il leur a dit de remettre leurs doléances au policier qui faisait le planton. C’est inacceptable.
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François Pupponi : "Vers un affrontement entre CRS et jeunes"
20Minutes.fr | 23.10.06 | 07h42
Interview de François Pupponi, maire PS de Sarcelles
Quels sont les outils à disposition des maires pour agir dans les quartiers dit sensibles ?
Il y a eu trois choses : la réforme de la Dotation de solidarité urbaine, le plan « ambition réussite » dans l’éducation et la création de l’Agence nationale de rénovation urbaine. Mais tout cela est très long à mettre en place. Tout le monde n’a pas bénéficié de ces nouveaux dispositifs, certains devaient venir en plus, mais ils sont venus à la place. Quand on met en place une nouvelle politique urbaine, il faudrait maintenir la précédente temporairement pour faire le lien. Sinon, cela casse la dynamique dans ces quartiers où l’on besoin de pérennité et de persévérance. Les contrats de villes qui sont remplacés par les Contrats urbains de cohésion sociale, s’arrêtent à la fin de l’année et rien n’a été négocié. Certaines associations qui ont des actions d’alphabétisation sont en train de licencier car elles n’ont plus d’argent.
La discrimination est-elle moins présente ?
Ce ne sont pas quelques opérations médiatiques qui vont faire baisser le chômage, même si on a senti un frémissement du côté des grandes entreprises. Mais nous sommes toujours à un taux de chômage de 30% pour les moins de 25 ans. Alors que nous sommes dans une zone qui crée des emplois, mais ceux-ci ne bénéficient pas aux jeunes de Sarcelles. Pour certains, il s’agit d’un problème de formation mais une grande majorité de jeunes sont aptes à avoir un emploi et ceux-là sont victimes de discrimination. Ceux qui sont en situation d’échec, il faut les accompagner mais cela demande des moyens financiers.
Pour faire face aux problèmes de sécurité, les moyens vous semblent suffisants ?
On nous a alloué des CRS dont les procédures et le fonctionnement ne sont pas vraiment adaptés. Ils assurent de la présence, font beaucoup de contrôles routiers ce qui est important, mais peut-être pas le plus essentiel dans les quartiers. Il nous manque des policiers qui connaissent bien ces territoires. Pour ma part, je suis inquiet des tensions actuelles entre les jeunes et la police. On va vers un affrontement.
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Catherine Vautrin : "le gouvernement a tenu tous ses engagements"
20Minutes.fr | 23.10.06 | 07h42
Interview de Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Cohésion sociale
Quel bilan général tirez-vous de l’action gouvernementale depuis un an ?
Le gouvernement a tenu tous ses engagements. On a vraiment fait avancer les choses. Pour tout ce qui est rénovation urbaine, on a besoin de temps, mais les actions sont lancées. Cela, il nous faut l’expliquer tous les jours. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase d’application de la rénovation urbaine avec 230 projets qui concernent 400 quartiers. A La Duchère à Lyon ou à Chanteloup-les-Vignes, les gens prennent possession de leurs nouvelles habitations et cela créé des nouveaux rapports dans les quartiers.
A quoi va servir la nouvelle agence nationale de cohésion sociale ?
Elle a quatre missions essentielles : la politique de la ville, la lutte contre les discriminations, la lutte contre l’illettrisme mais aussi la mise en place du nouveaux service civile volontaire. Nous avons identifié les associations avec lesquelles nous allons travailler. Celles-ci vont coaché les jeunes de 16 à 25 ans qui vont remplir une mission d’intérêt public durant 6, 9 ou 12 mois. Nous aurons ces premiers volontaires d’ici la fin de l’année. D’une manière générale, l’agence nationale de cohésion sociale sera un outil à la disposition des partenaires associatifs et élus. Nous sommes en train de préparer les nouveaux contrats urbains de cohésion sociale qui vont remplacer les contrats de ville.
