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Effectivement, le dossier du Point est assez déconcertant. Les enjeux métropolitains y sont totalement sous-estimés. Ainsi, on apprend que tous les problèmes de transport de l'agglomération seront miraculeusement résolues lorsqu'on aura créé deux ou trois lignes de tramway en banlieue.
Bref, à la lecture de l'article, j'en arrive à une conclusion simple : Les investissements lourds ne trouveront jamais leur financement tant que les mentalités, les repères, n'auront pas changé. Les grands projets ne trouveront pas leur raison d'être aux yeux des décideurs sans une réforme institutionnelle préalable.
Finalement, la stratégie initiale était la bonne. Il faut commencer par agrandir Paris institutionnellement dans le seul but d'améliorer l'efficacité de gestion budgétaire des collectivités locales : exactement comme le proposait le sénateur Philippe Dallier. Les leaders politiques locaux tiendraient immédiatement un discours totalement différent car ils n'auraient plus à faire face aux mêmes électeurs. La conséquence directe en serait un élargissement de la perception de ce qu'est Paris, et ce n'est qu'à ce moment que les investissements lourds dont a besoin l'agglomération paraîtront nécessaires aux yeux de nos décideurs. A ce moment, leurs financements tomberont comme des fruits mûrs.
Seul problème, compte tenu de la structure fonctionnelle de la vie politique française, cette agrandissement de Paris est impossible. Les partis sont organisés autour de ce concept, l'éclatement administratif de l'agglomération est maintenu volontairement car c'est une machine à distribuer des mandats locaux, et donc c'est vécu comme un instrument de pouvoir indispensable. Le sénateur Dallier s'est fait dynamiter parce qu'il touchait au point le plus sensible. Mais c'est lui qui avait raison.
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
Je suis entièrement d'accord, le seul à avoir fait les propositions qu'il faut est le sénateur Philippe Dallier, mais je crains vraiment qu'il soit le seul à ne pas être écouté.
Comme je l'avais posté un jour en commentaire sur son blog, il ne faut pas que ce soit des décideurs locaux qui conçoivent le Grand Paris, puisqu'un réel Grand Paris leur supprime une partie de leurs pouvoirs (et leur égo en prend un sacré coup, il faut admettre que demander à quelqu'un de s'infliger des souffrances est un drôle de concept). Je sais d'avance que les élus ne feront jamais passer l'intérêt du grand nombre avant le leur, tout simplement parce que ce sont des êtres humains, comme vous et moi.
J'avais proposé un référendum métropolitain. Mais je me suis rapidement dit que si le projet de Philippe Dallier passait, ce serait parce que l'Etat l'imposerait. Alors j'ai eu beaucoup d'espoir quand j'ai vu que l'Etat nommait Christian Blanc. Mais quand je vois ce qu'il fait et le caractère pitoyable de ses propositions, le manque d'ambition pour Paris dont il fait preuve, et surtout le fait que pour lui le concept d'un Paris plus grand demain (en superficie au sol, le reste suivra) qu'il ne l'est aujourd'hui n'existe tout simplement pas, je suis désespéré...
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Metropolitan a écrit:
Seul problème, compte tenu de la structure fonctionnelle de la vie politique française, cette agrandissement de Paris est impossible. Les partis sont organisés autour de ce concept, l'éclatement administratif de l'agglomération est maintenu volontairement car c'est une machine à distribuer des mandats locaux, et donc c'est vécu comme un instrument de pouvoir indispensable. Le sénateur Dallier s'est fait dynamiter parce qu'il touchait au point le plus sensible. Mais c'est lui qui avait raison.
Alors on fait quoi ? On part vivre à l'étranger ?
wangchun a écrit:
Alors on fait quoi ? On part vivre à l'étranger ?
Il faudrait créer un mouvement qui s'adresse directement à l'opinion publique pour leur expliquer en quoi un redécoupage administratif de l'agglomération parisienne leur serait favorable.
Compte tenu du fait que les institutions intéressent peu les citoyens, ce n'est pas facile, mais je ne crois pas que ce soit impossible puisqu'il existe déjà chez les habitants de banlieue le sentiment d'être sous-considérés par les politiques. Après tout, le blog "Paris est sa banlieue" a déjà su se faire reconnaître alors qu'il ne s'agit pourtant que d'un blog.
En disant ça, je réfléchis à voix haute. Je ne dis pas que j'ai forcément raison, mais peut-être que quelque chose pourrait être tenté à ce niveau. On sait jamais. En tout cas, ma conclusion après avoir lu l'article du Point, c'est qu'en l'état, il y a très peu de chance qu'on avance vers quelques chose de plus abouti que le simple syndicat mixte ouvert de Paris métropole. Mais bon, c'est pas fini non plus.
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
http://www.lepoint.fr/actualites-societ … 0/0/294477
Le conseil de Paris vote l'adhésion au syndicat Paris Métropole
[...]
Au moment où le gouvernement réfléchit de son côté au Grand Paris, ce syndicat rassemblera plus de 8 millions d'habitants (entre 170 et 200 collectivités), "c'est-à-dire l'équivalent du Grand Londres", incluant les collectivités de la petite couronne et les départements franciliens ainsi que les villes nouvelles de la grande couronne.
Quatre autres collectivités Nogent et Arcueil (Val-de-Marne), la communauté d'agglomération Val-d'Orge (Essonne) et Sceaux (Hauts-de-Seine) ont déjà voté leur adhésion à ce syndicat.
Posté par M@rtoc sur l'autre forum :
Pour une "région capitale", par Valérie Pécresse
En mars, le président de la République a ouvert le chantier du Grand Paris. Il était temps ! Notre région capitale, la plus grande d'Europe et depuis des siècles l'une des plus attractives, souffre d'un grave immobilisme.
