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Strasbourg - Cité Rotterdam (E. Beaudouin, 1953)

Ce fil de discussion concerne les immeubles suivants :

NomFonction(s)HauteurNiveauxAnnée
Cité Rotterdam - Bât. F Logements 15.00 m R+4 1953
Cité Rotterdam - Bât. A Logements 15.00 m R+4 1953
Cité Rotterdam - Bât. I Logements 27.00 m R+8 1953
Cité Rotterdam - Bât. B Logements 15.00 m R+4 1953
Cité Rotterdam - Bât. G Logements 15.00 m R+4 1953
Cité Rotterdam - Bât. C Logements 15.00 m R+4 1953
Cité Rotterdam - Bât. J Logements 6.00 m R+1 1953
Cité Rotterdam - Bât. E Logements, Commerces et activités 30.00 m R+9 1953
Cité Rotterdam - Bât. H Logements 15.00 m R+4 1953
Cité Rotterdam - Bât. D Logements 42.00 m R+13 1953
Cité Rotterdam - Bât. K Logements 9.00 m R+2 1953
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#1
07-09-2009 10:42
M
micou
Modénateur
M
Date d'inscription: 18-08-2007
Hors ligne

Localisation :
http://maps.google.fr/maps?hl=fr&so … p;resnum=1

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Extraits de ce mémoire datant de 2005 et réalisé par Laurent Koenig, qui traite plus des espaces publics mais qui parle aussi de l'histoire du quartier.

Construit entre janvier 1952 et mars 1953, cet ensemble résidentiel constituait pour l’époque un record inégalé en terme de rapidité d’exécution pour un aussi grand nombre de logements. Résolument tourné vers les principes de l’Architecture Moderne, son architecte, Eugène Beaudouin (1898-1983) a tout de même essayé d’adapter les plans de la Cité au contexte urbain environnant. Si les immeubles à construire se concentrent en bordure de la parcelle à urbaniser, le centre de la Cité est quant à lui largement dégagé, à la fois ouvert et structuré par un aménagement paysager très complet. Il compare alors sa composition à celle du Parc Monceau à Paris, exemple que l’architecte avait déjà été adopté lors de la conception du quartier Vermont à Genève en Suisse (1948-1954) ou bien encore de la résidence universitaire Jean-Zay (1950-1957) à Antony, dans les Hauts-de-Seine.

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Laurent Koenig/Source : CUS-SIG, 2004

L’application de ce “ modèle urbain ” se situe à une période charnière en matière d’urbanisme. Auparavant, les projets étaient bien plus timides et d’ampleur limitée, avec 200 à 400 logements au maximum. Quelques années plus tard, on basculait dans le gigantisme de l’industrialisation avec des réalisations dépassant parfois les 10 000 logements.
Malgré ses efforts, l’architecte ne parviendra pas à imposer son projet dans sa totalité. Les bâtiments seront certes réalisés mais les espaces “ libres ” ne feront pas l’objet d’un traitement paysager très abouti. Ce n’est cependant pas une spécificité propre à ce quartier, puisque la quasi-totalité des “ grands-ensembles ” construits par la suite connaîtront le même sort.

[…]

Le concours de Strasbourg, proposé en décembre 1950 par Eugène Claudius-Petit, alors à la tête du puissant MRU, vise cependant à urbaniser une dent creuse dans une zone urbanisée. Un appel à candidatures a été lancé pour la construction du plus vaste programme jamais réalisé : la construction d’un ensemble de 800 logements.
Deux camps se sont formés au sein des candidats. Le premier regroupait les architectes issus du mouvement classique, le second les “ progressistes ” partisans de l’application stricte des principes de la construction moderne. Leurs desseins s’opposent principalement sur la morphologie et l’implantation des bâtiments, puisque la composition interne de ceux-ci leur est imposée.

