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Chandigarh (Inde) - Imaginée et construite par Le Corbusier

 
#1
10-05-2006 09:56
Tonio del barrio
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Chandigarh, la ville du Corbusier

http://www.kgi.ruhr-uni-bochum.de/proje … /abb15.jpg
En 1950, le 1er ministre de l’Inde, Nehru commande à Le Corbusier le plan de la capitale d’un nouvel état indien qui vient de se former : Le Punjab.
Cette capitale, qu’on nommera Chandigarh, concrétisera le rêve de l’Architecte et penseur Le Corbusier : celui de créer une ville de toutes pièces.
C’est à cette tâche, aidé de son cousin Pierre Janneret, ainsi que d’architectes anglais et indiens qu’il s’attellera jusqu’en 1965

La " City beautiful "

Fidèle à ses convictions concernant le rôle de l’architecte dans l’organisation sociale et spatiale, Le Corbusier tentera de faire de Chandigarh une ville modèle, à la fois belle fonctionnelle, et citoyenne ; Il essaiera notamment d’allier technologie avancée et culture indienne millénaire en dotant le nouvel état indien naissant d’instruments modernes qui devaient lui permettre de s’insérer dans le monde contemporain et de représenter un idéal aux yeux de tous les pays du Tiers-monde.
Il renonce au concept de ville verticale qu‘il a souvent préconisé et opte pour une cité horizontale qui selon lui s’adaptait mieux à l’état d ‘esprit et l’environnement indiens. Il conçoit Chandigarh comme une ville " de marche et de voitures ", dans laquelle véhicules motorisés( qui seront en réalité peu nombreux dans ce pays pauvre) et piétons ne devaient pas se croiser.
Toujours selon ses préceptes, Le Corbusier tente de faire de Chandigarh une ville verte. A cet effet il y ménage de nombreux espaces inconstructibles réservés en principe à la végétation (là encore, la réalité contredira les préceptes et beaucoup de ces espaces resteront non plantés ou seront annexés par les autorités.)
Il fait réaliser un lac artificiel, lieu de détente et réserve d ‘eau pour la saison sèche.

Et bien sûr Le Corbusier emploiera systématiquement le béton armé dans ces constructions. Son matériau de prédilection s’avérera malheureusement assez peu propice à ce climat extrême ( 47°à l’ombre en saison chaude) car il est peu isolant.
Il se dégradera en outre très rapidement sous les effets de la chaleur et de l’humidité conjuguées. Il faut souligner que Pierre Janneret, l’architecte qui seconde Le Corbusier et qui travaillera essentiellement sur les programmes de logements sociaux, préconisera d’utiliser pour les habitations et les quartiers populaires, la brique locale et l’argile, matériaux traditionnels plus adaptés et moins onéreux que le béton le fer et le verre.

Chandigarh avait été conçue par Le Corbusier pour environ 500 000 habitants. Elle en compte aujourd’hui avec sa proche périphérie environ 1 million. Résultats : la ville étouffe sous la pollution et le manque d’eau. Les logements manquent aussi d’où une prolifération de bidonvilles et d’abris précaires construits çà et là, à l’emplacement de ce qui devait constituer des espaces verts.

Le Corbusier divisa sa ville de 500 000 habitants en secteur de 5000 personnes, chaque secteur formant une unité urbaine disposant d’écoles, d'hôpitaux, centres commerciaux, de clubs et de parcs.
La ville offre quatre grands pôles d’activités : Le complexe du Capitole (centre du gouvernement conçu par Le Corbusier), Le centre ville comprenant les édifices publics et culturels ( postes, banques, cinémas, restaurants), l’Université du Punjab au N.O et la zone industrielle au S.E (séparée de la ville par une " ceinture verte ").