Certains élus se plaignent justement d’une rupture trop grande…
Maintenant que l’agence de cohésion sociale existe, elle va faire le lien entre les différentes structures. L’idée c’est de maintenir les anciens contrats pendant qu’on finalise les nouveaux. S’il le faut, nous financerons par anticipation.
Des associations de terrain s’estiment oubliées. Est-ce le cas ?
Non pas du tout. Les contrats de cohésion sociale sont d’ailleurs faits avec les maires parce que eux connaissent les acteurs locaux et les associations qui sont sur le terrain.
Propos recueillis par David Carzon
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Un dossier dans le Figaro du 24/10/2006 --> http://www.lefigaro.fr/france/20061023. … aines.html
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Il est peut-être temps de reparler du sujet, n'est-ce pas ?
Pour l'heure, je n'ai pas grand-chose à ajouter à mon premier post, si ce n'est que j'attends avec impatience l'annonce du Plan Banlieue le 22 janvier prochain. Le Plan Borloo est assez décrié dans les milieux territoriaux - outre l'effet d'annonce de l'époque qui s'est tassé - car s'il paraissait une bonne armé, il est étalé sur un temps très long, le temps de la ville et non celui de l'habitant. Cet écart peut faire très mal.
Avez-vous des idées précises, pragmatiques - pas politiques donc - pour remettre la banlieue sur les rails en touchant à l'urbain ? Pour le moment, après même avoir discuté avec des maires de banlieues difficiles, je commence à avoir la conviction que si peu a été fait, c'est que personne n'a de solution, ou du moins si, mais dans une optique tellement transversale que c'est impossible à appliquer - si vous aviez bossé comme moi à l'Educ Nat sur les territoires du 77, 93 et 94, vous verriez ce que je veux dire : l'institution ne se remet pas en cause (voir le premier post de ce thread) et pire encore, concernant l'Educ Nat, donc, qui pourrait être un premier socle d'action, elle ne prend pas ce qui se passe en considération, enferrée qu'elle est dans sa gestion quotidienne lui empêchant toute visée stratégique, tout questionnement et tout réajustement. Je ne parle pas ici des profs, qui font leur possible sans soutien institutionnel, au quotidien.
Pour l'heure, la seule solution que j'entrevoyais, c'était la mise en place d'instances très très transversales, Etat, collectivités, urbanistes et architectes, police et justice, Educ Nat justement, tissu associatif des habitants, sociologues de la ville et chercheurs, syndicats de parents d'élèves, responsables des équipements de proximité (professions libérales, commerçants) et chefs d'entreprise. Non pas pour coller un énième 'Grenelle de la Ville', il faut arrêter les conneries, mais pour parler pragmatiquement : la ville et l'institution maintenant, ses errances et ses erreurs, et ses chantiers pour demain pour corriger l'écart entre habitants et institutions.
On est loin du 'Plan anti-glandouille' prôné par Fadela Amara et qui sera dévoilé en grandes pompes le 22 janvier 2008. Ca me fait mal aux os de penser que 70% des Français vivent dans les zones urbaines, et qu'on leur propose ce genre de nullité.
On a désormais besoin, avant d'agir et d'empiler un nouveau 'machin' au sens gaullien du terme, de fédérer les réflexions et de produire, après cette réflexion, une lecture nette et sans tabou social de la réalité territoriale en France. De là découlerait une remise en question de l'institution et surtout de ses process, et un réajustement des pouvoirs publics - qui ne se résument pas aux commissariats. Certes, cela coûterait cher, mais il s'agirait justement de ventiler les recette actuelles d'une manière différente. De plus, former des jeunes sans avenir à des métiers du bâtiment, par exemple, ou de l'aménagement, serait autrement plus profitable à moyen terme que de les voir décrocher à 14 ou 15 ans, en train de s'enfoncer dans les économies parallèles et la violence corollaire.
Bref, je reste ouvert à cette discussion qui n'a pas avancé d'un pouce depuis le 8/11/2005, sur ce forum certes, mais surtout dans le réel.