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Source : Techniques et Architectures, 1951

Un projet, celui d’Eugène Beaudouin, se distingue par un certain esprit de synthèse entre les deux tendances. Fortement imprégné des principes modernes, sa composition n’en est pas pour autant une application dogmatique de cette théorie. Le contexte urbain et social local est très nettement pris en considération dans son plan.

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Source : Techniques et Architectures, 1951

Situé à mi-chemin entre les deux tendances et dans un contexte d’incertitude quant à l’efficacité réelle, ou supposée, des bienfaits de l’Architecture Moderne, le jury – lui aussi divisé sur la question – se prononcera finalement en sa faveur. Le projet de Le Corbusier, proposant la construction de deux “ Cités Radieuses " de 400 logements chacune n’est classé qu’en quatrième position.
Mais bien au-delà de ces considérations urbaines, c’est sans nul doute sur les espaces non bâtis de cette composition qu’il convient de se pencher. En effet, l’architecte les avait pensés de manière très complète, de telle sorte que chaque habitant puisse s’y rendre et s’adonner aux activités de son choix. Mieux encore, ce quartier se voulait ouvert à tous les habitants de la Ville.
Pour décrire son projet, Eugène Beaudouin parlait d’une composition de bâtiments d’habitation “ distribués autour d’espaces libres, regardant le jardin [et faisant] face au soleil ”. On retrouve ici les trois mots-clés de Le Corbusier. Il poursuit ainsi : “ l’implantation des bâtiments [forme] une grande niche face au soleil ou, si l’on préfère, un amphithéâtre autour d’un jardin ”. La composition paysagère de l’architecte est donc essentiellement basée sur des espaces verts qualifiés de “ libres ”, formant un “ jardin capable de s’intégrer aisément dans le système des parcs de la Ville afin de compléter la chaîne des promenades déjà existantes ”. Le jardin est, dans le projet, très fortement structuré puisqu’on y retrouve “ un grand mail […], un terre-plein pour les jeux des enfants […], un plateau central planté […], un plateau d’évolution […], des pelouses […], un terrain de basket-ball […], des installations réservées à la natation […], un groupe sportif […] ” et bien d’autres éléments encore.
Ce plan volontariste et ambitieux de structuration de l’espace s’apparente dans cette présentation à un véritable “ espace public ”, puisque l’on parle bien d’un “ jardin […] composé pour mettre à la disposition de tous le maximum d’agréments dans les domaines les plus divers ”. Ajouter à cela une affectation claire de chacune de ses différentes composantes à un usage particulier, il s’apparentait même à un “ espace public de qualité ”. Ce schéma n’a pourtant pas été suivi lors de la réalisation de l’ensemble.

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Source : Cahiers du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, 1951

[…]

L’aspect esthétique du bâti plutôt inhabituel dans la région (briques rouges orangées apparentes et coursives - véritables “ rues extérieures ” - sur 3 des 11 immeubles, façades en béton lessivé avec galets apparents pour les autres), est en partie compensé par une absence de dégradation visible, l’ensemble étant même plutôt propre.

[…]

Deux autres immeubles disposent d’aménagements plus aboutis. Il s’agit des 14 jardins privatifs, clairement attribués aux appartements des rez-de-chaussée des immeubles J et K, destinés à accueillir, à l’origine, les familles nombreuses. (…) Notons que dans le projet de 1951, Eugène Beaudouin en avait dessiné une bonne cinquantaine. C’est ainsi que les immeubles B, C et E devaient également en être pourvus.

