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MyNight a écrit:
Ma femme, Parisienne génétique, ne connaissait pas du tout Angers. La première fois, elle m'a dit que c'était de la 'campagne', ni plus ni moins, en visitant le centre - qui est très restreint, c'est tout à fait vrai. Mais en lui faisant visiter les quartiers, elle m'a dit être mal à l'aise d'un point de vue spatial, ne comprenant pas la géographie de l'ensemble. Elle a comparé la ville à un mini-Los Angelès en hyper réduction. Des pseudopodes qui s'effilochent lointainement, des franges de campagne ni urbaines ni rurales, les quartiers qu'on n'attend pas du tout là où ils sont, des frontières totalement indéfinies et imprévisibles. Ainsi, son constat est bien qu'il s'agit d"une ville moyenne, mais totalement différente de ce qu'elle connaissait avant. Elle en garde une image contrastée, d'une grande étendue diluée, hésitant entre ville pure et dure et campagne pas réellement rurale.
C'est un bel échec, l'expérience de ta femme... (enfin, pas ta femme, mais sa vision de la ville... )
Car son expérience montre bien une chose - s'il était encore besoin de le montrer -, c'est que l'urbanisme a sombré dans une médiocrité infinie après guerre. Tout ce qui a été construit avant est lisible. Ce qui l'a été après ne l'est plus. Si je n'avais pas peur d'allumer une polémique enflammée sur ce forum épris de modernité ( ), j'invoquerai les dégats de la charte d'Athènes qui a légitimé intellectuellement la destruction du système urbain traditionnel à base de rues et de places. Sans rues, une ville n'est plus qu'une bouillabaisse. Le centre historique d'Angers, comme tous les centres historiques depuis l'homme de Cro Magnon, fonctionne sur un schéma rue-place-rue, abandonné après guerre au profit d'un sinistre urbanisme de dalles, de zones et de tours/barres solitaires (moi, je veux bien des tours et des barres si elles sont jolies, bien proportionnées par rapport au voisinage et qu'elles respectent la structure rue-place-rue).
Quoi qu'il en soit, à cause de cet urbanisme de dalles et de zones, c'est toute la lecture de la ville qui est détruite. On ne sait plus, en effet, si on est dans un univers urbain, rural ou "rurbain". On ne sait plus où commence l'espace privé de la "zone résidentielle" et où finit l'espace public de la rue.
A la limite, si on veut s'affranchir de la contrainte de la rue pour renouveller la forme de la ville, il faut le faire à la manière de Jean Nouvel pour le musée Branly et l'Espace Cartier, où il a prolongé la ligne des façades par une parois de verre qui sert de frontière symbolique à la rue, et s'ouvre sur un jardin. Je trouve ça très réussi.
Tous ces quartiers construits après guerre souffrent de cette absence de rue et de son corrolaire (puisqu'il n'y a plus de rue, et donc plus de commerce de rue), le centre commercial. S'il y avait de l'argent pour les rénover, moi, je commencerai par ça: faire réapparaître des rues et des frontières entre l'espace public et l'espace privé. On s'y sentirait déjà nettement plus à l'aise.
l'urbanisme a sombré dans une médiocrité infinie après guerre
Tu ne peux pas non plus tout résumer à n'être que des préceptes issus de la Charte d'Athènes. Retourne au quartier du Lac de Maine, il date des années 1975-1990... Et même, regarde la ZUP sud (Roseraie) et compare avec des cités que tu connais en IDF, tu verras des lieux aérés, peu denses, dont la monofonctionnalisation est mesurée. Regarde le Front de Maine de Vasconi, qu'on peut ne pas aimer, ce n'est pas le problème, des commerces il y en a partout sur R+0.
Pour ne pas fondre dans une polémique coupable, je vais te prendre un exemple très délicat, la ZUP Nord d'Angers (Monplaisir).
Il n'est pas vrai que les ZUP angevines se sont affranchies de la rue, au contraire, comme tu le vois sur cette photo, c'est le réseau viaire qui a structuré les emprises. Plus drôle encore, ce réseau ne sort pas de nulle part : il reproduit le tracé des chemins vicinaux, exactement comme la trame viaire des faubourgs du XIXe siècle qui semblent provoquer ton admiration.
En parlant de ces faubourgs - et des centres-villes - je te rappelle que ces lieux étaient très loin d'être vivables du point de vue de l'occupation des sols.
Un exemple pour illustrer : le quartier Saint-Nicolas. Il s'agit d'un ancien quartier industriel qui possédait la particularité d'être structuré autour des abattoirs, d'un hôpital et d'une tannerie, qui rejetaient leurs cochonneries dans un canal qui était un véritable égoût à ciel ouvert (un peu comme la Bièvre) et qui s'appelait le bien nommé 'Canal des Tanneries'.
On le voit bien à droite du château sur ce plan du XVIIIème siècle :
En 1890, il est déjà comblé :
L'élément structurant est d'une puanteur extrême, et est comblé pour former certains boulevards actuels (place Rochefoucault, blvds Arnault / Arago).
En 1950, le quartier qui est donc sur un système viaire qui date du XVème siècle - ancienne paroisse Saint-Nicolas - ressemble à ceci :
Et crois-moi sur parole, c'est un coupe-gorge, comme le faubourg Saint-Michel : mon grand-père était gendarme à Angers à cette époque, ses anecdotes saignantes ne manquaient pas.
Fin des années 60, on rase cette portion de ville ingérable - le ruisseau y coulait encore sur les pavés au milieu de la rue.
