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Nom | Fonction(s) | Hauteur | Niveaux | Année |
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Culture | 46.00 m | 2014 |
Mmmh je pense que "Nono" doit être bien content de laisser une trace archi de son mandat.
Dans un coin ou a priori ses électeurs ne le taquineront pas. Et en plus le tout payé par LVMH.
Enfin je trouve qu'au motif d'audace on céde tout au geste architectural. Il sera HQE au moins ce batiment ?
-Je m'inquiete pour lui que les verts ne lui cerchent pas trop de poux dans la tête.-
romain a écrit:
Enfin je trouve qu'au motif d'audace on céde tout au geste architectural.
... En effet, c'est l'éternel débat de la gratuité dans l'art, qui en architecture prend sans doute un sens très différent, quand on constate combien cet art particulier est ancré dans le réel palpable, socio-économique et urbain... Le tout, dans ce genre de projet, n'est-il pas de flatter les egos de l'institution, des riverains, de l'architecte et des artistes qui y seront représentés (ainsi évidemment que de LVMH) ? N'est-ce pas là ce qu'on appelle l'assentiment collectif, voire l'unanimité ? Le risque, évidemment, étant de céder à une unanimité ancrée dans une mode et non dans un temps... C'est proustien, comme question, pour le coup...
Pour le moment, je suis curieux de suivre justement de très près comment ces représentations vont évoluer au fil du temps, car je pense que cet objet de Gehry peut cristalliser un débat esthétique - pour une fois... Cela montrerait une première grosse réussite de son projet, avant même que celui-ci ne soit concrétisé !
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le propos de Bertrand est révélateur (et c'est en ça que je revois le fiasco des JO)...rassembler autour d'un projet... (parce qu'il flatte l'égo)
Il parle égocentriquement de lui d'ailleurs... si le projet se réalise, qui sera là en 2010? lui? quand bien même il n'est pas à l'aune de l'initiative. L'homme s'accapare l'objet pour sa ville... les journaux révèlent une aubaine pour lui, mais en même temps la preuve assassine qu'il n'a rien produit et rien qui ne puisse rassembler. Ce qui doit rassembler n'est que de l'ordre du futile, des jeux et là une architecture (à vérifier!)??
Utiliser l'image de ce projet sera sans doute difficile pour lui...
Par contre je ne comprends pas... ce bâtiment devrait lancer un débat esthétique? pourquoi?
Relancer un débat esthétique, si on considère que c'est un objet qui vaut pour lui-même davantage que pour sa fonction. Romain parlait d'audace permettant de tout céder au geste archi... Je pense qu'on va assister à un grand nombre de réactions face à ce projet, et que ces réactions seront éclairantes sur l'IDF : elles permettront peut-être de crever l'abcès du débat architectural sur la région, non ? Tu le dis aussi, JP, reconnaître que ce projet laissera une trace au mandat de Nono, c'est aussi reconnaître en creux un échec dans ce domaine pour tout le reste de la mandature. Je ne serais pas étonné qu'il y ait beaucoup de détracteurs au projet de Gehry, mais aussi pas mal de défenseurs. Je pense que pour une fois, ce débat ne se situera pas seulement sur le plan politique - politicien - mais qu'il pourrait se hisser enfin sur un plan esthétique. Comment argumenter autrement sur un édifice qui paraît être un manifeste sur la gratuité des formes et du geste, mettant l'esthétique au-delà de la fonction ?
Quand la fondation Pinault a quitté l'Ile Séguin, c'est vraiment sur le plan politique que la polémique s'est située, le projet de Tadao Ando a été très secondaire dans le débat :
http://www.lemoniteur-expert.com/forum/ … action.asp
Je pense qu'ici, ce ne sera donc pas la même teneur. Peut-être que je prends mes désirs pour des réalités, je n'en sais rien, mais comme on se plaint toujours à droite ou à gauche de l'immobilisme complet en matière architecturale sur l'IDF, je rêve que Gehry provoque enfin ce débat sur la place publique : quel est le rôle de l'architecture contemporaine dans la Ville actuelle (Paris début du XXIe siècle), et l'urbanisme contemporain peut-il enfin assumer le geste architectural ?... Pour moi, c'est fondamental, autant que le problème de la polarisation des franges urbaines, c'est dire ! Là on a enfin un contexte qui pourrait permettre d'aborder cette question, et sinon de changer le regard des habitants sur le fait architectural, au moins de le sensibiliser.
Bon, j'espère ne pas être trop idéaliste
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J'ai du mal à imaginer des arguments autres qu'esthétiques au sujet de ce projet. On n'est pas, comme avec Beaubourg, dans un quartier ancien que le nouveau bâtiment viendrait « polluer » de sa modernité. En plein bois de Boulogne, sa hauteur ne va rien changer à la skyline parisienne. Ceux qui le trouveront laid pourront toujours éviter d'aller là-bas et ne pourront pas se plaindre qu'on finance ces choses avec l'argent du contribuable. Enfin, qui pourra sérieusement contester le principe d'une architecture anti-conformiste pour une fondation d'art contemporain ?
Bref, la situation de Gehry et Arnault me paraît exceptionnellement favorable. Pas de problème d'insertion dans l'existant, peu de risques de nimbyisme. Il va être difficile pour les inévitables opposants de trouver des arguments...
Exact Thierry !
