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Pourquoi l’architecture contemporaine française est-elle médiocre ?
Biennale de Venise, Atlas Phaïdon de l'architecture contemporaine, concours internationaux, Pritzker Prize ; l’image renvoyée par tout ce qui ressemble à un événement international autour de l’architecture ne tourne jamais à l’avantage de l’architecture conçue à l’intérieur de l’hexagone. Image trop institutionnelle, trop étriquée, trop “en dedans” des débats qui agitent les sociétés urbaines développées. Mais aussi trop frileuse vis à vis de l’invention, de l’exploration, de l’utopie, trop conservatrice, trop éculée, trop politique et .... trop absente des confrontations internationales ( voir le concours Hunter-Douglas pour les étudiants des écoles d’architecture : http://www.archiprix.org )
Il y a bien quelques succès en Chine, mais, de son temps, Mireille Mathieu aussi avait beaucoup de succès en Chine. ( http://www.mireillemathieu.com )
Pendant ce temps, il ne se passe pas une semaine sans l’annonce spectaculaire de la réalisation à travers le monde d’un projet complètement innovant, audacieux, libéré et décomplexé, émancipé et affranchi aussi bien de la pesanteur que de toute référence culturelle.
31-03-2005 a écrit:
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Bof... Phaïdon est une référence, mais juste une référence livresque. Je pense qu'il est de bon ton de vouer aux gémonies d'architecture française, qui est sans doute en crise d'un point de vue structurel, mais sans doute pas du point de vue de l'imagination. De toute façon, cela est cyclique, tous les 10 ans on frappe sur les archis Français avant de les remonter au pinacle quelques temps après. Ca ne m'inquiète pas trop...
Et puis que diable, l'économie française actuellement ne favorise pas le délire, tandis que mine de rien, La Défense ne cesse de grandir et de retourner aux grands projets depuis quelques temps... Quant à ce qui se fait en province, le seul problème réside dans le fait que ce n'est pas médiatisé, mais ça bouge de partout...
Non non, l'archi française n'est pas plus médiocre qu'une autre, simplement sans doute de communique-t-elle pas très bien en ce moment, c'est tout...
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le problème de la France c'est que c'est un pays qui est dirigé par des gens venus d'un autre temps en tout cas d'un temps ou l'architecture n'existait pas encore. Le traumatisme des grands ensemble n'arrange pas les choses mais il s'agit d'un problème de police pas d'architecture à moins de penser qu'une certaine cathégorie de la population Française soit pas capable de vivre en société, considéré cela serait croire en les thèses d'inégallité raciales ce qui serait scandaleux et illogique. De toute façon les gens aurait le choix de ne pas y vivre, mais reste à laisser le choix de la hauteur à d'autre. C'est cela une société ouverte. Pour résumer j'ai l'amère impression que la France est un pays en voie de sous développement contrôlé et dirigé (pour quel but?). Je ne comprend pas pourquoi l'inovation fait peur? Je ne comprend même pas le débat des tours dans Paris, c'est une évidence!!!
Ceci nous rapporte au rôle de la province dans tout cela, si la capitale n'est pas capable d'entrevoir le monde par sa petite meurtière derrière ses vieux murs de cailloux, alors la province doit réagir et faire ce que la limasse pussiéreuse ne peut pas faire, c'est ça aussi la décentralisation. Plantons des tours en province et des vaches à Paris
En tout cas il faut faire bouger les choses, on est un peuple de révoltés alors que se soit dans le bon sens!
Le monde doit rire de nous et je ri aussi mais ce rire est amer, celui de constater la molesse de mon pays qui pourtant possede un potenssiel immence.
Ce que tu dis n'est pas faux, mais je ne suis pas d'accord entièrement sur la molesse dont tu parles. Il faut nuancer. La Défense est le plus grand CBD d'Europe, n'oublie pas...
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En même temps mis a part paris et sa banlieue, le reste du pays n'est pas trés gaté par les projets ambitieux...
La plus haute tour de province ne dépasse pas 165m et le nombre de tour dépassant 100m est trés limité, dommage ça donnerait une image moderne de notre vieux pays.
ARCHICOOL 30-10-2005 a écrit:
Chaix & Morel au bassin de la Villette ( magasins généraux) . Une déception architecturale ou l’échec de la création, au détriment du gabarit imposé.
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Déception de voir de tels architectes proposer une solution aussi pauvre à l’emplacement du “magasin général” détruit par un spectaculaire incendie au tournant des années 90.
( On peut se faire une idée du projet Chaix & Morel, sur la lettre de la SEMAVIP ( format pdf)
http://www.mairie19.paris.fr/actualites … IP0105.pdf
Il faut revenir quelques années en arrière pour comprendre ce qui s’est passé en France autour de l’architecture au tournant des années 90.
Nous sommes au milieu des années 80, une génération d’architectes vient d’émerger , de par l’obligation voulue par M Valéry Giscard d’Estaing, à la fin des années Soixante dix, lorsqu’il était président de la République, de passer l’attribution de la conception des équipements publics par des concours d’architecture.
(...)
A cette époque ( que l’on peut située juste avant la livraison de l’IMA et avant le concours de la BNF, ) les années 1985 à 1989 si vous préférez. A cette époque, les écoles d’archi ne veulent pas encore entendre parler de Nouvel, ( il faudra attendre la livraison de l’IMA 1987, pour cela, ) elles ne jurent alors, que par les Paolo Porthoghesi, les Aldo Rossi ( http://www.pritzkerprize.com/rossi.htm) etc.