http://ceochandigarh.nic.in/images/chdmap.jpg

http://www.fondationlecorbusier.asso.fr … digarh.jpg

http://edu.saline.free.fr/01-cites/1-th … digarh.jpg

http://www.ucnet.pe.kr/Asia-India/Chand … urt-06.jpg
http://www.brynmawr.edu/Acads/Cities/wl … 07250a.jpg
http://www.scholars.nus.edu.sg/student_ … 100619.JPG

http://www.ucnet.pe.kr/Asia-India/Chand … lle-02.jpg


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#3
10-05-2006 10:08
Tonio del barrio
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CHANDIGARH 


GENESE DE LA VILLE


En mai 1947, l'Inde obtint son indépendance, mais en même temps le pays colonisé par les Britanniques fut partagé en deux nations: l'Inde et le Pakistan. La grande et riche province du Pendjab fut également partagée entre les deux, et sa capitale Lahore demeura au Pakistan, de sorte que le Pendjab se trouva sans chef-lieu. En mai 1948, le gouvernement du Pendjab en consultation avec le gouvernement de l'Inde, approuva un site d'une étendue de 114 km2 au pied des Shivalik dans le district de Ropar. Ce sera la nouvelle capitale, Chandigarh (Chandi=la déesse du pouvoir + garh=forteresse), nommée d'après un village existant.
Après la partition de l'Inde, toutes les villes du Pendjab de l'Est virent doubler leur population en raison de l'immigration pakistanaise La nouvelle ville devait en effet non seulement servir de capitale mais aussi réhabiliter les milliers de réfugiés provenant du Pendjab de l'ouest. Jawaharlal Nehru ,le premier ministre de l'Inde indépendante, s'enthousiasma pour le projet et suivit avec intérêt chaque étape de sa réalisation. Nehru confia le schéma de la ville à l'américain Albert Mayer, qui le développe de 1949 à 1950, mais le décès de son plus proche collaborateur l'oblige à renoncer au projet. Nehru confie alors le schéma à Le Corbusier aidé de trois collaborateurs du CIAM ( Pierre Jeanneret, Jane Drew, Maxwell Fry).
On peut dire que la majorité du projet est conçue et réalisée entre 1951 et 1962, même si Le Corbusier réalise ou fait réaliser d'autres projets au sein même de la ville ou aux alentours jusqu'en 1969. Chandigarh est donc une capitale, siège du pouvoir, de l'administration et de la justice du Penjab, et une des plus importantes et des plus modernes villes en Inde. Chandigarh compte officiellement de nos jours près de 600 000 habitants. Chandigarh est un des plus importants projets urbanistiques du 20e siècle. C'est le seul projet que le célèbre architecte urbaniste Le Corbusier ait réalisé, alors qu'il en avait conçu un grand nombre. Chandigarh est également le site de ses meilleures  créations architecturales. Devenue symbole de l'urbanisme, cette ville a eu un impact étendu sur le reste de l'Inde, traduisant un nouvelle l'architecture. Elle est connue autant pour ses paysages que pour son  architecture. La plupart des bâtiments ont une forme cubique, et sont divisés géométriquement, l'accent étant sur la proportion, l'échelle et les détails.Le Corbusier, lors de la conception de Chandigarh, avait catégorisé 5 besoins qui devaient diriger le plan urbanistique. La vie quotidienne des habitants: l'architecte doit tenir compte de la culture des habitants, de leurs coutumes, du climat et de ses impératifs, dans la construction des habitations. Le travail: Chandigarh possède 4 bâtiments (le Secrétariat, l'Assemblée, la Haute Cour et la maison du gouverneur, changée d'affectation aujourd'hui). Ces bâtiments dominent la ville au nord. Autres lieux de travail: le centre de la ville, les hautes écoles au nord-ouest et la zone industrielle, au sud-est. Troisième besoin: la circulation. Quatrième et cinquième: soins du corps et de l'esprit ou loisirs, et divers, donc espaces verts, parcs, jardins, un lac artificiel,


La ville se compose de secteurs . Chaque secteur mesurant 800 m sur 1200 m est ceinturé de voies. Chaque secteur est équipé pour répondre aux besoins quotidiens de ses habitants dont le nombre varie entre 5000 et 25.000. Une bande verte s'étend dans la direction des montagnes sur l'axe nord-sud au milieu de chaque secteur. Cette bande verte devra être ininterrompue et contiendra des écoles, des terrains de sport et des équipements de loisir pour le secteur. La circulation de voitures est complètement interdite dans les bandes vertes où règnera la tranquillité et où ne pénétrera jamais le bruit.


