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Aux dernières élections présidentielles, ce sont la France insoumise (24,82% des voix) et feu le Front national (23,66%) qui étaient en tête au premier tour à Marseille, des résultats supérieurs à la moyenne nationale pour les deux candidats de ces partis (19,54 et 21,30% respectivement). Les Républicains (19,81%), en quatrième position, affichaient un résultat dans la moyenne nationale (20,01%). En revanche, Marseille n'a pas connu le même engouement pour En Marche ! (20,44%) que dans le reste du pays (24,01%). Cela tient probablement à une sociologie différente à Marseille qu'à Lyon (30,31% pour EM ! au premier tour), Nantes (30,83%), Bordeaux (31,26%) ou Paris (34,83%) (vous observerez que le FN rassemble moins de 10% des voix dans ces villes et n'arrive qu'en cinquième position). Toulouse, qui compte une forte proportion d'étudiants, s'inscrit dans une tendance différente (29,17% pour Mélenchon, 27,26% pour Macron), tout en maintenant également le FN sous la barre des 10%, ce qui semble confirmer la théorie de quadrature des classes développée par Thibault Muzergues. La classe créative, qui adhère aux idées défendues par LREM, fait défaut à Marseille, ville qui regroupe plutôt les trois autres classes détaillées dans cette théorie, dont une classe moyenne provinciale conservatrice qui assure le succès de la droite aux élections municipales. Une victoire de LREM à Marseille paraît par conséquent peu probable. La majorité actuelle a davantage à craindre d'une mobilisation par l'extrême-gauche d'électorats traditionnellement abstentionnistes (les jeunes et les ménages défavorisés d'origine immigrée). C'est également pour cette raison que l'embourgeoisement du centre de Marseille restera un vœu pieu : les catégories qui participent à la gentrification manquent dans la sociologie de la ville. Au mieux, la classe moyenne provinciale qui vit dans les quartiers sud se réappropriera le centre-ville par mimétisme du mode de vie adopté dans les grandes métropoles mondialisées (et Marseille n'en est pas une) uniquement dans la forme (les modes de consommation mais pas d'habitat). Le projet de piétonnisation annoncé ne modifiera pas radicalement le visage du centre-ville et, au contraire, pourrait mobiliser une extrême-gauche qui ne veut pas d'une "Marseille sans le peuple" (où la mairie nourrirait nécessairement l'ambition de faire disparaître les classes populaires du centre).
Modification : correction d'une coquille.
Dernière modification par buenosayeres (09-07-2018 09:18:35)
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Entre gentrification et clochardisation, mon choix est vite fait !
Dernière modification par osin13 (08-07-2018 23:13:23)
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C'est une très grosse schématisation......
On peut être pour Mélanchon sans être d'extrême gauche...juste parce qu'il n'y a personne d'autre à gauche...
De même, on peut être de gauche et vouloir plus de rues piétonnes à Marseille (je ne vois pas le rapport, puisque gauche ne veut pas dire zadiste ou autre synonyme...)
De plus, je ne vois pas en quoi LREM correspondrait aux "créatifs"......La modernité, ça change tous les ans, comme la mode ;)
Bref, à Marseille on va voir si l'immobilisme va gagner en 2020 ou si de nouvelles figures vont émerger (quel que soit le parti)...tout cela devrait décanter l'année prochaine.
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En réalité, la notion de "classe créative", développée par le sociologue Richard Florida au début des années 2000, ne se résume pas aux métiers créatifs, au sens où on les entend en France. (Lire par ailleurs La thèse de la « classe créative » : entre limites et développements.) La théorie de la quadrature des classes peut être critiquée pour sa simplification des dynamiques et enjeux politiques actuels mais ce n'est pas une prétendue "modernité" des idées qui séduit une partie de l'électorat de LREM mais le libéralisme économique allié au progressisme social (dans les grandes lignes).
Du côté d'Emmanuel Macron, on retrouve la classe créative - c'est la « start-up nation » de son début de campagne, urbaine et ultra-intégrée dans la mondialisation, qui soutient l'ouverture et un libéralisme économique et social, avec une tendance très marquée à la promotion de la diversité et une vision du travail très flexible qui déteint sur sa vision du monde.
Ce discours politique reprend des éléments perçus de gauche comme de droite auxquels s'identifie une population qui nourrit une vision positive de la mondialisation.
