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Qu'est ce qui selon vous rend une ville HABITABLE ?

 
#1
11-02-2005 23:21
B
Boris_F
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Qu'est-ce qui rend une ville HABITABLE ?

Je ne sais pas en fait.
Du moins j'ai une réponse qui m'est propre...

Soit on prend en considération les fonctions de la ville, et on peut dire habitable une ville aménagée au mieux selon ses fondtions genre Brazilia............. Une ville habitable serait une ville où socialement on n'habite que pour y avoir une fonction sociale.

Soit on considère qu'une ville réussie est une ville qui correspond aux représentations de la ville qu'en ont ses habitants... alors une ville esthétique est habitable pour ses esthètes, une ville capitale économique est habitable pour ses économistes................. Une ville habitable serait habitable par le plus grand nombre si elle satisfaisait au plus grand nombre de représentations - et de désirs - possibles.

Ou alors on considère qu'une ville est un lieu de vie à s'approprier. Et auquel cas on la modèle selon ce prisme à la croisée de la fonction et de la représentation, une ville n'étant alors plus qu'une extrapolation entre les désirs de chacun et les fonctions sociales qui constituent chacun. Un équilibre ou un consensus. Je serais enclin à penser qu'une ville habitable n'est rien de plus qu'un territoire fabriqué - fabriqué avec "art" - à l'image de l'homme.

Pour définir une image de l'homme, faut-il un oeil de technicien, de philosophe, de poète, d'idéologue ou de politique ? C'est là où le bât blesse... Un juriste ne voit la ville qu'au travers de son prisme, tout comme un urbaniste, un archi, ou un taggeur. Une ville n'est pas seulement un lieu où être, c'est un lieu où exister, donc un lieu de vie, un lieu offert à autant d'individus qui la composent.

HABITER, ce n'est pas être là seulement à mon sens, c'est COHABITER, et dans cette cohabitation, c'est pouvoir exister. Une ville habitable serait sans doute une ville assez polymorphe pour satisfaire les désirs et les représentations de chacun, mais aussi une ville assez standardisée pour que ses fonctions soient offertes à tous sans la moindre ambiguïté, réconciliant l'individu et le social. La ville habitable est sans doute un miroir collectif avant tout, un miroir où chaque individu se reconnaît, a sa place, mais un miroir commun.

Dans le détail, très difficile de répondre à cette question, si une ville est un "tissu", un "texte" donc, on peut sans doute faire dans l'acupuncture sur un "simple" quartier, mais je ne pense pas qu'on puisse défier les strates de la Ville dans son ensemble : comment déconstruire un tout pertinant ou impertinant à un moment t mais toutefois sans détruire ce qui modèle les désirs, les représentations et les sentiments d'appartenance de ses habitants ? Il me semble qu'Haussmann a réussi cette forme d'équilibre, et en tout cas qu'il a réussi à transformer à l'époque un Paris habité en Paris habitable. Actuellement, que faire de ce monstre polymorphe pour réussir à l'adéquation entre imaginaire individuel et fonction collective de chaque habitant ?... Comment définir un habitant ?

Si on considère que le projet urbain est porté par un élu, un genre de choéphore pour 6 ans, il me semble que la démocratie participative ne rend la ville et la vie habitable qu'autour d'un petit îlot, et que la macro-lecture de la ville est par définition impossible. Auquel cas une ville habitable serait un puzzle de micro-quartiers ne dépendant que des représentations de "micro-habitants", ça ne fait pas une ville habitable, juste des micro-structures aussi fines que les pores d'un papier cul à trois couches. Des juxtapositions insulaires.

