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Pour compléter la comparaison Paris-Londres d'hier, j'ai calculé la population dans les 1572 km² de Paris depuis 1962. A comparer à la population du Grand Londres depuis 1962.
Voici les chiffres.
Grand Londres Ville de Paris + 243 (1572,2 km²) communes de banlieue (1571,6 km²) 1962 7.972.200 7.447.545 1968 7.715.700 8.017.133 1975 7.207.400 8.191.221 1982 6.777.560 8.122.175 1990 6.784.060 8.402.816 1999 7.126.290 8.486.981 2006 7.484.250 8.930.991 2007 7.534.650 8.975.153
On voit nettement que la croissance économique et croissance démographique sont corrélées. Le creux de la fin des année 70 à Londres coïncide avec le prêt du FMI au Royaume Uni de 1976. Sur ton autre graphique, Berlin connait un pic de population en 1936, allez savoir pourquoi...
En ce qui concerne Paris, je serais tenté de dire (au risque de me faire lynché) que la balkanisation peut jouer à l'avantage de la démographie parisienne. Si tu prend, Paris IM tu constatera une stagnation (voire une décroissance) de la population à l'image de Berlin alors que globalement la démographie de la mégapole augmente à l'inverse de Berlin.
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Depuis 1962, la croissance de population de Londres s'est faite en "ex-urbia" i.e. au-delà de la M25. Ces chiffres sont donc trompeurs (même s'ils sont fiables) et peuvent seulement nous faire dire que le noyaux urbain de Paris est plus peuplé que celui de Londres mais qu'au final la métropole londonienne, de par sa métropolisation plus avancée, est plus peuplée que Paris et plus puissante économiquement.
Ce n'est pas la peine de tergiverser et d'en débattre à tirés..vous le savez de toute façon.
KaEL a écrit:
En ce qui concerne Paris, je serais tenté de dire (au risque de me faire lynché) que la balkanisation peut jouer à l'avantage de la démographie parisienne. Si tu prend, Paris IM tu constatera une stagnation (voire une décroissance) de la population à l'image de Berlin alors que globalement la démographie de la mégapole augmente à l'inverse de Berlin.
Je pense qu'au contraire, elle baisse la croissance démographique de Paris au sens large. les problèmes de transport, de logements freine les gens à s'y installer.
Si Berlin n'est pas une vraiment ville attractive c'est que ce n'est pas vraiment une ville économique de premier ordre, Hambourg, Munich, Francfort... sont plus importante sans oublier le déclin démographique allemand.
Donc elle a peu de naissance et n'attire pas vraiment les jeune allemand en quête de travail.
Paris intra-muros stagne uniquement a cause d'un faible nombre de logement en construction, ce qui fait monter les prix et oblige beaucoup de monde a se rabattre sur la petite couronne.
C'est amusant de voire qu'a Londres, les arrondissements qui grandissent les plus sont les arrondissement résidentiel de l'inner London. (l'équivalent de nos 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20).
A Tokyo ce sont les arrondissements de l'hypercentre, c'est a dire l'équivalent de nos arrondissement de 1 à 10.
Nos deux grand problème en IDF sont le manque d'un Grand Paris et la "muséification" de l'intra-muros.
すみません
J’aime Paris et je veux des tours !
Ypsilon a écrit:
Depuis 1962, la croissance de population de Londres s'est faite en "ex-urbia" i.e. au-delà de la M25. Ces chiffres sont donc trompeurs (même s'ils sont fiables)
N'oublie pas que la croissance de Paris s'est aussi faite en "ex-urbia". Si de 1962 à 2007 la population de ces 1572 km² de Paris a augmenté de 1.527.608 habitants, il faut voir que dans le reste de l'aire urbaine de Paris en dehors de ces 1572 km² la population a quant à elle augmenté de... 1.733.616 habitants. L'essentiel de la croissance parisienne a donc eu lieu en dehors de ces 1572 km², même si la tendance s'est renversée depuis 1999.
Ypsilon a écrit:
au final la métropole londonienne, de par sa métropolisation plus avancée, est [...] plus puissante économiquement.