LES VOIES


Les voies de la ville sont classées en 7 catégories appelées le système des 7V, comme suit:V1 - Voies rapides reliant Chandigarh à d'autres villes ; V2 - Artères ; V3 - Voies à vitesses mécaniques ; V4 - rues marchandes serpentantes ; V5 - rues de circulation à l'intérieur du secteur ; V6 - conduisent les véhicules et les piétons aux portes des maisons ; V7 - sentiers et pistes cyclables. Cette villes est très organisée


LE CENTRE COMMERCIAL (City Center) ET LE LAC


La place au milieu du secteur 17 est conçue par Le Corbusier comme 'Le paradis des piétons'. La circulation de voitures est interdite sur cette place. Le lac est un cadeau offert par les créateurs de Chandigarh à ses habitants pour que ceux-ci y soient à leur aise; son environnement et sa tranquillité seront assurés par l'interdiction du bruit.


LE PAYSAGISME


Le paysage de cette ville est conçu à partir de la végétation de l'Inde. Des arbres décoratifs, des buissons et du lierre ont été plantés en fonction de leur couleur pour embellir la ville. Ces principes devront être respectés lors de la culture de nouvelles plantes ou du remplacement de plantes existantes. Rien ne sera laissé au hasard pour que les avenues conservent leur harmonie et leur beauté .La Vallée des loisirs, Rajendra Park et d'autres jardins publics ne seront autres que des jardins publics. Seuls les bâtiments déjà prévus sur les plans seront autorisés. On peut noter qu'il n'y a pas beaucoup d'espaces verts (cf plan).


LES MONUMENTS :Parmi les plus importants : The open hand (la main ouverte) symbole de la ville par son originalité. The Vidan Sabha, the secretariat building, the library building of penjab university, the tower of shadows, the government museum and art gallery……. Tous ces monuments montrent la modernité de la ville par leurs formes, leurs utilités…


Site officiel de la ville : www.chandigarh.nic.in


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#4
10-05-2006 10:09
Tonio del barrio
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Concrete dreams - Le Corbusier en Inde

" Ça, c'est Chandigarh-système", explique fièrement le jeune paysan du Pendjab en indiquant les feux : "Rouge : arrêt. Vert : rouler!". Et sur ce, il engage sa motocyclette pétaradante sur le périphérique V1 enlaçant la cité-modèle. Ce que l'on croyait familier risque, plus d'une fois, de devenir étranger à Chandigarh, cette ville-éprouvette née de l'esprit de l'architecte suisse Le Corbusier. Ni vraiment ici, ni tout à fait là-bas ; l'identité de ce non-lieu ne se dévoile que dans ses fantasmes ou, mieux, ses fantômes.


Hantises nocturnes

En s'approchant de la capitale artificielle, une métamorphose presque imperceptible s'opère: les routes indiennes étriquées et cabossées se muent en une autopiste à six bandes. Mais en ce dimanche soir, seuls quelques véhicules épars circulent entre les avenues bordées de buissons. Un long-courrier interrégional s'arrête pour transborder les passagers sur un minibus ; selon les prescriptions du Corbusier, les axes intérieurs sont exclusivement réservés à la circulation locale. Chaque secteur est autarcique, aucune ne lumière s'en échappe. A l'orée de la nuit, l'ambiance est spectrale. Il n'y a rien a voir ; pire encore: personne ne nous observe. L'Inde, c'est être toujours et en tout lieu transpercé de regards, signe de la vie proliférante même, mais aussi gage de notre propre existence. Sans doute cet être-fixé - et donc être-reconnu - est encore plus flagrant dans son absence, dans l'opacité des murs aveugles de Chandigarh. On cherche le centre de gravité, les secteurs, eux, s'enchaînent, identiques les uns aux autres, et font perdre tout sens de l'orientation. On en viendrait presque à remercier les conducteurs de pousse-pousse pour leurs appels harcelants, rappelant que malgré tout nous n'avons pas encore complètement quitté l'Inde.