Cela devient ce quartier :
Les urbanistes sont Andrault, Para et Mornet, ceux qui ont créé le POPB. Ils tiennent compte du tissu urbain séculaire en s'appuyant sur le réseau structurant pré-existant, et utilisent des méthodes de construction régionales : ardoise, toits en pente, volumes mesurés, bois à la manière des maisons en torchis du XVIe siècle, etc. Six hectares au total sont rasés, 740 logements vétustes sont démolis pour la construction de 640 logements neufs, dont 30% de logements sociaux.
Les commerces s'installent au R+0 : tabac, boucherie, librairie (France Loisirs qui a déménagé ensuite aux Halles par manque de place), bars-restaurants, boulangeries, crèche, cabinet médifcal, dentiste, pharmacie... Des squares non privatifs sont créés et les écoles des environs rénovées, ainsi que le CNDC.
Tu trouveras l'emplacement des commerces (nombreux) sous les voûtes qui surplombent les trottoirs.
A l'intérieur, ces logements étaient au top des normes en vigueur. J'ai fréquenté longtemps une fille qui habitait dans ces habitations, au dernier étage d'un immense duplex. Je voyais bien que la vie de quartier y était réelle, et non surfaite. Seul ennui avec le temps : des normes d'insonorisation totalement dépassées...
C'est pourquoi, pour conclure, je trouve ton argumentation partielle et partiale. Tu mets tout dans le même panier avec une assurance qui dessert le débat.
Il ne faut pas simplifier un sujet aussi complexe. Cela débouche sur les préjugés en vigueur à l'heure actuelle, et contribue à affirmer un communautarisme / particularisme (au choix) qui m'apparaît comme extrêmement dangereux pour la cohésion sociale.
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MyNight a écrit:
Pour ne pas fondre dans une polémique coupable, je vais te prendre un exemple très délicat, la ZUP Nord d'Angers (Monplaisir).
MyNight a écrit:
Il n'est pas vrai que les ZUP angevines se sont affranchies de la rue, au contraire, comme tu le vois sur cette photo, c'est le réseau viaire qui a structuré les emprises.
C'est drôle, car on ne voit pas du tout les mêmes choses sur cette photo. Tu vois des rues, et moi une abscence de rue. Ce que je vois, moi, ce sont des axes autoroutiers, où un piéton n'a rien à faire. Ce que je vois également, ce sont des axes autoroutiers qui n'amènent pas à l'îlot urbanisé central, mais qui longent cet îlot (axes verticaux droit et gauche), au mieux qui le traverse (axe vertical central). Ce que je vois, moi, c'est une zone qui s'est urbanisé dans un vide, et qui a profité d'un réseau routier existant pour se relier au reste de la ville. Mais on voit bien en lisant la forme de ces routes qu'elles n'ont pas été tracées spécialement pour desservir cette zone centrale. C'est un raccordement purement utilitaire, purement fonctionnel, qui semble dire : "puisque vous êtes là, on vous dessert, mais cette desserte n'est qu'un sous-produit de ma fonction principale".
A l'intérieur de la zone-îlot, je ne vois pas non plus de rues, au sens propre du terme. Je vois des langues de goudron bordées de places de parking. Et l'on voit que ces langues n'ont pas été dessinées non plus pour les piétons : elles sont conçues et destinées aux voitures (cela se voit à leur forme, à leur tracé, aux places de parking qui les bordent).
En fait, tout cet urbanisme révèle qu'il a été conçu pour un mode de vie centré sur la voiture (d'où l'abscence de commerce de rue : on va au centre commercial).
Soit. Pourquoi pas, diras-tu. Quel mal y a-t-il là ?
Et bien moi j'y vois un mal très grand, car je suis un piéton avant d'être un automobiliste (d'ailleurs, je n'ai pas de voiture...). Pour moi, être un piéton veut dire que mon rapport à la ville n'est pas qu'un rapport fonctionnel, utilitaire : la ville ne me sert pas simplement à remplir des fonctions vitales - dormir, manger, travailler, me divertir, etc, (dans la charte d'Athènes, c'est comme cela qu'on présente la ville : un ensemble de fonctions qui doivent être efficaces).
Pour moi, la ville est aussi un lieu qui dépasse la fonction, c'est un lieu où je suis. Où mon être est. Où ma présence trouve une possibilité. Car avant d'agir, avant de conduire une voiture, je suis.
Ce que je reproche à cet urbanisme inspiré de la charte d'Athènes, c'est qu'il n'y a pas la place d'être. Pour être, il faut être chez soi.
Je parlais du système rue-place-rue. Or qu'est-ce qu'une place ? C'est justement l'endroit où l'on peut se contenter d'être. On peut s'asseoir sur un banc, et se reposer. Voir. Regarder. Penser. Ou même rien du tout : juste être.
Dans l'urbanisme de la charte d'Athènes, dans la ZUP nord d'Angers qui est montrée en photo, il n'y a que les voitures qui ont une place pour être : c'est plein de places de parking.
Tu me diras : c'est pas vrai, il y aun stade. C'est vrai. Mais ça ne suffit pas. Car il n'y a pas de rue adaptée aux piétons. Les rues de la ZUP sont adaptées aux voitures, pas aux piétons. D'ailleurs, il n'y a pas de trottoir.
En voulant détruire le système contrairement de la rue, avec ses facades alignées, on a pensé donner plus de liberté. Mais il ne suffit pas d'ouvrir l'espace pour donner plus de liberté. Car une simple zone ouverte n'est pas un endroit où on se sent bien. Pour se sentir bien dans un espace, il faut que cet espace soit conçu de manière à pouvoir répondre en permanence à la question : pourquoi ici plutôt qu'ailleurs. Un espace bien conçu est un lieu qui répond par sa forme à cette question essentielle, métaphysique : pourquoi ici plutôt qu'ailleurs.