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MyNight a écrit:
il est étalé sur un temps très long, le temps de la ville et non celui de l'habitant.
Le temps de la ville n'est pas forcément long. Haussmann a complètement transformé Paris en à peine 15 ans. Donc c'est possible, encore faut-il le vouloir. Je crois que c'est le vouloir qui manque en France.
MyNight a écrit:
Avez-vous des idées précises, pragmatiques - pas politiques donc
- pour remettre la banlieue sur les rails en touchant à l'urbain ?
Oui. Complètement raser tous les grands ensembles et toutes les zones urbaines sensibles, sans exception. Reloger les gens dans toute l'agglomération, en les éparpillant, sans les regrouper. Urbaniser la plaine de Montesson, le plateau de Saclay et la plaine de Versailles, derniers grands espaces encore libres aux portes de la capitale, pour remplacer le stock de logements détruits et même au delà. A la place des quartiers détruits, rebâtir des pavillons et de petits immeubles résidentiels, sur rue bien évidemment. Ne surtout pas reloger les gens sur place, mais les éparpiller dans toute l'agglomération pour casser les phénomènes communautaires et les gangs/clans de cités.
On pensera peut-être que c'est une proposition un peu extrême, mais je crois que pour régler la situation actuelle, qui est elle-même extrême, il n'y a que des solutions extrêmes qui marcheront.
MyNight a écrit:
et pire encore, concernant l'Educ Nat, donc, qui pourrait être un premier socle d'action, elle ne prend pas ce qui se passe en considération, enferrée qu'elle est dans sa gestion quotidienne lui empêchant toute visée stratégique, tout questionnement et tout réajustement. Je ne parle pas ici des profs, qui font leur possible sans soutien institutionnel, au quotidien.
Concernant l'Education nationale, je crois malheureusement que c'est sans espoir. Je connais bien l'institution, toute ma famille est dans l'Education nationale, j'ai grandi dans un collège, toutes les conversations matin, midi et soir concernaient les profs, le collège, l'administration, les syndicats. 18 ans de ma vie. Les profs pris individuellement ne sont pas des mauvais bougres, mais collectivement il y a un tel corporatisme, de tels préjugés (de gauche), que c'est irréformable. L'autre jour en entendant les profs protester pour la énième fois contre Xavier Darcos qui n'est pourtant pas un excité de droite, on en plaisantait avec ma mère en disant que même si un homme politique de droite appliquait tous les desiderata du SNES, faisait tout ce qu'ils veulent, quand même ils ne seraient pas satisfaits.
Enfin je ne vais pas commencer avec l'Education nationale, vous raconter toutes les anecdotes, on n'en sortirait pas. Je dirai juste que mis à part une privatisation de l'Education nationale, je ne vois pas comment on peut réformer le mammouth. En attendant heureusement que les écoles privées n'ont pas été supprimées en 1984.
MyNight a écrit:
On est loin du 'Plan anti-glandouille' prôné par Fadela Amara et qui sera dévoilé en grandes pompes le 22 janvier 2008. Ca me fait mal aux os de penser que 70% des Français vivent dans les zones urbaines, et qu'on leur propose ce genre de nullité.
S'il te plaît, évite de juger avant d'avoir même vu la teneur du plan. Tu tombes dans le travers des journalistes qui s'arrêtent sur une petite phrase, comme s'il n'y avait que ça, comme si Fadela Amara et le plan qu'elle est en train de mettre au point avec d'autres se résumait à une seule petite phrase.
Je ne sais pas ce que ce plan donnera, s'il sera bien ou pas, mais si pour une fois on pouvait accorder le bénéfice du doute au lieu de descendre en flèche avant même que le plan ne soit sorti, ça changerait !
Quand je parle de raser les grands ensembles, je crois que cette vidéo (en tout cas la première minute) résume parfaitement la situation dans son choc des réalités.
mon analyse :
il y a en France comme dans tout pays des zones hors-la-loi, des zones qui échappent au contrôle des autorités, des zones où l'Etat ne peut faire appliquer la constitution, des zones où la drogue circule et se vend, des trafics en tout genre, corruption, etc.