Pour la fondation, j'aimerais bien qu'il y ait justement un vrai débat, sur la place publique, à propos de la gratuité du geste justement. Cela pourrait changer énormément la mentalité actuelle. Si on y regarde un peu, cela s'est déjà produit au XIXème (eh oui, c'est vieux, et justement...) pour la gratuité des thèmes littéraires (le système narratif a-moral, donc, le débat Paul Bourget/Anatole France), puis début XXème, en 1913, sur la gratuité du système poétique (après le Parnasse, cela a donné le surréalisme après Césaire et Apollinaire qui ont déstructuré le langage), puis ensuite sur la gratuité des formes en peinture (après les impressionnistes, le fauvisme, puis le cubisme, puis l'abstraction pour faire un immonde raccourci), puis en jazz après 1953 (free-jazz), en littérature dans les années 60 (nouveau roman), etc etc... Ce type de débat sur la place publique a toujours provoqué des ruptures, des réactions et des contre-réactions. Depuis que je suis né, je n'en ai jamais connu. Si enfin ce type d'acte architectural pouvait provoquer l'étincelle et renouveler quelque chose, sur Paris/IDF... Bon, je pousse loin, mais d'un autre côté, ce type de projet serait-il aussi le symptome qu'on change actuellement de point de vue sur l'acte architectural ?
Là on tiendrait enfin, enfin une ficelle pour faire bouger le mammouth, ce serait en effet la première fois disons symboliquement depuis la mort de l'existentialisme qu'on reviendrait à un véritable débat sur les formes esthétiques. Même si de nos jours l'économie rentrerait effectivement en ligne de compte, et justement, cela devrait booster ce type d'angle d'attaque...
Je rêve un peu, non ? Mais ce serait énorme, et je crois que c'est la première fois depuis très longtemps qu'à Paris, un objet archi est apte à entraîner ce genre de débat sous un angle 'détaché', comme tu le dis...
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Je suis sceptique sur le thème de la gratuité en architecture. L'architecture est peut-être un art mais c'est aussi, et à mon sens d'abord, une technique.
Un bâtiment, ça doit certes être beau, mais ça doit aussi être utile et solide (les trois principes de Vitruve, repris au cours des siècles par les architectes jusqu'à ce jour : décrits sur l'article "Architecture" de Wikipédia). J'aime un bâtiment banal qui rend un service et tient le coup qu'un immeuble esthétiquement innovant qui se casserait la figure très vite. Quand je vois qu'il faut fermer le centre Pompidou pendant deux ans après à peine vingt ans de fonctionnement afin de le remettre en état, cela me fait douter de la compétence des architectes et des constructeurs (même si cette réhabilitation est due à une fréquentation plus importante que prévue), au-delà du débat esthétique.
C'est ce qui différencie l'architecture des beaux-arts, où on peut faire tout ce qu'on veut sans grand risque.
Certes, le cas du projet Arnault-Gehry est particulier car son emplacement, son thème, son caractère de projet privé autorisent une gratuité beaucoup plus grande que, disons, pour une école en centre-ville. Mais c'est une vraie exception. Même si le public accepte cette fantaisie dans un coin reculé du bois de Boulogne, rien ne dit qu'il changera d'avis sur ce qu'il veut voir ou ne pas voir par sa fenêtre.
C'est justement ce en quoi ce projet pourrait faire avancer les choses, non ?
Mais sinon, évidemment qu'un immeuble qui ne favorise que l'esthétique au détriment du reste n'est sans doute qu'un chant très personnel de l'égo de l'archi au détriment du reste... Cependant, à Paris, je ne connais pas vraiment d'équivalent à cette fondation, dans cette optique de gratuité justement. Je cherche, mais pour le moment, je trouve que ça interroge pas mal...
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Je vous tiendrai au courant sur la suite des événements sur le terrain, je suis appelé à passer par là invariablement tous les mois pour me rendre à Puteaux... Dès que ça bougera, je prendrai des photos
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C'est pas non plus tres loin, le jardin d'acclimation est plutot petit. A noter que le journal du soir sur France 2 (http://jt.france2.fr/20h/) montre quelques images de la maquette et des images de synthese
Une mini-interview de l'architecte dans le dossier de presse de LVMH (http://www.lvmh.fr/) :
« Transparent, ludique et sérieux »
Le bâtiment vu par Frank Gehry
Qu’est-ce qui a inspiré l’architecture de la Fondation?
Avant tout, le lieu. Avec la proximité du bois de Boulogne et le Jardin d’Acclimatation,
l’idée d’une serre s’est très vite imposée. La structure vitrée, qui abrite les espaces
d’exposition, permettra ainsi aux visiteurs, au fur et à mesure de leur parcours,
de profiter de la vue sur le jardin. Par ailleurs, le Jardin d’Acclimatation est un lieu ludique
et très coloré. Nous voulions intégrer ces caractéristiques dans le bâtiment. C’est pourquoi
les galeries sont articulées comme un jeu de cubes sculptés. Elles sont traitées en blanc,
offrant ainsi un fond aux projections et aux installations des artistes. Aperçues de l’extérieur
à travers la structure de verre, elles paraissent mystérieuses et changeantes.
Si vous deviez résumer le projet en trois mots, lesquels choisiriez-vous?
Transparent, ludique (car il doit s’intégrer sans rupture dans un parc dédié aux enfants)
et sérieux. J’ajouterais également magique et éphémère.
Quel est pour vous le premier défi que doit relever le bâtiment, sa première mission?