La piétonnisation des centres-villes n'est pas plus une politique de droite que de gauche. En revanche, c'est actuellement au sein de l'extrême-gauche que l'on rencontre les discours les plus virulents pour dénoncer ce qui est perçu comme une volonté de gentrifier des quartiers populaires et les vider ainsi de leurs habitants. Naturellement, avoir voté à Mélenchon au premier tour des élections présidentielles ne dénote pas nécessairement une sensibilité politique d'extrême-gauche puisqu'il s'agirait d'un choix par défaut qui s'inscrit dans un contexte particulier, et non dans le temps. C'est également pour cette raison que la théorie de la quadrature des classes souligne l'aspect générationnel du mouvement de soutien à l'extrême-gauche (cette jeunesse ne défend pas les mêmes idées que ses aînés socialistes convaincus).
Enfin, il y a les millennials. Déjà beaucoup plus portés sur les schémas collaboratifs que leurs aînés du fait de leur expérience sur les réseaux sociaux, leurs difficultés à s'insérer sur le marché du travail se transforme en rébellion ouverte contre le système, d'où leur soutien à Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle. (...) Ce qui caractérise cette classe, c'est d'abord le niveau d'éducation. Les millennials ont fait des études supérieures (au moins trois ans) et ont donc été très influencés par le discours de leurs professeurs, souvent plutôt portés à gauche, et qui leur ont fait miroiter un avenir radieux et un succès fulgurant lors de leur entrée dans le monde du travail. Or, non seulement nos jeunes diplômés ont dû s'adapter à une réalité beaucoup plus nuancée qui les a amené à détester les «bullshit jobs» avec lesquels ils doivent commencer leur carrière professionnelle, mais leur entrée dans le monde du travail a eu lieu dans les années qui ont suivi la crise, avec des emplois peu nombreux et bien moins payés qu'auparavant. Même si leur rapport à la propriété privée (du fait des réseaux sociaux et de l'économie collaborative) est bien moins marqué que les générations précédentes, la rébellion de ces jeunes ne peut pas se résumer à l'image d'Epinal de la crise marxiste de la jeunesse - d'abord parce que les millennials, bien que collectivistes, ne font aucune confiance à l'Etat pour répartir les richesses, et ensuite parce que leur rébellion ouverte est le fruit de leur expérience personnelle - s'ils sont « insoumis », c'est parce que non seulement le système actuel ne fonctionne pas pour eux. Pour une génération élevée dans le culte du moi (un vrai paradoxe au vu de leur collectivisme), c'est l'insulte suprême qui les fait basculer d'abord dans un mouvement de contestation (les Indignados en Espagne, Occupy Wall Street aux USA et Nuit Debout en France), puis dans un mouvement politique, que ce soit Podemos ou Jean-Luc Mélenchon.
Cette radicalisation du discours politique a pu se vérifier lors du blocage des universités en début d'année où des idées d'ultragauche participaient au débat dans les assemblées "en lutte" (ou "en résistance" : dénonciation de l'homoracialisme, de la pensée coloniale, etc.).
Les zadistes quant à eux appartiennent non pas à la gauche mais à l'extrême-gauche, la différence est importante.
À Marseille, tout change et rien ne change (ce qui ne signifie pas que dans vingt ou trente ans...). La composition socio-économique (ou culturelle) de la ville reste la même, l'électorat des quartiers sud continuera à soutenir les représentants locaux de la droite (et les visages peuvent changer - visages qui pourraient se désolidariser du bilan du "chef" actuel). Le solde migratoire est négatif, la ville manque d'un apport extérieur qui pourrait modifier la sociologie marseillaise et faire ainsi basculer le jeu politique. Le seul changement pourrait provenir d'une plus forte mobilisation de l'électorat de la gauche "populaire" (qui oscille entre la gauche du PS et FI). Cela dépendra du candidat proposé et de la campagne qu'il mènera.
Je ne crois pas en l'élection d'un candidat LREM (ni hors parti) à Marseille. Nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise mais cela ne correspond pas à la sociologie de la ville.
Modification : correction typographique.
Dernière modification par buenosayeres (09-07-2018 09:19:28)
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buenosayeres a écrit:
Je ne crois pas en l'élection d'un candidat LREM (ni hors parti) à Marseille. Nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise mais cela ne correspond pas à la sociologie de la ville.
Modification : correction typographique.