Ce n'est plus vrai depuis la crise économique. J'ai déjà donné les chiffres dans un autre thread. Même si on prend le Grand Londres et tout les comtés l'entourant, leur PIB global est désormais plus faible que celui de la seule Île-de-France.
En 2007 :
Grand Londres + Berkshire + Buckinghamshire + Hertfordshire + Essex + Kent + Surrey (15.110 km²) : PIB de 510 milliards d'euros (au cours actuel de la livre)
Île-de-France seule (12.012 km²) : PIB de 537 milliards d'euros
Minato ku a écrit:
Je pense qu'au contraire, elle baisse la croissance démographique de Paris au sens large. les problèmes de transport, de logements freine les gens à s'y installer.
Concernant les logements, le fait de mailler politiquement le territoire de manière aussi dense à Paris peut permettre justement de pouvoir être plus performant en matière de logement. Ca c'est la théorie dans la pratique j'aimerais bien comparer les chiffres du logement social à Paris et Londres. Maintenant, ce développement se fait sans vision d'ensemble et il apparait rapidement des problèmes à l'échelle macroscopique.
Mais ca fait l'inverse quand les politiques urbanistique sont très conservative et quand on ajoute a cela un enorme manque de vision globale.
La région qui pourrait avoir ce rôle de vision d'ensemble n'a pas le pouvoir d'imposer des quotas au maire.
Le résultat de cela est édifiant, en IDF on construit deux fois moins de logement que nécessaire.
Il faut certes un maillage politique, on ne va pas imaginer un mairie du Grand Paris et rien en dessous.
C'est ce que l'on appelle des arrondissements, ce que Londres, Berlin, Tokyo, etc... possède aussi.
A propos des logement sociaux, l'inner London possède a peu près 35%, la ou l'intra-muros ne respecte pas les 20% pourtant règlementaire.
すみません
J’aime Paris et je veux des tours !
Vous vous cassez la tête avec un truc qui sera tres difficile à réaliser et ne serait qu'un projet à long terme soit réaliser ce dont l'on fête le 150 eme anniversaire l'absorption par Paris des communes peripheriques ...
Rêver d'une grande commune de Paris qui incluerait toutes celles du 92 / 93 / 94 par transformation de celles ci en arrondissement serait même contre productif vu l'heterognenité des typologie urbaine.
La sagesse voudrait que l'on réalise en IDF ce que parait être la solution pour le reste du pays la disparition d'un niveau de collectivité territoriale celui du département effacé pour être intégré à la "Grande région".
La région IDF gererait alors son territoire en 3 entités,
Paris (75), 2,2 millions habitants
Grand Paris (92+93+94), 4,4 millions habitants
Grande Couronne pour laquelle l'on pourrait trouver une dénomination plus évocatrice (78,77,91,95) 5 millions habitants ...
Lupus a écrit:
Ce que je veux dire, c'est qu'il ne sert à rien de délimiter un périmètre si on ne définit pas les compétences associées ni son mode de gouvernement!
Le conseil de Paris a bien les compétences d'une ville ET d'un département... Pourquoi ne pas faire pareil ailleurs, en donnant aux départements (92, 93, 94) les mêmes compétences que les communes ? Et à chaque commune, celles d'un arrondissement --> un décalage de compétences, en somme, avec suppression d'un échelon.
La réforme territoriales est minime (pas de modifications des frontières administratives). Paris = une interco de 4 supercommunes.
Ça coute rien est tout le monde est content...
Diagonal a écrit:
Rêver d'une grande commune de Paris qui incluerait toutes celles du 92 / 93 / 94 par transformation de celles ci en arrondissement serait même contre productif vu l'heterognenité des typologie urbaine.
Ah non, pas tout le monde... Mais j'aimerai savoir pourquoi.
Ainsi passe la gloire du monde...
Comme vous l'avez rappelé, les frontières actuelles de Paris fêtent leur 150 ans.