Toute cette économie illégale permet à des gens de vivre.
Sachez qu'en Amérique du Sud, des familles entières cueillent des feuilles de coca comme gagne-pain.
Dans les quartiers très souvent ou surtout situés en banlieues, dans les quartiers déshérités, rêgne la loi du plus fort, dans ces quartiers rêgne la société hors-la-loi et l'économie souterraine.
La violence dans ces zones hors-la-loi n'est que le fruit de la contestation, du désaveu de l'Etat, l'Etat s'y oppose.
Il n'y aurait pas de violence ou de destruction si on laissait faire.
Mais puisque l'Etat dérange, condamne ou intervient enfin pour mettre fin à cette société parallèle, illégale, celle-ci s'insurge, se défend avec violence à gros renforts de feux et de destructions en tout genre.
Le policier et le gendarme sont les premiers à être pris pour cible parce qu'ils sont "payés" pour mettre fin, pour détruire cette société illégale, hors-la-loi.
Le policier et le gendarme représentent la loi, sont ceux qui doivent mettre fin à des revenus illégaux et c'est la raison pour laquelle, la société illégale et souterraine leur tient tête, les attaque et pire encore depuis quelques jours, leur tire dessus.
Pourquoi certains jeunes vivent-ils des trafics illégaux, parce qu'ils gagnent "pas mal" d'argent avec ces pratiques, ils gagneraient moins, disent-ils s'ils se levaient pour toucher le smic ou 1000 euros par mois.
L'économie souterraine est dangereuse pour l'Etat, mais surtout pour eux aussi, mais l'appat du gain facile est plus fort que les sanctions judiciaires qui peuvent en découler.
Peut-on utiliser le terme de "racailles" ou de voyous pour qualifier les personnes qui vivent dans et de cet univers illégal ?
Oui mais uniquement "les caïds", les "Chefs d'entreprises" qui créént ces filières, qui font bosser toute une armada de gens.
Par exemple, le type, "l'organisme" qui importe de la drogue, c'est de la racaille, des voyous, par contre le petit revendeur et le consommateur qui vivotent et ne récupèrent que les miettes pécuniaires, je ne pense pas.
Mais c'est comme la Camorra napolitaine, très souvent, les autorités n'arrêtent que les petits et les sous-fifres, les vrais instigateurs, les vrais escrocs en général sont confortablement installés dans leurs "conapts", ne se salissent pas les mains et sont invisibles donc indélogeables.
Tout le monde, politiques surtout, sont d'accord pour dire que ces gens ne représentent qu'une minorité même dans les quartiers les plus paumés, les plus mafieux, mais cette minorité est dangereuse et fait peur à la majorité, qui très souvent usent de la pratique corse, l'OMERTA.
Les médias étrangers sont idiots, ne sont au courant de rien, les banlieues françaises ne sont pas des déchetteries à ciel ouvert, les faubourgs anglo-saxons, anglais et américains, sont encore plus vétustes.
Pour résumer, cette violence à l'encontre des autorités de l'Etat, dans ces quartiers mafieux, est récente car cette économie, cette société illégale souterraine n'avait jamais été contestée et attaquée sur le terrain jadis.
Bien sûr, il y a aussi le problème du travail et du chômage, mais les entreprises ont peur et ne veulent pas toujours s'installer dans ces quartiers et puis ce sont surtout des cités-dortoirs comme à la campagne où les cités-dortoirs ce sont simplement les villages ; le travail est dans les zones urbaines surtout, mais dans les zones urbaines non habitées.
Bien sûr, il faut aussi repenser l'environnement architectural, repenser la conception de l'habitat et du bâti, Castro l'urbaniste-architecte s'y affaire depuis des années, toutes les années de nombreuses tours ou barres de bétons habitées sont détruitent.