Or, derrière les institutions locales de l'Ile-de-France, villes, intercommunalités, départements, région, ce sont nos emplois, notre lien social, notre liberté d'aller et venir qui pâtissent de l'enchevêtrement des compétences, de la complexité des processus de concertation et finalement d'une incapacité chronique à décider.
Il y a, bien sûr, l'évidence d'un Paris tantôt refermé, tantôt enserré, à l'intérieur du périphérique. Paris, ville-monde, tend trop souvent à oublier ce qu'elle doit de prospérité et d'échanges aux communes et aux départements qui l'entourent.
Désormais la frontière de la grande ceinture est de moins en moins acceptée par les habitants des communes voisines de la petite ou de la grande couronne. Ils réclament la même qualité, les mêmes tarifs, la même disponibilité de services publics que dans la ville-centre. Ils souhaitent voir se nouer des partenariats étroits entre Paris et les communes qui l'entourent.
Mais, aujourd'hui, réduire l'enjeu du Grand Paris au seul objectif de rapprocher la capitale des villes de la petite couronne nous ferait manquer l'essentiel ! C'est à l'échelon régional que se joue le défi de la construction du Grand Paris.
Chaque jour des millions de Franciliens traversent la région pour aller de leur domicile à leur lieu de travail. Quelque quatre-vingts minutes de transport en moyenne. Ce casse-tête quotidien est au centre de toutes les préoccupations métropolitaines du monde, car s'il constitue une nécessité pour le développement économique, il génère des problèmes environnementaux et de qualité de vie.
Le Grand Paris ne peut pas se permettre les thromboses que connaissent certaines agglomérations comme Tokyo, ni la pollution des capitales de certains pays émergents... Or, ces questions nécessitent une approche globale, avec une collectivité clairement érigée en responsable, dotée d'instruments d'action efficaces et engagée dans une coopération fructueuse avec l'Etat.
N'oublions pas qu'en Ile-de-France de nombreuses décisions sont davantage d'intérêt national que régional : c'est le cas du développement des aéroports de Roissy ou d'Orly, de la création de pôles universitaires comme celui du plateau de Saclay ou du Quartier latin. Mais aujourd'hui le partage des compétences entre les différents échelons de collectivités, et la concurrence particulièrement vive en matière de transport, d'éducation ou d'action économique deviennent un puissant facteur d'inefficacité.
La Cour des comptes estimait ainsi en 2007 que les dispositifs d'aide au développement économique sont "éclatés, complexes et peu coordonnés", et qu'ainsi les structures doublent, les dépenses croissent, la compétitivité des entreprises s'affaiblit car elles consacrent des moyens importants pour négocier avec une multitude d'acteurs... sans oublier l'inflation des effectifs des administrations locales, qui viennent instruire les dossiers des collectivités de moins en moins réactives et responsables.
L'enchevêtrement des compétences entre collectivités n'est plus supportable par le citoyen, et en Ile-de-France moins encore qu'ailleurs, compte tenu de sa taille. Cette situation politique a un coût car la confusion éloigne le citoyen de la démarche locale. Et le résultat, c'est l'abstention aux cantonales comme aux régionales. Or le Grand Paris ne doit pas être une affaire de spécialistes, faite d'expertises et de concertations de plus en plus complexes. Pire encore, le Grand Paris ne doit pas devenir un échelon de décision supplémentaire, ajoutant un élément de complexité à un mille-feuille déjà indigeste.
Tout serait plus simple si nous partions de l'hypothèse que le Grand Paris n'est autre que la région Ile-de-France. Une région dont les compétences seraient clarifiées et exclusives tant en matière de développement économique que de transports, de formation et d'éducation. Une région qui s'inspirerait pour définir son rôle de compétences dévolues à ses voisins européens.
Une région dont les élus ne seraient plus fragilisés au plan démocratique par le recours au soutien de liste qui les éloigne de leurs concitoyens. Une région personne morale devant l'impôt dans laquelle huit départements se rassembleraient pour décider ensemble de l'aménagement d'un territoire qu'ils ont en partage et dont la cohérence vient de la diversité même. Une région, échelon naturel d'efficacité, d'équité et d'identité, dont le développement serait multipolaire et équilibré, permettant de rationaliser les déplacements, de développer l'emploi de proximité, d'assurer la sécurité et de mieux répartir la prospérité.
Au-delà des villes nouvelles de Delouvrier, Cergy, Saint-Quentin, Evry... voyons plus loin et envisageons la création de nouvelles éco-villes plus éloignées du centre de la région, pour que le dynamisme de l'Ile-de-France se diffuse aux territoires alentour.
C'est à travers la naissance d'une véritable identité francilienne qu'enfin nous mettrons un terme aux discriminations territoriales et sociales qui minent notre territoire. Parmi les décisions symboliques à envisager d'urgence : le tarif unique du pass Navigo, car il ne peut y avoir un Paris à deux vitesses, ou à deux tarifs, un pour ceux qui ont les moyens de vivre en petite couronne, et un pour les autres.
On y revient, le projet social du Grand Paris passera d'abord par la mobilité de ses habitants. Un Grand Paris, projet économique, projet politique, projet de société, à la fois local et national : c'est d'abord l'exigence d'une relation rénovée entre l'Etat et la région Ile-de-France.
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
^^Un texte décevant de Pécresse, qui passe à côté des vrais enjeux. On dirait du Huchon dans le texte. Comme quoi la fonction crée le discours : quand on veut être président de la région IDF, forcément on n'est pas pour la création d'un Grand Paris resseré comme proposé par Dallier, et on tire la couverture à soi.