(...)
Puis, tout s’est arrêté. Les hollandais se mirent à voler plus vite que les autres, les allemands sortaient du mur, les espagnols découvraient la liberté, les américains lisaient aussi vite Derrida, que les modes d’emploi des softwares.
En France, une chape tombait sur l’architecture, on peut la situer, arbitrairement, à l’époque de la livraison de la BNF François Mitterrand, mais il faudra un jour écrire qui en furent les responsables. La création en France allait entièrement s’effacer. Aujourd’hui, tout se passe aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne au Portugal, au Royaume Uni, aux Etats Unis, et demain en Chine. Les français semblent réduits à faire, au mieux, du : “ Vu aux Pays-Bas l’année dernière ! ”
J.A
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Je suis tout à fait d'accord avec les intervenants précédents. L'ambition architecturale française est "poussiéreuse", enfin du moins en dehors de la Défense.
J'aime bien le projet de la tour qui va être construite à Marseille-Euroméditérranée. Lyon a sa tour du crédit lyonnais, Nantes a sa tour de Bretagne et après ... ... la province est pauvre car je ne vois rien d'autre de "puissant et ambitieux". Je parle biensur de la construction ou la présence de tours dignes de ce nom.
Quand vous regardez en Espagne la nouvelel tour de Barcelon en forme d'ovoïde qui abrite la compagnie d'eau de Barcelone, quand vous voyez le projet de trois tours de verre moderne surplombant la future gare TGV de Valence (la plus haute doit faire 330m) et Valence c'est grand comme marseille. Alors imaginez ce que l'on pourrait aussi faire dans nos grandes villes.
Pour info les tours de calatravas a valencia ne sont toujours pas sur de voir le jour..Pour faire des tours il faut pouvoir les remplir aussi.
Dernière petite info, la ville de Valence est endettée jusqu'au cou! Je crois que l'on chiffre cela a plusieurs generations de valenciens qui devront payer les travaux engendrés. Ceci étant dit il est vrai que depuis plusieurs années les villes de province espagnoles sont dynamique du point de vue immobilier.
Enfin, marseille est depuis plus de deux ans est un chantier à ciel ouvert..j'essairai de tenir un peu à jour le thread sur marseille.
LE MONITEUR 12-12-2005
"Eloge de la tripe" par Jacques-Franck Degioanni
Dieu que la technique semblait belle en ce temps là... La Pacific 231 faisait rêver Honegger, Corbu théorisait la "machine à habiter" et, plus tard, le Centre Pompidou, toutes tripes à l'air, poétisait les fluides, les réseaux et les chemins de câbles... Le progrès n'allait pas sans sueur, inspiration rimait avec transpiration, et des expressions comme "vérité structurelle" ou "culture technique" faisaient encore sens...
Las! L'esthétique de la dissimulation triomphante a remisé structure et tripaille au rang d'accessoires superflus, à grands renforts de capotage, faux-planchers, armoires techniques et autres plafonds suspendus. Indispensables mais honteux, tels apparaissent aujourd'hui les capteurs, gaines, conduites et brassées de fibres de tout poil qui truffent et innervent nos constructions.
Qui reprendra des tripes?
Jacques-Franck Degioanni est chef de la rubrique Architecture du Moniteur
http://www.lemoniteur-expert.com/depech … amp;mode=2
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Je ne suis pas vraiment d'accord avec vous.
Il est vrai qu l'architecture manque cruellement d'ambition, mais la différence entre la France et le Royaume Uni par exemple est notoire. Allez à Londres, certes les architectes ont eu de l'audace. Mais 30 ans après le centre est une salade de toutes les architectures, ce qui fait un mélange ni homogène ni beau. D'autre part nous avons en France un patrimoine qui nous interdit de faire n'importe quoi. Je ne verrais pas trop une tour pres de la Défense. Des grands projets, il y en a, mais couvrir nos villes de constructions américaines de centaines de mêtres de haut ne m'apparait pas le meilleur dynamisme qui soit.
Il est certain que les centres villes sont un peu sclérosés, notamment le Paris d'Haussmann, mais mettre une tour, même en verre Boulevard Haussmann...
Je ne sais si vous connaissez Bordeaux : le centre est entierement XVIII (allez voir sur la rubrique).
Eh bien il y a Allées de Tourny et Rue Esprit des Lois deux batiments construits à la place d'immeubles XVIII dans les 70's. Aujourd'hui, ce qui semblait moderne et dynamique à l'Epoque est une horreur et dénote completement avec la rue au point de n'être que des verrues défigurant l'ensemble.
Je crois qu'il est crucial d'avoir des projets ambitieux, mais qu'il l'est tout autant de préserver notre patrimoine qui fait de la France ce qu'elle est ( les touristes vont à Marne la Vallée ou Place des Vosges???ou dans le Veme???)
Un projet ambitieux, contemporain, novateur, ne passe certainement pas obligatoirement par l'édification d'un IGH bastos.
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C'est à dire que je pense qu'il est délicat de juger en général. Et il est vrai aussi qu'on se fait à tout ( Montparnasse ou Meriadeck qui ne sont pas des réussites, du moins exterieurement et se fondent peu dans la masse alentour.)
