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Construit
≈12,00 m
L'histoire de Châteauroux est indissociable de celle des établissements Balsan. Leur lente reconversion à l'image de l'autre fleuron de la ville - la Manufacture des Tabacs1 - illustre sa désindustrialisation progressive et la restructuration urbaine qu'elle entraine.
« Par arrêt du conseil du 17 août 1751, le feu roi (Louis XV) permit au sieur Jean Vaillé, fabricant de draps de la ville de Lodève, d'établir à Châteauroux, au château du Parc, une manufacture de draps, tant en blanc qu'en couleur, une teinturerie, une savonnerie et tout ce qui peut être nécessaire pour l'apprêt des draps, le tout sous le titre de "Manufacture royale et privilégiée" »2... Réellement effective en 1787, la manufacture vivotera quelques décennies au gré des soubresaults politiques que connaît le pays. Léonard Muret de Bort, qui reprend la manufacture en 1816, la laisse 40 ans plus tard au premier plan des industries du secteur, mais occupant des locaux devenus obsolètes.
Le véritable essor n'interviendra qu'à partir de 1856 lorsque que Pierre Balsan, épaulé par ses fils Charles et Auguste, reprend l'établissement et engage un vaste plan pour construire un outil moderne de production3. Réalisé entre 1862 et 1869 par l'architecte Henri Dauvergne, le projet est pour le moins ambitieux : 60 000 m² d'ateliers et d'entrepôts pour 1 200 ouvriers, mais aussi des bâtiments administratifs, une usine de production de gaz, des châteaux d'eaux, une cité ouvrière de 100 maisons, un dispensaire, et intègre également un parc, deux châteaux et un hôtel particulier...
Une vrai ville dans la ville où patrons et ouvriers se croisent sans se mêler. À noter cependant que Charles Balsan, devenu député, fait partie de cette veine du capitalisme social et paternaliste : on trouve sa marque dans des lois concernant l'emploi des femmes, le secours mutuel ou les accidents du travail. Sa femme, Thérèse Dupuytrem, sera d'ailleurs présidente de la Croix-Rouge et développera deux sociétés de secours mutuel, une école et une fanfare liée à la manufacture.
L'histoire de la "Société Anonyme des Établissements Balsan" - nom qu'elle prend en 1912 - est également liée à celle de la Grande Guerre, puisque elle produit entre 1914 et 1918 près de 150 000 mètres linéaires de draps par mois pour les fameux uniformes bleu horizon des poilus4. Le souvenir de cette réquisition poussera Henri Balsan à orienter la production lors de la Deuxième Guerre Mondiale vers la filière de l'effilochage de manière à ne pouvoir participer à l'effort de guerre des nazis.
Son fils Louis, déporté en 1943 à Mauthausen, prendra les commandes de l'entreprise familliale en 1954 et la transformera en conglomérat industriel s'intéressant notamment à la fabrication de tapis et de moquette ; il ouvrira deux nouvelles usines dans les années 70 implantées dans la campagne environnante5. Peu de temps après, la crise pétrolière sonnera le glas de la manufacture castelroussine qui, rachetée par Biderman, fermera ses portes en 19826.
Depuis 1988 le site est propriété de la Ville et a été partiellement démoli - partiellement protégé également7. Sujet du concours Europan 2 en 19918 il subit depuis une vaste reconversion dépassant le périmètre de l'usine et devient progressivement le campus de la ville9. Par ailleurs le Musée des Arts et Traditions Populaires a pris place dans le Château du Parc tandis qu'un projet immobilier de standing est également à l'étude pour le Château Rivière.
La tour de la Dame Blanche est le seul vestige subsistant de l'ancien château du Parc construit au XVe siècle par la famille d'Aumont et propriété du Prince de Condé jusqu'à la Révolution. Édifiée dans un style Renaissance en 1513, elle est connue pour avoir servie d'oratoire à Claire Clémence, épouse du Grand-Condé et envoyée en résidence surveillée pendant 24 ans dans ce château, où elle mourut.
Édifié en 1869 par Henry Dauvergne pour Madame Pierre Balsan, le château est relié à la tour de la Dame Blanche. Les deux "châteaux" font l'objet d'un projet immobilier de standing en dents de scie depuis 200310. L'architecte de cette réhabilitation est François Le Juge de Segrais.
Le Château-Rivière est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
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