Remarquez qu'en soi je ne serais pas contre la transformation de la région IDF en Grand Paris, mais cela nécessiterait comme préalable indispensable la disparition du maire et de la mairie de Paris intra-muros. Puisqu'apparemment tout est bloqué dans ce pays du fait des conservatismes, une solution a minima qui dérangerait le moins d'élus (barons) locaux serait la suivante :
- suppression de la municipalité parisienne, du Conseil de Paris, du poste de maire de Paris
- transformation des 20 arrondissements municipaux en communes de plein exercice, avec réatribution des noms officiels en lieu et place des numéros (ex. le 1er arrondissement deviendrait la commune du Louvre, le 19è arrondissement deviendrait la commune des Buttes-Chaumont, ainsi de suite)
- changement de nom de la région IDF qui est rebaptisée Autorité du Grand Paris, et du président de la région IDF qui est désormais appelé Maire du Grand Paris
Après il faudrait prévoir une extension des domaines de compétence de cette Autorité du Grand Paris par rapport aux compétences actuelles de la région IDF, mais disons que la solution ci-dessus est celle qui finalement serait la plus facile à mettre en oeuvre puisqu'elle dérangerait le moins de barons locaux, et nécessiterait le moins de changements administratifs (juste la suppression d'un organe, le Conseil de Paris, et le changement de quelques noms d'entités). Les seuls à protester dans cette affaire seraient le maire (actuel) de Paris et ses adjoints au maire, mais après le congrès de Reims le maire de Paris est devenu de toutes façons inaudible, donc ses protestations porteraient peu. De plus Huchon, trop content de devenir le grand chef à Paris, trouverait toutes les vertus du monde à cette réforme critiquée par son "ami" Delanoë, donc inaudibilité des critiques socialistes garantie.
Evidemment une telle réforme n'est acceptable que si on suppose que Huchon est battu aux élections du Grand Paris de 2010, sinon c'est le cauchemar.
Effectivement Wangchun. J'en suis arrivé exactement à la même conclusion.
Finalement, à quoi sert le maire de Paris ? Que représente-t-il ? En quoi sert-il l'intérêt public ?
Il n'est pas un élu de proximité puisque les maires d'arrondissement le sont pour lui. Il n'est pas non plus le représentant des intérêts de la métropole parisienne puisqu'il ne représente qu'à peine 20% de sa population.
Bref, la fonction de maire de Paris est clairement batarde quand on y pense. Une sorte de super-représentant du centre-ville. Ceci pourrait être légitime s'il existait face à lui une fonction analogue pour représenter les autres parties de l'agglomération, mais ce n'est pas le cas.
Cet argument défendu en choeur par Huchon et Pécresse selon lequel "le Grand Paris, c'est l'ïle de France" ne peut pas avoir de sens dès lors qu'il existe une fonction de maire de Paris aussi batarde. S'il pensait réellement que le chef du Grand Paris, c'est le Président de la région, alors il devrait au minimum militer pour la suppression du poste de maire de Paris et pour que le président de région devienne le représentant légitime de Paris, en France comme à l'international.
Est-ce le cas ? NON. Donc cet argument qu'ils utilisent n'est que pure hypocrisie.
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
Metropolitan a écrit:
Finalement, à quoi sert le maire de Paris ? Que représente-t-il ? En quoi sert-il l'intérêt public ?
Il n'est pas un élu de proximité puisque les maires d'arrondissement le sont pour lui. Il n'est pas non plus le représentant des intérêts de la métropole parisienne puisqu'il ne représente qu'à peine 20% de sa population.
C'est l'équivalent du président de conseil général. Eh oui, il ne faut pas oublier cette strate administrative qui bloque aussi le projet de Grand Paris. Au Val de Marne, par exemple, tout e monde, majorité comme opposition est contre la fusion des départements de la petite couronne.
Metropolitan a écrit:
à quoi sert le maire de Paris ?
A préparer sa candidature aux présidentielles en 2012 (avant ça un autre préparait sa candidature aux présidentielles de 1995).
Metropolitan a écrit:
Que représente-t-il ?
Les bobos du centre et de l'est de l'intra-muros (avant ça un autre représentait les bourges de l'ouest de l'intra-muros). Point commun de ces deux groupes sociaux ? Le conservatisme. Lire à ce sujet l'hilarant (à moins que ce ne soit le consternant) article dans Le Monde d'hier sur les péripéties de la construction d'un immeuble de logements sociaux à côté de la Villa Montmorency dans le 16è.
Metropolitan a écrit:
En quoi sert-il l'intérêt public ?
Langue au chat.
Metropolitan a écrit:
Bref, la fonction de maire de Paris est clairement batarde quand on y pense. Une sorte de super-représentant du centre-ville.
Merci à Valéry Giscard-d'Estaing en 1977. Encore un qui se croyait plus intelligent que les autres (saviez-vous qu'il a aussi fait modifier le bleu du drapeau national et le rythme de la Marseillaise ? ).
Metropolitan a écrit:
Cet argument défendu en choeur par Huchon et Pécresse selon lequel "le Grand Paris, c'est l'ïle de France" ne peut pas avoir de sens dès lors qu'il existe une fonction de maire de Paris aussi batarde. S'il pensait réellement que le chef du Grand Paris, c'est le Président de la région, alors il devrait au minimum militer pour la suppression du poste de maire de Paris et pour que le président de région devienne le représentant légitime de Paris, en France comme à l'international.
Est-ce le cas ? NON. Donc cet argument qu'ils utilisent n'est que pure hypocrisie.
Je ne pense pas que c'est hypocrisie. A mon avis c'est encore pire, c'est plutôt qu'ils ont des idées à courte vue, qu'ils ne sont même pas capables de penser les problèmes globalement et de voir au delà du fauteuil qu'ils lorgent ou qu'ils occupent. C'est le "pense petit", qui est un grand travers de nos hommes politiques modernes.