Problèmes concrets

L'atmosphère fantasmagorique laisse quelquefois oublier que Chandigarh naquit d'une nécessité très concrète : il fallait, après 1947, trouver d'une part un substitut pour Lahore, l'ancienne capitale du Pendjab cédée au Pakistan et, d'autre part, fournir un nouveau foyer aux flux de réfugiés venus du Pendjab occidental. Lors des troubles sanglants que provoque la partition, 7,5 millions de sikhs et de hindous quittent le Pakistan contre seulement 6 millions de musulmans issus de la partie indienne. Plutôt que de développer les agglomérations existantes, le premier ministre de la jeune nation indienne, Nehru, veut marquer un geste symbolique : bâtir à partir du néant une nouvelle capitale réalisant l'harmonie parfaite entre la technologie, l'homme et la nature. Dans son ambiguïté caractéristique, Nehru vacille entre un traditionalisme inspiré par Gandhi et un modernisme enthousiasmé. " Qu'elle soit une ville nouvelle, symbole de la liberté de l'Inde, désentravée des traditions du passé, une expression de la confiance de la nation dans le futur " Nehru sait pertinemment personne en Inde n'est en mesure de réaliser un projet d'une telle envergure. Conscient qu'il faudra s'en remettre à un architecte occidental, il ne cache pourtant pas ses réserves : " Un urbaniste Anglais ou Américain construira quelque chose qui conviendra en Angleterre ou en Amérique, mais pas en Inde. " Contraire à l'idée d'aller chercher des spécialistes en Occident - l'architecture néocoloniale de Lutyen à New Delhi l'horrifie - Nehru souscrit le choix de l'architecte Albert Mayer qui, bien qu'américain, était déjà installé en Inde. Mayer accepte la tâche colossale en s'assurant le soutien de son collègue d'origine sibérienne et formé en Pologne, Matthew Nowicki. Pour l'emplacement choisi à 250 km au nord-ouest de Delhi, Mayer et Nowicki préparent, en fins connaisseurs de l'architecture indienne classique, un maître plan en forme de feuille recourbée. " Il fallait laisser tomber la beauté métropolitaine de grandes structures isolées séparés par des espaces verts. Ce rêve de certains urbanistes repose sur un mode de vie tout à fait étranger à l'Inde " Les croquis préparatoires conservés au musée municipal révèlent une architecture inspirée par les éléments traditionnels comme les vérandas ou " jallis " en brique.

Le Corbusier

En août 1950 cependant, Nowicki meurt dans un accident d'avion au Caire. Mayer n'a plus la force de continuer seul. Tout le projet semble péricliter lorsque, contre son gré, Nehru décide d'envoyer en Europe l'ingénieur en chef et le superviseur des finances dans le but de trouver un digne remplaçant. Si le choix se porte sur un architecte européen et non pas les américains Lloyd Wright ou Saarinen, également en discussion, il faut, selon toute vraisemblance plutôt y voir une contingence boursière : en septembre 1950, la roupie indienne chute face au dollar mais garde le cours en Europe, un facteur non négligeable pour le bilan d'un pays en voie de développement. Bien que le franco-suisse Le Corbusier soit recommandé par de nombreux contacts européens, la délégation n'est pourtant pas convaincue que celui-ci soit vraiment le meilleur choix pour ce qui allait devenir - à côté de Brasilia d'Oscar Niemeyer - le plus illustre projet urbanistique du XXe siècle. L'approche de l'architecte de l'Unité d'Habitation de Marseille est trop théorique, trop peu indienne. Toutefois, son modèle anthropomorphique rencontre un certain écho chez les Indiens : tout comme le système des castes correspond aux parties du corps humain, la cité idéale du Corbusier repose sur des fonctions somatiques : le cerveau (l'administration), le cœur (la zone commerciale et populaire), les poumons (les zones vertes) etc. En outre, Charles-Edouard Jeanneret (selon son nom de naissance) est un fervent défenseur du béton, qui quoique peu adapté au climat tropical - il suffit de regarder après 50 ans les façades couvertes de taches brunes - se caractérise par un coût modéré. Finalement, et pour éviter les dépenses ultérieures d'un concours public, la délégation lui octroie le contrat. 