Jamais les frontières de Paris ne sont restées figées pour une période aussi longue depuis l'enceinte de Charles V, achevées en 1383 et qui ont duré 250 ans.
L'enceinte de Louis XIII (1633-1636) a duré 149 ans avant l'élargissement au Mur des Fermiers Généraux (1785). Ce dernier n'est resté la frontière de Paris que pendant 75 ans, jusqu'à l'agrandissement de 1860. Les fortifications de Thiers, ont quant à elles été physiquement construites de 1841 à 1844.
La ville de Paris n'a donc jamais été figée dans ses frontières sur une période aussi longue depuis le Moyen-Age. C'est d'autant plus paradoxale que l'agglomération a connu depuis 1860 sa plus forte croissance démographique de toute l'Histoire : sa population a sextuplé.
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
Metropolitan a écrit:
C'est d'autant plus paradoxale que l'agglomération a connu depuis 1860 sa plus forte croissance démographique de toute l'Histoire : sa population a sextuplé.
ll y a peut etre un lien de cause à effet la dedans??
KaEL a écrit:
Metropolitan a écrit:
C'est d'autant plus paradoxale que l'agglomération a connu depuis 1860 sa plus forte croissance démographique de toute l'Histoire : sa population a sextuplé.
ll y a peut etre un lien de cause à effet la dedans??
Si on compare avec les autres métropoles d'Europe et du reste du monde, la réponse est clairement non. Toutes les grandes villes se sont adaptées à leurs nouvelles tailles... même les autres métropoles françaises ont toutes mises en place une gouvernance métropolitaine via les intercommunalités. Paris est vraiment dans une situation exceptionnelle à cet égard.
Si l'on place ta question dans une perspective historique, il semble plutôt que ce soit des enjeux de pouvoirs qui explique ce bloquage.
La France a été pendant la période un pays exceptionnellement centralisée : absolument tout se décidait à Paris, jusqu'aux choix mêmes des élus locaux dans toute la France. Un Etat aussi fort ne peut pas se permettre d'avoir d'autres pouvoirs face à lui, et encore moins au sein même du QG, à savoir la capitale. Par ailleurs, la montée en puissance des communistes rendaient l'émiettement du pouvoir en banlieue particulièrement utile pour en limiter la capacité de nuisance (aux yeux du Pouvoir).
D'ailleurs, ce n'est que depuis la remise en cause de cette hyper-centralisation française que la question de la gouvernance locale a pu réellement se poser pour Paris : création de la région Ile-de-France, élection du Maire de Paris, etc...
PARIS BELONGS TO EVERYONE.
Oui la France a été pendant une période extrêmement centralisée, il n'empêche que la population de l'agglomération parisienne continue de s'accroitre. Je ne dis pas que cela est la seule cause (il y en a un plusieurs) mais que cela peut être une cause de cette croissance démographique perpétuelle. Quand tu compare avec Londres ou New York, tu constate que la population a chuté par moment ce qui n'est pas le cas de Paris alors que Paris a connu ces mêmes crises. Si la population de Ln et NY a chuté aussi brusquement, cela témoigne d'une démographie très sensible aux crises; une population qui peut s'en aller à tout moment. Une population d'expatriés par exemple, ou de gens qui viennent y trouver un emploi sans véritablement vouloir y vivre à long terme. En cela, les populations des Londres et NY sont un bon baromètre pour mesurer la croissance économique mondial ce qui n'est pas le cas de Paris car il n'y a pas véritablement d'alternative à Paris dans le monde francophone, d'où une démographie moins volatile.
Le morcellement de l'agglomération, entraine nécessairement un ensemble de rivalités(pas forcement dans le mauvais sens du terme) intercommunales au sein de l'agglomération. Il n'y pas véritablement d'unité mais plus divisions qui peut jouer à l'avantage de la démographie parisienne. Cela crée une certaine dynamique. On ne quitte pas forcément Clichy pour Lyon, mais Clichy pour Paris, Issy, Choisy et encore ces divisions nuisent à la mobilité.
Un article fort intéressant sur les avancées des réflexions sur la gouvernance du GP...