Le maire de Paris tel qu'il a été créé en 77 était très différent de ce qu'il est devenu. À l'époque, l'État s'occupait directement de la fiscalité et du développement de la Ville via le préfet de Paris (auparavant préfet de la seine avant le découpage du département), ce qui était un héritage de la fin du 19e siècle - combattre l'autonomie administrative de Paris. Il était légitime et logique que, comme Lyon et Marseille, Paris ait un maire, c'est à dire un président du conseil municipal élu par les représentants d'arrondissements qui y siègent. Vous trouveriez normal que ce président du conseil soit encore désigné par l'État?
Malheureusement, par la suite, la mairie est devenue pendant 18 ans un système destiné à conquérir un hôtel particulier plus petit, mais plus important à côté des Champs. D'où une croissance exotique de son personnel (10 000 personnes, c'est plus que la commission européenne), tandis que les élus d'arrondissements, RPR en majorité jusqu'en 2001, ont eu un malin plaisir à déléguer des compétences à la Mairie. Comme quoi, dans certaines circonstances, on peut tout à fait obtenir des élus locaux qu'ils abandonnent des pouvoirs.
Autre malheur, les mairies de Lyon et Marseille contrôlent une superficie beaucoup plus étendue que la Mairie de Paris, qui se retrouvent donc hypercéphale dans un petit bocal.
Dernier malheur, l'histoire de Paris depuis le XVIIe siècle correspond effectivement à l'affrontement ambivalent entre l'État, la Ville et le reste du pays. C'est une constante avec ses paroxysmes (1650, 1793, 1848, 1870, 1968, voire 2001) qui a une conséquence : encore aujourd'hui, le pouvoir central ET le reste du pays craignent l'émergence d'une personnalité élue ayant autorité sur une dizaine de millions de citoyens comme pourrait l'avoir le maire d'un grand paris unifié. Parallèlement, jusqu'à la fin du XXe siècle, l'évolution sociologique avait monté les parisiens "de l'intérieur" contre les banlieues rouges et c'est ainsi que la notion d'ile de france "unifiée" est extrêmement récente.
Petites causes, grands effets : c'est ce type de conflits qui explique le petit gabarit du métro et sa concentration intra muros et surtout pas au delà des frontières, c'est ce qui explique que paris rive gauche n'ait pas été "dilué" dans un ensemble incluant une partie d'Ivry, et ce sont encore ces héritages qui vont continuer à gêner les projets de réforme.
Dans le même temps, la réforme des échelons administratifs a connu un gros échec en france dans les années 80 sous la forme des fusions imposées de commune. Vécues paradoxalement comme des résurgences de centralisme alors que le but des fusions de communes étaient de redonner des compétences à des ensembles plus puissants, l'administration ne recommencera jamais ce genre d'initiatives, et surtout pas en IDF.
D'où blocage sur blocage.
Alors rien à faire?
À mon avis, rien ne sera possible sans faire du donnant donnant symbolique et sans s'attaquer au "sanctuaire" parisien. Redécouper les arrondissements, leur faire intégrer des bouts de commune de petite couronne au-delà du périph (et vice versa), leur redonner des compétences (notamment d'aménagement local et des leviers sur l'implantation commerciale), les rebaptiser avec des "vrais" noms historiques tout en centralisant un pack de compétences au niveau régional, ça aurait du style sur le papier.
Le seul bémol est, bien sûr, qu'on risquerait de se retrouver avec encore plus de petits balkanys un peu partout en Idf et qu'on deviendrait tous nostalgiques.
organedh a écrit:
Vous trouveriez normal que ce président du conseil soit encore désigné par l'État?
Oui, parce que nous sommes en démocratie, donc l'Etat est l'émanation des citoyens. Il ne me paraîtrait pas anormal que Paris, capitale de la France, soit dirigé par quelqu'un nommé par l'Etat qui représente tous les citoyens du pays.
Paris n'est pas une ville comme les autres. De par ses fonctions de capitale, son poids à tous les niveaux en France, on peut complètement justifier que ce soit l'Etat, donc tous les Français, qui dirigent Paris. Ca permettrait d'éviter des aberrations comme le fait qu'un comité de quartier du 1er arrondissement décide de l'aménagement d'un lieu aussi stratégique que Les Halles sans se soucier des habitants du reste de la région ou de la France.
organedh a écrit:
Dans le même temps, la réforme des échelons administratifs a connu un gros échec en france dans les années 80 sous la forme des fusions imposées de commune.
La fusion des communes c'est 1971 avec la loi Marcelin, et non pas les années 1980. La loi Marcelin a été un échec puisque seules quelques 1 300 communes sur près de 38 000 ont accepté de fusionner. Beaucoup de ces communes (près de 200) ont d'ailleurs ensuite défusionné.
Pour la petite histoire, en Île-de-France on avait 1 299 communes en 1970 juste avant la loi Marcelin, puis on est tombé à 1 278 communes en 1975 par fusions (bien peu de fusions comme vous voyez), et depuis on est remonté à 1 281 communes en 1982 par défusions, chiffre qui n'a pas varié depuis 1982. Les plus nombreuses fusions se sont produites en Seine-et-Marne. Le Val-d'Oise et la petite couronne n'ont connu aucune fusion.
Pour la petite histoire aussi, le nombre maximal de communes en France métropolitaine a été atteint en 1936 avec 38 014 communes. Le nombre minimal de communes a été atteint en 1978 avec 36 382 communes, et depuis on est remonté à 36 569 communes (au 1er janvier 2008), soit un taux de création de 6 communes par an depuis 1978. A ce rythme là dans 1000 ans on devrait bien avoir 6 000 communes de plus.
organedh a écrit:
Le seul bémol est, bien sûr, qu'on risquerait de se retrouver avec encore plus de petits balkanys un peu partout en Idf et qu'on deviendrait tous nostalgiques.