Mais en revanche des projets plus légers me plaisent davantage ( Grand Louvre, effectivement le projet pour Marseille que je connaissai d'ailleurs ou la Passerelle de Tolbiac, ou, je ne sais si vous connaissez à Bordeaux la Galerie des Grands Hommes)
En fait je crois que le danger est que les constructions écrasent leur environnement( type Meriadeck ou Montparnasse) ou qu'elles ne se marrient pas du tout , comme je vous le disait dans mes exemples plus avant sur Bordeaux où les immeubles font la même hauteur que les autre, mais sont des immeubles modernes années 60/70 qui cassent avec le XVIII alentour.
Ainsi je pense qu'en France ce marriage est plus délicat qu'à létranger, par exemple à Berlin où la ville entière se reconstruit, ce qui permet toutes les folies. Voyez plutôt :
Pourquoi faut-il forcément de l'audace pour faire de belles choses? Les bâtiments haussmaniens sont-ils réellement audacieux? Non, et pourtant ils sont beaux et sont admirés de tous...
Par ailleurs, j'aime beaucoup l'approche de l'architecture "à la française" de ces derniers temps: ce respect du patrimoine (et Dieu sait que ce patrimoine est riche dans notre pays)... la volonté de construire un bâtiment qui s'intègre dans son environnement. Intégrer le moderne dans l'ancien tout en harmonie (Le grand Louvre, le palais royal et les colonnes de Buren, l'Opéra de Lyon ...). Alors, bien sûr, ce n'est pas la meilleure façon de faire de l'"audacieux" (du moins pas comme on l'entend dans ce monde mondialisé... Pourtant on polémique et on critique pour ensuite s'apercevoir du réel talent des architectes, de la réussite de ces projets, du succès et du prestige de ces architectures, n'était-ce pas le propre de l'avant-garde et de l'audace?) mais c'est sûrement la meilleure façon de faire de beaux quartiers et donc de belles villes harmonieuses et agréables à voir et à vivre... Quand Bastos dit que "ce mariage est délicat", il a raison et moi j'ajoute que la plupart des projets français qui sont dans cet optique sont couronnés de succès. "Ce mariage" a plus d'audace et de folie qu'une Bionic tower, selon moi. Tout dépend du sens que l'on donne au mot "audace", finalement.
Et je préfererais toujours les dimensions haussmaniennes aux immenses tours de dubai et consort ... A voir ceci et à entendre bon nombre de personnes, le futur ne peut être que vertical et très haut ... Exit les "low-rise"... C'est du n'importe quoi. Il faut du "low-rise" pour mieux apprécier de grandes tours. On a de tout temps construit des tours mais jamais exclusivement des tours ... Ce serait tellement monotone et inhumain. Je suis bien content que la France et Paris ne fassent pas partie de la "course au plus haut gratte-ciel" et la course à la soit-disant "audace" (tel qu'on la conçoit dans le reste du monde, du moins)... C'est complétement ridicule. Laissons nos voisins construire des tours d'1 km ! A nous les murs végétaux etc...
Pourquoi vouloir faire comme tout le monde, des tours, des tours, des tours??? Je pense que la France et Paname ont toujours évolué "dans leur coin", sans trop céder aux modes (baroque etc...) et il faut garder cette "exception" car c'est ça qui fait la beauté de notre pays. Soyons heureux que la France cultive sa différence architecturale ! N'était-ce donc pas ceci,dans le fond, l'audace Française?
@ Rimbe
Ton point de vue se tient et me paraît très intéressant.
(Musée David d'Angers, restauré en 1984)
Cependant, je ne pense pas que le respect patrimonial et l'intégration du nouveau dans l'ancien, puisse exclure catégoriquement les objets architecturaux verticaux. D'ailleurs, quand on y pense, la cathédrale de Strasbourg et ses 142 mètres est restée très longtemps le plus haut bâtiment du monde. Dès lors, je suis d'accord pour penser qu'il serait absurde de faire table rase du passé pour construire des gratte-ciel dans les centres historiques, mais je pense aussi que comme ce type d'objet est emblématique d'un temps, il est nécessaire d'en construire dans des endroits où non seulement ils s'intégrent, mais plus, où ils construisent un paysage. J'aimais d'ailleurs beaucoup l'idée d'acupuncture de Nouvel pour Paris. Il ne s'agit pas de copier, de 'faire comme tout le monde', d'après moi, mais bien de prendre en compte certains types de fonctions urbaines et d'y apporter la meilleure solution.
Un quartier de tours, cela permet de libérer de l'emprise au sol pour des espaces verts, de regrouper des services de proximité, de rationnaliser les transports en communs en densifiant certaines polarités, et de lutter contre l'étalement qui est néfaste pour les franges. De plus, cela permet, dans une certaine mesure, de réguler la programmation territoriale à échelle globale, et de rendre utiles de gros aménagements afin de les rentabiliser (métro, tramway, salles de congrès ou de spectacles, etc...) Il n'y a pas là que du négatif
L'erreur serait par contre d'intégrer ces systèmes urbains n'importe comment, n'importe où, d'en faire un acte gratuit ou un manifeste. A Dubaï, cela ne coûte rien au patrimoine, il n'y a que du sable A Chicago non plus, l'immense incendie qui a eu lieu en 1871 a permis une reconstruction presque ex-nihilo. Les bombardements ont permis aussi à un certain Perret de reconstruire le Havre sans éroder l'existant.
