Grenoble Alpes Metropole - RER Métropolitains

Mes remarques sur le projet de RER grenoblois

Ambition générale

La desserte ferroviaire de l'agglomération est déjà bien fournie en comparaison de ce que l'on trouve sur d'autres villes de taille comparable, notamment depuis la mise en place des navettes Rives-Gières cadencées aux 20 minutes en heures de pointe. La mise en place de points d'intermodalité à Gières et Échirolles, permettant de passer facilement du tram au train, sont également des points forts du réseau grenoblois. On peut toutefois constater des faiblesses dans l'offre actuelle qui sont les suivantes :
- une desserte horaire à améliorer en heures creuses et en soirée, avec des creux de desserte atteignant 2 à 4 heures selon les lignes et aucun service digne de ce nom après 21h,
- une desserte squelettique de la ligne des Alpes, qui subit de toute façon des ralentissements et coupures tellement fréquentes qu'il est difficile de la considérer actuellement comme une solution viable pour les déplacements du quotidien,
- un manque de gares ou haltes intermédiaires, notamment entre Échirolles et Gières, et un manque d'attractivité de la gare de St-Égrève (peu connectée aux réseaux urbains et aux axes principaux de trafic).
Rajoutons à cela une très forte interdépendance du noeud ferroviaire grenoblois avec celui de Lyon et une nécessité de travailler sur les performances de la ligne Lyon-Grenoble (voir à ce titre les contributions au débat sur l'aménagement du NFL).
Je recommande à la lecture l'article de Transportrail sur le sujet, très bien écrit et fort instructif.

Projet proposé

L'ambition portée par le projet du PDU approuvé est la suivante :
- 4 trains par heure entre Rives et Brignoud, dont 2 prolongés à St-André-le-Gaz par heure en pointe,
- 2 trains par heure entre Gières et St-Marcellin,
- 2 par heure entre Grenoble et Clelles, et un cadencement à l'heure entre Grenoble et Gap.

Le déplacement de la halte de Pont-de-Claix, la réouverture de celle de Domène et diverses améliorations des infrastructures ferrées sont prévues d'ici 2025 à 2035.

On peut souligner la démarche inédite en France qui a été menée entre 2018 et 2020 pour définir les besoins en infrastructures en fonction du niveau de service envisagé, plutôt qu'une reconstruction «à l'identique» ou la création d'infrastructures «peu utiles» qui gonflent les coûts.
Le détail des investissements proposés est présenté dans cette délibération du Conseil Métropolitain  ici.

Mes remarques

Concernant la première phase de travaux, ils restent assez légers et concernent (enfin) la réouverture de la gare de Domène (qui sera juste une halte, donc sans guichet humain ni abri chauffé), la troisième voie à Brignoud et la modification de la bifurcation de Veynes. Ces modestes travaux coûtent tout de même 60 M€ et seront réalisés d'ici 2025, selon comment évolue la pandémie… et surtout, auraient pu être réalisés il y a 10 ans lors de la rénovation du Sillon Alpin. Mais quand on parle ferroviaire, on ne compte pas (le temps).

La seconde phase de travaux est plus ambitieuse, avec notamment :
   +  L'aménagement de l'avant-gare de Grenoble pour accueillir plus de train (créations de quais-terminus, dans le même style que la voie S d'Annecy par exemple), utile aux Lyon-Grenoble notamment,
   +  La mise à niveau de la ligne Grenoble-Gap (installation d'une signalisation capacitaire, probablement un BAPR centralisé à Veynes), le doublement des voies entre Pont-de-Claix et Jarrie, et la création d'un point d'évitement à St-Martin-de-la-Cluse. Concernant celui-ci si les trains s'arrêtent, autant en profiter pour créer une halte, ou plutôt devrait-on dire REcréer un arrêt voyageurs car il y en avait un il y a des années…
   +  L'aménagement d'une nouvelle voie entre Moirans et le tunnel de Voreppe dans un premier temps.

Tout cela suffirait à atteindre l'ambition fixée au PDU, mais il faudrait attendre… 10 à 15 ans ! C'est vraiment très long, quand on connait l'urgence climatique et les difficultés chroniques de circulation dans la Métropole.

Enfin, sont également envisagées, selon les budgets qui seront débloqués et les ambitions politiques des dirigeants :
    +  La création d'un saut-de-mouton au niveau de la bif. de Veynes si le tram-train Grenoble-Vizille est construit un jour : ça serait plus que souhaitable, mais l'ambition affichée se heurte  à un coût élevé, des contraintes portées par les PPRT de la "vallée de la chimie" grenobloise, et à de potentielles expropriations pour un tel projet. J'ai repéré le centre technique métropolitain qui constitue du foncier facilement mobilisable pour la création du saut-de-mouton, reste à savoir si c'est suffisant pour y insérer une telle emprise.