A l'inverse, je ne crois pas trop à une ville habitable par tous pensée à la Corbu, dans une unification béate et standardisée où le bonheur d'être est calculable. Et l'imaginaire individuel dans tout ça ? Que penser donc de la joie de la campagne pour tous dans une mégapole de 10 M d'habitants ? Est-ce l'espace vert sans ombre portée qui rend la ville habitable ? Je suis là sceptique au plus haut point et je me marre doucement. La ville habitable est MA ville si c'est aussi TA ville, ceci multiplié par le nombre d'habitants du territoire urbain. Ville parfaite où chacun coexiste socialement - c'est presque le cas sauf qu'il y a des milliers d'exclus à Paris - et où chacun existe parce qu'il s'esst approprié un morceau qui lui correspond - sauf que plein d'habitants désertent Paris Centre à cause des nuisances, je ne parle même pas du côté fric de l'affaire.

Ville habitable : lieu de vie où j'existe socialement mais aussi individuellement, où mon imaginaire s'approprie les angles du monde partagé par autrui pour le faire mien mais aussi où je peux cohabiter, interagir avec les autres. Bref, ma niche d'un côté, mon ascension et mon ego de l'autre. Toutes les faces de moi-même sur un même territoire pour tous...

Et vous, qu'en pensez-vous ?  A7


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#2
24-09-2006 22:06
NouvelAngevin
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Bonne question...

En économie de l'environnement, on évalue le territoire selon deux grands types de valeur.

Les premières sont les valeurs d'usage : elles correspondent aux fonctions du territoire. Plus le territoire est efficace par rapport aux besoins à satisfaire (manger, s'éduquer, dormir, circuler, manger, se soigner etc.) et plus sa valeur d'usage est grande.

La seconde, c'est la valeur d'existence : ce concept nous fait sortir de l'économie et de la fonctionnalité = a une valeur d'existence positive tout ce dont je préfère l'existence à la non existence, indépendamment de l'usage que j'en ai. Par exemple, même si la girafe ne m'est d'aucun usage, j'aime qu'elle existe.

Pour en venir à la notion de ville habitable, je dirai qu'une ville est d'autant plus habitable :

1) que je parviens à y satisfaire au mieux les besoins que je veux satisfaire : dormir, manger, travailler, etc., mais aussi voir des films si je veux voir des films, naviguer sur la mer si je veux naviguer sur la mer, rencontrer des gens si je veux rencontrer des gens, etc.
2) qu'elle a pour moi la valeur d'existence la plus élevée possible. Autrement dit, que j'aime son existence en tant que telle, indépendament de l'usage que j'en ai.

La valeur d'usage me dit si la ville est compatible avec mes activités, la valeur d'existence si j'entretiens avec elle une relation affective.

Les valeurs d'usage sont par principe substituables : si une ville A me permet de me loger aussi bien qu'une ville B, de manger aussi bien, de voir des films aussi bien, etc., alors A et B ont pour moi exactement la même valeur d'usage et je peux remplacer A par B sans perte de bien-être.

Les valeurs d'existence, en revanche, ne sont pas substituables : par exemple, l'amour que j'éprouve pour Paris ne peut pas être remplacé par l'amour que j'éprouve pour Bruxelles. J'utilise ici le mot "remplacer" au sens de "ce qui permet de parvenir à l'indifférence" : Si A = B, il m'est indifférent d'avoir A ou B ; alors que si j'aime Paris, ça ne me rend pas pour autant indifférent à la destruction de Bruxelles.

Pour résumer, il me semble qu'un utilise les fonction d'une ville, mais qu'on aime une ville qu'on habite.

Que l'habiter a à voir avec l'attachement, et au-delà de cet attachement avec l'idée/l'image que l'on se fait de sa propre existence sur terre, au-delà des actions qu'on y entreprend et des fonctions qu'on y remplit.

#3
27-09-2006 18:42
NouvelAngevin
Notre-Dame de Paris
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Je vois que le sujet n'intéresse pas grand monde !  F8

#4
27-09-2006 18:46
B
Boris_F
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(Disons que tu es le premier à y répondre depuis février 2005... Je vais te répondre, ne t'inquiète pas, mais il faut un peu de temps pour cela  A7 )


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#5
27-09-2006 18:53
NouvelAngevin
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Mais on ne pas être les deux seuls à s'interresser au sujet quand même ?

 

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