Les lieux peuvent répondre à cette question de plusieurs manières : par exemple par le chemin, qui trace une ligne, par la fonction (comme le stade), mais aussi et surtout par la beauté, qui réussit à elle seule à rendre heureux d'être où on est.
MyNight a écrit:
exactement comme la trame viaire des faubourgs du XIXe siècle qui semblent provoquer ton admiration.
Je n'ai jamais parlé des faubourgs du XIX°, MyNight... C'est drôle, chaque fois qu'on critique ou qu'on loue l'esprit de la Charte d'Athènes, c'est en l'opposant aux faubourgs du XIX° siècle et à l'urbanisme haussmannien ! Mais c'est absurde : le système rue-place-rue se retrouve partout et à toutes les époques, que ce soit dans la Rome romaine, le Pékin d'avant guerre ou le Mexico colonial. Et si on le retrouve partout, c'est parce qu'il est perçu comme étant le système le plus naturel, le plus évident, le plus pratique, le plus agréable à vivre.
MyNight a écrit:
En parlant de ces faubourgs - et des centres-villes - je te rappelle que ces lieux étaient très loin d'être vivables du point de vue de l'occupation des sols. Un exemple pour illustrer : le quartier Saint-Nicolas (...)Les urbanistes sont Andrault, Para et Mornet, ceux qui ont créé le POPB. Ils tiennent compte du tissu urbain séculaire en s'appuyant sur le réseau structurant pré-existant (...) Les commerces s'installent au R+0 (...) J'ai fréquenté longtemps une fille qui habitait dans ces habitations, au dernier étage d'un immense duplex. Seul ennui avec le temps : des normes d'insonorisation totalement dépassées...
Je n'ai rien à reprocher à l'urbanisme de ce quartier, qui est très classique comme tu le soulignes toi-même, mais à mon sens l'architecture a bcp vieilli, et pas seulement du point de vue des normes phoniques... C'est assez laid à mon avis, et une des raisons (ce n'est pas la seule), c'est le côté mastoc et monotone : ça manque de variété, de fantaisie, c'est une esthétique trop systématique, un plan reproduit de manière trop mécanique d'un immeuble à l'autre. Mais bon, c'est un autre sujet.
MyNight a écrit:
C'est pourquoi, pour conclure, je trouve ton argumentation partielle et partiale. Tu mets tout dans le même panier avec une assurance qui dessert le débat. Il ne faut pas simplifier un sujet aussi complexe. Cela débouche sur les préjugés en vigueur à l'heure actuelle, et contribue à affirmer un communautarisme / particularisme (au choix) qui m'apparaît comme extrêmement dangereux pour la cohésion sociale.
Pour l'assurance, je suis désolé si ça produit un effet d'agressivité. Ce n'est pas mon esprit ni mon but. Si je viens sur ce forum, c'est en partie parce que les visions contraires aux miennes que j'y trouve m'aident à réfléchir, à formuler ce que je sens et pense. Mon "assurance" vient du fait que l'urbanisme en question me provoque un véritable sentiment d'angoisse et de révolte. Pour moi, cela relève du scandale. Ce n'est pas idéologique : cela relève quasiment du réflexe de survie, même si le mot peut paraître fort. J'ai donc du mal à policer mon discours (mais crois bien que j'essaye !).
Et tous cas merci de tes contributions, MyNight, j'apprécie.
Je suis d'accord avec ton appréhension de la charte d'Athènes pour différentes raisons - fonctionnalisation simplificatrice des faits urbains et humains notamment. Et je suis aussi d'accord pour reconnaître que Monplaisir n'a pas été nécessairement gâtée du point de vue esthétique (c'est d'une monotonie aliénante).
Cependant, je pense que les habitants ont su recréer une vie de rue (au fait, d'ailleurs, sur la photo aérienne, tous les arbres que tu vois sont bien des arbres bordant des rues avec trottoirs, squares, espaces de jeux pour les enfants, mais tu as raison, pas de commerces qui sont concentrés au centre du quartier, place de l'Europe). On devine une église sur la gauche, le toit pointu en ardoise. On ne voit pas les multiples associations de quartier, mais on devine la Poste et l'antenne de la CAF je crois, juste à droite de la grande barre de 10 étages. Ce qu'on ne voit pas, outre la piscine et l'antenne de la mairie, la salle de spectacles, les écoles et le collège, c'est le marché qui rend la ville à ses habitants avec restrictions de la circulation - ce qui est plus d'un symbole. Je t'encourage fortement à aller y faire un tour le dimanche matin si ce n'est déjà fait, grand moment de plaisir cosmopolite. Monplaisir est tout sauf une zone morte ou mortuaire.
Pour moi, la ville est aussi un lieu qui dépasse la fonction, c'est un lieu où je suis. Où mon être est. Où ma présence trouve une possibilité. Car avant d'agir, avant de conduire une voiture, je suis.
Ce que je reproche à cet urbanisme inspiré de la charte d'Athènes, c'est qu'il n'y a pas la place d'être. Pour être, il faut être chez soi.
Je parlais du système rue-place-rue. Or qu'est-ce qu'une place ? C'est justement l'endroit où l'on peut se contenter d'être. On peut s'asseoir sur un banc, et se reposer. Voir. Regarder. Penser. Ou même rien du tout : juste être.
Je trouve encore une fois cette approche phénoménologique intéressante, mais elle ne me paraît pas cadrer avec une problématique urbaine stricto sensu. Cette réflexion, tu peux l'étendre à tout point géographique. Où se contenter d'être, et pourquoi être là ? Cette métaphysique, l'homme la transporte depuis qu'il est, et comme la société devient urbaine, il est logique qu'on puisse penser que c'est la ville qui la sécrète, alors que je pense qu'il ne s'agit que d'un fait anthropologique.