Par contre, le plan Voisin du Corbu pour les 4 arrondissements centraux aurait été une folie furieuse, car finalement, on aurait sans doute sacrifié des strates constitutive de Paris au profit d'une vision du monde fort éphémère, et mal maîtrisée.
Prends le XIIIème arrondissement, qu'est-ce qu'on y voit ? Du premier coup d'oeil, des tours identiques, qui paraissent cheap pour la plupart, l'exemple du 'commieblock' répété à l'infini. Et pourtant, ce vieux quartier industriel comportait des poches de pauvreté crasse, avant qu'on se charge de revoir le tout (ce 'on' étant par exemple Michel Holley ou Albert Ascher si mes souvenirs sont bons). Et le quartier a été créé dans le sens d'Haussmann mine de rien : aujourd'hui, on décrie l'uniformité des hauteurs, mais cela respecte les lois d'alignement et d'uniformité imposées par le Consulat
Dès lors, la tradition et la modernité, cela ne fait pas touours bon ménage, mais quand on y pense, la plupart des premiers gratte-ciel américains s'inspiraient des cathédrales, et beaucoup d'assument comme néo-gothiques ou néo-classiques. En fait, je ne pense pas qu'on puisse concevoir de système architectural ex-nihilo, ne serait-ce que parce que les mouvements et courants s'inspirent toujours du passé, sont une redécouverte des valeurs connues. Ainsi, arriver à modéliser un système architecture qui s'intègre, c'est s'appuyer sur des strates, mais aussi les citer d'une part, et d'autre part d'y opposer et assumer la modernité du contraste entre le nouveau et l'ancien. C'est ainsi que cet objet fait sens. Tiens, par exemple, je pense à la Fondation Cartier de Nouvel, en plein boulevard Raspail. Cet objet résonne avec l'environnement, fait resortir l'architecture et l'agencement du boulevard, tout en le réfléchissant, et en s'y opposant drastiquement. Ce paradoxe est justement l'apanage d'une réappropriation des valeurs haussmanniennes, respectant alignement et vélum, et d'un contraste assumé avec elles.
htt://www.lightningfield.com/2004/06/231.jpg
http://www.lightningfield.com/2004/06/233.jpg
http://www.galinsky.com/buildings/cartier/cartier1.jpg
Donc, je pense qu'un îlot vertical peut entièrement assumer cette fonction de mise en valeur de l'ancien, de contraste et d'opposition s'appropriant l'ancien pour le mettre en valeur tout en s'assumant.
Regarde cette image de Montréal :
http://www.globosapiens.net/data/report … -934-6.jpg
Ce jeu de miroirs est impressionnant, et finalement il existe par exemple entre La Défense et le centre historique de Paris, même s'il est là au sens figuré davantage qu'au sens propre... Les deux sont en entière complémentarité, La Défense ne tue pas Notre-Dame qui ne tue pas La Défense. Les deux sont partie intégrante du patrimoine, et c'est cette manière d'assumer les strates qui est sans doute effectivement l'un des traits constituants de l'audace à la Française.
C'est marrant que tu parles de ça aujourd'hui, car hier j'ai fait une réponse sur ce sujet dans un forum concurrent mais néanmoins ami. Je vais la reproduire dans un post suivant car elle est un peu longue ( ). Mais cela montre que cette problématique que tu soulèves est tout à fait passionnante, en tout cas !
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L'objet de la discussion était de se demander si Paris avait jamais inventé un style, avait été le porte-drapeau d'un système architectural qui aurait jamais fait des émules hors frontière, ou si cette ville a au contraire toujours été à la traîne par rapport aux autres, en se réappropriant avec retard différents courants. Voici mon avis, mais comme toujours, il n'engage que moi !
Si on transpose votre discussion à la littérature, les Allemands ont inventé le romantisme, notamment sous la plume de Novalis. Le romantisme s'est exporté en France et a donné les ouvrages que l'on connaît des auteurs que l'on connaît. Ce courant, épuisé, a donné naissance à un système contradictoire, qui est pour l'un le Parnasse (avec sa propension à se fonder sur les classiques mais à utiliser des thèmes darwiniens donc très en pointe), et l'autre le réalisme, qui reprend les grandes lignes du romantisme en s'inscrivant dans une recherche de la 'psychologie' des hommes. Le premier deviendra symbolisme en s'affranchissant du néoclassicisme, le second le naturalisme en théorisant l'écriture d'après les écrits de Claude Bernard. Le tout se rejoindra enfin avant l'apparition du pré-surréalisme et donc un radical changement déstructurant, dans le décadentisme. Là, on a en un trait environ un siècle de littérature en France.
Est-ce que l'un ou l'autre de ces courants est purement Français ? Mieux, est-il purement parisien ? Encore plus précis, est-il né rue Machin au café Procope, ou rue Truc au salon de la mère Caillavet ?...
Cette question n'a aucun sens, on parle de synchronicité pour décrire des mouvements parallèles qui suivent une évolution similaire, même si les auteurs ne se connaissent pas, ne parlent pas la même langue, et n'ont aucune idée de ce qui se passe par ailleurs. Idem, encore mieux, pour les passerelles existant entre les différents arts, comme la littérature ou la peinture par exemple.