Nostalgiques de ?
wangchun a écrit:
organedh a écrit:
Dans le même temps, la réforme des échelons administratifs a connu un gros échec en france dans les années 80 sous la forme des fusions imposées de commune.
La fusion des communes c'est 1971 avec la loi Marcelin, et non pas les années 1980. La loi Marcelin a été un échec puisque seules quelques 1 300 communes sur près de 38 000 ont accepté de fusionner. Beaucoup de ces communes (près de 200) ont d'ailleurs ensuite défusionné.
En effet, et ce n'était d'ailleurs pas une fusion imposée puisque les communes ou les conseils généraux pouvaient refuser. Certaines fusions ont marché tant qu'on leur attribuait des avantages fiscaux, puis elles ont disparu naturellement. Quand on lit aujourd'hui la loi Marcellin, qui décrit un redécoupage généralisé des communes de France sous l'égide des préfets, on a l'impression d'être dans un univers parallèle...
En Allemagne, en revanche, des fusions autoritaires ont eu lieu et ont bien fonctionné.
Tes chiffres sont intéressants et précis. Ca m'intéresserait d'avoir la source (surtout si elle est consultable sur le Web et qu'il y a des chiffres sur l'ensemble du territoire).
organedh a écrit:
Autre malheur, les mairies de Lyon et Marseille contrôlent une superficie beaucoup plus étendue que la Mairie de Paris, qui se retrouvent donc hypercéphale dans un petit bocal.
??? Lyon est 2,5 fois plus petite que Paris en superficie.
thib8500 a écrit:
organedh a écrit:
Autre malheur, les mairies de Lyon et Marseille contrôlent une superficie beaucoup plus étendue que la Mairie de Paris, qui se retrouvent donc hypercéphale dans un petit bocal.
??? Lyon est 2,5 fois plus petite que Paris en superficie.
Pardon, je voulais dire Grand Lyon et Grand Marseille. Ie : les maires ont à leur disposition des organes de gouvernance sur l'ensemble de l'agglo (même si insuffisant, mieux qu'à Paris)
Oui, parce que nous sommes en démocratie, donc l'Etat est l'émanation des citoyens. Il ne me paraîtrait pas anormal que Paris, capitale de la France, soit dirigé par quelqu'un nommé par l'Etat qui représente tous les citoyens du pays.
Paris n'est pas une ville comme les autres. De par ses fonctions de capitale, son poids à tous les niveaux en France, on peut complètement justifier que ce soit l'Etat, donc tous les Français, qui dirigent Paris. Ca permettrait d'éviter des aberrations comme le fait qu'un comité de quartier du 1er arrondissement décide de l'aménagement d'un lieu aussi stratégique que Les Halles sans se soucier des habitants du reste de la région ou de la France.
Tu fais un amalgame entre l'administration et la représentation populaire. Ensuite, on est pas en 1789, personne n'imagine sérieusement que l'État est une émanation pure et parfaite de la Nation. La question est technique et l'enjeu est la gestion d'une ville, ça n'a aucun sens de dire que "tous les français" peuvent piloter Paris. Que les Français restent abstraitement embués dans le nationalisme révolutionnaire et le centralisme bonapartiste est une chose, heureusement que le pays ne fonctionne pas de cette façon.
C'est d'autant plus vrai pour l'exemple que tu prends: la suppression des Halles et la construction de la chose actuelle, et donc les efforts pour la remplacer, sont dus à une gestion administrative de Paris par l'État.
Par construction, tu envisages le gouvernement d'une entité locale comme une sorte de babouinerie à la disposition de l'État. C'est effectivement la façon dont le Pouvoir central puis les représentants de la Nation ont voulu gérer paris historiquement et ça ne l'a mené nulle part ailleurs que dans l'impasse actuelle.
Le Grand paris passe nécessairement par une autonomisation et une relocalisation des enjeux et des process.
La fusion des communes c'est 1971 avec la loi Marcelin, et non pas les années 1980. La loi Marcelin a été un échec puisque seules quelques 1 300 communes sur près de 38 000 ont accepté de fusionner. Beaucoup de ces communes (près de 200) ont d'ailleurs ensuite défusionné.
La loi Marcellin est une chose, je maintiens sur les années 80 et notamment les années Mauroy : un certain nombre de projets de loi ont été torpillés, surtout par le sénat qui défendait à la fois l'opposition et les structures locales voire terroir.
Ce n'est pas un hasard si depuis les années 90, on n'entend plus parler que de communautés de communes/d'agglos et de solutions alternatives à la fusion, les parlementaires comme les ministères sont pas très chauds pour consacrer une minute à la "fusion". Le sujet est un tabou voilé de fatalisme, tout fonctionnaire du ministère de l'intérieur te dira en "on" que le nombre de communes ne signifie rien, que les fusions sont un gadget qui fait perdre du temps.
C'est bien évidemment un blocage que je regrette, mais c'est ainsi. Le Sénat est irréformable, les élus locaux sont l'objet d'une danse du ventre cyclique des 2 grands partis de gouvernement, ça complique concrètement les choses.
Tout ceci est un peu off topic mais pas complètement : à mes yeux, l'impossible des échelons administratifs est la preuve de l'incapacité des représentants et des administrations à vendre un deal. C'est notamment le cas à Paris ces temps-ci où, concrètement, personne d'officiel ne peut synthétiser de façon claire ce qui va arriver de bien aux "grands parisiens" et à l'idf grace à cette réforme. C'est même la peur ou l'indifférence qui dominent, chez les habitants comme pour les élus.
Le Point véhicule bien ce malaise en refourgant un dossier où il n'est question de la réforme du grand paris que sur un style 30 glorieuses, avec sa cohorte de "grands projets" et de grandes choses avec de l'argent de l'État, quand la réalité est que ceux ci sont anecdotiques en comparaison de ce que permettrait une réforme réussie et ambitieuse de Paris et de l'idf.