L'erreur de l'urbanisme sur dalle réside à mon avis dans la non attribution de l'espace. On reste loin d'une mise en contexte d'un forum ou d'une agora gréco-romains où se jouait sur la place publique la vie de la Cité - l'organisation collective dans son ensemble, la chose publique (res publica). La charte d'Athènes possède une sorte de retour déconcertant vers le néoclassicisme, elle ne voit l'Histoire qu'à travers un prisme simplificateur voire idéologique idéalisant. La 'cité' n'est pas la Cité. Une dalle reste un endroit venteux où aucun chemin ni parcours ne sont proposés, sinon vers la fonction commerciale (ce fameux centre commercial partout identique et structurant la place centrale de chaque ZUP) ou la fonction transport (parking). Dès lors, réduire un humain à des fonctions est une erreur manifeste issue directement du positivisme de Comte ou des utopistes qui une forte propension à relire le passé au prisme d'une mythologie simplificatrice et désarmante de naïveté. (La faute aux Parnassiens / symbolistes / post-romantiques ? )
Pour autant, le 'pourquoi être ici plutôt qu'ailleurs' concerne davantage l'humain que la ville. Concevoir une trame urbaine sur cette question, cela peut amener à prendre toutes les directions possibles. Ceci dit, dans une visée juste psycho-sociale, on pourrait être amené à concevoir la ville comme une accumulation de lieux amniotiques où chacun peut se réfugier dans son quant-à-soi, et en y pensant, c'est la même chose dans tout type d'habitat. Ils y a seulement ceux qui sont facilement appropriables - qu'on possède juridiquement et donc qu'on a choisi de posséder - et les autres, où l'on subit d'être juste un peu ou trop. La ville n'est ouverte que sur elle-même, sur ses centres multiples, selon la lecture qu'on en fait (macro ou micro, de l'entité urbaine globale au banc public), chacune de ses divisions étant fractalement dévolue en dernière analyse au repli sur soi ou au désir de posséder un espace. Un banc sur un jardin public n'est pas moins un îlot qu'un appartement ou un quartier entier.
Ce qui amène à l'anéantissement d'être là, c'est sans doute quelque chose qui dépasse la pierre et qui touche l'homme : la solitude, l'exclusion sociale, le sentiment d'écart avec ce qui fait l'habitant, ce que Kristeva nomme dans Les Pouvoirs de l'horreur l'abjection (être jeté hors de). Or, est-ce seulement à la ville dans son champ exclusivement urbain que de redessiner le fonds humain et la vie en société, que de définir l'abjection ? Je crois que ta critique -fondée dans un certain point de vue - de la Charte d'Athènes touche davantage l'institution et un modèle social que la forme purement urbaine en elle-même.
On souhaite aujourd'hui sinon une citoyenneté, du moins une fonction mondiale aux humains. On crée des ego de la taille de cathédrales. Dans le même temps, on en favorise l'individualité en montrant que posséder un logement sans vis-à-vis avec terrasse privative sera un ferment d'intégration au sein même de la ville, dans une structure où chacun est son propre roi. Je ne pense pas que cela ait à voir avec la pierre ni avec l'agencement des formes, mais plutôt avec un système de valeurs et institutionnelles et culturelles. On a monté la propriété au sommet des valeurs de la réussite, la richesse est considérée comme telle aujourd'hui par le monde pour celui qui possède, et non pour celui qui recherche - grosse différence avec la Cité greco-latine. La particularité individuelle d'une réussite inatteignable est devenue une valeur fondamentale, l'ascenseur et la réussite sociale sont désormais au centre des préoccupations humaines. Ce y compris pour des structures internes à la société - entreprises, associations, groupes politiques. Ainsi, habiter dans une barre standardisée est vécu comme une régression, arborer la richesse de son pavillon avec piscine est une manière d'exister autant pour soi que contre les autres. Une manière de s'affirmer dans un champ de réussite à exhiber comme adéquation entre l'être et le paraître. La ville succombant à cette adéquation plutôt inféconde saurait-elle se suffire à elle-même ? las Végas est un bon exemple, vite rattrapé par Dubaï. On est là à l'opposé de la problématique de l'Habitant. Au fond du problème, je crois qu'on arrive davantage à un champ d'analyse où l'humain se situe dans un couple désir/frustration que dans le paysage urbain.
Je pense que la ville peut favoriser la valorisation de soi à travers certes l'offre de sa propre appropriation à l'habitant, mais j'ignore si cela suffit à faire en sorte qu'un individu soit là plutôt qu'ailleurs, sinon à croire que la seule notion humaine fondamentale soit celle de l'assouvissement de ses désirs (de réussite entre autres).
La question 'pourquoi être ici plutôt qu'ailleurs' s'applique dès lors tout autant à la campagne qu'à la ville. Créer une ville répondant à cette question, c'est sans doute lla conformer selon autant de particularités qu'il y a d'inspirations individuelles, alors que l'espace public n'est nécessairement que commun. Paradoxe intéressant... Dans la charte d'Athènes, on a éludé la question en fonctionnalisant l'habitant, ce qui est l'erreur la plus importante et qui se répercute encore jusqu'à maintenant (émeutes). On a vidé l'homme de sa propension à être autant social qu'individuel, à être un animal de désirs. Le système que tu nommes rue-place-rue ne me paraît dès lors pas plus 'naturel' qu'un autre pour répondre à la problématique de l'habitant. Un habitant s'approprie sans doute plus facilement ce qu'il connaît culturellement, et en Europe, oui, la ville fonctionne selon un réseau d'espaces publics extrêmement canalisés et tout aussi fonctionnalisés qu'une dalle - commerce, transport, assouvissement des besoins primaires et secondaires - mais à la grande différence de la dalle, la rue offre un réseau connu et qui peut devenir 'amniotique'. .