Localtis a écrit:
Grand Paris : le bras de fer reprend
Galvanisé par les résultats des dernières élections, Jean-Paul Huchon demande le retrait du projet de loi sur le Grand Paris, à la veille d'un conseil régional qui s'annonce animé. Mais entre l'Etat et la région, un troisième acteur s'immisce : Paris Métropole, qui entend "passer la seconde".
[...]
Derrière la prise de position du président de la région, c'est toute la question de la gouvernance du Grand Paris qui se profile. Chaque acteur - maires, départements, région - place ses pions. La question a été remise sur le tapis lors d'une table-ronde, organisée mardi 13 avril, lors des Assises de l'Amif réunies pour trois jours au Parc floral de Paris. Pour sa première intervention sur le sujet, le préfet de région, Daniel Canepa, a tenté d'arrondir les angles avec l'exécutif régional, comme l'avait fait quelques heures plus tôt le secrétaire d'Etat Christian Blanc, lors de la séance inaugurale. "Jetons à la Seine, dans un paquet un peu sale nos egos et nos ergots", a-t-il déclaré. "La balle est dans le camp de la région, il faut trouver les moyens de rendre compatibles le Sdrif avec le Grand Paris : l'Etat était parvenu à un accord sur un protocole avec l'exécutif régional, il faut reprendre la discussion pour améliorer ce protocole", a-t-il ajouté, expliquant que "les points de convergence" étaient "nettement supérieurs aux points de divergence".
[...]
Paris Métropole regroupe à ce jour 109 collectivités d'Ile-de-France. L'instance, dominée par la gauche, a longtemps été boudée par les élus de droite qui ont même voulu contrer le projet en proposant à l'automne dernier la création de leur propre assemblée sous le nom de "Ile-de-France métropole". Or, c'est le maire UMP de Nogent-sur-Marne, Jacques JP Martin, qui est aujourd'hui pressenti pour succéder à Jean-Yves Le Bouillonnec, député-maire PS de Cachan, à la tête de Paris Métropole. Une ouverture qui pourrait convaincre les récalcitrants.
[...]
http://www.localtis.info/cs/ContentServ … 0259737865
Les Indiscrest a écrit:
INDISCRET : Huchon détrône Delanoë
[...]
"Autant on voyait partout Delanoë, avant ses ambitions personnelles au sein du parti, autant depuis quelques mois, c'est Jean-Paul qui se bat contre le Gouvernement pour défendre les intérêts des communes sur la question du Grand Paris" confie un responsable socialiste de la capitale.
http://www.lesindiscrets.com/article-10 … lanoe.html
Enfin, la chronique d'un bouquin sorti suite au cycle de conférences de Beaubourg
Quel modèle pour la métropole du XXIe siècle ?
L'enjeu capital(es). Les métropoles de la grande échelle
Frédéric Migayrou (dir.)
Éditeur : Centre Pompidou
111 pages / 28,41 € sur
Résumé : Vingt figures majeures de l’architecture internationale proposent des nouveaux modèles urbains pour construire la métropole durable du XXIe siècle. Un ouvrage stimulant à l’heure du "Grand Paris".
[...]
Un article très bête qui mériterait quelques commentaires réctificatifs...
David Brussat: Paris is under barbarian siege — again
Hitler failed to destroy Paris. Will Sarkozy?
[...]
Will France come to its senses in time to save Paris from its latest barbarian, French President Nicolas Sarkozy? He announced his plan for a so-called Grand Paris in 2008. He invited 10 modernist architects to contribute projects.
[...]
Lupus a écrit:
Un article très bête qui mériterait quelques commentaires réctificatifs...
David Brussat: Paris is under barbarian siege — again
Hitler failed to destroy Paris. Will Sarkozy?
[...]
Will France come to its senses in time to save Paris from its latest barbarian, French President Nicolas Sarkozy? He announced his plan for a so-called Grand Paris in 2008. He invited 10 modernist architects to contribute projects.
[...]
Directement à l'hôpital psychiatrique. Douches froides et Rohypnol.
