Tour Apogée - 220m

Thierry · 30-01-2006 21:13:36

La tour Apogée était le projet devant couronner l'opération Italie 13, qui elle-même devait remplacer par des tours la plus grande partie du sud du 13e arrondissement (cf Wikipédia). Une bonne partie de ces tours ont été construites, mais la tour Apogée, elle, n'a jamais vu le jour malgré plusieurs projets successifs.

Tout d'abord un rendu, car c'est toujours ce qui plaît le plus :

Quelques infos sur la tour Apogée (source principale : Simon Texier, Paris contemporain chez Parigramme, livre dont je ne me lasserai pas de vanter les richesses) :

- Michel Holley (architecte principal des tours du 13e, et plus particulièrement d'Antoine-et-Cléopâtre et des Olympiades) voulait une tour de 176 mètres.

- Plusieurs formes et hauteurs ont été proposées. La forme en étoile à trois branches ci-dessus était sans doute la plus ambitieuse. Selon les sources que j'ai vues (ou les projets), la hauteur monte jusqu'à 220 mètres et la fonction varie entre bureaux ou appartements. Quoi qu'il en soit, cela devait être le grand signal de l'urbanisme de l'époque, plus encore que la tour Montparnasse, trop isolée.

- L'arrivée de Giscard au pouvoir change tout : la tour ne doit désormais pas être trop visible depuis les quais (dixit le secrétaire d'État à la culture), ce qui la limite à une hauteur de 106, voire 120 mètres. Michel Holley propose une variante dénommée tour Sisyphe (drôle d'idée pour un nom, peut-être une allusion ironique aux constantes remises en cause du projet ?)

- L'abandon final du projet coûte cher à l'État : un tribunal administratif le condamne en 1980 à payer 470 millions de francs au promoteur à qui il avait délivré le permis de construire.

On peut voir un autre rendu de MyNight sur https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 04#p17204. Et une maquette du quartier projeté, vu depuis la porte d'Italie (la voie express, c'est l'avenue d'Italie !) :

Si vous avez d'autres infos sur cette tour qui aurait pu offrir (enfin, vendre) quelques-uns des appartements les mieux situés de Paris, n'hésitez pas à en parler ici !

Boris_F · 30-01-2006 22:56:42

Juste à rajouter sur la question :
L'esplanade devant initialement accueillir la tour Apogée (180 à 220 mètres de haut suivant les sources et peut-être aussi suivant le système de mesure, de la base au sommet ou en NGF) a finalement été investie par le complexe salle de spectacles-restaurants-bureaux dessiné par l'architecte japonais Kenzo Tange, par Michel Macary et Xavier Menu en 1991.

L'actuel campanile de 55 mètres de haut est une fait une structure utilisée pour les ascenseurs de façade, mais assure aussi une transition entre le Paris traditionnel de la rue Bobillot et les tours de l'avenue d'Italie, par sa verticalité notamment. Je trouve personnellement que c'est une citation à Apogée, comme si c'en était un genre de squelettique apparition - la structure est exactement à l'endroit prévu pour feu Apogée. Comme tel, le campanile figure un mémorial, comme un pied de nez à la tour avortée qui à l'époque avait tellement fait couler d'encre....

Thierry · 31-01-2006 00:27:14

Ce projet de la tour Apogée a dû être un sacré feuilleton. Il a fait au moins une victime avec la société Moisant-Laurent-Savey, société vénérable et spécialiste des grands ouvrages métalliques à la fin du XIXe siècle :

(...) S’orientant désormais de plus en plus vers le bâtiment, MLS passe à la fin des années 50 dans le giron de la Banque parisienne de crédit et, à travers elle, de la Banque d’Indochine, qui prend une participation directe de 20 % dans son capital. Ce soutien permet un renouveau de la société, qui acquiert, en 1970, 51 % des actions de l’entreprise Lamy et, deux ans plus tard, prend une participation de 70 % dans l’entreprise d’assainissement Claisse. Or cette même année, la Banque d’Indochine passe sous le contrôle de la Compagnie financière de Suez et de l’Union parisienne. Les difficultés que MLS commence à rencontrer s’amplifient à partir de 1974-1975, notamment avec l’opération immobilière de la tour Apogée, à Paris. Les graves pertes qui en résultent incitent le groupe Suez à trouver rapidement un repreneur.

Il le trouve en Sainrapt et Brice (voir chapitre 6), qui, au début de 1977, signe un accord avec la Compagnie financière de Suez. MLS bénéficie désormais de l’assistance technique de Sainrapt et Brice. Celle-ci s’intéresse en réalité bien davantage aux deux filiales de MLS, Claisse et Lamy, qu’à la maison mère. C’est la raison pour laquelle le rapprochement MLS-Sainrapt et Brice s’effectue en trois étapes. Dans un premier temps, les deux filiales de MLS passent sous le contrôle de Sainrapt et Brice. En contrepartie de la prise en charge de la gestion de MLS, le groupe Suez consent à un abandon de créances de 10 millions de francs. Enfin, Sainrapt et Brice s’assure le contrôle de MLS en échange d’une cession de 11,3 % de son capital à la Banque d’Indochine, devenue depuis peu Indosuez. Un an plus tard, Moisant-Laurent-Savey est mise en liquidation à la suite d’un apport partiel d’actif à Sainrapt et Brice. L’époque est en effet aux grandes restructurations.

(Source : Vinci)

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