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PSSImmeubles & VillesCommune : ParisImmeuble : 116bis, ave…

116bis, avenue des Champs Elysées

Creative Commons LicenseCreative Commons LicenseCreative Commons License JBRPHND
Identifiant PSS #4467
Nom 116bis, avenue des Champs Elysées
Noms alternatifs Le Normandy, UGC Normandie, Lido, ancienne station de radio Le Poste Parisien
Adresse(s)
  • 116bis, avenue des Champs-Élysées
  • 1-5, rue Lord Byron
Statut

Construit

Construction 1932, 1969, 2009
Fonction(s) Commerces et activités, Bureaux, Logements
Style architectural Mouvement moderne
Label(s)
  • Inscrit monument historique

Données techniques

Niveaux R+8
Hauteur totale

31,00 m

SHON 20 535 m²
Surface du terrain 496 m²

À propos de cette fiche

Ajoutée par Stickyesman le 17/11/2007
Dernière mise à jour par JBRPHND le 09/05/2020
Maître(s) d'ouvrage
  • La Réunion Foncière
  • LBO France
  • Qatar Investment Authority (QIA)
  • Sodearif

L'ensemble immobilier du 116bis, avenue des Champs-Élysées et 1-5, rue Lord Byron développe une surface de 20 200 m². Il accueille le célèbre cabaret du Lido (1150 places), le cinéma UGC Normandie (4 salles dont « Le Grand Normandie » de 832 places), des bureaux et des logements (copropriété de 49 lots).

Histoire de l'immeuble

- 1930-1932 : construction de l'immeuble sous la direction de l'ingénieur-architecte Jean Desbouis. Le maître d'ouvrage est « La Réunion Foncière » dirigée par Alphonse Rosenthal, frère de Léonard Rosenthal (voir plus bas). L'immeuble accueille les locaux du « Poste Parisien », une des premières radios privées françaises, créée par les propriétaires du journal  « Le Petit Parisien ». L'architecte a notamment aménagé un grand studio d'enregistrement de 200 m² dans lequel s'est déroulée l'inauguration le 25 avril 19321. Le rez-de-chaussée accueille un café-brasserie, « Le Normandy »2.

- Jeudi 4 février 1937 : finalisation des travaux de l'ensemble immobilier, ouverture du « Cinéma-Music-Hall Normandie » (ex-projet « Actual »3), l'oeuvre projetée ce soir-là est « L'invincible Armada » d'Erich Pommer4. Les dimensions de la salle sont exceptionnelles : 45 mètres de long, 37 de large, 14 mètres de hauteur sous plafond. Elle peut accueillir 1832 spectateurs5.

- 13 juin 1940 : l'invasion allemande engendre l'arrêt des programmes du Poste Parisien. Les studios sont utilisés par l'armée d'occupation pour produire les émissions de la radio de propagande « Radio Paris »6.

- Automne 1944 : après la libération de Paris, les installations de Radio Paris sont réquisitionnées par la Radiodiffusion française, la RTF qui deviendra ensuite l'ORTF. Un monopole d'État est instauré, empêchant la reprise des émissions du Poste Parisien. Les activités privées se poursuivent dans l'immeuble sous une autre forme avec la création de Radio Service en 1948, société de production d'émissions au sein de laquelle Pierre Bellemare lancera sa carrière aux côtés de Pierre Hiegel et Jacques Antoine. Ces activités de production radiophonique ne cesseront qu'en 2006 à cause des nuisances sonores liées aux travaux de rénovation de l'immeuble.

- 1955 : réaménagement léger de la salle de cinéma, suppression de la fosse d'orchestre, installation d'un écran plus grand pour permettre des projections en « Cinémascope ».

- 8 août 1967 - 5 septembre 1969 : le cinéma Le Normandie ferme ses portes pour deux ans. La salle de 14 mètres de hauteur est divisée en deux volumes. Le découpage est horizontal, la nouvelle salle de cinéma occupe la partie haute. Sa hauteur est réduite mais elle peut toujours accueillir 832 fauteuils « club »7. Cinquante ans plus tard, cette salle a conservé sa décoration qui a bénéficié d'une remise à neuf en 2019 ; elle est toujours la seconde plus grande salle de cinéma de Paris, après le Grand Rex8. À l'issue des travaux, la salle inférieure reste inexploitée pendant près de dix ans.

- 1977 : installé depuis sa fondation au numéro 78 de l'avenue, le cabaret du Lido déménage et prend ses quartiers dans la salle inférieure et les locaux de service attenants. Depuis cette date, l'UGC Normandie et le Lido partagent l'entrée du 116bis, avenue des Champs-Élysées. Le cabaret peut accueillir jusqu'à 1 150 spectateurs.

- Mai 2005 : inscription partielle de l'immeuble au titre des Monuments historiques9. L'inscription concerne les façades et toitures donnant sur l'avenue de Champs-Élysées et la rue Lord Byron, ainsi que les trois cages d'escaliers, la cabine d'ascenseur de l'escalier B et l'ensemble des vitraux du peintre-verrier Maurice Max-Ingrand.

- Juillet 2005 : l'ensemble immobilier est acheté par LBO France à Deutsche Bank Real Estate Global Opportunities Fund pour un montant de 118 millions d'euros10. Un projet de rénovation des étages de bureaux et de conversion de bureaux en logements de luxe est engagé. L'Agence d'Architecture DTACC se voit confier la maîtrise d'œuvre par SODEARIF, MOD de l'opération, le projet décoratif revient à Affine Design (R. Martinet)11.