Un exemple, c'est la figure de Salomé. Thème biblique tombé dans l'oubli pendant des siècles, on comptait en 1896 plus de 2750 sonnets sur ce mythe, à travers des prismes fort divers, que ce soit sous l'oeil du romantisme, le parnasse, etc... Et toutes ces interprétations ont nourri le décadentisme. Salomé est-elle une figure française, hébraïque, romaine ?... On s'en tape, c'est juste un constituant central de la littérature d'un temps. Et comme ce temps est concentré dans l'esprit de différents mouvements (ce sont des représentations), il est normal que des symboles anthropologiques soient communs à tout le processus littéraire sur une période de 50 ans, même si les courants sont en opposition.
En archi, je vois le même processus d'appropriation, nourri de plus à l'orbe des techniques, des savoirs-faires et des migrations (genre l'art déco, par exemple, c'est italien à la base, mais cela s'est épanoui en France sous l'effet de la vague d'immigration vers 1917, surtout dans l'ouest de la France). Le classicisme à la Française, ce n'est qu'une appropriation du classicisme gréco-latin. Mais revisité selon l'esprit d'un temps, selon de nouvelles techniques dont les structures acier, et donc c'est un néo-classicisme à part entière, peu importe qu'il soit d'origine papoue ou esquimaude : c'est un courant qui se suffit à lui-même, et étant français, c'est évidemment en France qu'il marque le paysage (vive les lapalissades). La stratification, la genèse du courant, c'est primordial certes, mais je ne crois pas que cela soit une question de paternité...
Maintenant, si Paris digère lentement, du moins selon vous, c'est sans doute pour deux raisons : la planification qui change la donne et qui réglemente pas mal les choses, sachant que ce qui est réglementaire est donc réfléchi et non spontané ; et d'autre part, une succession de crises politiques ou économiques qui font que finalement, l'art et la beauté passent au second plan.
Pour autant, tous les courants sont représentés à Paris, depuis les Arènes de Lutèce jusqu'à Montparnasse, mais il est évident que certains émergent, ceux qui ont marqué la ville en profondeur lorsque justement on a dépassé les crises et choisi de planifier. La planification, on peut l'envisager comme des parenthèses dans le continuum temporel. Haussmann, Belgrand, certes, sous Napoléon III, puis les courants hygiénistes qui ont décrété que le problème des taudis devenait prégnant, et c'est là que Corbu et consorts interviennent en rationnalisant la ville et ses fonctions, comme Perret a tenté de le faire également.
On est sous le joug d'une stratification à Paris, mais depuis la Monarchie, on est dans l'optique d'un aménagement rationnel (voir les Places Royales), et donc de parenthèses particulièrement assumées. Cette rationnalité demande du temps et de la volonté politique, c'est à dire une vision du monde, une lecture systémique et globale du territoire, et un cap à tenir. Il est clair que les guerres et les crises économiques rendent cette démarche relativement aléatoire. Mais cela permet de dépasser les effets de mode, et comme en littérature, d'assumer des manifestes de l'esprit d'un temps en assumant ses partis pris. Ce rationnalisme à la française est cartésien, comme toujours, et il rejaillit jusqu'à aujourd'hui.
Dès lors, je ne sais pas si on peut parler de lente digestion, parce que je trouve que les appropriations de toutes les influences sont solides et plutôt assez rapides si on regarde ne serait-ce que les 3 derniers siècles comparés à ce que Paris devait être auparavant. Cependant, il est clair que cet engagement est celui du temps de la ville, qui n'est pas le temps humain (nous on regarde 5 ans comme une éternité, pour une ville 5 ans c'est juste le temps d'un souffle). Mais ce rationnalisme à la française fait qu'on y pense à plusieurs fois avant de détricoter l'existant pour le rompre à une idéologie nouvelle (voir le Plan Voisin par exemple) qui n'ait à la base fait ses preuves. On a en France une attitude patrimoniale, parce que ce sont ces strates qui font la richesse de la ville, et que cette richesse est elle aussi assumée. Pour continuer le parallèle, à l'époque du symbolisme, je ne crois pas qu'il était question de mettre le feu aux bibliothèques comportant des ouvrages d'avant 1850. Seuls ces cons de surréalistes ont eu cette sublime idée, ce qui avec du recul frise la plus intense bêtise. En archi, c'est un peu pareil. En France, l'idéologie d'un courant archi peut s'approprier des tas d'autres courants, mais de quel droit elle les renierait ou les corrigerait à sa guise ? Chez Staline, chez Mao, chez les surréalistes qui étaient des extrêmistes eux aussi dans leur genre, on a vu ce que ça donnait. Ca a été rapide, de remplacer le patrimoine par le fonctionnalisme issu du collectivisme. On avait pourtant vu ce que ça donnerait d'un point de vue social et patrimonial en littérature chez les utopistes, chez fourier notamment et ses phalanstères. L'idée n'était pas française, mais anglaise, d'ailleurs, la cité jardin vient de Ebenezer Howard, fin XIXe, en pleine émergence du positivisme (qui lui est français et qui sera théorisé par Comte, ce qui prouve que les problématiques de provenance, on s'en tape). La 'lenteur' du processus d'appropriation, en France, à la lumière de cette manière idéologique ultra rapide de détruire pour reconstruire, ailleurs, me paraît... plutôt rassurante. Le révolutionnaire, c'est un romantique sur le moment, mais s'il rate le tournant, il engage le temps très au-delà de sa propre petite vision d'humain. Le visionnaire, c'est autre chose... Alors, les Verts parisiens sont-ils révolutionnaires, ou visionnaires ? Deux écoles...