Dernières lignes droites

Arrivé à Chandigarh, Le Corbusier remplace immédiatement les lignes courbes par un quadrillage de droites cartésiennes. " La courbe est ruineuse, difficile et dangereuse, elle paralyse. La ligne droite pénètre toute l'histoire de l'homme, chaque but, chaque acte humain " L'idée de " superblocs ", la sous-division urbaine introduite par Mayer et Nowicki, sera reprise sous forme de " secteurs " de 800 sur 1200m. Chacun des 50 secteurs devra être autarcique, c'est-à-dire répondre à tous les besoins quotidiens du marché jusqu'au temple. Seul à quatre ouvertures les secteurs communiquent avec les axes routiers. Le théoricien Corbusier parvient enfin à concrétiser son concept des 7 voies: chaque artère ayant une fonction précise, de la route interrégionale V1 à la piste cyclable V7. Véhicules et piétons sont censés ne jamais se rencontrer - une idée difficile à accepter dans une culture où la rue est l'espace public par excellence.

" L'arithmétique, la texture, la géométrie : tout sera là quand ce sera fini. Pour l'instant, les paysans mènent encore leurs bœufs, vaches et chèvres à travers les champs brûlés par la soleil " Lorsque les pelleteuses arrivent, les villageois sont déplacés de force. " Là où l'on tourne aujourd'hui autour des giratoires, nous jouions autour des manguiers " se remémore Ojagar Singh Kumbra. Tous les jours, ce sikh septuagénaire à la barbe majestueuse retrouve au India Coffee House son ami Narinder Singh pour évoquer les temps révolus. " Lorsqu'en 1972 j'étais encore attaché du premier ministre du Pendjab " opine Narinder " j'ai conduit Margaret Thatcher au Capitole. Elle était très impressionnée par la sévérité des lignes "

Capitole, capital

Le Capitole, c'est le " cerveau " : l'apogée de l'utopie chandigarienne. A la tête de l'échiquier, sur le fond des avant-forts de l'Himalaya, Le Corbusier prévoit les bâtiments administratifs en béton. D'abord le pouvoir exécutif : le " Secrétariat " titanesque - 254 mètres de long et 42 de haut - ornant par ailleurs encore aujourd'hui le billet de dix francs suisses. Si à l'époque quelques voix perplexes s'insurgent contre ses dimensions, tout le monde s'en réjouit aujourd'hui. Suite aux revendications de la population sikh, l'état du Pendjab est, en 1966, ultérieurement divisé en Pendjab sikh et Haryana hindou faisant de Chandigarh la capitale de deux états. Sur le toit du Secrétariat, les armées de chaque état se font face, défendant leur moitié de bâtiment. Sur le côté, l'Assemblée parlementaire avec son toit caractéristique recourbé vers le haut. En face, le Haut Tribunal avec ses piliers opulents symbolisant la droiture du pouvoir judiciaire et ses murs recouverts d'un carroyage multicolore. Enfin, dans la ligne de fuite vers l'Himalaya, l'emblème de Chandigarh : le monument à la main ouverte qui, par moments, rappelle involontairement l'insigne du parti du Congrès de la dynastie Gandhi-Nehru. " Quoique Le Corbusier ne s'intéressa que peu aux traditions indiennes " estime Rajnish Wattas, le directeur du Département d'Architecture de l'Université du Pendjab " il ne pouvait que faire l'objet d'adoration des Indiens. C'était un homme simple, entièrement dévoué à sa tâche. N'œuvrant qu'à la réalisation de son rêve - fût-il quelque fois loin de nos conceptions - il devait apparaître comme un des nombreux rishis (saints) qui peuplent le subcontinent et qui ne se préoccupent guère des conditions extérieures "