- Décembre 2012 : cession de l'immeuble par LBO France au fond souverain du Qatar, Qatar Investment Authority (QIA), à l'exception des logements ayant fait l'objet d'une vente à la découpe12.

Projet architectural (1932)

Ingénieur-architecte: Jean Desbouis,
Architectes de l'aménagement du Cinéma Le Normandie : Adrienne Gorska et Pierre de Montaut (nota: la décoration initiale de la salle a été détruite lors des travaux de division en deux volumes distinct de 1965-1967),
Artiste maître-verrier: Maurice Max-Ingrand.

Extraits du propos tenu par M. Jean Desbouis le 21 octobre 1932 devant la société des Amis des Champs-Élysées13:

Les petits windows en pointe ont été faits pour donner les maximum de lumière et le maximum de vue aux occupants. Ceux-ci peuvent voir, sans se pencher, en haut et en bas de l'avenue ; j'ai donc augmenté leur champ visuel dans de grandes proportions.

J'ai employé le granit bleu foncé du Labrador parce qu'il conserve un beau poli agréable à l'oeil, jouant à la lumière. Cette pierre est difficile à sculpter, c'est pourquoi je n'ai cherché à obtenir que des surfaces et des arêtes nettes. J'ai employé le travertin (pierre polie jaune) et les barres d'appui des balcons en métal chromé pour les mêmes raisons. Je compte que cette façade avec un peu d'entretien, sans ravalements fréquents comme l'exigent certaines façades de pierre qui se patinent mal, conservera sa netteté, ce qui semble bien mieux répondre à nos besoins actuels.

En lien avec cet immeuble

Leonard Rosenthal14 - frère d'Alphonse - était un entrepreneur ayant fait fortune dans les perles du Venezuela et de Bahreïn. Il contribua largement au rayonnement des Champs-Élysées au cours des années 192015. Il a publié un livre « Quand le bâtiment va » (1928, Payot Editeur) dans lequel il exprime sa vision pour l'avenue. En 1931, convaincu de l'importance de prolonger l'axe majeur au-delà de l'Arc de Triomphe, Léonard Rosenthal organisa un concours privé pour l'aménagement de la porte Maillot, auquel répondirent Perret, Sauvage, Le Corbusier, Mallet-Stevens entre autres. Rosenthal a créé les Arcades des Champs-Élysées - au numéro 76 de l'avenue - qui rencontrèrent un grand succès, c'est dans leurs sous-sols que fut fondé le Lido. Il récidiva avec moins de réussite au n°79, galerie aujourd'hui disparue16.

Aujourd'hui, l'UGC Normandie est un cinéma de 4 salles. La salle historique est sa salle principale désignée « Le Grand Normandie ». Le seconde salle de 170 places est aménagée en 1974 dans l'ancien « Relais de Chaillot », un des dancings les plus prisés des minets parisiens dans les années 196017. La troisième salle (500 places) se trouve au n° 118 de l'avenue, c'est tout simplement l'ancien Cinéma des Champs-Éysées ouvert en 1931 qui a été repris par l'UGC Normandie18. La quatrième salle (265 places) est ouverte en 1988, probablement aménagée dans le volume de l'ancien auditorium du Poste Parisien.

Voir aussi les ouvrages suivants :
- le « Dictionnaire historique, architectural et culturel des Champs-Élysées » de Pascal Payen-Appenzeller et Brice Payen (Éditions Gourcuff Gradenigo, 06/2013).
- « Champs-Élysées Une histoire » de Jean-Paul Caracalla (Éditions de la Table Ronde, 03/2009)



Notes et références

  1. Voir l'édition du 26 avril 1932 du Petit Parisien sur le site Gallica (BNF).
  2. Voir cette photo sur le site de Paris Musées.
  3. Voir cet article du bureau d'étude Scyna4, en particulier le cartouche des plans de 1936. Voir également les magnifiques photos de chantier montrant les arches métalliques qui soutiennent l'immeuble au dessus de la salle de cinéma.
  4. Voir l'édition du 24 janvier 1937 du Petit Parisien sur le site Gallica (BNF).
  5. Article retraçant l'histoire du cinéma Le Normandie.
  6. Voir cet article sur l'histoire des installations radiophoniques du Poste Parisien.
  7. De belles photos et un récit détaillé dans cet article du site salles-cinema.com.
  8. Voir cet article sur boxofficepro.fr.
  9. Sur le site de la Plateforme Ouverte du Patrimoine (Ministère de la Culture): notice de classement au titre des Monuments historiques.
  10. Voir cet article de Business Immo (26/07/2005).
  11. Plusieurs visuels du projet disponible sur le site de l'agence DTACC.
  12. Voir cet article de BFM Immo (07/12/12).
  13. Transcription intégrale dans ce compte-rendu publié dans le journal « Les Amis des Champs-Élysées » de novembre-décembre 1932.
  14. Lire la notice concernant Léonard Rosenthal sur Wikipédia.
  15. Article très complet sur le parcours de Leonard Rosenthal et sa contribution aux Champs-Élysées.
  16. Fiche PSS du numéro 79 de l'avenue.
  17. Article sur les « minets des Champs ».
  18. Article complet sur l'histoire du Cinéma des Champs-Élysées installé au 118 de l'avenue sur salles-cinema.com.

photo
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© Laurent D. Ruamps

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