Tous les musées du monde essaient d’attirer le plus large public et notamment celui
des enfants. Dans un site comme celui-ci, c’est plus facile. La Fondation Louis Vuitton propose
également un centre de documentation, un café, une librairie et surtout un forum pour susciter
dialogues et échanges. Le bâtiment doit donc avant tout intriguer et séduire, provoquer
la curiosité des enfants comme des adultes, donner envie à tous d’entrer et de découvrir.
Autres éléments du communiqué de presse :
Frank Gehry : « J’ai à coeur de concevoir à Paris un vaisseau magnifique qui symbolise la vocation
culturelle de la France ».
Frank Gehry a déclaré : « Je suis particulièrement honoré que Bernard Arnault et Yves Carcelle m’aient choisi
pour réaliser et concevoir le projet architectural de cette Fondation qui concrétise une politique de mécénat
exceptionnelle de LVMH et de Louis Vuitton depuis des années en faveur des Arts et des artistes de tous
horizons. C’est une décision majeure pour le monde de l’Art et j’ai à coeur de concevoir à Paris un vaisseau
magnifique, qui symbolise la vocation culturelle de la France ».
(...)
Le projet architectural
L’une des constructions les plus imaginatives de Frank Gehry. Comme un vaisseau dans les arbres ; ouvert
sur la nature, le bâtiment imaginé par Frank Gehry, exprime l’esprit de la Fondation, perpétuellement en
devenir. Il est conçu pour se réinventer en permanence, au gré des expositions et des manifestations.
En osmose avec l’environnement, il joue la respiration entre espaces intérieurs et extérieurs.
Cette dynamique trouvera un prolongement jusque dans le Jardin qui l’entoure, avec des activités pédagogiques
ou des interventions d’artistes.
Le Jardin d’Acclimatation : un site d’exception
Au coeur du bois de Boulogne, le Jardin d’Acclimatation est un lieu familier de la vie parisienne. Dès son
ouverture sous le Second Empire, il a été conçu comme un lieu de découverte et d’émerveillement.
La Fondation Louis Vuitton pour la Création crée, avec le soutien de la Ville de Paris, un pôle artistique,
sensible et visible, ouvert sur le monde, ajoutant à Paris un geste architectural majeur. Implanté à l’orée Nord
du bois de Boulogne, le bâtiment de Frank Gehry surgit comme par magie de l’environnement naturel et
urbain, jouant harmonieusement de ses correspondances avec le bois, le jardin, la rivière, le ciel et la ville.
Archicool / AFP 02-10-2006
Fondation Vuitton: il faudra un vote du Conseil de Paris
PARIS, 2 oct 2006 (AFP) - L'édification de la "Fondation Louis Vuitton pour la création", annoncée lundi par Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe LVMH, nécessite un vote du Conseil de Paris, le jardin d'Acclimatation, au coeur du bois de Boulogne, appartenant à la Ville.
Le bâtiment de verre et d'acier dessiné par l'architecte américain Frank Gehry -- auteur notamment du siège européen de la fondation Guggenheim à Bilbao -- qui devrait abriter la fondation à l'horizon 2010, sera construit à la place du bowling désaffecté depuis des années, situé près de l'avenue du Mahatma Gandhi, dans le bois de Boulogne.[...]
[...]/cgi-bin/presse/pg-newspro.cgi?id_news=2319
PSS - Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire
City Forum - Ville 3D
~ Ah tu Voi c pour sa ke Seul les pti bonhomme du Baby on ldroi dShooT - Chandler Friends s06-ep06 ~
J'ai du mal à suivre les thèmes de la gratuité et du débat esthétique associé à cette fondation.
Pour moi ce projet sera l'occasion d'un consensus. Encore une fois il sera très délicat pour la sphère politique (municipale) de porter ce projet au rang de débat au risque de mettre en avant un arrière plan pauvre et médiocre...
Si débat il y a, il s'initierait par la contestation/contradiction, pour le moment, un homme (en dehors de toute politique) soutient le projet, associé à l'Etat (via le ministère de la culture, droite) et à la mairie (gauche)...
Le débat concernant ce projet sera à mon sens quant à l'image et à la place de la fondation dans le paysage parisien. On en avait parlé il y a un moment sur l'incapacité parisienne à se représenter par le moderne/contemporain... la question supplémentaire est de se représenter non seulement par une réalisation contemporaine qui plus est privée...
La fondation Pinault n'a rien soulevé... le projet avait une esthétique contestable et le projet n'a jamais autant été aimé que lorsqu'il a été annulé...
Pour moi le débat en architecture ne se posera que par le banal et le privé, la fondation Vuitton reste de l'ordre de l'extraordinaire et repond à une mouvance architecturale, une "strate"... que Paris tardait à avoir... (à mon sens Paris est l'une des rares villes à disposer de presques toutes les "strates" de l'architecture occidentale)... deux "grands" projets sont à l'étude, les concours allant dans les prochaines semaines être lancés... l'auditorium et le carreau des halles... il est fort à parier que ce seront des "signatures" de l'architecture qui seront sélectionnées... et la tendance à la gratuité des formes de s'exprimer...
Le débat de la gratuité des formes en archi n'est pas lié à l'espace, donc pas à Paris...
