Aide-mémoire d'urbanisme à l'usage des satellites

2e partie. Îlots

Après les réseaux de rues, voici à présent quelques dessins formés par les immeubles à l'intérieur des ilôts.

Îlots fermés haussmanniens :

Les immeubles clôturent l'ilôt sur tout son contour et le découpent en cours intérieures étanches. L'espace est fortement hiérarchisé en espaces privés (les appartements), semi-privés (les cours intérieures, où ne se retrouvent que quelques dizaines d'habitants au maximum) et publics (les rues).
Ainsi à Paris :


Îlots pleins :

Les maisons semblent recouvrir tout l'espace disponible, sans laisser de place aux cours intérieures. Pas d'alignement sur rue.
Phnom Penh (actuellement disponible sur Google Earth mais pas sur Google Maps) :


Îlots ouverts :

Les ilôts sont très vastes, les immeubles dessinent des formes plutôt décoratives vues depuis l'espace, l'espace semi-privé des cours intérieures disparaît complètement.

À Bucarest, des serpents de barres :


À Paris, 13e arrondissement : notez l'orientation commune des tours et barres sur la dalle des Olympiades, indépendante de celle des avenues...


... mais un zoom révèle un « repentir » des urbanistes. Tandis que la barre Squaw Valley et la tour Tokyo (à droite) sont orientées vers le nord-nord-ouest comme toutes les tours du quartier, les immeubles plus bas, à gauche, acceptent, eux, de suivre le sens de l'avenue d'Ivry. Ils prennent acte du retournement de l'urbanisme au milieu des années 70 : la dalle ne tuera pas la rue.



Post-scriptum : l'urbanisme au-delà de l'urbanisme

C'est peu de dire qu'on n'a jamais fait ça. En réalité, on ne l'avait même jamais imaginé. À Dubaï, le projet The World est en train de créer en pleine mer plusieurs centaines d'îles privées artificielles, dont la disposition formera une mappemonde de 50 km2. Pour attirer des milliardaires blasés, un entrepreneur immobilier rejoue la Genèse avec, en plus, la sécurité (images du site officiel : http://www.theworld.ae/) :



Pour acheter la France, demandez le lot E-4 (superficie : 4 hectares).



Dans ce monde-là un pays a été oublié : Israël. Dans ce prospectus pour le plus fou des rêves d'urbanistes, la politique reste présente.

Bon retour sur Terre...

Bravo pour cet excellent post !
Ca m'a rappelé mes cours d'histoire des villes, dans lequel on a étudié la morphologie des villes de l'antiquité à nos jours.
Merci !!

trés interessent! beau travail.

La première photo c'est une ville dans une citadelle pareil pour la troisième on dirait. Très étonnant en effet.

LES PLACES PARISIENNES REGULIERES :

PLACE VENDOME


PLACE DES VOSGES


PLACE DE LA MADELEINE


PLACE DE LA CONCORDE


PLACE DAUPHINE


PLACE DE L'ETOILE


ROND POINT DES CHAMPS ELYSEES


PLACE DE LA NATION

Dernière modification par tomtom (17-06-2006 00:04:51)

génial ce sujet  ,

thierry a écrit
les villes sont faites pour les humains qui vivent sur le sol, mais pour une fois on fera comme si elles n'avaient été conçues, depuis des millénaires, que pour être observées par les satellites du 21e siècle...

les formes circulaires plus contemporaines, vu du sol ce genre d'aménagement ne procure pas plus d'avantage qu'un autre mais peut on imaginer que ceux-ci aient été réalisés pour, justement, être vus du ciel...(?)

marne la vallée, disneyland



canberra australie

Dans le genre des formes rondes, il y a aussi la route circulaire du bois de Vincennes (http://maps.google.com/maps?f=q&hl= … k&om=1) et surtout ces étonnants champs du Middle West qui m'ont tellement surpris lorsque j'ai traversé les États-Unis en avion. Comme une toile abstraite sur des dizaines de kilomètres carrés...

(http://maps.google.com/maps?f=q&hl= … k&om=1)

Je suis content que le sujet vous plaise. J'avais un peu peur que cela dérive sur un catalogue de villes mondiales vues par Google Earth, mais un catalogue de formes classées uniquement par leurs caractéristiques formelles me plaît bien... 

La forme ronde exerce une certaine fascination sur les urbanistes. C'est l'image d'un certain idéal, plus mystique et esthétique que fonctionnel. Il n'a pas vraiment de début ni de fin. Il n'a qu'un côté et il est pourtant refermé sur lui-même. Tous ses points sont à la même distance du centre. Pourtant, ce n'est pas la manière la plus rationnelle d'organiser l'espace (sauf, comme les agriculteurs américains, on dispose de tellement de place qu'on peut se permettre de délaisser les coins). A l'aérogare de Roissy-1, on ne sait jamais vraiment où on est à force de tourner, mais on se retrouve toujours car il suffit de continuer assez longtemps pour revenir à son point de départ. Et pour moi-même, qui vis dans un immeuble à peu près circulaire, la forme particulière des parois fait partie du charme de l'appartement...

Ce n'est pas un hasard si Riccardo Bofill, utopiste à l'ancienne, a réutilisé cette forme dans plusieurs quartiers...

Continuons dans les patatoïdes et autres courbes avantageuses

Langogne, en Lozère


Le Vert Galant, dans le 93


Le quartier de la Grande Borne, à Grigny (91)


Aulnay/Bois (93)


Nanterre (92)


Le Vésinet (78)


Rocquencourt (78)


Cholet (49)


Rennes (35)

vraiment très interessant comme sujet
je n'aurais jamais pensé à étudier l'organisation des villes par des images satellites 

Oups merci Lupus, je corrige   

steph35 a écrit:

un petit lien ici http://www.audiar.org/publications/pdf/ … azaire.pdf

c'est une étude (par satellite en partie) de l'évolution de l'espace bati dans l'axe st-malo-nantes de 1984 à 2001, ma crainte est ici vérifiée lorsque je disais un peu plus haut ceci

c'est inquiétant de voir que des pavillons dans les aménagements contemporains des villes françaises

ou dans un autre sujet sur l'architecture contemporaine française médiocre

Maintenant ce qui me désole le plus: presque tout le monde jette des pierres sur les ensembles des années60, mais le thread concerne une architecture contemporaine,  étant né dans les 80's, celle ci est  pour moi l'architecture de ces 25-30 dernières années en France.
J'habite en campagne, une petite ville classique de 5000hbts non loin de Rennes, où j'observe  (aujourd'hui les villes de moins de 20000hbts étant les plus dynamique en France,je crois  ) une standardisation monstrueuse de l'habitat, de l'architecture et de l'urbanisme. Des villes faites d'une place centrale et de 200 à +1000 maisons individuelles ayant un terrain de 550m², une cloture,un trottoir et un lampadère devant.
Je trouve que les erreurs qui avaient pu être faites dans les 60's avec les cités(ghettos), se perpétuent aujourd'hui sous une forme beaucoup plus clairsemé, à une autre échelle. Une sorte de continuité dans l'évolution urbaine de la france, une erreur constante.

Merci pour le lien    : on perçoit bien les deux modèles de développement rennais et nantais, ainsi que le mitage du territoire. 
Je suis d'accord avec toi sur les aberrations de l'urbanisme pavillonnaire. Il suffit de regarder LA et sa région, où les zones pavillonnaires centrales sont de vrais ghettos, les plus aisés construisant toujours plus loin dans des suburbs gagnés sur le désert. Réaménager nos suburbs ghettoisés dans 30 ans, ça va être un sacré casse-tête...