Thierry a écrit:
Tes chiffres sont intéressants et précis. Ca m'intéresserait d'avoir la source (surtout si elle est consultable sur le Web et qu'il y a des chiffres sur l'ensemble du territoire).
La bible: http://projetbabel.org/gl/cog.pdf
organedh a écrit:
C'est d'autant plus vrai pour l'exemple que tu prends: la suppression des Halles et la construction de la chose actuelle, et donc les efforts pour la remplacer, sont dus à une gestion administrative de Paris par l'État.
C'est à moitié faux. La décision de déplacer le marché de gros à Rungis et de détruire les pavillons des Halles a bien été prise par l'Etat, mais la construction de la "chose" actuelle résulte d'une décision prise par le maire de Paris Jacques Chirac. L'Etat n'est en rien dans la construction de ce Forum des Halles si décrié. Si Mitterrand avait pu inclure Les Halles dans sa politique de grands travaux, on aurait peut-être eu un résultat plus à la hauteur que la "chose" actuelle.
organedh a écrit:
Le Grand paris passe nécessairement par une autonomisation et une relocalisation des enjeux et des process.
C'est ton opinion. Il peut y en avoir d'autres.
http://parisbanlieue.blog.lemonde.fr
26/11/2008
Paris-Métropole a cimenté ce premier consensus que nous avons réussi à élaborer ensemble, pour aller plus loin ! Philippe Laurent revient sur la création de Paris-Métropole
Après l’adoption des statuts de Paris-Métropole, le syndicat mixte d’études qui fait suite à la Conférence Métropolitaine, les premières adhésions arrivent. D’abord Arcueil, puis Nogent-sur-Marne, la Communauté d’agglomération de l’Orge avec notamment Brétigny et Sainte-Geneviève des bois, Sceaux et Paris. Paris est sa banlieue fait le point avec Philippe Laurent, maire de Sceaux (sans étiquette) et membre fondateur de la Conférence Métropolitaine. (...)
http://parisbanlieue.blog.lemonde.fr/20 … metropole/
PSS - Architecture, Urbanisme, Aménagement du territoire
City Forum - Ville 3D
~ Ah tu Voi c pour sa ke Seul les pti bonhomme du Baby on ldroi dShooT - Chandler Friends s06-ep06 ~
wangchun a écrit:
C'est à moitié faux. La décision de déplacer le marché de gros à Rungis et de détruire les pavillons des Halles a bien été prise par l'Etat, mais la construction de la "chose" actuelle résulte d'une décision prise par le maire de Paris Jacques Chirac. L'Etat n'est en rien dans la construction de ce Forum des Halles si décrié. Si Mitterrand avait pu inclure Les Halles dans sa politique de grands travaux, on aurait peut-être eu un résultat plus à la hauteur que la "chose" actuelle.
Les Halles sont un projet voulu de bout en bout par le gaullisme centralisé. Chirac récupère le projet très tardivement, vers 1980, pour une raison simple : le plan initialement prévu par l'État en faisait un centre commercial de luxe EXACTEMENT sur le même plan que ce qui existe, mais avec Dior et Chanel à la place de la fnac et h&m. Pas de chance, crise, réalité de la gare des halles, tous les investisseurs se désistent et Chirac s'approprie le dossier.
En lui donnant un axe devenu célèbre "il faut que ça sente la frite". Mais tout était déjà joué, aussi bien la gestion par unibail que le cahier des charges architectural. Pour rappel, les Halles faisaient partie du même pack que le centre pompidou.
Or précisément, ce genre de massacre n'aurait pas été possible si on avait eu une tradition longue de gouvernance locale. L'État n'est tout simplement pas adapté pour ce type de missions. D'ailleurs les grands travaux mitterrandiens en sont un exemple aberrant, c'est étonnant que tu t'appuies dessus. L'opéra bastille a détruit un quartier et grévé pendant 20 ans la capacité financière de Opéra de Paris à cause de frais de fonctionnements déments. Idem pour la BNF, projet régalien qui est parfaitement détaché de son utilité. Je ne m'attarde pas sur l'arche de la défense, tu trouveras toute l'absurdité de la façon dont elle a été réalisée dans le sujet qui lui est consacré.
Je ne dis pas que je suis contre les grands travaux et l'impulsion "d'en haut", bien au contraire, mais il n'y a pas de bras providentiel. Ce qui est nécessaire, il n'y a même plus de débat là dessus en 2008, c'est de redonner les moyens au local d'être à la hauteur des enjeux ET de dialoguer efficacement avec les différentes instances étatiques ou privées qui veulent entreprendre des projets.
C'est gentil de vouloir jouer à sim city (ou à houphouet boigny) et de financer des éléphants blancs qui permettent au prince de pavaner 2 semaines et à quelques nerds de s'enflammer. Dans les faits, le défi des grands projets urbains aujourd'hui, c'est de les rendre pertinents architecturalement, financièrement, urbainement. Ce genre d'équilibre ne s'atteint pas avec l'intervention balourde d'un ministère qui n'a stricto sensu ni le personnel ni les compétences ni la motivation pour s'en charger.
La destruction des halles baltard est une grande perte, nous serons tous d'accord.
Mais dire que les halles d'aujourd'hui sont un échec ... Je trouve ça bien affirmatif.
C'est un lieu de vie comme il y en a peu à Paris :
Où la Banlieue croise le centre.
Où le centre commercial, la piscine, et les cinémas sont toujours pleins ...
Peut-être que les halles n'avaientt besoin que d'un coup de neuf.