Il faut éparpiller les gens, il ne faut pas qu'ils vivent par groupes entiers trop nombreux, trop de gens à l'hectare, ce n'est pas bon.Lorsqu'un individu est seul, il a un comportement décent, normal, lorsque cet individu est entouré et se retrouve avec d'autres alors, il devient différent, rusé, inventif, autoritaire, il "dévie".
Bien sûr, il y a aussi l'autorité des parents, mais sachant que le père de X ou la mère de Y avaient trafiqué dans leur jeunesse, que voulez-vous qu'ils adviennent de leur progéniture, même si on entend tout ce monde dire :" ahh je ne veux pas que mes enfants vivent comme on a vécu, mais il y a toujours des minorités.
La loi est encore bafouée, à maudire dans certains quartiers, et la loi, c'est le commerçant, le "flic", l'enseignante du coin, ......
L'Etat met enfin les pieds dans cette société souterraine, illégale et "pourrie", celle-ci réagit, se défend en brûlant, cassant, tenant tête aux gendarmes et policiers.
La violence en est le résultat.
Dernière chose, Zidane est un héros, une idole, un gars des banlieues qui a réussi, il gagne des millions d'euros par mois, mais on critique Sarkozy qui gagne 500 fois moins.
Même les vrais rappeurs, Mc-solaar par exemple, sont désavoués dans les banlieues, parce qu'ils ne sont pas assez ou peu critiques à l'égard de l'état dans leurs paroles.
Pour terminer enfin, le jeune, l'individu des banlieues est influençable, il haït l'Etat en groupes, en communauté par peur d'être abandonné, lynché, écarté par ses amis, mais individuellement il pense souvent différemment mais le cache.
C'est comme en Allemagne, lorsque je vois à la télé tous ces néo-nazis, je suis persuadé que bon nombre de ces "adhérents" le sont par contrainte collective, ne pas être écarté ou montré du doigt dans leurs quartiers ou leurs clans, sinon ils se retrouvent seuls. l'homme est un faux-cul.
amen
benoit
nb: je vais corriger mes fautes car il y en a !
Je ne comprend pas qu'on veuille détruire ces barres d'HLM à l'heure ou nous manquons cruellement de logement, notement en Idf... la violence habite les citées ok mais les hlm n'engendre pas la violence, ce sont certainnes personne habitant la citée qui engendre cette violence. A los Angeles par exemple les ghettos ne sont pas forcément des tours mais plutôt des zones pavillonaires... Par contre elles sont généralement mal déservies... alors oui il y à moult problèmes dans les citées, oui il serait temps de se pen cher sur ces problème, mais pour moi abattre des tours à tour de bras fait mal au ventre au mal logés et sdf et moi aussi.La "concentration de gebs"créer des problêmes mais elle à aussi des avantages...Pitié arretons de détruire du logement. créont des "coulées vertes" à la place de la terre battue, des parkings éclairés qui ne sentent pas l'urine,... bref créont un "environnement favorable pour y vivre" au lieu de détruire en nous promettant de reconstruire mieux ailleur tout de suite... n'y a-t-il jamais eu de terasses sur ces toits abandonés aux graviers, de locaux comme une bibliothèque, un comissariat directement dans ces tours ? eh ben non, pourtant il toucherais directement et de près les habitants de ces quartiers
Ha et puis une dernière chose, la plus importante, demandons l'avis au gens qui y habite au lieu de systématiquement "parler à leur place" on serait peut être surpris de leur réponse et de leurs attentes !
suomipsseudo a écrit:
Oui. Complètement raser tous les grands ensembles et toutes les zones urbaines sensibles, sans exception. Reloger les gens dans toute l'agglomération, en les éparpillant, sans les regrouper.
