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Depuis le temps que j'en parle (en mars 2007, je disais déjà que j'avais l'idée depuis "un bail" ! https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 55#p102755 ), je me décide enfin à ouvrir un sujet pour poster des articles sur ma ville...
Des articles sur Châtenay-Malabry ? Mais pourquoi ? J’en vois déjà fuir, au fond. Oui, Châtenay-Malabry n’est pas la commune qui fait le plus parler d’elle sur le forum. Elle est même assez discrète, même si les projets s’y multiplient. Un sujet lui est consacré, alors quel est l’intérêt d’en faire plus ?
L’intérêt, pour vous, c’est justement sa banalité. Sa banalité de petite commune d’Ile-de-France, petit à petit submergée par les vagues du Grand Paris. Un extrait d’essence de banlieue, quoi ! Bien sûr, la commune s’enorgueillit du passage de quelques personnages historiques célèbres. Mais toutes les communes de banlieue le font ! Bien sûr, elle a ses petits monuments, mais qui ne les a pas ? Elle a ses parcs, ses arbres, son théâtre, son cinéma… Elle a sa petite identité à elle, qu’elle cultive. Mais rien de plus commun en banlieue !
Bref, c’est la banalité de la commune que nous allons voir ici, comme exemple de ce qui se passe autour de Paris depuis des siècles. Une chronique ordinaire du Grand Paris.
Et pour moi, quel est l’intérêt de cette ville ? Pourquoi l’avoir choisie ? Tout d’abord, par facilité, car j’y habite depuis un an. Mais surtout, par amour, car ce petit coin de banlieue ordinaire a vu vivre ma famille depuis 5 générations. Elle m’y a vu naître, grandir 11 ans, revenir 1 an, et revenir encore aujourd’hui. Elle a vu des mariages et des enterrements de proches. Elle est pleine des récits de ma famille. Une chronique intime du Grand Paris.
Que dire encore avant de commencer ?
Que mes articles, au début du moins, tâcheront de retracer le passé de ce petit bout de territoire, à partir d’infos glanées sur internet, de récits familiaux, de statistiques, mais aussi des photos des témoignages des différentes époques qui restent encore debout aujourd’hui. Qu’au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, de nouveaux quartiers, de nouvelles perspectives vous seront présentées.
Que mes articles se concentreront sur les limites communales, et n’iront voir ailleurs que si nécessaire à la compréhension de ce qui se passe à l’intérieur. L’idée n’est pas de donner une légitimité quelconque aux frontières tracées aujourd’hui au travers de la banlieue parisienne, mais plus de se fixer un terrain pour ne pas m’éparpiller.
Que mes articles, enfin, paraitront régulièrement, à un rythme d'un toutes les 1-2 semaines, pour ne pas vous noyer sous mon enthousiasme, et vous permettre de suivre l’histoire à votre rythme !
Voilà, je crois que tout est dit. Nous allons pouvoir commencer !
Chapitre 0 - Un petit tour du propriétaire
Avant de commencer à déblayer les traces de l’histoire du lieu, il semble intéressant d’en faire un petit tour d’horizon global.
Une ville étendue de moyenne banlieueA01 - Position Geographique-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Position du territoire (source : IGN – Géoportail)
Le territoire de Châtenay-Malabry est situé au sud du Département des Hauts-de-Seine à 4,9 kilomètres de Paris, ou plus précisément, la petite église du centre est à 11 kilomètres de Notre-Dame. Il est situé à proximité de 3 autres départements : les Yvelines, l’Essonne et le Val-de-Marne.A02 - Dimensions-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Taille du territoire et voisinage (source : IGN – Géoportail)
La commune est assez étendue, puisqu’elle s’étend sur 638 hectares (contre 534 hectares en moyenne pour les communes de petite couronne), s’étirant sur 4,8 kilomètres d’est en ouest et sur jusqu’à 2,8 kilomètres du nord au sud.
Ses voisines sont Antony, Sceaux, Le Plessis-Robinson, Verrières-le-Buisson, et dans une moindre mesure Bièvres et Clamart. Les communes de Vélizy et de Fontenay-aux-Roses sont à proximité immédiate du territoire communal.
Un territoire escarpé
Le territoire s’inscrit dans le coteau ouest de la vallée de la Bièvre, qui coule plus bas à Antony. A l’ouest, le territoire atteint le plateau de Vélizy, pour un des points les plus hauts de la région (172 mètres. A titre de comparaison, le point le plus haut de la région est la butte artificielle d’Elancourt, à Saint-Quentin-en-Yvelines à 231 mètres au-dessus de la mer, le point le plus haut de petite couronne est à côté, sur le même plateau au Plessis-Robinson, à 180 mètres, et le point le plus haut de Paris est la butte Montmartre à 130 mètres). A l’est, il n’atteint pas le fond de la vallée, et s’arrête à 65 mètres d’altitude.A03 - Relief-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Relief (source : IAU-idf)
Le territoire de la commune est donc globalement en pente (dénivelé global un peu supérieur à 100 mètres), et même assez escarpé : deux petits ruisseaux (le Rû de Châtenay et le Rû d’Aulnay) le traversent d’est en ouest, perpendiculaire à la Bièvre, au fond de deux vallons séparés par un escarpement. Ils ont été canalisées et alimentent le Grand Canal du Parc de Sceaux, en contrebas du territoire communal.