Je suis pas sur que dans 30 ans la canopée aura meilleure tête que les parapluies aujourd'hui.
http://qc.news.yahoo.com/s/afp/081204/a … _idf_paris
Grand Paris: les architectes à la mairie de Paris
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Les équipes d'architectes, parmi lesquelles celles de Jean Nouvel, Richard Rogers ou Christian de Portzamparc, ont échangé avec le maire de Paris, à huis clos, leurs visions de l'agglomération parisienne (environ 8 millions d'habitants dont 2 millions pour Paris intra muros) et de son avenir.
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Les équipes d'architectes, parmi lesquelles celles de Jean Nouvel, Richard Rogers ou Christian de Portzamparc, ont échangé avec le maire de Paris, à huis clos, leurs visions de l'agglomération parisienne (environ 8 millions d'habitants dont 2 millions pour Paris intra muros) et de son avenir.
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JDD 4/12/08
Paris dessine son futur
*Paris 21e siècle, livre papier/DVD-Rom, il fournit des milliers de données sur la capitale sous forme d'analyses, de cartes, de photographies, de projets architecturaux. Préparé par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), Le Passage, Diffusion Seuil, 12 euros.
[...]Le Paris du XXIe siècle sera architectural. 26 opérations d'urbanisme sont prévues sur 10% du territoire parisien. Paris se met donc en mouvement. De Paris Village on passe à un Paris Ville, puis à une Ville monde. Pour cela, il lui faut une identité lisible. "Priorité de nos projets, la qualité de l'architecture vise à constituer le patrimoine du XXIe siècle sans abîmer celui reçu en héritage. Cette créativité passe par la construction d'immeubles de grande hauteur sur les territoires encore en fabrication. Elle passe aussi par une créativité architecturale au quotidien pour les équipements publics, les logements au sein du tissu haussmannien ou faubourien"[...]L'avenir de Paris passe aussi par de nouveaux liens avec les communes voisines, comme en témoigne le débat souvent passionné autour du Grand Paris (ou Paris Métropole) qui agite actuellement politiciens et décideurs en Ile-de-France. Preuve concrète de cette ouverture, la frontière qu'est le périphérique sera en grande partie recouverte à moyen terme par des jardins et des équipements publics.[...]Paris pourrait bouleverser les hiérarchies. Les Docks de Saint-Ouen pourront peut-être supplanter à moyen terme la Défense, et l'Est parisien sera devenu à la mode au détriment de l'Ouest, trop bourgeois, trop statique, trop haussmannien[...]
raptor974 a écrit:
http://qc.news.yahoo.com/s/afp/081204/a … _idf_paris
Les équipes d'architectes, parmi lesquelles celles de Jean Nouvel, Richard Rogers ou Christian de Portzamparc, ont échangé avec le maire de Paris, à huis clos, leurs visions de l'agglomération parisienne (environ 8 millions d'habitants dont 2 millions pour Paris intra muros) et de son avenir.
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Il faudrait peut-être que quelqu'un explique aux journalistes que l'agglomération parisienne aujourd'hui c'est 10 millions d'habitants, et même 12 millions d'habitants dans l'aire urbaine. L'agglomération de 8 millions d'habitants c'était au recensement de 1968, il y a... 40 ans !
Et si l'on passait à 2008 et à l'aire urbaine de 12 millions d'habitants ? Juste une idée comme ça...
Le Sénateur Philippe Dallier a été consulté Mercredi 3 Décembre par le comité pour la réforme des collectivités locales face à Edouard Balladur, Pierre Mauroy et Dominique Perben. Il y a défendu son plan consistant en la suppression des 4 départements du centre pour, dès 2010, mettre en place une structure “nouvelle” mêlant compétences municipales, intercommunales et départementales. Je viens à l’instant d’assister à l’intégralité des débats sur LCP (à 3h du mat’ !), je n’ai pas réussi à retrouver la vidéo sur leur site, mais c’était très intéressant.
Pour faire un petit résumé, Balladur a d’abord souligné que l’échelle des départements n’était pas forcément la bonne, qu’il fallait raisonner jusqu’aux villes nouvelles. Dallier a répondu qu’il avait raison, mais qu’on ne pouvait pas redessiner les frontières départementales sans réforme constitutionnelle. Il a souligné que l’objectif de son plan était avant tout de démontrer qu’une création du Grand Paris était “possible”, et ce “rapidement”. Or, pour que ce soit le cas, on est obligé de rester dans le cadre les limites départementales actuelles. Son rapport se veut réaliste, et il craint qu’en proposant de redessiner les frontières départementales, on butte sur une telle difficulté qu’on en finisse par abandonner la réforme en elle-même. D’après lui, l’élargissement du périmètre se ferait de toute manière d’elle-même naturellement dans un deuxième temps.
Pierre Mauroy n’a pas compris pourquoi Dallier ne voulait pas monter une interco comme partout ailleurs. Le sénateur des Pavillons-sous-Bois a répondu que cela revenait à rajouter une nouvelle strate supplémentaire là où il existe déjà les communes, les intercommunalités de banlieue, les départements et la région. Dallier souhaite réduire toute ses strates à uniquement trois niveaux : la commune et l’arrondissement (échelle de proximité), l’entité “Grand Paris”, et la région. L’objectif étant de rationaliser et de simplifier l’organisation administrative du territoire, on ne peut pas y arriver par le simple ajout d’un étage supplémentaire au mille-feuille.