Dans 20 ans on le ressort et on lui fait visiter Paris en ambulance avec les paupières écartées comme dans Orange mécanique.
L'auteur est peut-être payé par la Greater London Authority ? Vu le tissu d'âneries au cm², plus quelques erreurs factuelles grossières, on peut se le demander.
Metropolitan a écrit:
Comme vous l'avez rappelé, les frontières actuelles de Paris fêtent leur 150 ans.
En fait, techniquement parlant, les frontières de Paris datent de 1930. C'est en juillet 1930 que la zone non-aedificandi de l'enceinte de Thiers ainsi que les bois de Boulogne et Vincennes ont été annexés à la ville de Paris (non sans des hurlements de la part des communes amputées... c'est d'ailleurs sur le site web de la Ville de Saint-Ouen que j'ai enfin découvert la date exacte de juillet 1930, qui, ils le précisent bien, est la date depuis laquelle leur commune a ses limites actuelles). A l'occasion, le territoire de la Ville de Paris est passé de 78,02 km² à 105,43 km². En 1936, Paris a aussi annexé quelques bouts de Gentilly, passant à 105,49 km². Cependant en 1937 la Ville de Paris a cédé le Château de Vincennes à la commune de Vincennes, passant à 105,39 km².
Les frontières actuelles de Paris vont donc fêter leurs 80 ans (voire même leurs 73 ans si on veut être puriste).
Il n'empêche que sur le fond tu as raison, le dernier grand accroissement de Paris date de 150 ans.
Metropolitan a écrit:
même les autres métropoles françaises ont toutes mises en place une gouvernance métropolitaine via les intercommunalités.
Si les grandes métropoles françaises ont mis en place une gouvernance métropolitaine, c'est parce que cela a été imposé par l'Etat, et non parce que les élus là-bas auraient été plus vertueux ou clairvoyants qu'à Paris. C'est de Gaulle qui a imposé la création des communautés urbaine de Lille, Bordeaux, Lyon et Strasbourg en 1966, malgré l'hostilité générale des élus locaux (les élus de la région lilloise avaient même menacé de boycotter la première réunion de la communauté urbaine de Lille). Aujourd'hui on ne s'en rend plus compte tellement les communautés urbaines dans ces villes sont rentrées dans le paysage, mais à l'époque c'était l'hostilité générale, guère différente de l'hostilité actuelle des élus locaux envers le Grand Paris.
Metropolitan a écrit:
Un Etat aussi fort ne peut pas se permettre d'avoir d'autres pouvoirs face à lui, et encore moins au sein même du QG, à savoir la capitale. Par ailleurs, la montée en puissance des communistes rendaient l'émiettement du pouvoir en banlieue particulièrement utile pour en limiter la capacité de nuisance (aux yeux du Pouvoir).
Je pense que ce sont de fausses raisons. En Allemagne la Prusse était tout autant centralisée que la France, et pourtant le gouvernement prussien a créé le Grand Berlin en 1919. Et ce malgré le fait que plusieurs municipalités du Grand Berlin étaient "rouges". Et que dire de l'Angleterre, encore plus centralisée que la France (je parle bien de l'Angleterre, pas du Royaume-Uni), ce qui n'a pas empêché le gouvernement conservateur britannique de créer le Grand Londres en 1962 (et pourtant Dieu sait que Whitehall aime encore moins les contre-pouvoirs locaux que l'Etat français).