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Chapitre 1 - Un village comme un autre
Il a fallu longtemps pour que Paris commence à avoir une influence sur le territoire de Châtenay. Le village s'est d'abord développé en autonomie.
Les traces d'habitat les plus vieilles sont un ensemble mégalithique (dolmen) situé en limite de la commune, au Plessis-Robinson (Deux photos : http://www.gpspassion.com/upload/team/jlb/IMG_1402.jpg et http://www.gpspassion.com/upload/team/jlb/IMG_1405.jpg , issues du forum GPSPassion : http://www.gpspassion.com/FORUMSEN/pop_ … _ID=109418).
Il existerait aussi les traces d'un ancien donjon dans la forêt de Verrière, le Château de la Boursidière, détruit par les anglais pendant la Guerre de Cent Ans, mais je n'ai jamais pu aller le voir. D'ailleurs, le nom de "Châtenay" viendrait de Castellanum, ce qui indiquerait qu'il y avait là un petit château.
Au moyen-age, le territoire de la ville a appartenu à plusieurs églises : Saint-Vincent (devenu Saint-Germain des Prés), Sainte-Geneviève, voire Notre-Dame. Il était régi par les moines du chapitre, qui en percevaient l'impôt. Il fallu même une intervention armée de Blanche de Castille, qui dirigeait le royaume pendant l'absence de son roi Saint-Louis, pour libérer les serfs détenus en prison pour n'avoir pas payé la taille.
Quoiqu’il en soit, au Moyen-Age, Châtenay était un bourg d’importance. Le territoire de sa paroisse s’étirait du Plessis-Piquet (actuel Plessis-Robinson) à ceux de Sceaux et Bourg-la-Reine. Le bourg rivalise alors d’importance avec Bagneux, dont il indique la proximité dans son nom d’alors : Châtenay-lès-Bagneux.
Châtenay dans la carte de Cassini (source : Geoportail)B01 - Carte ancienne-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
A cette époque, le village est regroupé autour de son église consacrée à Saint-Germain l’Auxerrois. Il ne compte guère plus de 300 habitants. De maigres terres, coincées entre un bois à l’est et des marais à l’ouest, sont alors dédiées à l’agriculture : culture de légumineuses, prairies et vignes.
L’église en question, de loin la plus ancienne de Châtenay, comporte aujourd’hui encore des éléments datant du Xe siècle. L’essentiel du bâtiment d’aujourd’hui date des XIe et XIIe sièces, mais elle fut encore retouchée jusqu’au XVIe, par l’adjonction d’une chapelle. Cette jolie église très simple est à la fois très villageoise pour une ville aussi urbanisée que Châtenay aujourd’hui, et grosse pour le petit village qu’il était à l’époque. Cela témoigne de l’importance qu’avait la paroisse.
Cette église, qui a accueilli mariages et enterrements de ma famille, continue à marquer ma vie, toutes les heures, du son de ses cloches. Le cimetière, qui se tenait devant, a été transformé en place au début du XIXe siècle.
L'Eglise Saint-Germain l'AuxerroisIMG_4631-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
D'ailleurs, si les bâtiments sont plus récents, le tissu du vieux centre, en placettes et rues tortueuses et étroites, témoigne de ce passé ancien.IMG_4632-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Repérage des lieux citésB02 - Positions-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Sources :
Histoire de Châtenay-Malabry, de XXX (j'indique le nom de l'auteur dès que je retrouve le livre !)
Châtenay-Malabry, Histoires et Paysages, de l'Office de Tourisme de Châtenay-Malabry
Merci pour ce documentaire !
Ayant moi-même vécu trois ans à Châtenay, l'historique de la ville me parle encore davantage que s'il avait porté sur une autre ville.
Deux petites remarques concernant ce premier chapitre :
- Il s'agit du château de la Boursidière (tu as écrit Boursidère)
- Le deuxième lien vers les photos de dolmens comporte une virgule à la fin, qui le rend erroné
Episode 2 - L'Ancien Régime - Quartiers de Noblesse
Après des siècles de vie tranquille sur son côteau francilien, ce n'est qu'au 17e siècle que la proximité de Paris commença réellement à différencier Châtenay de tout autre village français.
Tout commence au village de Sceaux, jusque-là rattaché à Châtenay, mais dont la croissance des parroissiens conduit le clergé à y établir une nouvelle paroisse autonome en 1203. La nouvelle paroisse prend alors peu à peu de l'importance, jusqu'à dépasser sa voisine. C'est alors que le domaine de Sceaux est racheté en 1670 par Jean-Baptiste Colbert, ministre bien connu de Louis XIV. Celui-ci, et son fils après lui, entama de grands projets, agrandissant peu à peu son domaine par l’acquisition de terres, agrandissant son château, et faisant dessiner ses jardins par Le Nôtre, paysagiste de Versailles.