Aussi est-ce le débat qui doit révéler le rôle de l'architecture? N'est-ce pas plutot une tradition française d'architecture publique qui ne doit pas être enrichie par le privé. En ce sens ce projet est interessant puisque le secteur privé s'attache à faire lui aussi de l'architecture. Cette tendance est rare à Paris, mais elle est naissante... on peut voir ainsi le drugstore, le fouquets, l'immeuble citroen qui sont autant de réalisations qui montre que l'architecture doit aussi se faire par le privé ( l'architecture de la fondation Pinault restait trop neutre, trop monumentale, finallement dans une lignée étatique). L'architecture n'est pas l'apanage de l'Etat, l'Etat n'est pas le seul à pouvoir s'exprimer par l'architecture... c'est cette tradition, qu'il faut, non pas rompre puisqu'elle permet aux strates successives d'avoir leurs traces quelques soient le contexte économique mais enrichir par l'apport privé.
Le débat, la réflexion plutot, doit donc non pas se porter sur la forme à mon sens mais sur le contexte du processus de création. De ce contexte la question du rôle pourra se poser.
Au final la question reste la même et concerne la capacité à utiliser l'architecture et l'image de l'architecture. On tourne en rond...
... il y a de toute façon un exemple concret à observer... le musée du quai Branly... dernière grande réalisation en date, une architecture plutot remarquable et inédite ( le reflexe journalistique a été jusqu'à présent de comparer la fondation vuitton au guggenheim de Bilbao... le quai Branly n'est comparé à rien...ni par sa fonction ni par ses formes...et qui plus est le bâti suscite un large débat...certe plus sur le musée et sa scénographie que sur son architecture qui même si elle ne fait pas l'unanimité reste très appréciée. Quelle image pour Paris à travers ce musée, quelle utilisation de ce musée pour et par Paris? )
20 minutes, 3/10/2006
Un vaisseau de verre et d'art au Bois
20 Minutes | édition du 03.10.06
« Un bâtiment digne d'un nuage, transparent, tout en verre. » L'Américain Frank Gehry, star de l'architecture internationale, a dévoilé hier devant la presse du monde entier la maquette de la future fondation Louis-Vuitton pour la création, voulue par Bernard Arnault. « C'est un rêve construit », selon le PDG du groupe LVMH, qui n'était pas en mesure d'indiquer réellement quelles oeuvres allaient y être exposées. Il a néanmoins précisé que le bâtiment serait bien installé sur l'emplacement du bowling désaffecté du jardin d'Acclimatation, au bois de Boulogne. Les travaux, qui coûteront 100 millions d'euros à LVMH, commenceront en 2007, et devraient se terminer au plus tard début 2010.
La fondation s'inscrit à mi-chemin entre l'Opéra de Sydney et le musée Guggenheim de Bilbao. Et pour cause, c'est au dessinateur du célèbre musée espagnol que Bernard Arnault a confié la conception de l'ensemble. Le projet est incontestablement l'un des plus imaginatifs de Frank Gehry. Avec sa terrasse couverte sur le toit, ses 4 200 m2 de galeries pouvant accueillir les collections permanentes comme les expositions temporaires, et son auditorium, le bâtiment ressemble à un vaisseau biscornu tout en verre.
L'ambition de Bernard Arnault est ni plus ni moins de « favoriser le rayonnement culturel et artistique de Paris dans le monde ». Sa fondation sera en tout cas unique en son genre de par sa taille en Ile-de-France, son rival François Pinault ayant renoncé à installer la sienne sur l'île Séguin (Hauts-de-Seine) en avril 2005. Reste que les plans nécessitent un vote du Conseil de Paris. Et que Bertrand Delanoë n'a que « l'intuition », à défaut de la certitude, que le projet va aboutir.
Laure de Charette
©2006 20 minutes
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Pascal Chombart de Lauwe : «Un manque de volonté de l'Etat»
20 Minutes | édition du 03.10.06
Pascal Chombart de Lauwe, architecte-urbaniste.
Qui investit aujourd'hui le plus dans l'architecture à Paris : l'Etat ou les entreprises ?
Dans les bâtiments liés à la culture, c'est majoritairement l'Etat. A l'image du musée du quai Branly, porté par le président Chirac. Mais des partenariats avec des entreprises privées sont souvent conclus.
L'Etat aurait-il pu investir dans un projet aussi ambitieux que la fondation Louis-Vuitton ?
Non, je ne pense pas. Le ministère de la Culture n'a plus les moyens de monter seul un tel projet. La construction de l'Opéra-Bastille et de la Bibliothèque François-Mitterrand l'ont épuisé.
Est-ce seulement un problème financier ?
Non, il y a clairement un manque de volonté politique. La preuve, les élèves en architecture disposent du plus faible budget alloué par étudiant.
Recueilli par L. d C.
©2006 20 minutes
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Les grandes constructions des vingt dernières années
20 Minutes | édition du 03.10.06
Voici les fleurons de la politique architecturale et urbanistique de Paris :
La Cinémathèque de Bercy (12e) s'est installée en 2005 dans le bâtiment de l'American Center construit en 1994 par Frank Gehry, qui le surnommait « la danseuse relevant son tutu ».
Le parc de la Villette (19e) était à l'origine un abattoir. Adrien Fainsilber l'a transformé en 1986 en musée national des Sciences, des Techniques et de l'Industrie.
La Bibliothèque nationale de France (13e) a été créée en 1994 sous l'impulsion de François Mitterrand. Ses quatre tours angulaires correspondent symboliquement à des livres ouverts.
Le musée du quai Branly (7e) a été conçu en 2006 par Jean Nouvel. Un mur végétal de 800 m2 recouvre l'immeuble de cinq étages.