En fait les choses me paraissent plus complexes. L'élargissement d'Haussmann a en gros suffi jusque vers 1900. A partir de 1900, les limites de la ville avaient à nouveau beaucoup débordé les limites administratives de Paris, et s'est alors reposée la question d'un élargissement de Paris. En Allemagne à la même époque on se posait aussi en termes similaires la question d'un élargissement de Berlin. Comme toujours, sur un sujet pareil c'est en général le conservatisme qui prime, de peur de changer trop d'habitudes et de remettre en cause trop d'équilibres, donc dans les deux pays le débat à trainé jusqu'en 1914. La guerre vint, l'Allemagne fut battu, et le choc fut tel qu'il entraina une énorme remise en cause dans ce pays (plus le départ d'une grande partie des élites politiques d'avant 14), ce qui a permis des réformes drastiques en 1918-1919 (comme cela a été aussi le cas en France après la Libération en 1944-1945), dont la création du Grand Berlin dont on parlait depuis si longtemps. En France, pays vainqueur, on a continué à discuter de l'élargissement de Paris pendant toutes les années 1920, mais les pays vainqueurs ont une certaine tendance à se reposer sur leurs lauriers et à ne pas se remettre en cause, donc l'idée de créer un Grand Paris a été enterrée. Si la France avait été battue en 14-18, on aurait peut-être créé le Grand Paris dans le choc de l'après-défaite, allez savoir.
Puis vinrent les années 1930, qui ont vu la complète déliquescence de la politique et plus généralement des élites française dans tous les domaines, ce qui devait aboutir à 1940. Ce n'était donc pas dans cette époque de déliquescence qu'il fallait attendre quelque audace réformatrice que ce soit (ils ont quand même annexé la zone non-aedificandi et les 2 bois en 1930, ce qui était le maximum qu'on pouvait attendre d'un pouvoir faible et déliquescent). Après 1940, on a assisté au même choc qu'en Allemagne après 1918, avec beaucoup de réformes dans plein de domaines. C'est d'abord Vichy qui a beaucoup réformé (et nous vivons encore avec plein de ces réformes de Vichy, sans le savoir, comme par exemple l'abolition de l'octroi à Paris, ou la suppression des conseils d'arrondissement, des arrondissements départementaux s'entend). Bizarrement, Vichy, qui avait en gros tous les pouvoirs, aurait pu créer le Grand Paris, elle ne l'a pas fait, je ne sais pas pourquoi (pourtant au même moment les Nazis créaient le Grand Vienne, cela aurait pu inspirer tous les pro-Allemands de Vichy...). Et d'ailleurs les autorités allemandes d'occupation avaient mis en place une autorité d'occupation pour toute l'agglomération parisienne et non la seule Ville de Paris, le fameux Groß-Paris, que les autorités de Vichy auraient dû en bonne logique collaborationniste reproduire pour l'administration française, mais elles ne l'ont pas fait, ce qui quelque part révèle bien le poids des conservatismes administratifs en France.
A la Libération, on a repris la plupart des réformes administratives de Vichy (ce qu'on ne vous dit jamais dans les livres scolaires d'histoire), et on a aussi réformé tout azimut (droit de vote des femmes, sécurité sociale, etc.). Tant de réformes qui paraissaient impossibles sous la Troisième République sont tout d'un coup devenues possibles, les élites issues de la Résistance souhaitant une réforme complète de la société française et des pratiques administratives, politiques et économiques pour ne plus jamais revivre 1940. Cela aurait pu être le moment idéal pour créer le Grand Paris, il n'aurait rencontré aucune opposition dans le courant général de l'époque favorable aux grandes remises en cause, mais ils ne l'ont pas fait, allez savoir pourquoi (échaudés par le Groß-Paris allemand ? ou plus vraisemblablement travaillés par les idées hostiles à la capitale qui étaient très fortes à cette époque, la centralisation à Paris étant rendue responsable de 1940, cf. "Paris et le désert français" publié en 1947... dans ce contexte on peut comprendre que l'idée de créer un Grand Paris aurait paru contraire au désir de "rééquilibrer" le pays en faveur de la province).
Vient la Quatrième République, qui a plus réformé qu'on ne l'a dit, mais qui était très travaillée par les idées de "Paris et le désert français", donc elle ne s'est quasiment pas préoccupée de Paris, sauf pour brider la croissance de la capitale (ce qui a été un échec, et a engendré une situation des transports et du logement catastrophique, qui n'est pas si différente de celle que nous vivons aujourd'hui).