Oui c'est la solution pour casser les ghettos, mais hélas, je n'y crois pas, car les gens ne veulent pas de la mixité sociale. Tout le monde est d'accord pour construire plus de logement social, mais pas dans sa rue. Les maires des villes "bourges" se gardent bien de construire des HLM, et font même de leur comportent hors-la-loi un argument électoral. Et ceux qui respectent la loi des 20% sont obligés de faire une guérilla juridique contre les associations de voisinage, pour le moindre HLM de 10 logement implanté dans un quartier qui n'en n'avait pas.
toons a écrit:
Je ne comprend pas qu'on veuille détruire ces barres d'HLM à l'heure ou nous manquons cruellement de logement, notement en Idf... la violence habite les citées ok mais les hlm n'engendre pas la violence, ce sont certainnes personne habitant la citée qui engendre cette violence. A los Angeles par exemple les ghettos ne sont pas forcément des tours mais plutôt des zones pavillonaires... Par contre elles sont généralement mal déservies... alors oui il y à moult problèmes dans les citées, oui il serait temps de se pen cher sur ces problème, mais pour moi abattre des tours à tour de bras fait mal au ventre au mal logés et sdf
et moi aussi.La "concentration de gebs"créer des problêmes mais elle à aussi des avantages...Pitié arretons de détruire du logement. créont des "coulées vertes" à la place de la terre battue, des parkings éclairés qui ne sentent pas l'urine,... bref créont un "environnement favorable pour y vivre" au lieu de détruire en nous promettant de reconstruire mieux ailleur tout de suite... n'y a-t-il jamais eu de terasses sur ces toits abandonés aux graviers, de locaux comme une bibliothèque, un comissariat directement dans ces tours ? eh ben non, pourtant il toucherais directement et de près les habitants de ces quartiers
Deux choses. D'une part, si j'étais un brin méchant, je dirais que si ces grands ensembles ne sont pas si moches que ça, pas si invivables que ça, qu'il suffit juste d'un coup de Ripolin et de quelques pelouses et coulées vertes, alors je te dirais que tu apporterais beaucoup de crédit à tes propos en allant t'installer dans un de ces grands ensembles. Es-tu prêt à aller vivre dans un de ces grands ensembles ? Si on en rénove un, tu vas aller t'y installer ? Quand on prone quelque chose, autant aller jusqu'au bout de sa logique. Enfin bon, je dis ça juste en passant sans vouloir être méchant. En France on a l'art de défendre des idées en théorie, mais quant à suivre ses idées dans la pratique, il y a souvent un pas...
Deuxième point, les HLM n'engendrent peut-être pas la violence, mais ils y contribuent par leur urbanisme déstructuré, rejetant la rue, l'espace privatif, tout ce qui fait la ville. On en a suffisamment débattu pour que je n'insiste pas. D'autre part je note qu'Haussmann en détruisant les quartiers insalubres du coeur de Paris a mis fin en 15 ans à la criminalité très forte qui régnait dans le centre de Paris depuis le Moyen Age. Comme quoi raser un quartier c'est peut-être une solution radicale mais ça marche pour casser certains phénomènes sociaux. Après c'est sûr ce qui s'est passé avec Haussmann c'est qu'on s'est contenté de déplacer le problème. Les populations chassées de ces quartiers ont été regroupées à Belleville, Ménilmontant, Charonne, puis plus tard dans la fameuse "zone" des fortifs, où les mêmes problèmes sont réapparus, simplement déplacés du centre vers la périphérie.
Moi je ne propose pas du tout de simplement déplacer les problèmes (voir réponse au message ci-dessous).
yb a écrit:
Oui c'est la solution pour casser les ghettos, mais hélas, je n'y crois pas, car les gens ne veulent pas de la mixité sociale. Tout le monde est d'accord pour construire plus de logement social, mais pas dans sa rue. Les maires des villes "bourges" se gardent bien de construire des HLM, et font même de leur comportent hors-la-loi un argument électoral. Et ceux qui respectent la loi des 20% sont obligés de faire une guérilla juridique contre les associations de voisinage, pour le moindre HLM de 10 logement implanté dans un quartier qui n'en n'avait pas.