©2006 20 minutes
La Salle Pleyel (8e), la verrière du Grand Palais (8e), la façade du ministère de la Culture (1er) ont été restaurées récemment, pour donner un nouveau souffle à leur architecture.
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A Paris, les projets de la Ville ont du mal à sortir de terre
20 Minutes | édition du 03.10.06
Paris, ville figée architecturalement ? Régulièrement attaqué sur le sujet, Bertrand Delanoë s'est délecté hier à la présentation du projet de Franck Gehry. « Quand je lisais dans la presse des papiers m'accusant de conservatisme, je rigolais. Mais je ne pouvais rien dévoiler ! » Belle façon de récupérer à son compte un projet entièrement privé !
Mais quid des projets de la Ville ? Bertrand Delanoë a rappelé hier la construction, pour 2012, d'un auditorium à la Cité de la musique à la Villette (19e), en partenariat avec l'Etat.
Pour le reste, l'équipe municipale renvoie régulièrement ses détracteurs sur un ouvrage, « Aménager Paris », pondu l'année dernière, et recensant trente-cinq opérations d'aménagement dans la capitale. Un catalogue où il est davantage question d'urbanisme que d'architecture. Mais entre le réaménagement des Halles (1er), qui tarde à commencer, les projets sur la ZAC-Rive gauche (13e) et aux Batignolles (17e), le potentiel existe.
Par ailleurs, Bertrand Delanoë n'a pas abandonné l'idée de construire des tours à la périphérie de Paris, malgré l'opposition des Verts, et d'une majorité de Parisiens. Lors du vote du plan local d'urbanisme (PLU) en juin dernier, il a été inscrit qu'aucun immeuble ne pourrait désormais dépasser les 37 mètres. Mais Bertrand Delanoë a prévenu qu'il n'avait pas dit son dernier mot, et qu'il espérait construire, « au cas par cas, des immeubles plus hauts », des « gestes architecturaux ». Quant à leur vocation, elle n'est pas encore connue. Le maire veut y voir de l'activité, les communistes, du logement.
Mickaël Bosredon et Magali Gruet
©2006 20 minutes
Les chiffres 105 km2 : la superficie de Paris, ce qui en fait l'une des plus petites capitales d'Europe. 20 437 habitants au km2, c'est la densité de Paris, contre 4 700 pour Londres. 940 hectares sont aujourd'hui concernés par des projets urbains à Paris, surtout dans des arrondissements de la périphérie. 40 hectares. C'est la superficie du terrain des Batignolles (17e), la plus grande surface disponible à Paris. Le quartier accueillera logements et bureaux.
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D’Issy-les-Moulineaux à la Défense, la banlieue ouest à la pointe
20Minutes.fr | 03.10.06 | 00h43
Issy-les-Moulineaux, Levallois, Boulogne-Billancourt, la Défense : la révolution architecturale est en marche en banlieue. Encore une fois, c’est le privé qui, en grande partie, s’est adressé à des grands noms de l’architecture pour la construction de bâtiments. A Issy, c’est une SEM (Société d’économie mixte) en charge du réaménagement des berges de Seine, qui accueillera logements et bureaux. « Trente ans qu’on travaillait sur le dossier », souligne Raymond Loiseleur, directeur de la SEM. Le plan a été dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. En remontant vers la porte du périphérique, l’usine d’incinération Isséane, totalement végétalisée, sera livrée à la mi-2007. Il s’agit du plus grand chantier d’Europe en la matière. La société Generali attend, elle, trois bâtiments pour 2008, d’une hauteur d’environ 45 mètres, tandis que le siège de Bouygues Telecom s’installera à la place de la tour EDF. Les bâtiments seront signés de l’agence américaine Arquitectonica. Christian de Portzamparc s’occupera quant à lui du siège de Bouygues Immobilier, dont la construction va bientôt commencer. A Boulogne-Billancourt, sur l’île Seguin, le chantier d’aménagement avance lui aussi. L’homme d’affaires François Pinault, grand rival de Bernard Arnault, devait y construire une fondation pour l’art contemporain. Projet qu’il a retiré l’année dernière, estimant les délais administratifs trop longs. Depuis, la SEM Val-de-Seine a lancé de nombreux concours. L’île sera divisée en deux parties, l’une consacrée à l’art, l’autre au savoir. Un hôtel y verra également le jour. On y trouvera une résidence pour chercheurs et artistes (livraison fin 2009), une salle des musiques actuelles, un centre européen de création contemporaine, et une terrasse-jardin. Enfin, le quartier d’affaires de la Défense a présenté cet été son projet de relance à l’horizon 2015. Une tour symbole, caractérisée par son audace et pour laquelle un concours international d’architecture sera lancé, verra le jour.
Mickaël Bosredon
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Franck Gehry, l'architecte de génie
20Minutes.fr | 03.10.06 | 00h43
Frank O. Gehry voit le jour le 28 février 1929 à Toronto, au Canada, sous le nom de Frank Owen Goldberg. Après des études d’architecture au début des années 50 à l’University of California, à Los Angeles, il impose son style, devenu depuis une référence internationale, celui de la « construction déconstructiviste ». Gehry s’inspire de la philosophie et des sciences naturelles, de l’art et du design plastiques pour dissocier le familier et transformer les choses connues. S’inspirant de formes biomorphiques, il combine de manière insolite des matériaux riches en contrastes. C’est à lui que l’on doit le Walt Disney Concert Hall à Los Angeles (1989), la Cinémathèque de Bercy (1994) ou encore le musée Guggenheim de Bilbao, en Espagne (1997), qui le rend célèbre dans le monde entier.