Je crois qu'un habitant n'est assouvi que si on lui offre l'opportunité d'une cohésion complète entre sa place géographique et sa place dans le réel social - en d'autres termes si sa place est en adéquation entre le territorial et l'institutionnel. Ce que la Charte d'Athènes a totalement oublié dans son analyse.
>> https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 72&p=1
Pour conclure provisoirement, je doute qu'un simple agencement urbain rue/place/rue puisse suffire à rendre à un humain son statut d'habitant. Je crois que puisque la ville est une collectivité, les choses sont bien plus profondes que la couleur des façades. On touche là à de la substance humaine ontologique, et je pense qu'on en arrive pourtant toujours au même questionnement : est-ce la ville qui conforme l'habitant, ou est-ce l'habitant qui conforme la ville ?...
La suite au prochain épisode
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Beaucoup de choses intéressantes dans ton post (et donc peut-être plusieurs réponses à venir...)
Je ne vais bien sûr pas prétendre que c'est à l'aménagement de l'espace de répondre seul à la question du "pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ?", mais je crois que tu minimises un peu trop son rôle. Après tout, "pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ?" est d'abord une question géographique. On peut bien sûr y répondre en invoquant l'histoire (je vis ici car j'y suis né), l'économie (c'est là que j'ai trouvé du travail), la sphère affective (c'est là que j'ai mes amis), etc. Mais ces divers critères n'instaurent qu'un lien indirect entre le lieu et l'habitant : un lien médié par l'histoire, l'économie, la sphère affective, etc. Or il existe aussi, au-delà de ces liens indirects, un lien direct entre l'habitant et son habitat.
Cette propriété d'un lieu de pouvoir plaîre en tant que lieu - au-delà de sa fonctionnalité, de l'histoire qui nous lie à lui, des raisons économiques qui nous le font fréquenter, etc. - compose ce qu'on pourrait appeler "l'habitabilité" du lieu. Un lieu habitable, c'est un lieu où la question du "pourquoi ici plutôt qu'ailleurs" se dissout.
On peut être né dans un lieu, y travailler, y avoir ses amis, etc., et se poser chaque jour la question du "pourquoi ici plutôt qu'ailleurs". C'est pourquoi je crois pour ma part que cette habitabilité vient chercher l'individu dans quelque chose qui est peut-être encore plus vital que l'histoire, les amis, le travail, etc. - d'autant plus vital que l'individu en question se sent peu tenu par l'histoire, les amis, le travail, etc.
Dans un monde traditionnel, les liens indirects sont très puissants. Mais ces liens se relâchent de plus en plus avec la modernité. On change d'amis et de travail plus facilement, on s'éloigne de sa famille, on voyage, etc. Et la question de l'habitabilité des lieux n'en devient que plus importante.
Tu dis :
MyNight a écrit:
L'erreur de l'urbanisme sur dalle réside à mon avis dans la non attribution de l'espace.
Et je suis bien d'accord. Cette non attribution, c'est le degré zéro de l'habitabilité : un espace vide, sans identité, sans cohérence, sans personnalité, ouvert à tous les vents...
MyNight a écrit:
. Dans la charte d'Athènes, on a éludé la question en fonctionnalisant l'habitant, ce qui est l'erreur la plus importante et qui se répercute encore jusqu'à maintenant (émeutes).
Et je suis encore 100% d'accord : ce deuxième point est d'ailleurs en connexion directe avec le premier, car la charte d'Athènes (et au-delà, l'urbanisme fonctionnaliste qui prévaut à peu près partout désormais, pour des raisons qui m'échappent largement) ne pense pas l'habitabilité des lieux car son paradigme de pensée empreint d'objectivité est incompatible avec ce concept éminemment subjectif : pour elle, tout se ramène à de la fonctionnalité, et l'habitabilité ne peut donc être pensée que comme une absence de fonctions. Or l'habitabilité d'un lieu dépasse comme je l'ai dit la question de sa fonctionnalité.
Pour me prendre moi-même en exemple : j'ai choisi Angers parce qu'Angers pouvait satisfaire un certain nombre de fonctions essentielles pour moi, mais aussi (et surtout) parce que Angers me plaisait en soir, en tant que lieu.
Dès lors, cette question de l'habitabilité me semble devoir occuper le centre de l'aménagement des villes. Et je ne pense pas, comme tu semble le suggérer, qu'elle ne relève que de la sphère individuelle, privée. Une ville peut être parfaitement fonctionnelle, mais si elle est inhabitable, les gens la quitteront dès qu'ils le pourront. Non seulement les gens n'y seront pas heureux, mais son développement économique sera précaire.
MyNight a écrit:
Ceci dit, dans une visée juste psycho-sociale, on pourrait être amené à concevoir la ville comme une accumulation de lieux amniotiques où chacun peut se réfugier dans son quant-à-soi(...)Un banc sur un jardin public n'est pas moins un îlot qu'un appartement ou un quartier entier.
Non. L'espace public, c'est précisemment l'inverse. Un banc public, ouvert à tous, c'est le contraire d'un appartement, espace privé. Et une ville, c'est justement l'agencement d'un ensemble d'espace privés au sein d'un espace public. Ne pas comprendre ça, c'est ne pas comprendre ce qu'est une ville. Et tout ça rejoint un ancien débat qu'on a déjà eu sur la tour comme espace privé envahissant. Moi, ma conviction intime, c'est que dans une ville, c'est l'espace public qui doit fournir la note de base. C'est l'espace public qui doit englober l'espace privé, et non le privé qui doit englober le public.