Tout dépendra de qui sera le candidat (médiatique ou pas) tête de liste pour LREM, à mon sens çà jouera. Certains éléments de l'équipe Gaudin seront certainement prêt à une collaboration "constructive" avec LREM si le moindre risque de voir MN et LFI prendre encore plus de place dans les instances locales. Le troisième point (et pas le moindre) touche à la situation nationale au moment de ces élections, si la situation continue de se dégrader entre le gouvernement et le corps électoral alors tout sera possible, y compris le maintien d'une équipe très proche de l'actuelle.
Dernière modification par Xanaska (09-07-2018 10:49:00)
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Nguyom a écrit:
Au 20 Canebière, ils viennent d'installer ce qui ressemble très fortement à des armoires réfrigérées au fond de la boutique en travaux.
Supérette ? Commerce de bouche ? Totalement autre chose si ce ne sont pas des armoires réfrigérées ?
Peinture rouge + frigo = c'est un Naturalia qui vient remplacer la boutique EDF au 20 de la Canebière.
C'est vraiment pas la folie, mais ça aurait été impossible à imaginer il y a un ans.
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Pas bête ! Je comptais passer devant aujourd'hui pour voir l'avancée des travaux. C'est un choix curieux car il y en a déjà un au 140 qui tourne pas mal. Peut être un concept un peu différent ? Je sais qu'ils développent des Naturalia Vegan à Paris.
Même si ce n'est pas en lien avec l'esprit Broadway, c'est en effet déjà un point à signaler qui amorce un petit brin de renouveau.
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Nguyom a écrit:
Pas bête ! Je comptais passer devant aujourd'hui pour voir l'avancée des travaux. C'est un choix curieux car il y en a déjà un au 140 qui tourne pas mal. Peut être un concept un peu différent ? Je sais qu'ils développent des Naturalia Vegan à Paris.
Même si ce n'est pas en lien avec l'esprit Broadway, c'est en effet déjà un point à signaler qui amorce un petit brin de renouveau.
Compte tenu du niveau général des commerces sur la Canebière, Naturalia c'est presque Broadway (je galège...). Par contre la relative proximité avec celui du 140 couplé à Monop affiche un sacré volontarisme.
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Peut-être vont-ils déménager du 140.
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Ce serait étrange mais je leur demanderai. Ils ont beau être sur la même artère, ce sont deux quartiers et deux zones de chalandises bien distincts. Après tout il y a également deux Monop' à proximité, les deux vont souvent de paire. Bien entendu, j'aurai effectivement plutôt parié sur une ouverture d'un Naturalia à proximité du Monop' de la rue Montgrand, étant donné la sociologie du quartier. Mais la Canebière est un axe bien plus fréquenté et si on veut y apporter progressivement plus de mixité c'est sans doute ce qu'il fallait faire.
Le local au numéro 154 est également en travaux, il semble que ce soit une sorte de galerie d'art qui s'installe à la place de l'ancienne boutique "Class".
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osin13 a écrit:
Peut-être vont-ils déménager du 140.
Je ne pense pas Naturalia étant l'enseigne bio de Monoprix, ces magasins sont souvent liés géographiquement et stratégiquement.
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Pour le local commercial préempté au n°150 (ancien FETOUCHE), les travaux de remise en état sont évalués à 70 000 € (70 % pris en charge par le Département).
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Sais t-on ce que va devenir Fetouche ?
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L'appel à candidature ne devrait pas tarder. Le cahier des charges de rétrocession du bail a été approuvé dernièrement par le conseil municipal.
Dernière modification par ju2mars (12-07-2018 16:34:27)
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Abomey a écrit:
ais la Canebière est un axe bien plus fréquenté et si on veut y apporter progressivement plus de mixité c'est sans doute ce qu'il fallait faire.
Le local au numéro 154 est également en travaux, il semble que ce soit une sorte de galerie d'art qui s'installe à la place de l'ancienne boutique "Class".
C'est pas Marseille Concerts qui prend place au 154 normalement ?
Pour ma part, j'attends aussi des nouvelles de l'ancien Espace Culture. Ce serait bien que la mairie développe un peu les différents projets qu'elle a étudié le concernant.
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Nguyom a écrit:
C'est pas Marseille Concerts qui prend place au 154 normalement ?
Exact !