Ce tram-train pourrait aussi se greffer à la ligne RFN Grenoble-Gap après la bifurcation, puis partir desservir l'ÉToile, l'ancienne gare de Pont-de-Claix, une nouvelle halte à Champagnier desservant la ZA Saut-du-Moine en pleine extension, Jarrie et Vizille (avec un nouveau passage en mode tram pour aller jusqu'au château : clientèle touristique assurée !)
   +  La mise à 2 voies quasi-totale entre St-Marcellin et Romans pour améliorer la robustesse de Grenoble-Valence. Malhereusement, à cause d'un pont-rail au-dessus de l'autoroute, celle-ci ne sera probablement jamais à 2 voies sur tout le parcours - on peut dire un grand merci aux ingénieurs de l'A49 et aux hommes politiques laxistes pour avoir conçu un pont à 1 seule voie ferroviaire à l'époque : des génies !
  +   La mise à 4 voies entre Grenoble et Voreppe - visiblement le doublement du tunnel (qui est en réalité une grosse tranchée couverte, donc pas si technique à réaliser) est passé à la trappe. Celui-ci n'apparaît pas utile tant que le NFL ne sera pas en mesure d'augmenter la capacité des trains entre Lyon et Grenoble… il n'empêche que ce tunnel deviendrait un goulot d'étranglement limitant toute hausse potentielle du trafic : c'est à réaliser à long terme.

Les oublis

L'ambition du projet pour l'étoile ferroviaire de Grenoble est intéressante mais met de côté plusieurs points essentiels à la constitution d'un territoire tourné autour du chemin de fer :

- La réouverture de la ligne Rives / St-Rambert, qui se justifie amplement et sur toute sa longueur par :
  +  La forte périurbanisation que connaît la Bièvre (desserement de Grenoble et aussi de Lyon) et le besoin de proposer une solution ferrée, seule alternative viable pour relier ce territoire à Grenoble,
  +  Le potentiel de cette ligne pour désaturer et délester si besoin l'axe Lyon / Bourgoin / St-André-le-Gaz,
  +  Le passage du fret de citernes Grenoble-Sibelin par la Bièvre, ce qui libère des sillons sur l'axe cité ci-dessus,
  +  La création de nouveaux services directs type Intercités régionaux, reliant Modane ou Albertville à Clermont-Ferrand, via Grenoble, Beaurepaire, Vienne, St-Étienne et Thiers (si la ligne du Forez est sauvée, ce qui n'est pas gagné).

- La création de nouvelles gares maillant plus efficacement le territoire, je pense à :
  +  une gare entre St-Égrève et la Presqu'ile, voire la suppression de la gare de St-Robert peu accessible par une halte à Karben et une autre vers Les Glairaux ou La Buisserrate,
  +  Une nouvelle gare entre Échirolles et Gières, soit au croisement avec la Route Napoléon (correspondance avec le C4) soit vers Étienne Grappe,
  +  Une gare entre la rue des Alliés et le Rondeau, qui soit en correspondance avec le C5 ou le C6 et qui desserve mieux le 38100.
Certaines d'entre elles sont simplement envisagées… après 2030.

- la réflexion sur la section de ligne Échirolles-Grenoble, qui pourrait se retrouver assez rapidement à la saturation. Sii le quadruplement des voies senble impensable vu la configuration des lieux, peut-être que la mise en place progressive de trains équipés pour l'ERTMS niveau 2 (suppression de la signalisation latérale augmentant les capacités des voies d'environ 20%) pourrait permettre, à terme, de répondre à cette problématique.

- La refonte des plans et réseaux de bus pour inscrire les lignes de RER comme éléments structurants de toute l'aire grenobloise, à l'instar de l'aménagement des réseaux franciliens.

Conclusion

Le projet de RER grenoblois consiste surtout en l'amélioration notable d'une desserte ferroviaire déjà assez fournie et plutôt bien pensée. Il est toutefois nécessaire de ne pas faire les aménagements dans une logique minimale mais plutôt de penser le fer comme mode principal de déplacement dans l'aire grenobloise. Complétant à merveille une politique cyclable ambitieuse, il ne doit pas non plus se substituer à l'amélioration du réseau de tramway. Il me semble nécessaire de réfléchir plus loin et d'envisager Grenoble comme véritable carrefour ferroviaire, et non comme sous-destination de l'étoile lyonnaise. À ce titre, la relance de liaisons directes à grande distance depuis la capitale du Dauphiné est à réfléchir, alors que les opportunités sont nombreuses : projet Railcoop, réouverture de la ligne de la Bièvre, corridor fret du Sillon alpin. C'est en se projetant ainsi que l'étoile ferroviaire grenobloise (re)trouvera sa place et assurera un rôle capital dans la mobilité des Sud-Isérois.