Ainsi, habiter dans une barre standardisée est vécu comme une régression, arborer la richesse de son pavillon avec piscine est une manière d'exister autant pour soi que contre les autres.Etc.
Est-ce que ça n'a pas toujours été comme ça?
La question 'pourquoi être ici plutôt qu'ailleurs' s'applique autant à la campagne qu'à la ville. Créer une ville répondant à cette question, c'est sans doute lla conformer selon autant de particularités qu'il y a d'inspirations individuelles, alors que l'espace public n'est nécessairement que commun.
Je trouve ce point infiniment intéressant, mais je crains d'être un des seuls, alors je ne vais le développer trop.
Il pose en effet la question du rapport de l'art et de la technique. Pour résumer, disons que :
1- le nombre d'aspirations individuelles n'est pas infini. Il est même excessivement restreint en matière d'urbanisme.
2- refuser d'imprimer une marque individuelle à un espace public revient, de fait, à adopter un non-style - et donc à standardiser les villes.
3 - l'urbanisme, comme l'architecture, est à la fois un problème d'art et un problème de technique : la technique doit s'occuper de la fonctionnalité des espaces ; l'art, de leur habitabilité.
4 - Le style - au sens artistique - que l'urbaniste imprime à l'espace public se doit en toute logique de refléter le type d'aspiration urbanistique porté par le pouvoir public.
Angers est un bon exemple. Les notions de "ville culturelle" et de "développement soutenable" qui y sont mises en avant par les pouvoir public s'y traduisent par un urbanisme ad hoc - à travers, par exemple, la construction du Quai et la rénovation "verte" du port, avec diminution de la place de la voiture et création de pistes cyclables. C'est là un type d'urbanisme qui s'oppose au type d'urbanisme autrefois envisagé par le maire Jean Monier, à savoir la conversion de tout cet endroit en échangeur auto-routier.
L'urbanisme, s'il est rendu à sa dualité fondatrice technique/art, constitue un projet politique au sens propre du terme : à savoir, un projet porté par une subjectivité, une vision du monde, une philosophie et non pas une simple accumulation de propositions techniques.
Renoncer à faire vivre une telle philosophie, se contenter d'une approche technique de la ville, de la politique, de l'architecture, c'est renoncer à faire vivre l'espace public, la chose collective. C'est fabriquer du non-lieu standardisé.
Bref, c'est démissionner.
NouvelAngevin a écrit:
Ne pas comprendre ça, c'est ne pas comprendre ce qu'est une ville.
Parfois, je me relis et je me trouve excessivement péremptoire...
Ouest-France, 3/01/2007
Exposition : l'acier après Philippe Mornet
L'exposition sur l'architecte angevin ferme ses portes vendredi au CAUE. Suivra la présentation de cent réalisations métalliques en Europe.
[...]• Maison de l'architecture, 312 avenue René-Gasnier. Tél. 02 41 22 99 99 (www.caue49.com). De 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
Ouest-France
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(Ca devrait plaire à Candide...)
Ouest-France, 4/01/2007
« On voudrait construire un éco-quartier ! »
À Angers, l'écologie n'est pas un enjeu électoral mais bien une réalité. À la question du rêve le plus fou, l'association Alisée répond : « la construction d'un éco-quartier ». Avec des espaces communs, des déplacements réduits et des technologies productrices d'énergies renouvelables. « Pour l'instant, il existe quatre groupes de réflexion, explique Édith Emereau, directrice de l'association. D'ici la fin de l'année, on espère qu'un des projets de construction va se concrétiser : six logements à 15 km d'Angers. »
[...]
Alisée souhaite changer les comportements.
Son rêve le plus fou serait finalement assez simple et pourtant très difficile à atteindre : que chacun maîtrise sa consommation d'énergie dans la vie quotidienne. « Les gens ont souvent une approche très technologique, alors que ça part d'un geste simple. Avant de changer de système de chauffage, il faudrait peut-être penser à prendre son vélo ! »
Ingrid BRUNSCHWIG.
Bernard Cottier, président de l'association Alisée, et Édith Emereau, directrice, rêvent déjà d'un éco-quartier, dès cette année.
Ouest-France
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Je suppose que vous avez vu les images de la future place du Ralliement ?
http://www.angersloiremetropole.fr/tram … iement.htm
C'est assez prometteur je trouve !
MyNight, toi qui regrettais qu'ils maintiennent la vilaine structure au milieu, voilà tes voeux exhaussés !
NouvelAngevin a écrit:
Je suppose que vous avez vu les images de la future place du Ralliement ?
http://www.angersloiremetropole.fr/tram … iement.htm
C'est assez prometteur je trouve !
MyNight, toi qui regrettais qu'ils maintiennent la vilaine structure au milieu, voilà tes voeux exhaussés !
Les travaux au Ralliement doivent commencer quand ?
Maternité : les premières images de l'extension dévoilées ce vendredi
Les premières images de la future extension de la maternité ont été dévoilées, ce vendredi soir, lors des voeux au personnel de l'hôpital. Le nouveau bâtiment sera construit du côté du front de Maine. Un concours d’architecte a été lancé par le CHU et c’est le cabinet Rocheteau-Saillard et le bureau d’études OTH qui ont été retenus. Angers figure parmi les cinq plus importantes maternités publiques de France, après Lille, Nancy, Strasbourg, Poissy. Ce bâtiment est nécessaire afin de respecter les normes en vigueur et pour faire face à l’évolution de la natalité.