Sa réputation mondiale est récompensée, entre autres, pour l’American Center à Paris, le musée de Vitra Design à Weil am Rhein et le musée Guggenheim à Bilbao. En 1977, il reçoit le prix commémoratif Arnold W. Brunner en architecture de l'American Academy of Arts and Letters. En 1989, il reçoit le prestigieux prix Pritzker pour l'architecture - probablement la plus haute reconnaissance dans cette discipline - qui souligne les « contributions marquantes apportées à l'humanité et à l'environnement bâti »
À la fin du XXe siècle, Gehry est devenu l'un des architectes les plus reconnus et dont on parle le plus dans le monde entier. Il figure parmi une poignée d'architectes dont les projets largement connus ramènent le génie dans la conversation des gens ordinaires. Le siècle s'est achevé sur la sélection du musée Guggenheim de Bilbao (Espagne), dessiné par Gehry, comme « bâtiment du siècle ». Ultime reconnaissance, le documentaire que lui a consacré Sydney Pollack, "Esquisses", dans lequel on peut admirer l'immense oeuvre de Gehry.
©2006 20 minutes
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@Thierry
"Quand je vois qu'il faut fermer le centre Pompidou pendant deux ans après à peine vingt ans de fonctionnement afin de le remettre en état, cela me fait douter de la compétence des architectes et des constructeurs"
Merci, c'est très gentil à vis à vis des architectes mais tu as raison sur un point que l'architecture ancienne reste intacte durant des siècles et la moderne c'est vrai, jusquà aujourd'hui on a pas trouvé les secrets de la perennité!
Quant aux thèmes de la gratuité et de l'ésthetique, je crois que l'architecte a atteint son but, la fondation aussi, tout le monde va en parler, en bien ou en mal mais tos vont dire leurs mots(même si on les écoute pas)
personnellement je trouve ce projet excellent, j'éspère que le reste va pas nous decevoir
archimonde a écrit:
@Thierry
"Quand je vois qu'il faut fermer le centre Pompidou pendant deux ans après à peine vingt ans de fonctionnement afin de le remettre en état, cela me fait douter de la compétence des architectes et des constructeurs"
Merci, c'est très gentil à vis à vis des architectesmais tu as raison sur un point que l'architecture ancienne reste intacte durant des siècles et la moderne c'est vrai, jusquà aujourd'hui on a pas trouvé les secrets de la perennité!
Oui, j'ai des doutes sur le centre Pompidou. L'idée de mettre les canalisations à l'extérieur, ça permet certes de libérer les espaces intérieurs pour les expositions. Mais cela entraîne, me semble-t-il, une dégradation accélérée des structures (ou un coût d'entretien plus élevé) et il suffit de passer sur la rue du Renard pour voir les espaces glauques que ce type d'architecture crée au niveau de la rue. Six ans seulement après la grande rénovation de l'an 2000, qui elle-même touchait un bâtiment d'une vingtaine d'années, le centre Pompidou est à nouveau en pleins travaux (musée, BPI, accès sur la rue du Renard) !
Je ne suis pas du tout architecte, donc j'abuse peut-être si je parle d'erreurs de conception ou de mauvaise gestion de l'écoulement des eaux de pluie (sujet qui, j'espère, est enseigné dans les écoles d'architecture, même de nombreux immeubles d'habitation des années 60 sont sales en permanence à cause de l'absence de gouttières). On a bien l'impression tout de même que la volonté de faire une oeuvre d'art l'a emporté sur les considérations pratiques, et c'est bien les architectes qui sont en cause, pas seulement les constructeurs.
Problème complexe... l'architecture contemporaine sort d'un siècle et demi de révolutions techniques, avec pas mal de tâtonnements. Pour prendre un exemple connu, le béton employé par le Corbusier il y a cinquante ans était de piètre qualité par rapport à ceux qu'on utilise aujourd'hui. Si on veut faire la comparaison avec des architectures plus anciennes, il faut garder à l'esprit que ce qui nous reste du Moyen-âge ou de la Renaissance, c'est la 'crème' : on ne compte pas les bâtiments écroulés ou démolis... Et ne pas oublier que les cathédrales sont en rénovation quasi permanente depuis leur construction (c'est frappant sur les photos anciennes).
Enfin, les exigences ne sont pas les mêmes : rentabilité à court terme pour un promoteur, délais restreints pour un élu, sans parler des usages qui évoluent de plus en plus rapidement (j'imagine que lorsque on construisait un palais de justice au XIXème siècle, on le faisait pour l'éternité...) ce qui fausse le débat sur la qualité intrinsèque de la production architecturale contemporaine.
*** Skyscraper Spirit Wonder Llama ***
franchement, je suis d'accord que le projet et joli, le nuage dans le bois ect... tralalala
mais on ne peut s'empecher de le comparer au navire de tadao ando sur l'ile seguin. gehry je l'aime bien, mais puisque ils ne savent pas quoi faire de leur millions ces arnauds ils aurait pu chercher plus loin! zaha hadid, rem koolhaas, je sait pas mais reprendre gehruy c'est dommage, d'autant plus qu il y a deja un batiment de lui a paris. et pour l'emplacement, l'ile seguin reste quand meme bien plus emblematique et originale que une prairie dans un parc...