Je ne propose pas du tout de reloger les gens des grands ensembles à raser dans de nouveaux quartiers de logements sociaux. Cela ne ferait que déplacer le problème comme sous Haussmann. Au contraire, j'ai bien dit qu'il fallait absolument éparpiller tous ces gens dans toute l'agglomération. Eparpiller cela veut dire pas plus d'un ou deux logements sociaux par immeuble. Par exemple, si dans chaque immeuble collectif de la région parisienne (c'est à dire tous les immeubles d'habitations de la région parisienne sauf les pavillons de banlieue) l'Etat achetait un logement (par préemption, expropriation des logements vides, etc.), et que ce logement servait à reloger une famille d'un grand ensemble rasé, je pense qu'on arriverait à reloger toutes les familles (rien qu'avec le nombre de logements inoccupés en région parisienne, on pourrait en reloger la plupart). Il ne faut surtout pas faire des immeubles entiers de logements sociaux, cela ne fera que recréer le problème ailleurs. En plus tu vois bien que les habitants du 16è par exemple sont contre des immeubles de logements sociaux près de chez eux, mais s'il s'agissait juste d'un logement social dans un immeuble ici, un autre dans un immeuble là, alors cela ne suciterait sans doute pas beaucoup de réactions négatives. Le problème ce n'est pas 10 ou 20% de logements sociaux, le problème c'est de les regrouper dans quelques immeubles qui deviennent vite immeubles à problème. De ça les gens des quartiers tranquilles n'en veulent pas, et je les comprends.
J'ai aussi proposé d'urbaniser les derniers grands espaces non bâtis dans l'agglomération parisienne, à savoir la plaine de Montesson, le plateau de Saclay et la plaine de Versailles. Non pas pour y construire des logements sociaux pour reloger les gens des zones urbaines sensibles, mais pour permettre aux promoteurs/particuliers/investisseurs privés d'y construire des dizaines de milliers de logements. Mon idée c'est qu'en augmentant le nombre total de logements en construisant dans ces trois zones (il doit bien y avoir le potentiel pour, à la louche, 200 à 300.000 logements à construire), les classes moyennes achèteront ou loueront dans ces zones nouvellement construites, libérant des logements dans le reste de la région parisienne où on pourra reloger les personnes des grands ensembles à raser.
Bien sûr c'est une politique sur plusieurs années (on ne va pas urbaniser la plaine de Montesson en 6 mois), et il y a certains besoins qui sont urgents maintenant. Dans une phase de première urgence la seule solution que je vois c'est d'exproprier les très nombreux logements vides en région parisienne, qui sont souvent la propriété de bailleurs institutionnels d'ailleurs, en accordant une généreuse indemnisation aux propriétaires, mais ce sera des millions d'euros qui seront de toute façon mieux dépensés que les millions dépensés jusqu'ici en pure perte pour rénover les quartiers sensibles. Avec ces logements acquis par l'Etat on pourrait commencer à reloger les familles des grands ensembles les pires à détruire en premier. Si l'Etat se donne les moyens, c'est une solution de première urgence qui me paraît faisable en un an. Déjà cela donnerait un premier bol d'air. Ensuite on pourrait embrayer sur l'urbanisation des zones que j'ai citées, la préemption systématique par l'Etat des logements qui se libèrent, etc. Et puis dès les premiers grands ensembles rasés on pourrait déjà commencer à reconstruire de vrais morceaux de ville dessus, avec rues et espaces privatifs, ce qui apporterait aussi de nouveaux logements.
Tout ce que je dis paraît un brin rêveur (je vois d'ici les commentaires) uniquement parce qu'en France on s'est tellement habitué à nos lenteurs et à notre sclérose qu'on n'est plus capable d'imaginer des solutions de grande ampleur. Pourtant quand je vois le nombre incroyablement élevé de logements qui se construit à Madrid chaque année on voit bien que c'est tout à fait faisable si seulement on s'en donne les moyens, et surtout s'il y a la volonté politique, et peut-être même encore plus important s'il y a le discernement politique. Comme disent les Américains, think out of the box, mais je doute que nos politiques et administrateurs soient très bons pour ça.