L'immobilisme parisien est donc très relatif, le temps de la ville n'est pas le temps humain. Je n'ai jamais vu Paris comme immobile, comme suiveuse, à la traîne, bien au contraire, c'est un système autoportant, il se cherche dans ses strates, et il évolue par à-coups, dans le refus des extrêmismes et des idéologies qui font d'un lieu de vie un simple manifeste qui risquerait d'être tellement vite remplacé par un autre.
Paris est bel et bien une ville du XXème siècle (pas encore du XXIème, celui-ci n'a que 6 ans pas encore révolus) et les traces de ce siècle, qu'elles plaisent ou non, sont de nouvelles strates qui n'attendent que les suivantes. Elles viendront de manière endémique, darwinienne, parce que le temps d'une ville, c'est comme la dérive des continents, ça ne peut pas s'arrêter, même si un idéologue Vert le souhaiterait en frappant de ses petits poings sur le coin d'une table en voulant se faire passer pour un visionnaire. On ne se décrète pas visionnaire, on ne le devient qu'a posteriori.
Heureusement, tout au long de l'histoire de l'art, on constate que c'est par réaction à des états de fait que de nouveaux mouvements sont nés... On est là dans une période d'oppositions et de recherche, mais on n'a plus de vision du monde, de projet urbain. Pourtant, celui-ci est en train de se dessiner, sous la pression foncière, économique, sous la recherche d'une renommée, et parce que l'archi continue d'évoluer, comme tout art qui se respecte. La Défense n'a que 60 ans, mais elle est en train de continuer sa mutation, car en tant que quartier fonctionnel, cette mutation est intégrée à la mutation même de ses fonctions (tertiaires, de représentation, etc...) Cette dynamique entraînera Paris nécessairement vers le changement, et donc vers la nécessité d'une fédération de ce changement en vision rationnelle et globale - fédération qui est donc un mouvement - , car j'ose quand même le dire ici, La Défense est une partie de l'entité Paris, qui au XXIème siècle, fait environ 10 millions d'habitants... Comme toujours, on englobera ce système architectural pour le faire nôtre, assumé, approprié, et donc il deviendra une strate supplémentaire de l'histoire de la pensée et des mouvements architecturaux parisiens et uniquement parisiens. C'est la même chose pour toute ville, même si les trajets diffèrent, dans le fond, non ?
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A Paris, par contrainte (la loi), nécessité (l'espace), prudence, ou sensibilité à l'histoire et au patrimoine, l'aménagement de la ville est en grande partie maîtrisé. Notamment en hauteur. C'est une chance. Des aberrations architecturales on en voit aussi, des tours qui constituent des verrues dans un paysage urbain aussi. Tout le monde n'a pas la même sensibilité, ni les mêmes préférences en matière d'esthétique et d'urbanisme. Mais les tours et les IGH, on les voit de loin, elles s'imposent dans le paysage, on les impose donc à tout le monde ; leur voisinage c'est la ville entière, elles peuvent même en devenir le symbole, plus ou moins heureux. Ce qui devrait inciter à plus de modestie ceux qui les concoivent et les construisent, et à une plus grande concertation ceux qui les décident.
Moi, je pense que Paname n'a jamais vraiment cédé aux thèses, idéologies et courants (le baroque, la course aux IGH etc). Evidemment, cette ville ne s'est pas faite "toute seule", autant en littérature qu'en archi mais elle a toujours gardé une espèce de distance par rapport aux courants dominants les autres pays. Et c'est ça selon moi qui fait la beauté de Paris et sa force. Alors pourquoi vouloir faire de Paris une jungle de tours, comme toutes les villes américaines? C'est allé à l'encontre de l'urbanisme à la Parisienne.
La construction verticale est, comme tu le dis Venise, emblématique et moi, je pense qu'à trop construire du vertical, on perd cet aspect... On perd le côté insolite du vertical. Est-ce que la tour Eiffel serait toujours la sentinelle de Paris, connue et reconnue dans le monde entier si elle était flanquée d'IGH tout autour d'elle? Non, elle perdrait de sa superbe, son côté "matriarche" et unique, elle deviendrait une tour parmis d'autres. Les IGH oui, mais pas trop afin qu'ils gardent leur côté emblématique.
Quand MyNight, tu dis que les ilôts verticaux peuvent assumer cette fonction de mise en valeur de l'ancien, de contraste et d'opposition s'appropriant l'ancien pour le mettre en valeur tout en s'assumant, je suis d'accord avec toi. Et j'ajoute que cette "mission" est très délicate et très audacieuse. N'a-t-on pas quelques exemples de ratés à Paris? Je pense à Montparnasse bien sûr. Je pense qu'une tour de 200, 300 mêtres ne pourra jamais mettre en valeur l'ancien, elle l'écrasera, mais une tour de 100, 150 mêtres, pourquoi pas? Mais il faudra un architecte talantueux et ...audacieux.