Dernière modification par ju2mars (12-07-2018 16:55:58)
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La commune qui met son nez dans les commerces toussa ça me fait peur... La Canebière est plutôt dénuée d'attractivité sur les bâtiments détenus par la commune (mairies, maison de la culture...).
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L'ensemble de l'immeuble (R+4) situé au n°122 (ancien Claridge) préempté par la Métropole va être prochainement cédé au Département pour y installer des activités culturelles sur 390 m², dont la fameuse Maison du Jazz.
Dernière modification par ju2mars (12-07-2018 18:31:29)
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marseillebouge a écrit:
La commune qui met son nez dans les commerces toussa ça me fait peur... La Canebière est plutôt dénuée d'attractivité sur les bâtiments détenus par la commune (mairies, maison de la culture...).
Ce qui pose question c'est le nombre de locaux et parfois de bâtiments qui ont été préemptés en aussi peu de temps, comme si cette question de préemption était une aubaine pour certains. Est ce qu'il y aurait eu autant de roulement s'il n'y avait pas eu ces préemptions ? Ca va un peu (trop) vite à mon goût.
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marseillebouge a écrit:
La commune qui met son nez dans les commerces toussa ça me fait peur... La Canebière est plutôt dénuée d'attractivité sur les bâtiments détenus par la commune (mairies, maison de la culture...).
Je partage aussi cet avis. Mais je me dis que si ça se trouve, personne ne s'est positionné sur les locaux vacants. Puis fondamentalement je préfère voir une Maison du jazz et un Marseille Concert, même si je ne vais pas avoir de raison particulière pour y mettre les pieds que des bars à chicha ou des magasins de déstockage.
De toutes façons, si on part du principe qu'il y aura le cinéma avec son rooftop, les feuillants avec sa brasserie et le café du théâtre, ça aura déjà une bonne gueule et pourra changer la donne pour de vrai.
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Nguyom a écrit:
marseillebouge a écrit:
La commune qui met son nez dans les commerces toussa ça me fait peur... La Canebière est plutôt dénuée d'attractivité sur les bâtiments détenus par la commune (mairies, maison de la culture...).
Je partage aussi cet avis. Mais je me dis que si ça se trouve, personne ne s'est positionné sur les locaux vacants. Puis fondamentalement je préfère voir une Maison du jazz et un Marseille Concert, même si je ne vais pas avoir de raison particulière pour y mettre les pieds que des bars à chicha ou des magasins de déstockage.
Ca dépend de ce que propose cette maison du jazz, s'il y a des représentations même soft tous les.soirs, ca pourra prendre ; si c'est juste un.accueil pour de la.billeterie avec un ptit coin piano trompette ca ne servira à rien.
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Marsiglia a écrit:
Ca dépend de ce que propose cette maison du jazz, s'il y a des représentations même soft tous les.soirs, ca pourra prendre ; si c'est juste un.accueil pour de la.billeterie avec un ptit coin piano trompette ca ne servira à rien.
C'est clair, il faut sur la Canebière des activités culturelles fréquentes et pérennes, alors le reste suivra.
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Oui, et il faut des structures d'envergures et à rayonnement régional, national et international pour hisser la Canebière à la place qui devrait lui revenir. Malheureusement ce n'est pas en quelques années que l'on pourra retrouver l'attractivité d'il y a 30 ou 40 ans, il faudrait pour cela une véritable politique culturelle de la part de la ville et on connait trop bien son désintérêt flagrant pour la culture et le patrimoine. Et ce n'est pas la vision folklorique qu'en a Bernasconi qui fera véritablement bouger les lignes.
La piétonisation (pas encore actée pour la partie supérieure), l'arrivée d'un cinéma, de quelques bars et de très modestes structures culturelles sont un bon début mais n'apporteront pas de changement radical.
Des miracles peuvent être faits avec des décisions intelligentes, mais on a encore personne pour les prendre.
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Il faut quand même procéder par étapes. Déjà un lieu de vie / de déambulation et de rencontres d'individus et après un lieu avec un rayonnement régional / national / international.
Tant qu'on ne pourra pas donner un rendez-vous galant à une conquête sur la Canebière, il restera une marge de progrès
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Nguyom a écrit:
Tant qu'on ne pourra pas donner un rendez-vous galant à une conquête sur la Canebière, il restera une marge de progrès
Bon là on peut donner un rendez-vous glauque à quelqu'un qu'on ne veut plus voir... (je ne suis pas concerné).
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