Camargue

Le Monde, 29/05/2006

Une délicate démoustication partielle de la Camargue va être menée pour la première fois
LE MONDE | 29.05.06 | 15h22  •  Mis à jour le 29.05.06 | 15h22 

Lutter contre les moustiques est un travail de Sisyphe. Depuis bientôt un demi-siècle, l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID), créée en 1958, en fait l'expérience.

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Avec jusqu'ici une exception, la Camargue. Mais, pour la première fois, il a été demandé à l'EID, par le conseil général des Bouches-du-Rhône, de procéder à une démoustication partielle et expérimentale de cette zone préservée, paradis des diptères. Une conséquence de l'épisode exceptionnel de pullulation d'Aedes caspius, en septembre 2005.

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La politique hasardeuse de la Tunisie a favorisé la résistance des insectes
La Tunisie représente un cas d'école de ce qu'il ne faudrait pas faire en matière de lutte antimoustique. Dans ce pays, chaque ville étant libre d'utiliser les produits de son choix, des souches résistantes aux insecticides n'ont pas tardé à apparaître.
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"En deux ou trois ans, 100 % des populations de moustiques étaient résistantes", assure Mylène Weill, de l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, qui a réalisé une mission d'évaluation en Tunisie.

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La zone considérée concerne Salin-de-Giraud/Port-Saint-Louis-du-Rhône. Elle exclut la réserve de 30 000 hectares qui constitue le coeur de la Camargue. C'est au vu des résultats de cette première campagne, financée à hauteur de 1 million d'euros, qu'il sera décidé d'étendre ou non les traitements. "Les premiers traitements larvicides n'interviendront pas avant la fin de l'été, prévient Michel Babinot, directeur opérationnel de l'EID. Il faudra auparavant déterminer les zones d'éclosion potentielles."

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Un des rares moyens de lutter contre les souches résistantes est de les "diluer" dans des populations de moustiques sensibles. La résistance implique en effet souvent un coût métabolique pour les insectes, dont les capacités reproductives, par exemple, peuvent être diminuées. Dans un environnement non traité, la compétition pour la survie tourne donc à l'avantage des souches sensibles. Encore faut-il que de tels réservoirs subsistent, et c'est ce qui est prévu en Camargue.

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Mais aussi s'entendre pour mettre en place une gestion mondialisée de la lutte antimoustiques. "La gestion conduite par l'EID est précieuse. Mais elle peut être mise en péril par l'arrivée de souches résistantes sélectionnées en raison de mauvaises pratiques d'autres pays", prévient-elle. Sans parler des migrations de populations, peut-être liées au réchauffement climatique, comme celles d'Aedes albopictus, le vecteur du chikungunya dans l'océan Indien, qui a colonisé l'Italie et est apparu récemment dans les Alpes-Maritimes.

Hervé Morin

Extraits de l'article paru dans l'édition du 30.05.06