Moi, je ne suis pas de ceux qui pensent que notre architecture moderne est médiocre, au contraire je la trouve très cohérente. Elle est en parfait accord avec ce que l'on a toujours fait (sans faire les mêmes bâtiments pour autant , et en innovant bien sûr): une architecture et un urbanisme rationnels, maîtrisés, carthésiens sans trop vraiment se soucier du dehors, du moins ne jamais s'abandonner à un style "à la mode" et surtout respectueux du passé. On avait perdu un peu le fil dans les années 60-70 mais on l'a heuresement bien retrouvé maintenant et on essait de corriger les erreurs de cette période (destruction de barres ...). Une belle ville est une ville qui fait cohabiter des constructions de différentes époques harmonieusement, selon moi et beaucoup de gens ,je pense, consciamment ou inconsciamment sont du même avis. Je trouve que dans cet optique-là, la France s'en sort très bien, je trouve qu'il y a une réelle harmonie entre passé et présent dans nos villes car les éléments modernes et anciens sont vraiment complémentaires comme le dis, Venise (la fondation cartier est un superbe exemple). Qui imagine le Louvre sans SA pyramide de nos jours? qui imagine la pyramide sans SON Louvre? Alors au diable, l'audace comme on la comprend en ce moment, elle donne des villes monstres de non-harmonie et d'incohérence (Londres par exemple) et ne venez pas me dire que c'est beau.
Soyons fièrs et préservons ce talent français de faire cohabiter harmonieusement passé et présent dans nos villes. C'est la clé de la réussite en Archi selon moi et il faut vraiment faire preuve de talent pour atteindre cette harmonie et cette complémentarité entre passé et présent et pour moi, c'est une vraie forme d'audace.
Pour Montparnasse, on pourra développer, mais je ne trouve pas que la tour écrase quoi que ce soit, elle est devenue également un emblème de Paris, et le quartier en lui-même était fort dépravé avant sa restructuration. La tour ne me gêne pas, beaucoup moins en tout cas que le quartier derrière qui lui a été entièrement occulté par l'objet le plus voyant Ce qui est intéressant, dans la genèse du quartier, c'est que la tour avait cristallisé la haine de tous, ce projet fut porté à bout de bras par Pompidou il me semble, tandis que derrière, on collait des barres de 300 mètres de long sans que personne ne dise rien
Regarde, la TM n'est pas déshonorante dans le paysage, et en tout cas certainement pas médiocre !
Après, c'est une question de goût... Mais on y reviendra, ce sujet est très intéressant aussi.
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La TM? Une emblème? Pour la plupart, c'est l'emblème de la mauvaise architecture et du mauvais urbanisme des années 60-70.
En fait, c'est que je ne vois pas l'intérêt de la TM et puis elle n'a rien de bien original dans son architecture.
Après, une tour de cette taille dans un quartier de Paris qui n'a pas de monuments "remarquables et historiques", pourquoi pas? Mais il aurait fallu, une bien plus belle tour, selon moi...
Je ne connais pas bien l'histoire du quartier (parce que je ne suis pas très attiré par celui-ci ). Pourrais-tu me dire ce qu'il y avait avant la restructuration? Qu'a-t-on rasé? Qu'a-ton préservé? Ont-ils rasé des bâtiments haussmaniens ou autres bâtiments remarquables pour y mettre leurs affreuses barres (tu as bien raison, les barres sont bien pires que la TM !!!)?
Moi ce qui me gène le plus à Paris, ce sont les tours des 60's et 70's. Uniformisme architecturale, n'ayant pour audace que leur hauteur, ce qui me parait déplacé à Paris où l'audace doit être sur le style plus que sur la taille.
Je pense notamment à Italie 13!!!!! Alors que le concept de constructions comme la Pyramide du Louvre, Beaubourg, la Fondation Cartier est , comme la TM, une intégration de batiments radicalement différents architecturalement parlant dont les proportions respectent la ville alentour, Italie 13 n'est qu'un ensemble de tas de béton , regrettables à mon gout, qu'on a construit pour faire moderne...
Quant à Montparnasse et sa tour, le quartier s'intègre dans la XVeme, mais je trouve qu'il fait quand même ilot de béton et c'est dommage. Ce n'est pas tant la tour qui rompt l'allure de la ville de manière intéressante, mais l'enemble autour ; la gare, la galerie commerciale qui manquent cruellement d'originalité à mon sens.
@ Rimbe
Il y a un synopsis sur le quartier Montparnasse ici :
https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?id=16482
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Heureusement qu'on a échappé à Manhattan sur Seine ! le centre pompidou est une réussite qui montre que l'on peut être audacieux en art et en architecture sans détruire un paysage urbain. Mais quel est l'apport de la tour Montparnasse ? Moi elle me choque. En sortant de la gare, pas de perspective, une gêne. A sa base un centre commercial sans attrait où on se perd. Un quartier difficile pour les piétons, où de toute façon il serait dangereux de regarder en l'air au lieu de regarder devant soi et à coté. En fait elle n'a pour elle que son nom.
A quoi ressemblait les "vieilles rues étroites"? des logements insalubres?
venise a écrit:
Heureusement qu'on a échappé à Manhattan sur Seine ! le centre pompidou est une réussite qui montre que l'on peut être audacieux en art et en architecture sans détruire un paysage urbain. Mais quel est l'apport de la tour Montparnasse ? Moi elle me choque. En sortant de la gare, pas de perspective, une gêne. A sa base un centre commercial sans attrait où on se perd. Un quartier difficile pour les piétons, où de toute façon il serait dangereux de regarder en l'air au lieu de regarder devant soi et à coté. En fait elle n'a pour elle que son nom.