Dominique Perben a souligné son accord avec Dallier sur la nécessité de simplification et de rationalisation dans l’administration, cependant il était sceptique sur la méthode. D’après lui, le problème de la création d’une nouvelle entité vient du fait que, d’après son expérience, ce genre de chose amène à faire de grands transferts dans l’administration, ce qui se fait difficilement, qui coûte cher et qui amène généralement à l’inflation du nombre d’agents territoriaux. En allant dans le même sens, un observateur dont j’ai oublié le nom a insisté sur le fait qu’à Paris (75), les services municipaux et départementaux étaient déjà les mêmes, et qu’une nouvelle structure amènerait à les séparer en deux nouveaux groupes, ce qui engendrerait un certain coût. Philippe Dallier a répondu que dans les communes de proche couronne, les services départementaux étaient également gérés sur le terrain par des fonctionnaires municipaux. Il considérait qu’il n’y avait aucune raison pour que les choses soient changées à ce niveau.
Globalement, le désaccord majeur est quasiment resté dans le non-dit. Il s’agissait de la disparition ou non de la mairie du “petit” Paris. Le sénateur Dallier insistait sur l’attribution d’un rôle identique entre les communes et les arrondissements parisiens, ce qui implique la disparition de la mairie de Paris en tant que telle. Edouard Balladur a simplement fait remarquer qu’il était sceptique vis-à-vis de l’élection au suffrage universelle du président/maire du Grand Paris, soulignant le pouvoir colossal dont il disposerait, et le fait qu’il ne voit aucun président de la république accepté la mise en place d’un tel poste. Il en a profité pour préciser en s’amusant que, compte-tenu de l’expérience, il n’était même pas sûr qu’un président réinstituerait un maire de Paris aujourd’hui (allusion à la déchéance de VGE venu par Chirac qui avait pris la mairie de Paris).
Mauroy et Balladur ont voulu rassurer Dallier en lui disant bien qu’il considérait comme “intéressante” la piste de la fusion des 4 départements du centre. Simplement, on sentait bien que leur préférence allait plutôt dans le sens de la création d’une simple intercommunalité exerçant sur un territoire identique à celui de ce nouveau “grand” département. Ainsi, on passerait d’une ville de Paris étant à la fois commune et département, à une intercommunalité du Grand Paris étant à la fois interco et département. Tel que je l’ai compris dans les sous-entendus, il n’y aurait bien évidement ni suppression de la mairie de Paris, ni élection au suffrage universel du président de cette interco.
Un dernier point intéressant à relever, surtout dans le contexte du colloque d’Orbival : Philippe Dallier souhaite que les représentants du conseil du Grand Paris soit élus lors de suffrages uninominaux à deux tours pour représenter un territoire. Etant donné que ce genre de scrutin exige par la population une répartition démographique égale dans chaque circonscription représentée, Dallier souhaitait calquer ces circonscriptions sur celles des députés. Il doutait de la pertinence d’un scrutin de listes élues à la proportionnelle parce que, prenant l’exemple des régions, il voyait bien comment les élus en question se retrouvait couper des réalités du territoire. D’après lui, pour qu’ils soient efficaces, ces conseillers du Grand Paris se doivent de représenter un territoire. Balladur a jugé la remarque intéressante… sans apporter aucune autre précision.
Enfin bref, je vous conseille de voir le film, en espérant que vous le trouviez sur le site de LCP ou qu’il repasse sur la chaîne.
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
Metropolitan a écrit:
Dallier a répondu qu’il avait raison, mais qu’on ne pouvait pas redessiner les frontières départementales sans réforme constitutionnelle.
Dallier se trompe. Il n'est pas nécessaire de modifier la Constitution pour redessiner les frontières d'un département. Depuis 50 ans on a modifié pas mal de limites départementales. Heureusement qu'il ne faut pas à chaque fois réunir le Congrès à Versailles ! Par exemple en 1974 le département de l'Essonne a été agrandi par adjonction de la commune de Dommerville détachée de l'Eure-et-Loir. Aucune réforme constitutionnelle pour ce faire. En 1976 une partie de la commune de Grand-Fort-Philippe a été détachée du Pas-de-Calais et donnée au département du Nord. Il y a beaucoup d'exemples comme ça.
Dallier confond probablement avec la suppression des départements en tant que collectivité territoriale. Si on supprimait la catégorie "département" des collectivités territoriales, il faudrait effectivement modifier la Constitution. Mais la modification de limites départementales ne nécessite pas de réforme constitutionnelle. D'ailleurs en 1964 quand on a supprimé la Seine et la Seine-et-Oise, et qu'on a créé les trois départements de petite couronne et le Val-d'Oise, les Yvelines, et l'Essonne, il n'y a pas eu de modification de la Constitution. On pourrait croire un sénateur mieux informé...
Metropolitan a écrit:
Edouard Balladur a simplement fait remarquer qu’il était sceptique vis-à-vis de l’élection au suffrage universelle du président/maire du Grand Paris, soulignant le pouvoir colossal dont il disposerait, et le fait qu’il ne voit aucun président de la république accepté la mise en place d’un tel poste.
En Angleterre le maire du Grand Londres est élu au suffrage universel. Est-ce que cela pose un problème ? Non. Alors pourquoi est-ce que ça poserait un problème en France ? On est toujours à se chercher des faux problèmes dans ce pays, ça nous donne une excuse pour ne rien faire.
De plus s'ils ont vraiment peur que le maire d'un Grand Paris de 8 ou 10 millions d'habitants ait trop de pouvoir et risque de se servir de son poste pour viser la présidence de la République, il y a une chose très simple à faire, il suffit d'inscrire dans la loi que le maire du Grand Paris est interdit à vie de se présenter à l'élection présidentielle. Cela existe déjà pour le médiateur de la République qui est interdit à vie de tout mandat électif. Je crois que c'est aussi le cas pour le président du Conseil constitutionnel. Donc cela pourrait aussi s'envisager pour le maire du Grand Paris. Comme ça on serait sûr que la personne se présentant à l'élection du maire du Grand Paris aurait en tête de se consacrer uniquement à Paris et non pas de s'en servir comme d'un tremplin pour accéder à la présidence de la République.
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