L'autre visage de Chandigarh

Si Chandigarh restera désormais toujours liée au nom du Corbusier dont elle assurera la renommée mondiale, un autre homme façonna en cachette son visage second : Nek Chand. A l'ombre du Capitole - fleuron de la rationalité matérialisée - cet ancien inspecteur des routes débute il y a 40 ans à rassembler, sans idée précise, des débris qu'il découvre pendant ses déambulations. Chaque soir, il regagne sa cabane à lisière de la ville et - en s'éclairant de pneus incendiés - façonne à partir des déchets des créatures imaginaires. Sur sa bicyclette, il acheminera les pierres glanées dans les monts Shivalik et par un système raffiné de tuyaux de bambou, il crée un jardin aquatique. En 1973, une équipe d'inspection tombe soudain sur le site. Selon le maître plan, toute occupation illégale des lotissements - donc aussi le jardin de roche de Nek Chand - doit être rasée. Le sort du jardin de Nek Chand semble scellé quand, grâce à l'intervention de l'architecte en chef M.N. Sharma, le site singulier est sauvé in extremis et transformé en un musée à ciel ouvert. Aujourd'hui encore, on rencontrera Chand - qui ne se considère guère comme artiste mais comme simple ingénieur - dans son royaume auquel il n'arrête d'ajouter des nouveaux paysages. L'homme à la modestie déroutante préfère ne pas se prononcer sur l'architecture grandiloquente de Chandigarh. Face au visionnaire du béton, le mystique des roches : " Pour moi, la vie est ici. Chaque détail, chaque pierre, chaque figure est douée d'une âme "

Entre l'héritage on ne peut plus antinomique de ces deux créateurs, l'identité de Chandigarh se confond, plus on y séjourne. Elle ne risque cependant pas de perdre sa singularité de sitôt. Comme si Le Corbusier avait voulu s'assurer que son rêve ne soit phagocyté par le reste du subcontinent, il plaça la gare à 8 km à l'est de la ville, décrochant ainsi Chandigarh du plus grand réseau ferroviaire du monde dans lequel elle n'aurait été sans aucun doute qu'un maillon parmi d'autres.


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Dernière modification par Tonio del barrio: 10-05-2006 10:12
#5
10-05-2006 10:11
Tonio del barrio
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Allez sur cette page et descendez tout en bas à la rubrique "Chandigarh, capitale de l’Etat du Pendjab"

vous y trouverz une vidéo :

http://www.ina.fr/actualite/dossiers/20 … 05.fr.html


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#6
10-05-2006 10:18
#8
10-05-2006 10:23
Tonio del barrio
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Secretariat

http://www.archnet.org/img-collections/image/12314.jpg

une maison à Chandigarh

http://www.plannersgroup.net/photos/house1lr.jpg

Confedration of Indian Industries (CII)

http://www.chandigarhweb.com/Photogalle … dings1.jpg

Students Centre (Panjab Univ)
http://www.chandigarhweb.com/Photogalle … dings5.jpg

Advanced Paediatric Centre, PGI
http://www.aecasia.com/feature/images/india1.gif


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Dernière modification par Tonio del barrio: 10-05-2006 10:24
#9
10-05-2006 17:29
fx
Tour du Midi
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je trouve cette ville sans charme (il est vrai que je ne suis pas un grands admirateur de le corbusier)

#10
10-05-2006 18:31
Lupus
Surveillant de baignade
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Tout cela est réellement interessant, j'aime bien voir ce genre de théories en application (mais loin de chez moi, si possible!). Tonio, peux-tu donner tes sources?

#11
10-05-2006 18:47
swordamman
Grande Arche
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Il faut remettre tout ceci dans son contexte (les années où ont été construit ces batiments), mais aussi dans le contexte économique, avec une Inde qui cherchait et cherche à s'affirmer mondialement.
C'est donc pour moi, et dans ce contexte précis, une ville bien imaginée et bien construite, même si je n'admire pas forcément Le Corbusier.


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