suomipsseudo a écrit:
Eparpiller cela veut dire pas plus d'un ou deux logements sociaux par immeuble. Par exemple, si dans chaque immeuble collectif de la région parisienne (c'est à dire tous les immeubles d'habitations de la région parisienne sauf les pavillons de banlieue) l'Etat achetait un logement (par préemption, expropriation des logements vides, etc.), et que ce logement servait à reloger une famille d'un grand ensemble rasé, je pense qu'on arriverait à reloger toutes les familles (rien qu'avec le nombre de logements inoccupés en région parisienne, on pourrait en reloger la plupart). Il ne faut surtout pas faire des immeubles entiers de logements sociaux, cela ne fera que recréer le problème ailleurs. En plus tu vois bien que les habitants du 16è par exemple sont contre des immeubles de logements sociaux près de chez eux, mais s'il s'agissait juste d'un logement social dans un immeuble ici, un autre dans un immeuble là, alors cela ne suciterait sans doute pas beaucoup de réactions négatives. Le problème ce n'est pas 10 ou 20% de logements sociaux, le problème c'est de les regrouper dans quelques immeubles qui deviennent vite immeubles à problème.
Je retiens surtout cette idée, dont je partage en partie les conclusions, à défaut des prémisses. Je ne trouve pas très pertinent d'imposer aux communes un seuil minimum de logements sociaux qui, même atteint, ne résoudrait rien par lui-même (en admettant même qu'il soit atteignable dans certaines communes déjà entièrement urbanisées, ainsi que dans les communes qui, étant dépourvues de logements sociaux, ne devraient théoriquement plus construire que ça).
Ce seuil ne dit rien du type d'urbanisme à mettre en oeuvre. Rien n'empêche les communes de laisser construire des logements pour classes moyennes et supérieures dans les centre-villes et de continuer à grouper les logements sociaux à l'écart des centres urbains, des équipements et des infrastructures de transport. Raser les barres et les tours pour les remplacer par des pavillons et du petit collectif n'y changera rien. On voit même des opérations de ce genre subventionnées par l'ANRU.
Ce seuil ne dit rien non plus de la qualité des logements existants ou à construire. Il incite même à privilégier le quantitatif sur le qualitatif. Une commune dépassant ce seuil peut ainsi se considérer comme atteignant ses objectifs et par conséquent dispensée d'efforts supplémentaires, quand bien même le parc de logements serait vétuste. Elle peut en outre être dissuadée de revendre ces logements à leurs locataires, pour ne pas retomber sous le seuil. À l'inverse, rien n'empêche d'autres communes de construire du logement social plus que de raison, 40% voire plus, dans une perspective électoraliste.
Enfin, la logique même d'objectifs exprimés en termes de stocks, qui sous-tend cette politique, me semble inadaptée, puisque les habitants de ces logements sont susceptibles de voir leur niveau de vie s'améliorer au-delà du seuil de revenu qui leur donne droit à un logement social. Or ils continueront souvent d'y habiter, au détriment de ceux qui attendent sur les listes. On pourrait alors envisager de n'attribuer ces logements que pour une durée de trois ans, renouvelable uniquement si les conditions de ressources le justifient. Mais ce serait aller à l'encontre d'un objectif de mixité sociale.
Dans ces conditions, il me semblerait plus judicieux de passer d'une logique de stocks à une logique de flux : imposer des taux minimum et maximum de logements sociaux dans tout programme de logements, en fixant un seuil très bas afin d'éviter tout effet de seuil : par exemple, au moins 10% et au plus 20%, en unités et en superficie, dans tout programme comportant 10 logements ou plus. Une telle mesure garantirait la mixité sociale et la qualité des logements construits, tout en permettant une certaine souplesse d'évolution du parc de logements sociaux et sans faire obstable aux programmes d'accession aidée à la propriété. Elle permettrait aussi aux bénéficiaires de ces logemnts de ne pas s'exposer à une forme d'ostracisme, de discrimination fondée sur l'adresse.
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