1958 : arrive de Gaulle, et on est reparti pour une grande vague de réformes audacieuses comme on n'en avait pas connu depuis 1944-1945. Et là, on s'est occupé de Paris, les gaullistes ne souscrivant pas entièrement aux thèses de "Paris et le désert français". D'où : RER, Delouvrier, villes nouvelles, La Défense, Rungis, etc. Au niveau de la gouvernance, le nouveau pouvoir a pris les choses en main dès 1959 avec la création du District de la région de Paris. Et c'est là qu'il faut bien comprendre la subtilité des choses : au lieu de créer un Grand Paris comme ils ont créé en 1966 les communautés urbaines de Lille, Bordeaux, etc., ils ont décidé de créer quelque chose d'encore plus grand et dépassant le stade du Grand Paris, à savoir le district (le district avait les mêmes limites que l'actuelle région Île-de-France), appelé à devenir la nouvelle entité gérant toute l'agglomération. Aujourd'hui on a du mal à s'en rendre compte, parce qu'en 1976 le district a été transformé en simple région par Giscard, que d'autre part Giscard (encore lui !) l'a rebaptisé "Île-de-France", ce qui a fait perdre la notion métropolitaine qui était à la base même de la création du district, et que d'autre part Giscard (encore lui !!) a recréé le poste de maire de Paris en 1977 (du petit Paris s'entend).
Sous de Gaulle, il est clair que c'est le district qui devait devenir la nouvelle autorité de gestion de Paris, un peu l'équivalent de la Greater London Authority à Londres. Certes, et c'est peut-être l'erreur principale de de Gaulle (quand on regarde a posteriori), il a maintenu le conseil municipal de Paris (donc la Ville de Paris), au lieu de la supprimer et de placer ses 20 arrondissements sous la seule autorité du district, mais il faut bien voir qu'à l'époque il n'y avait pas de maire de Paris, et que c'est le préfet de la Seine nommé par l'Etat qui gérait Paris à la place du maire, donc il y avait une profonde coordination entre le district et la Ville de Paris, puisque et le préfet de la Seine et le délégué général du district (qui dirigeait le district) étaient nommés par l'Etat. D'ailleurs en 1969 quand Delouvrier a quitté ses fonctions de délégué général du district, c'est le préfet de la Seine qui a été nommé en remplacement de Delouvrier à la tête du district. J'ai lu il y a quelque temps dans une bibliothèque municipale de Paris l'article consacré à Paris dans l'édition de 1971 (de mémoire) de l'Encyclopedia Britannica, et dans l'article c'était très clairement le district qui était présenté comme étant la nouvelle autorité gérant le "Greater Paris".
Pour moi ce qui a tout fait basculer c'est quand Giscard a recréé le poste de maire de Paris en 1977. C'est là l'erreur énorme qu'on n'aurait jamais dû faire. Giscard voulait réintroduire un peu plus de démocratie locale à Paris, très bien, mais il n'aurait pas dû recréer le poste de maire de Paris intra-muros, il aurait dû plutôt dissoudre la Ville de Paris et décider que le délégué général du district (qu'on aurait pu rebaptiser "maire") serait désormais élu par les habitants de tout le district et non plus nommé par l'Etat. En recréant le poste de maire de Paris intra-muros, on redonnait une grande légitimité à Paris intra-muros, qui pouvait désormais s'opposer au district (qui avait été transformé en simple région en 1976). Tous nos problèmes viennent de là.
Je dirais que si de Gaulle avait été un peu plus visionnaire (mais il l'était déjà beaucoup), il aurait dû supprimer la Ville de Paris quand il a créé le district, et placer ses 20 arrondissements sous l'autorité directe du district, afin qu'aucun de ses successeurs ne puisse avoir la lubie de recréer le poste de maire de Paris, un maire de Paris qui comme on pouvait s'y attendre n'agirait qu'en fonction des habitants de l'intra-muros et non de ceux de l'agglomération, ce que l'on constate malheureusement aujourd'hui.
Enfin voilà une histoire bien compliquée, faite de bien des occasions ratées, et d'une réforme gaullienne mise en pièce par Giscard, qui conduit à la situation abracadabrantesque que nous connaissons aujourd'hui.