[…]

Aujourd’hui, les espaces non bâtis de la Cité Rotterdam sont très fortement structurés - ou en tout cas contraints - par l’implantation des immeubles et des équipements. C’est ce que souhaitait E. Beaudouin qui donnait en outre, à chaque sous-ensemble “ d’espace vert ” clairement défini des caractéristiques et une fonction propres. Mais ses plans paysagers n’ont pas été - ou n’ont pas pu être – suivis.
Pour exemple, le parc, pièce maîtresse de la composition à l’origine, n’a jamais été réalisé dans son intégralité. C’est la conséquence directe de l’échec des négociations entre le MRU et le Ministère de la Défense concernant la cession d’une soixantaine d’ares de terrains attenant à la caserne du quartier Lecourbe. Alors que l’architecte avait proposé d’implanter les équipements scolaires qui lui étaient demandés sur la façade est du secteur, comme cela était demandé dans le cahier des charges du concours, ceux-ci ont finalement été construits au centre même de la Cité. En effet, si le plan de l’architecte avait été exécuté selon ses souhaits, les équipements scolaires et associés auraient de fait constitué un verrou à l’ouverture du quartier sur le canal, mettant à mal l’idée d’un parc au centre des promenades strasbourgeoises. Par conséquent la Municipalité de l’époque a opté pour une implantation plus centrale des écoles. D’une emprise de près de 2 ha, elles ont réduit d’autant la surface aménageable en parc. Ce dernier est aujourd’hui réduit à un espace d’un hectare sur les cinq qui lui étaient initialement dévolus. La Cour Albert 1er en faisait partie à l’origine, de même que l’emprise des ateliers et des équipements sportifs (gymnase…).

[…]

A l’instar de la Promenade du Luxembourg, les rues d’Ypres (section interne au quartier), d’Amsterdam, de La Haye et de Péronne ne doivent leur utilité qu’à la desserte de l’immeuble qui les borde, soit respectivement les barres F, G, H, J et K pour la dernière.
Cette morphologie du réseau viaire ne fait que reprendre le tracé des chemins de grues qui ont été nécessaires pour la construction de ces différents bâtiments.

[…]

Élément majeur de la composition d’Eugène Beaudouin, le mail devait à l’origine joindre la place Albert 1er au Bassin des Remparts, ouvrant ainsi la Cité sur une étendue d’eau. Cet axe n’a été réalisé que partiellement, entre la rue de Rotterdam et l’entrée des ateliers.

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Projet d’Eugène Beaudouin, architecte
Source : Eugène Beaudouin in Cahiers du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, 1951

Le terrain proposé pour aménager les divers éléments d’habitation énumérés dans le programme est capable de recevoir facilement les installations nécessaires.
En vue de fournir à la population un maximum d’hygiène, de confort et d’agrément, l’ordonnance de cette composition a été conçue pour réaliser un ensemble noble de plantations dans la Cité, toutes conditions étant d’ailleurs remplies pour assurer dans les logements une excellente habilité.
En conséquence, la composition du groupe projeté est conçue comme une enceinte de bâtiments autour d’un jardin capable de s’intégrer aisément dans le système des parcs de la Ville afin de compléter la chaîne des promenades déjà existantes.

Habiter autour d’un jardin
Cette notion de jardin public encadré par des maisons d’habitation, a été attentivement mise en valeur en établissant les plans. Résolvant un problème d’habitat, on peut ainsi satisfaire un besoin d’urbanisme non seulement pour le bien-être des habitants du lieu, mais pour l’embellissement de la Ville entière et le mieux être de tous les citadins.
Pour développer et préciser cette conception architecturale de l’ensemble demandé dans son cadre de parcs urbains soulignons que cette disposition existe à Paris au Parc Monceau. A tous points de vue et de l’avis unanime de toutes les couches de l’opinion publique, cette réalisation donne entière satisfaction.
Il est possible de citer en parallèle le plan du Parc Monceau et le plan proposé pour Strasbourg ; on peut y constater combien au point de vue de la superficie et de la forme générale, comme pour l’utilisation du terrain et de ses accès, les deux compositions sont comparables ; en mettant en regard l’esprit et l’échelle du dessin des deux jardins, bien des analogies apparaîtront. On pourrait citer d’autres cas probants d’aménagements comparables dans les squares anglais. Il a été prévu dans le plan proposé, comme cela existe au Parc Monceau autour de la partie publique, des petits jardins individuels qui, s’ils sont affectés à des amateurs ayant ce goût développé, ajouteront au charme de l’ensemble (il est facile de trouver en Alsace sur un total de 800 chefs de famille, cinquante hommes capables d’entretenir avec soin le perron de leur logement, un jardin fleuri). Le principe des jardinets privés, en contact immédiat avec l’habitation y est très apprécié par la population ; la disposition proposée intègre dans la composition d’ensemble ces éléments individuels au bénéfice de tous et de chacun.
Afin de montrer d’autres exemples de même caractère, l’auteur indique la composition aujourd’hui presque terminée de Vermont à Genève, où cette formule a remporté un franc succès immobilier.
Toujours à la même échelle, la Résidence Universitaire d’Antony, conçue dans le même esprit, montre la parenté des compositions et l’unité de vision qui relie ces quatre compositions, en bien des points comparables.