@le renard
"Enfin, les exigences ne sont pas les mêmes : rentabilité à court terme pour un promoteur, délais restreints pour un élu, sans parler des usages qui évoluent de plus en plus rapidement (j'imagine que lorsque on construisait un palais de justice au XIXème siècle, on le faisait pour l'éternité...) ce qui fausse le débat sur la qualité intrinsèque de la production architecturale contemporaine."
grand merci
invité05 a écrit:
franchement, je suis d'accord que le projet et joli, le nuage dans le bois ect... tralalala
mais on ne peut s'empecher de le comparer au navire de tadao ando sur l'ile seguin. gehry je l'aime bien, mais puisque ils ne savent pas quoi faire de leur millions ces arnauds ils aurait pu chercher plus loin! zaha hadid, rem koolhaas, je sait pas mais reprendre gehruy c'est dommage, d'autant plus qu il y a deja un batiment de lui a paris. et pour l'emplacement, l'ile seguin reste quand meme bien plus emblematique et originale que une prairie dans un parc...
On a choisi Gehry sans doute parce qu'il est infiniment plus connu que ces autres architectes dont tu parles...
Il faut etre realiste, Zaha Hadid et Gehry ne jouent pas dans la meme court, et ca c'est quelque chose qui importe a un gars comme Arnaud.
Gehry, il ne participe pas a des concours comme Hadid ou Koolhaas; on va le chercher, un peu comme Piano et certains autres genies.
Je trouve ce centre très prometteur et très jolie en revanche, je trouve que l'endroit choisi pour le construire n'est pas idéale pour un telle batiment...
Je l'aurais plutot vu (bien sur sur l'ile seguin...) ou le long de la seine, à un emplacement plus visible et plus accessible...
Comme l'a dit MyNight, le plus intéressant dans ce projet est qu'il est financé intégralement par des fonds privés. Ca change des grands projets présidentiels... Et à mon avis ça va devenir une tendance lourde de voir de l'architecture ambitieuse portée par le privé: cette fondation, l'immeuble de Citroën sur les Champs, l'institut de la mode sur le quai d'Austerlitz financé en partenariat public-privé, les arts islamiques au Louvre financé par du mécénat, et bien sûr les nouvelles réalisations à la Défense et à Issy... Personnellement je trouve ça très bien que le privé prenne le relais.
Quant à l'emplacement il ne faudrait quand même pas bouder notre plaisir: les bords de Seine à Paris intra-muros sont déjà pleins à craquer.
Et puis ce n'est pas si mal d'avoir une réalisation de prestige quasiment "en banlieue", ça va peut-être atténuer un peu l'effet périph': pour aller à cette fondation, il faudra prendre le métro jusqu'aux Sablons, jeter un coup d'oeil admiratif à la nouvelle skyline de la Défense , marcher dans le bourgeois Neuilly et rejoindre le bâtiment de Gehry dans le Bois: de nombreuses personnes vont découvrir que Paris ne s'arrête pas à Porte Maillot, que la ville est une vraie métropole avec des richesses en-dehors de la zone 1 de la carte orange, et qu'en plus elle est dotée de jolis espaces verts! Enfin, ne pas oublier que de nombreuses fondations d'art contemporain jouent la carte "nature et végétation": c'est le cas de celle de Lisbonne, de la fondation Maeght, du Castelo de Rivoli à Turin, etc. Celle de Paris ne fera pas exception, et c'est vrai que c'est très agréable ce mélange art+nature...
Question idiote (enfin peut-être pas...) :
connaissez-vous un autre projet, dans tout l'Ile-de-France, qui soit postérieur à la Chartes d'Athènes et qui puisse se targuer d'être un geste archi qui mette en avant sa gratuité, son égo, son esthétique, avant d'être soumis à ses fonctions ? Vu l'endroit - un bois sans bâti quasiment autour - et vu le contexte - du privé pur et dur appuyé par l'institution publique - on a l'impression que la seule contrainte absolue était pour l'architecte de ne pas dépasser l'emprise du bâtiment préexistant sur lequel ce nouvel édifice sera construit. Ensuite, en avant pour un imaginaire ésotérique - tourné vers lui-même - pour créer du symbole, de l'image, du concept, et certainement pas du concret. On parle même de nuage... On ne parle pas d'antimatière, mais c'est tout comme... On ne parle ni fric, ni muséographie, ni intégration dans le paysage. On ne parle de rien, on parle de nuage...
Ainsi, j'ai l'impression que cet objet de Gerhy pourrait - ou souhaiterait ? - cristalliser un nouveau débat sur l'Ile-de-France, quant à la place de l'architecture dans la ville. Cela pourrait enfin - peut-être - déplacer le débat archi publique/archi privée - débat important, c'est évident - sur le terrain d'une vision du monde, d'un projet purement architectural. Car l'assentiment collectif des égos flattés de l'architecte, de l'institution, du commanditaire, des usagers, du voisinage, bref, de tous les acteurs concernés, que ne manquera pas de provoquer cette fondation d'art, pourrait peut-être permettre de renouveler l'optique qu'on peut avoir communément sur la place publique à propos de l'architecture dans le contexte contemporain...
On dit toujours qu'en Ile-de-France, il ne se passe rien, qu'il est impossible de faire, de plaire, de tenter, d'oser, et surtout de concrétiser. Gehry est certes extrêmement provoquant et égotiste dans ses conceptions. Mais autant son geste est sans doute un manifeste, même si c'est le manifeste d'un je démesuré, autant il a selon moi le mérite de s'assumer sans concession. Denrée rare ces temps-ci dans Paris et banlieue ?...