Source : Ouest-France
J'aime beaucoup le design du batiment, c'est pas déjà ça les travaux qu'ils font devant ?
(Héhé... C'est dans ce bâtiment à 5 étages que je suis venu au monde... )
@ NouvelAngevin
Oui, ils vont pouvoir expurger cette merdasse qui n'était que la partie immergée d'un énorme iceberg concernant l'aménagement de la Place du Ralliement dans les années 80 - mais qui n'a vu le jour qu'amputé des trois-quarts de sa substance. Cette horreur n'avait vraiment pas lieu d'être.
@ Syl
Pour le tram, tout est expliqué noir sur blanc dans le thread dévolu à cet effet
Pas laid le mouvement de cette extension de la maternité : on y voit quelques influences genre Zaha Hadid par exemple dans la structure. Encore une fois, voici un rendu où il est impossible de dépister les matières du cladd... Mais bon, il y a de l'idée. Marrant de voir comme la maternité est le service hospitalier qui à Angers déclenche le plus d'attentions architecturales, après la sorte de soucoupe dédiée à la néo-nat et aux prématurés. Cela m'amuse de constater que les chiffres de l'INSEE n'y sont certainement pas pour rien, et que la démographie angevine a donc de beaux jours devant elle
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Sur cette maternité, qu'est-ce qui est neuf et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Je trouve que le dessin de rendu est marrant mais l'ensemble a déjà l'air démodé. L'immeuble de 5 étages fait années 70 - et il doit bien appartenir à cette époque d'ailleurs, ce qui ferait de MyNight un de ses tous premiers occupants si je ne me trompe ? Quant à l'extension en "S" qui est devant (je suppose que c'est la partie neuve), je crains qu'elle soit plus belle en dessin qu'en réalité. Il faut en effet imaginer dessus de la poussière, des rayures, des crottes de pigeon, etc. qui modifieront l'effet de surface dans une sens, heu...
Sur le Ralliement, c'est en effet un soulagement. Cette tstructure était aussi très datée, très années 80. Mais tel que dessiné, il semblerait que la place deviennent une place en pente sans escalier, ce qui est un peu surprenant, non ?
Ensuite, tous ces piétons qui marchent sur les rails alors que le tramway s'approche... comment ça se passe dans les villes à tramway ? les rails deviennent-ils vraiment des "lieux où on marche en papotant" comme sur les rendus de la ville d'Angers ?
BatiActu 22-01-2007
Angers s’offre un nouvel espace culturel
La ville d’Angers (49) inaugurera au printemps prochain un nouvel espace culturel, baptisé le Quai. Le projet, dont le coût s’élève à 34 millions d’euros, est conçu et réalisé par l’agence Architecture-Studio.
[...]
D’une surface de 16.000 mètres carrés, le Quai réunira à terme le théâtre 900 et le théâtre 400 (respectivement de 975 et 400 places assises), deux grandes salles de répétition, ainsi qu’un forum.
[...]
Estimé à 34 millions d’euros, l’équipement culturel est financé par la ville d’Angers et le Ministère de la Culture, mais également par la région Pays-de-la-Loire, le département du Maine-et-Loire et l’Union européenne.
http://www.batiactu.com/data/22012007/2 … 51129.html
PSS - Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire
City Forum - Ville 3D
~ Ah tu Voi c pour sa ke Seul les pti bonhomme du Baby on ldroi dShooT - Chandler Friends s06-ep06 ~
Vu d'extérieur, un peu mastoc, un bon vieux parallèlépipède des familles... Maintenant, il paraît qu'à l'intérieur c'est splendide.
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Ouest-France, 31/01/2007
Actualité Angers
Édition du mercredi 31 janvier 2007
L'architecte Daniel Roussel fêté par sa ville
Il part en retraite. Ses deux maires successifs et le conseil municipal lui ont rendu un bel hommage. Son temps libre conduira encore à Bamako ce passionné d'Afrique.
« Un collaborateur exceptionnel ». C'est ainsi que Jean Monnier, tout nouveau maire quand il est entré au service d'architecture de la ville en 1978, rend hommage à Daniel Roussel. L'architecte municipal part en retraite. Le conseil municipal l'a fêté hier à la mairie.
[...]
Alain BODY.
(1) « Les Diamants du delta », en janvier 2003, et « Le Songe du griot », en août 2004.
Parmi les réalisations de l'architecte Daniel Roussel : le Front-de-Maine. Devant Jean Monnier (à gauche), il évoque, avec humour et nombre de proverbes africains, 28 ans de carrière d'architecte au service de la ville. Son seul regret : l'absence de souplesse dans la possibilité de passer du public au privé.
Ouest-France
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Pour ceux que ça intéresse, je signale qu'au rdc du théâtre, place du Ralliement, une expo très fournie montre des dessins et peintures d'un peintre angevin, tous consacrés aux rues d'Angers avant la Première Guerre mondiale et juste après la Seconde. C'est assez instructif. Par exemple, le quai du Roi de Pologne avait l'air bien charmant à l'époque.
Je ne veux pas relancer un débat inutile, mais, personnellement, chaque fois que je vois ce genre d'images de villes d'où l'urbanisme d'après guerre est absent, je suis pris de mélancolie. Avec l'expansion économique d'après guerre, le développement de l'automobile, l'exode rural et le passage à la société de consommation (synonyme de production en grandes séries, d'économies d'échelle et de standardisation des produits), l'urbanisme a basculé dans quelque chose d'abstrait, utilitaire, répétitif et violent qui, personnellement, me déprime.