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Maquette, 1951. Source : Cahiers du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, 1951.

Composition du jardin
Le jardin a été composé pour mettre à la disposition de tous le maximum d’agréments dans les domaines les plus divers. C’est-à-dire qu’on y trouve des terre-pleins de terre battue pour les jeux, avec cheminements asphaltés pour la promenade des piétons ; certains de ces terre-pleins étant plantés d’arbres en alignements ou en quinconces.
Le grand mail qui, du Bassin des Remparts jusqu’à la rue de l’Yser, traverse de le terrain d’est en ouest, mesure 500 m de longueur, il présente en certains endroits six rangées d’arbres. L’implantation de ces alignements varie pour éviter toute monotonie. Cet ensemble monumental est à planter en tilleuls (francs et argentés) panachés d’érables (espacement serré à 3 m).
La grande cour sur la rue d’Ypres est aménagée en terre-plein pour les jeux des enfants, les alignements qui cernent le plateau central (7 500 m²) sont prévus plantés en paulownias et catalpas, pour assurer des floraisons complémentaires et mettre en valeur pendant l’hiver et dans un même caractère le dessin curieux des arbres dénudés.
D’importants alignements de tilleuls et de platanes au-dessus de larges terre-pleins de jeux et de promenades en bordure de la rue de l’Yser et devant la façade est de l’immeuble situé rue de Rotterdam complètent ces ensembles dominants des promenades plantées.
De grandes pelouses complètement dégagées forment le centre de cette composition ; elles sont dessinées en “ rognons ” de grande superficie, elles sont nues (sans plantations d’arbres ou de buissons) et plantées en gazon très robuste (mélange prairie artificielle avec fleurs sauvages) pour être accessibles au public (Hyde Park à Londres, pelouses de la Muette à Paris) qui peut y circuler et s’y asseoir.
Ces pelouses comprennent un plateau d’évolution, pour les jeux et l’éducation physique, qui, par ses dimensions, peut être utilisé comme terrain de football (entraînement). Il est à noter que le dessin des jardins environnants est traité pour permettre aux spectateurs de voir aisément les évolutions des joueurs, en stationnant sur les talus des pelouses environnantes disposées en gradins.
Dans les niches de verdure réalisées par des arbres divers, on trouve à proximité de ce plateau d’évolution un terrain de basket-ball et diverses places de jeux.
L’ensemble des installations réservées à la natation est prévu directement sur le quai du bassin des Remparts. Sous le bâtiment A1 (I) (en contact avec la chaufferie), se trouve la piscine chauffée couverte avec ses installations annexes de vestiaires, lesquels pourraient être utilisés pendant la belle saison, lorsque le bassin en plein air sera le seul accessible aux usagers. Près de ce groupe sportif et en bordure des écoles, un ensemble important de places de jeux divers a été réservé pour les enfants, groupant ainsi l’ensemble des installations prévues à leur intention (écoles, garçons, filles et maternelle, garderie, centre médical, goutte de lait).
Il est à noter que cet ensemble est en contact avec les jardins individuels des bâtiments C1 et C2 (J et K), dans lesquels se trouvent les logements de 96 m² abritant par conséquent le plus grand nombre d’enfants, et qu’il est relié par un portique couvert aux autres bâtiments du groupe projeté pour faciliter la circulation des enfants en mauvaise saison.