Dernière modification par dauphinoix (30-10-2020 14:25:50)

dauphinoix a écrit:

La seconde phase de travaux est plus ambitieuse, avec notamment :
   +  L'aménagement de l'avant-gare de Grenoble pour accueillir plus de train (créations de quais-terminus, dans le même style que la voie S d'Annecy par exemple), utile aux Lyon-Grenoble notamment,
   +  La mise à niveau de la ligne Grenoble-Gap (installation d'une signalisation capacitaire, probablement un BAPR centralisé à Veynes), le doublement des voies entre Pont-de-Claix et Jarrie, et la création d'un point d'évitement à St-Martin-de-la-Cluse. Concernant celui-ci si les trains s'arrêtent, autant en profiter pour créer une halte, ou plutôt devrait-on dire REcréer un arrêt voyageurs car il y en avait un il y a des années…
   +  L'aménagement d'une nouvelle voie entre Moirans et le tunnel de Voreppe dans un premier temps.

Merci pour ce récap et pour ces remarques pertinentes, cette 2ème phase est celle qui m'interpelle le plus ! L'agglo grenobloise étant déjà remarquablement bien desservie à mon humble avis, ce serait extraordinaire qu'un tel projet se mette en place. Mais ne serait-il pas trop ambitieux ? Le mieux n'est-il pas l'ennemi du bien ?

Toutefois, j'ai beaucoup de mal à imaginer des gares RER au milieu de la rue des Alliés (pourquoi pas sur le cours de la Libération pendant qu'on y est ! ). Comment vois-tu les choses ? Car cela me semble improbable, sans compter qu'il reste tout de même des raccordements plus "pratiques" à faire au niveau du Pont de Claix, d'Uriage, et voire de Meylan.

Un RER métropolitain à Grenoble : "J'appelle à la mobilisation du gouvernement" (Sylvain Laval)

Pour réellement diminuer la circulation et le flot de voitures aux entrées de la métropole de Grenoble, le moyen à mettre en œuvre est sans aucun doute le train. Grenoble aura-t-elle un jour des trains de banlieue, comme en région parisienne ? Le projet existe, mais rien n'est signé.

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2035 ? En réalité déjà 2037...
Alors, ce RER, c'est pour quand ? 2035, ça vous semble loin ? Et bien, c'est sans doute l'horizon du projet de RER métropolitain à Grenoble. Pour faire des trains plus souvent, c'est impossible aujourd'hui en heure de pointe. Il faudrait tout simplement une nouvelle voie. En réalité pas une mais deux, parce qu'il faut des trains dans un sens et dans l'autre. Cela veut dire des terrains à acheter, des nouveaux rails et donc des investissements très lourds. On en prend la mesure en le disant. Au nord, au sud, à l'est de Grenoble, en somme, redessiner ou plutôt réaménager le "Y ferroviaire".

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L'horizon de voir un tel projet signé passe par un engagement de l'Etat avec l'autre collectivité stratège des transports du quotidien, c'est bien sûr la Région. L'Auvergne-Rhône-Alpes souhaite publier sa feuille de route transports d'ici juillet sans doute pour voir qui arrive à l'Elysée et quel sera son programme.

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Quant à la facture, on parle d'un investissement de 700 millions à 1 milliard d'euros pour un équipement efficace entre Voiron et Grenoble. Pourtant, tout ça est déjà concret avec des projets en cours dans le Grésivaudan, sur les gares rénovées ou sur la voie de retournement qui permettra aux TER de faire demi-tour. Les choses changent déjà autour de Grenoble, mais pas assez vite pour accompagner le besoin de transport et l'impérieuse nécessité de limiter la pollution. Quant à l'autre axe ferroviaire vers le sud, vers le Trièves et les Hautes-Alpes, il est aujourd'hui à l'arrêt pour des premiers travaux de "sauvegarde". Mais là non plus, rien n'est financé pour son possible aménagement futur en "RER métropolitain".

https://www.francebleu.fr/infos/transpo … 1646847123

Construire une autoroute prend du temps aussi, c'est les mêmes procédures administratives, après, il est clair que le dossier du RER à Lyon, Grenoble n'est pas en haut de la pile du président de région contrairement à Strasbourg, Lille, Bordeaux, et Nice, Marseille (LNPCA)