Sans doute parce qu'il est pensé pour la voiture, et plus pour le piéton, et que la singularité des lieux et des bâtiments s'estompe au profit de formes standarts. Avant, le monde était un tissu passionnant jonché de lieux uniques, tous différents par leurs styles; après, le paysage s'uniformise : partout les mêmes banlieues, les mêmes routes, les mêmes barres, les mêmes tours.
Avec le modernisme urbanistique, le monde se banalise et ceux qui l'habitent en souffrent - même si je me rends compte, en fréquentant ce forum, que cette souffrance n'est pas universelle et que bcp de gens se sentent mieux dans un urbanisme moderne, ce qui reste pour moi, je l'avoue, constitue un profond mystère.
Le quai du roi de Pologne était devenu un quartier très défavorisé, empli de taudis qui menaçaient de s'effondrer. Du point de vue architectural, il n'offrait aucun intérêt majeur, si ce n'est quelques promenades sous voûte niveau rue, un peu comme la rue de Rivoli à Paris ou en centre ville de la Rochelle. Ce quartier, malgré les représentations qu'on peut en voir effectivement, était avant tout ouvrier, puisqu'il était proche de la Maine et que les zones des tanneries, des abattoirs et des manufectures étaient sur le bord de Maine à cause des transports de matière première. Le port de Maine était extrêmement actif et ouvrier, et les zones d'habitats qui cernaient la rivière étaient évidemment peuplées par les ouvriers - un peu comme le quai de la Fosse à Nantes. Ces quartiers ne possèdaient pas l'eau courante, encore moins des toilettes à chaque appartement, et les égoûts étaient à ciel ouvert, se jetant directement dans la Maine.
Détruire cet îlot de pauvreté était une nécessité, d'autant que cela a permis de mettre en valeur les remparts du château, et de metttre à nu la tour du Moulin (la plus haute tour) qu'avant on ne pouvait qu'entr'apercevoir.
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Il en allait de même de la Doutre. La place de la Laiterie, par exemple, était dans un piteux état avant qu'on y rénove les maisons. Il n'y avait pas d'eau courante, pas de toilettes à l'étage, ça puait dans la rue à cause des égoûts, c'était pauvre, il y avait des trous dans les murs et les toits des vieilles maisons du Moyen-âge qui menaçaient de s'effondrer, et je suis sûr que bcp de gens considéraient alors que ces maisons n'avaient pas d'intérêt architectural. Aujourd'hui, la place fait la fierté de la ville et on s'extasie devant sa beauté.
Ces arguments hygiénistes n'ont à mon humble avis guère de sens, dans la mesure où, autrefois, personne n'avait l'eau courante et de toilettes à l'étage, pas même Louis XIV à Versailles. C'est le même type d'argument qu'on entend dans les villes du Tiers-Monde, où les gens aisés, pressés de rejoindre la modernité, fuient les centres-ville historiques pour s'installer en banlieue. C'est le cas par exemple du centre ville de Mexico qui, malgré son incroyable beauté, a été laissé à l'abandon pendant des années et s'est bcp détérioré.
A Paris, la Butte-aux-cailles, qui était aussi un quartier populaire, ouvrier et empuanti par les tanneries des Gobelins, n'a survécu aux destructions de l'après-guerre que grâce à la fragilité de son sous-sol, qui a empêché qu'on y érige des tours. Sans quoi, elle ressemblerait au reste du 13° et tout le monde le regretterait.
Quoi qu'il en soit, les tableaux dont je parle ne montrent pas le quai sous le château, mais à proximité de l'hôtel du roi de Pologne, aujourd'hui emprisonné par l'autoroute. Ce n'était sans doute pas que des maisons durables et solides, mais ça avait bcp de charme.
Je ne dis pas qu'il faut TOUT conserver : parfois, c'est techniquement impossible, j'en ai bien conscience. Ce que j'essayais d'exprimer, c'était simplement qu'avec la modernité, la diversité et la singularité géographique des styles de construction ont disparu. Les immeubles modernes d'une banlieue de Rome ressemblent aux immeubles modernes d'une banlieue de Madrid ou de Paris. Et on ne peut pas s'en réjouir.
Ouest-France, 10/02/2007
Édition du samedi 10 février 2007
René-Bernard Gallard, directeur des exploitations chez Véolia Propreté, a présenté la nouvelle usine. Ses six bâtiments couvriront l'équivalent d'un hectare, sur le parc d'activités de Saint-Sylvain-d'Anjou, à proximité de la Soviba.
Véolia construit sa nouvelle usine de recyclage
La première pierre va être posée bientôt. L'usine emploiera, à terme, 120 salariés dont bon nombre d'ex-Thomson. Pour valoriser les déchets électriques et électroniques.
[...]
Jean-Michel HANSEN.
Ouest-France
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Ouest-France, 14/02/2007
Pierre Prunet, chef architecte en Maine-et-Loire
Pascal Prunet évoquera son père Pierre, architecte en chef des Monuments historiques en Anjou, lors d'une conférence à la maison de l'Architecture.
[...] Conférence « Pierre Prunet en Maine-et-Loire : un architecte en chef des Monuments historiques en Maine-et-Loire », jeudi 15 à 18 h 30 en la maison de l'Architecture, des territoires et du paysage d'Angers, 312, avenue René-Gasnier. Entrée libre, tél. 02 41 22 99 99.
Ouest-France
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Intéressant !
Je dois dire que je suis assez fan de son toit sur la galerie David d'Angers. Est-il pour quelque chose dans la réalisation de la bibliothèque, que je trouve également très réussie ?
La bibliothèque municipale Toussaint a été dessinée et conçue par Philippe Mornet pour une livraison en 1977-1978.
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