Alors, je l'attends, moi, ce débat sur les formes architecturales, un débat qui engagerait tout le monde outre le nimbisme, un débat épuré de la connerie ambiante et de ses poussières idéologiques autant que polluantes. Quoi, c'est vrai après tout, depuis les années 60, qui ose parler d'art, de formes, de recherche de la beauté, de courants autrement qu'en petits comités fermés et avides d'eux-mêmes ? Sur le terrain, qui ose prétendre s'assumer de telle ou telle vision du monde ? (En édition, en musique, c'est un peu pareil, ce consensus mou semble toucher tous les arts créatifs, mais ceci est une lapalissade...) Ces débats avaient pourtant lieu sur la place publique au XIXème siècle, on osait se questionner sur la morale ou l'utilité de l'art, sur les rapports entre la création et la sociologie. On créait même de nombreux courants en se posant nombre de questions qui impliquaient tout le monde : si on y regarde un peu, la gratuité des thèmes littéraires a cogné très dur vers les années 1880 (le système narratif a-moral et purement esthétique de l'art pour l'art entraîne-t-il l'envie de meurtre, et peut-il s'assumer comme tel ? cf. le débat Paul Bourget/Anatole France sur le "Disciple" ) ; puis début XXème, en 1913, le langage poétique est-il toujours intentionnel, enserré dans un carcan formel classique, ou échappe-t-il à son auteur mais pas à son lecteur ? (après le Parnasse, cela a donné le surréalisme à la suite de Césaire et d'Apollinaire qui ont destructuré le langage : on a assumé un imaginaire qui se réclame pour tel, et merde à Descartes...) ; puis la gratuité des formes en peinture n'a-t-elle pas poussé à l'abstraction, à une vision du monde recherchant pourtant bien davantage à la transcription de l'essence du monde plutôt qu'à la retranscription de ses apparences (après les impressionnistes, le fauvisme, puis le cubisme, puis l'abstraction pour faire un immonde raccourci) ? En jazz après 1953 (free-jazz), en littérature dans les années 60 (nouveau roman), dans tous les champs artistiques, on a renouvelé les genres et les approches par un débat aussi passionné que rationnel, et on a avancé. On a toujours cherché à assumer une optique, une vision du monde, un projet, une structure, quelque chose qui aurait de grandes répercussions sur la pensée. et cela bien en dehors des institutions, quand on fait le compte a posteriori.
Trouvez-vous vraiment qu'en architecture, en Ile-de-France, depuis les années 60 et les prescriptions corbuséennes, on ait réellement réussi à créer de nouveaux courants, à assumer un mode de pensée spécifique ? Les fonctions urbaines et l'économique me paraissent être devenus des contraintes insurmontables, qui semblent avoir asséché la recherche architecturale en France - ou du moins la création, ou pour nuancer, la concrétisation. Je pense que le concept existe, qu'il vit bien, qu'il taraude un grand nombre d'archis, mais que l'écart ne cesse de se creuser entre ces imaginaires fructueux et le terrain urbain tel qu'il s'offre. L'institution a rattrapé le cerveau créatif, les idéologies politiques le coup de crayon et le fric le plaisir. La ville semble avoir, dans le contexte francilien, réclamé le silence de l'archi, au profit de l'acclamation de fonctions rationnalistes et asséchantes.
J'ai longtemps rêvé d'être archi, mais je me rends compte que je suis moins frustré en ne l'étant pas que si j'avais dû assumer mes idées sur le terrain des réalisations. A l'heure actuelle, je pense que les archis souffrent certainement énormément de cet état de fait.
Ainsi, je ne suis pas naïf au point de croire que la gratuité du geste est une fin en soi, ni même une solution à l'équation urbaine, loin de là. Mais je me dis qu'en France, depuis la charte d'Athènes, on assiste ça et là à des gestes ponctuels, noyés dans la masse (Borel, Piano, Rodgers, Parat, etc...), mais à rien de fédérant ni de réellement assumé. Le pire dans tout cela, c'est que le grand public n'est souvent que d'une redoutable indifférence face à ces gestes, et au mieux on assiste très souvent à des jugements mous et consensuels (j'aime, j'aime pas), et au pire à un refus absolu de tout ce qui dépasse avant même que d'avoir compris ce qu'on regarde sur un rendu de la taille d'un timbre poste...
Donc, en vieux littéraire idéaliste, je rêve que ce projet de Gehry entraîne enfin sinon une prise de conscience, du moins un débat à tous les niveaux : que les architectes puissent oser et assumer, crier leur droit à assumer leur geste et leur imaginaire, et qu'ils aient les moyens d'imposer leur vision des choses. Que les commanditaires privés se décoincent, et comprennent que leur investissement ne sera que justifié, renforçant la Ville en même temps que leurs égos, le collectif en même temps que le privatif. Que l'institution change son optique inertielle et aride, bassement fonctionnelle et comptable : la recherche esthétique et fonctionnelle édifie le collectif en son entier. Que les citoyens apprennent à regarder autour d'eux, qu'ils s'approprient un environnement qui fera d'eux non des empilements de veaux lambda, mais des Habitants au sens noble. Que les idéologies politiciennes se la ferment devant la recherche du beau et du fonctionnel mêlés, et que les nimbies aillent se faire mettre par épiphénomène de cette démarche...
Bon, il est vrai, je doute que le projet de Gehry tout seul puisse entraîner ce type de débat de fond. Mais qui sait ? Peut-être pourrait-il y contribuer ?...
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