Résidence Les Jardins d'Arcadie Alexandre Boëly

Entre 1969 et 1972, l'architecte Pierre-Édouard Lambert réalise sa dernière œuvre connue. Il s'agit d'un foyer-logement pour personnes âgées de 69 appartements, baptisé "André Mignot". Lambert conçoit ici deux immeubles implantés en équerre, l'un à l'alignement de la rue Maréchal Joffre et l'autre en retrait de la rue Borgnis Desbordes. Malgré l'époque tardive de réalisation, l'influence de la doctrine architecturale d'Auguste Perret - avec qui Lambert collaborera pour la reconstruction du centre-ville du Havre après la Seconde Guerre Mondiale - est parfaitement reconnaissable : le classicisme structurel cher aux deux architectes s'exprime par la répétition de multiples porte-fenêtres, la structure poteaux-poutres clairement identifiable, et l'utilisation d'éléments architecturaux classiques dans un vocabulaire moderne - corniches, bandeaux et autres ressauts.

Entre 2012 et 2014, la maison de retraite a toutefois subi une réhabilitation que les amateurs d'architecture moderne et les défenseurs du patrimoine de cette époque qualifieraient sans mal de dénaturation voire de destruction. Les façades ont en effet été totalement transformées et revues dans un style néo-traditionnel et conformiste : modification des fenêtres (suppression pure et simple ou réduction de leur taille), mise en œuvre d'un enduit gommant le relief de l'architecture initiale, réalisation de joints creux au rez-de-chaussée... De part et d'autre de chacun des deux bâtiments, des extensions ont en outre été construites dans le même style. Cette opération a permis d'augmenter la capacité de la résidence à 91 logements (dont 46 logements et 45 libres). Elle fut menée pour le compte de la société Les Jardins d'Arcadie, et par l'architecte en chef des Monuments historiques Frédéric Didier¹.

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