Plantations
La mise en valeur de ce grand jardin est surtout basée sur le choix, la disposition des arbres de taille, de port, de végétation et de couleurs très variés, implantés en bouquets ou massifs et formant une suite de niches librement dessinées ; celles-ci sont toutes ouvertes au sud-sud-est pour abriter des vents dominants les promeneurs et leur assurer un excellent ensoleillement.
Enfin, l’accent le plus délicat de la composition de ce jardin est réservé aux fleurs, sans lesquelles on ne peut concevoir un parc pleinement satisfaisant, surtout à Strasbourg, où cet art est très apprécié, ce qui signifie le soin et la recherche que l’on apporte à la composition actuellement décrite.
Les fleurs y seront présentes en tout point sous des aspects variés. Les pelouses fleurissent agréablement suivant les compositions grainières que l’on sait aujourd’hui très bien doser. La distribution des arbres suivant le dessin défini plus haut, tiendra compte également de la nature et du calendrier de leurs floraisons spectaculaires ou odorantes. Enfin l’effort principal en cette question de fleurs (le fleuriste municipal étant bien organisé est capable de le réaliser) est conçu en utilisant principalement les plantes vivaces à floraison puissante et abondante pour réaliser une longue promenade fleurie de bout en bout de la composition “ serpentine ”, la répartition des plantes dans leurs voisinages réciproques étant établie suivant le principe des massifs toujours fleuris (perennial borders) très améliorés et perfectionnés par les travaux récents des spécialistes anglais.
La mise en forme de cette vision, dans la composition proposée, est faite suivant un dessin inhabituel, découlant de l’image d’une promenade fleurie très chatoyante cheminant aux pieds de massifs d’arbres et autour de grandes pelouses dégagées pour former un long circuit de promenade de part et d’autre de cette Cité résidentielle. C’est sur ce fond de jardin assez élaboré qui, répétons-le, est proposé à Strasbourg parce que la population aime cet art des jardins et a le goût d’entretenir ce cadre, que les constructions imposées par le programme ont été réparties.

Implantation générale des constructions
Les bâtiments d’habitation sont distribués autour de ces espaces libres et, regardant le jardin, font face au soleil.
Chaque pièce habitable est ainsi ouverte sur un panorama clair et domine à une hauteur et à une distance rapprochées, un jardin entièrement dégagé sur les deux plus grandes dimensions dont on dispose. L’ensoleillement et la vue pour tous les résidents dans cet ensemble sont ainsi assurés au mieux.
Les bâtiments disposés de cette façon au pourtour du terrain sont tous immédiatement accessibles des voies publiques existantes. Ainsi la circulation des véhicules à l’intérieur du parc est réduite au minimum sur les voies d’accès de service desservant chaque bâtiment. On réduit en même temps la longueur des canalisations de toutes sortes qui doivent être branchées sur les conduites du réseau public.
Le terrain bordé au nord, à l’est et à l’ouest par des voies publiques existantes (la face sud étant seule sans desserte de voirie), l’implantation des bâtiments près de ces voies détermine la physionomie générale de la composition formant une grande niche face au soleil ou, si l’on préfère, un amphithéâtre autour d’un jardin, ensemble tournant le dos au nord-ouest pour s’abriter des vents dominants. Cette composition conduit à de sensibles économies dans l’aménagement du terrain car il y a peu de voies carrossables et de branchements de canalisations à réaliser.
Dans leur ensemble, les bâtiments font face au soleil du matin (sud-est et sud), le bâtiment A1(I) dans lequel se trouvent les plus petits logements pour les célibataires étant plus orienté à l’est, c’est-à-dire au soleil levant puisqu’il est rarement occupé pendant la journée.
Les bâtiments se répartissent au point de vue de l’orientation en deux catégories suivant qu’ils sont aménagés intérieurement avec une seule façade de pièces habitables, toutes les pièces de service et les annexes étant sur l’autre façade (types 1-2-3-4) ; l’implantation des bâtiments qui contiennent les logements de ces types est faite au sud ou au sud-est. Lorsque l’aménagement intérieur des logements est prévu pour que les pièces habitables soient réparties sur les deux faces de l’appartement, le bâtiment est implanté pour que chaque pièce habitable soit éclairée par le soleil le matin ou pendant l’après-midi.