Didier Béhar, urbaniste ; Didier Martin, économiste ; Christian de Portzamparc, architecte et urbaniste a écrit:
Grand Paris : inventons ensemble une nouvelle façon de faire la métropole
Le président de la République et les représentants des élus locaux doivent prochainement installer "l'Atelier international du Grand Paris". Après des décennies de morcellement des projets et des décisions dans la métropole, l'Etat, la ville, la région et les grands opérateurs publics visent ainsi à organiser une instance de coordination et de décision commune.
Très belle tribune/discours/programme d'Yves Lion, qui arrive à me faire retrouver l'enthousiasme que j'avais ressenti quand, il y a un an, j'avais lu le dossier du Groupe Descartes (soit dit en passant, après Nouvel et Portzamparc, c'est bien le 3e "plouf" parmis les équipes d'architectes... Et je ne mentionne pas Chemetov)...
Le Monde a écrit:
Point de vue
Grand Paris : on y va ? par Yves Lion
Il y a un an, le président de la République prononçait au Palais de Chaillot un discours très républicain sur l'avenir du Grand Paris. Il s'adressait à tous, particulièrement aux collectivités locales, et élaborait à sa manière une sorte de "résumé-programme" du travail des dix équipes qu'il avait reçues à plusieurs reprises au cours de rencontres toniques. Puis vint le temps des élections régionales, les trois quarts des habitants des quartiers sensibles ont ignoré les urnes : le Grand Paris n'était pas pour eux.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/ … _3232.html
Au delà des boucles de métro, une autre ville est possible...
NouvelObs a écrit:
Huchon demande le report de l'Atelier international du Grand Paris
Le président de la région Ile de France souhaite permettre aux équipes d'architectes de "confronter leurs travaux et coordonner les actions" et veut ainsi donner plus de visibilité à ce projet.
Malgré le titre, il ne s'agit pas d'une tribune sur l'identité du Grand Paris, mais "juste" d'une interview:
25/04/2010 17:10
Paul Chemetov : «Paris doit trouver son propre modèle plutôt que d’imiter ses concurrentes»
Paul Chemetov a coprésidé le conseil scientifique chargé de superviser le travail des dix équipes d’architectes consultés en 2008 sur le Grand Paris. Pour lui, la réflexion doit se poursuivre
[...]
Voilà à quoi doit ressembler la métropole parisienne de l’après-Kyoto : un noyau ancien, des villes de banlieues densifiées autour des nœuds de communication pour stopper l’extension urbaine, des villes dont on valoriserait les richesses culturelles. Le défi est immense.
wanchun, excellent résumé, à quelques détails près :
l'erreur majeure de De Gaulle fut l'éclatement de la seule vraie structure métropolitaine, le département de la Seine, en 4 (et de la Seine et Oise en 3). Non pour le remplacer un jour par un district de toutes façons trop grand (la Seine et Marne, c'est déjà en partie la Champagne...), mais uniquement pour mettre fin au pouvoir de la SFIO sur cette structure. Le découpage mis en place partageait le territoire entre les gaullistes et les communistes, et tenait les socialistes à l'écart, alors qu'ils présidaient le conseil général.
Il faut à cet égard rappeler l'action vraiment métropolitaine d'un Henri Sellier, président de l’Office départemental des Habitations à bon marché de la Seine et créateur des cités jardins.
Cette erreur volontaire, à but d'abord politique, est la cause de nos problèmes d'aujourd'hui.
Un article exceptionnellement bien informé pour un journal étranger et n'entretenant pas de rapport particulier avec l'architecture et l'urbanisme, qui plus est...
Voilà qui fera du bien à ceux qui doivent dérouiller leur allemand...
Stadtplanung
Sarkozys Pläne für ein neues Paris
Wie einst Napoleon III. will Nicolas Sarkozy die französische Hauptstadt neu erfinden: Sein "Grand Paris"-Konzept würde Milliarden kosten - und das Gesicht der Metropole für immer verändern. von Lutz Meier Paris
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