Je suis 1000 fois d'accord avec toi sur le concept de 'Manhattan sur Seine', j'en ai froid dans le dos ! C'est une hérésie qui frise l'ego démesuré d'un chef d'Etat idéaliste qui veut à tout prix imprimer sa griffe au détriment du quotidien ! Comme je l'ai dit plus haut, je crains très fortement les manifestes, quels qu'ils soient...
Pour la TM, je pense que le problème n'est pas local, mais global ; sur le quartier en soit, je pense que la mise en scène de la tour est mauvaise : dalle - ce qui est fort idéologique - centre commercial fonctionnel mais respectant des masses pseudo-haussmanniennes, système désaxé/décallé par rapport à la rue de Rennes pour ne pas boucher la perspective historique, etc...
Par contre, sur le territoire, la TM est un indéniable repère et en ce sens elle assume pleinement sa fonction... Elle est située à proximité d'un noeud de communications remarquable, bref, elle est un relais économique indéniable et elle polarise à elle seule une part de l'activité tertiaire de l'ouest de la rive gauche. On ne peut pas penser qu'elle est un projet économique raté, et je ne parle même pas des retombées de taxe professionnelle ou de location... D'un point de vue territorial global, c'est une réussite, d'autant qu'elle est visible de loin et qu'elle joue pleinement son rôle de repère dans la skyline.
Visuellement, sur la proximité, elle n'est pas assumée car elle n'est pas mise en valeur. Pourtant, elle ne souffre pas du syndrôme de l'asperge, elle est la tête de pont d'un cluster composé de l'hotel Méridien (114 m), de super Montparnasse (je crois que c'est son nom, je suis pas sûr, voir photo ci-après, hauteur supérieure à 90 mètres en tout cas) et de différents plots tertiaires d'environ 60 à 75 mètres alentour.
Ce qui m'ennuie, c'est la proximité de cette tour, système auto-suffisant, avec une gare comme celle de Montparnasse. La proximité des deux est totalement logique, la gare appelant les fonctions tertiaires et donc une polarité forte. Mais le quartier n'est pas nécessairement conçu pour le tertiaire, et nous ne sommes pas ici à Opéra, où les immeubles de bureaux sont camouflés derrière des façades haussmanniennes. La tour n'est pas intégrée - au sol - à un système cohérent, comme elle aurait pu l'être si elle avait été greffée à l'ensemble de la gare... Sauf si on considère que c'est la gare elle-même et l'ensemble immobilier connexe qui jure avec le quartier. Et je crois que c'est cette inadéquation qui met la tour en (mauvaise) valeur et qui montre un choc trop rude avec le bâti alentour.
Ce n'est pas l'idée de tour qui choque, la TM ne détruit pas le quartier. Ce quartier d'artistes, au XIXème siècle, était déjà bel et bien disparu depuis longtemps, l'îlot que la TM a remplacé était vraiment constitué de taudis et de rues malsaines et labyrinthiques (je chercherai des photos). La TM n'est pas plus mal intégrée que la tour de l'hôtel Lafayette, dans le XVIIème, porte Maillot, mais personne n'en parle jamais simplement parce que cette tour est plantée dans le centre des congrès lui-même, et aussi parce qu'elle est dans une périphérie, ce qui conceptuellement ne choque pas... Pourtant, elle est en plein tissu urbain elle aussi, tissu parfois datant du XIXème haussmannien :
(Vue depuis la tour de l'hôtel Concorde Lafayette)
Est-ce à dire qu'il est brutal de penser qu'une tour puisse s'ériger autre part qu'en périphérie parisienne plutôt que dans l'intra-muros ?... N'aurions-nous affaire qu'à des représentation de ce que devrait-être Paris, représentations refusant tout ce qui dépasserait des 21 mètres réglementaires ? Bizarrement je n'ai jamais entendu personne se plaindre du dome des Invalides (107 mètres, écrasant de son or aveuglant l'alignement de l'avenue de Breteuil) ou même de la meringue du Sacré-Coeur, en plus située sur une butte un peu visible depuis partout...
Ceci dit, je ne milite pas pour des tours n'importe où, que ce soit clair, je souhaite qu'on préserve le patrimoine parisien qui est sans doute l'un des plus beaux qui soient. Cependant, je ne suis pas d'accord pour penser que la TM n'apporte rien à l'horizon de la ville : son emprise au sol est ridicule (environ 1750m²), elle ne provoque aucun embouteillage car est excessivement bien desservie, et sa fonction économique est réelle. Maintenant, que le quartier soit mal étudié, c'est une très forte possibilité...
Si la TM avait été érigée en pleine rue Rivoli, sois certain que je ne tiendrais pas ce discours... Mais je pense qu'elle est un bon sujet de réflexion sur ce qu'il faut faire ou non à Paris concernant les IGH, non seulement pour l'objet en soi, mais surtout pour l'aménagement des abords. L'IGH conditionne-t-il un quartier, l'écrase-t-il sous le poids de ses fonctions et de sa morphologie particulières, ou au contraire doit-il être entièrement contraint par le tissu existant ?... Je crois que c'est là que se situe le vrai problème !...
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