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Source : Annales de l’Institut Technique du Bâtiment et des Travaux Publics, 1953.

Répartition des logements
Les huit cents logements demandés sont fixés par le programme en quantités et en surfaces habitables. Chaque catégorie de logements dont la superficie habitable est imposée a donné lieu à un seul type d’appartement, de sorte qu’il y a autant de types d’appartements que de superficies différentes demandées, c’est-à-dire 7.
Elles sont ainsi désignées :

Type de logement   Surface réalisée (en m²)   Surface demandée (en m²)   Volume de logements
         1                                   24,44                                   de 20 à 24,5                     4% soit 32 logts
         2                                   30,17                                   de 27 à 33                        8% soit 64 logts
         3                                   40,50                                   de 40,5 à 49,5                  15% soit 120 logts
         4                                   54,99                                   de 54 à 63                        25% soit 200 logts
         5                                   65,91                                   de 64,5 à 75                     30% soit 240 logts
         6                                   83,30                                   de 78 à 90                        14% soit 112 logts
         7                                   91,02                                   de 91 à 105,5                    4% soit 32 logts




Les logements ont été groupés en bâtiments ne comportant chacun que des logements d’un seul type, sauf le bâtiment A2 qui contient tous les logements des types 1 et 2.
Par suite de la superficie qui est imposée, la destination de chaque type de logement est pratiquement déterminée (célibataires types 1 et 2, jeunes ménages types 3 et 4, ménages avec enfants types 5 et 6, familles nombreuses type 7).
La hauteur des bâtiments en commandée par une considération analogue, c’est-à-dire que les logements des célibataires sont groupés dans les bâtiments les plus élevés (ascenseurs), ceux des ménages dans les bâtiments à étages (quatre étages sans ascenseurs), ceux des familles nombreuses dans des appartements de grande superficie, soit au rez-de-chaussée et au premier ou au second étage, nombre d’entre eux ayant un jardin individuel à leur disposition en contact avec leur habitation.
De cette façon les petits logements occupés par les célibataires ou des ménages sans enfants sont installés dans des bâtiments élevés, avec ascenseurs et galeries d’accès, afin d’augmenter la densité de l’immeuble sans encombrer le sol plus agréablement aménagé en jardins. La hauteur de ces bâtiments de neuf et treize étages détermine (pour rechercher l’économie de l’ensemble), le système de construction adopté […]. La plus grande quantité des logements demandés étant de superficie moyenne, c’est à une solution moyenne qu’il a paru plus sage de s’arrêter, c’est-à-dire la superposition de ces logements en six bâtiments de quarte étages sur rez-de-chaussée. Les dimensions imposées pour ces logements conduisent à de grandes longueurs de façade, leur accès se fera par des escaliers desservant deux appartements à chaque étage, disposition d’une économie moyenne et d’un confort très satisfaisant […].
Les plus grands logements ont été aménagés dans des bâtiments bas n’ayant qu’un ou deux étages sur rez-de-chaussée où ils s’ouvrent de plain-pied sur un jardinet individuel. […]

Dernière modification par micou: 07-09-2009 17:00
#2
07-09-2009 10:44
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micou
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Date d'inscription: 18-08-2007
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Voir également cette vidéo de l'INA consacrée à la construction de la cité.

J'avais des photos mais je les ai perdues à cause d'un bug informatique donc n'hésitez pas à en poster !

Dernière modification par micou: 07-09-2009 10:51
 

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