Le château de Sceaux vu de Châtenay - la barrière marque la limite actuelle entre les deux communes :
P2470733-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Le domaine d’alors s’étendait au-delà du parc actuel, et occupait notamment le territoire actuel de Châtenay. Pour alimenter les fontaines et le canal des jardins, Colbert entreprit des travaux de captage des eaux des sources d’Aulnay (l'un des deux ruisseaux châtenaysiens). Un vaste réseau de canalisations souterraines drainait alors les coteaux pour apporter l’eau à Sceaux et au château.
Colbert en profita pour établir une ferme à Aulnay, jusqu’alors très peu développé, initiant le développement de ce petit hameau de maisons bourgeoises et de maisons de vignerons.
Quelques vues des maisons les plus anciennes du hameau d'Aulnay :P2480046-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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L’intendant du château fut installé dans une grande maison, dotée de jardins, restée aujourd’hui encore dans le centre de Châtenay, et appelée « Pavillon Colbert ».
Cette maison fait partie des nombreuses bâtisses de belle allure que l’histoire a laissé à Châtenay, et qu’aucun propriétaire ne souhaite plus entretenir. La Mairie, qui la possède aujourd’hui, ne semble pas trouver quel usage donner au bâtiment, qui accueille le comité de jumelage derrière une façade devenue lépreuse, faute d’entretien.
Le "pavillon Colbert", maison de l'intendant du château de Sceaux:P2480031-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Suite à la mort du fils de Colbert, la propriété change plusieurs fois de propriétaires. Les plus prestigieux d'entre eux, comme le Duc du Maine, attirent sur le domaine et les territoires attenants de nombreux proches et grandes familles du royaume. Les premières grandes propriétés privées s'installent sur châtenay. Ces propriétés se perpetueront et de développeront jusqu'au XIXe siècle. Certaines sont encore intactes aujourd'hui.
Quelques propriétés bourgeoises que j'imagine antérieures au XIXe siècleIMG_4635-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
IMG_4639-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Parmi les familles bourgeoises ayant choisi d'avoir une propriété à Châtenay, on compte la famille Arouet, dont le fils, François-Marie, est plus connu sous le nom de Voltaire.
Si l’empreinte de Colbert sur Châtenay est attestée, celle de Voltaire, bien qu'encore proclamée avec fierté dans la commune, semble plus douteuse. Ses parents possédaient une belle propriété à proximité de l’église. L’histoire connue des Châtenaisiens veut qu’il soit né à Châtenay, lors d’un court séjour de sa mère dans la propriété ou chez des amis, avant de repartir quelques jours après pour Paris. Mais si Voltaire lui-même aimait à prétendre qu'il était né à Châtenay, pour marquer sa distance avec les milieux parisiens de l'époque, peu de choses peuvent attester l’histoire, alors que les actes du baptême, qui eut lieu à Paris, furent détruits pendant la révolution.
Le château de la petite roseraie, propriété de la famille ArouetIMG_4633-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Quoiqu'il en soit, il est certain que Voltaire séjourna un mois dans sa maison de famille à Châtenay, en 1718, lorsqu’il est exilé de Paris par le régent. Les Châtenaisiens, heureux de ce lien avec le grand homme, préfèrent ignorer les réserves des historiens, et intégrer clairement Voltaire au patrimoine urbain.
Buste de Voltaire, à l'entrée du centre-villeP2480034-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Place Voltaire, Café-Bar-PMU "Le Voltaire" et autre buste de VoltaireIMG_4630-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Au-delà des résidences de grandes familles, la présence proche de Versailles, et plus généralement de la cour royale, au Sud de Paris, a laissé des marques sur le territoire de la commune. Ainsi, l’ex-RN186, qui le traverse en long, a été construite sous Louis XV pour relier directement Versailles à sa résidence de Choisy-le-Roi. Elle eu alors le nom de Route Royale. Une borne témoigne encore de ce passé.
Borne royaleP2470873-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Deux auberges, situées le long de son tracé, à proximité de carrefours, ont initié les hameaux du « Petit Châtenay » et de « Malabry » (le nom aurait été donné par Louis XV, car les terres de chasse qui s’y trouvaient étaient en altitude et partiellement défrichées, les soumettant aux intempéries).
(photo)
Quelques vieilles maisons du "Petit Châtenay"P2470785-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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A Malabry, la seule survivante est l'ancienne ferme, qui accueille aujourd'hui le Quick !P2470937-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Quant à la modeste rue Jean-Jaurès, qui remonte le côteau pour rejoindre la route royale à Malabry, elle fut longtemps appelé « chemin des Princes » : prévue par Colbert au XVIIe siècle pour prolonger la perspective arrière du château de Sceaux, elle rejoint l’avenue Choisy-Versailles sur le plateau. De 30 mètres de larges, bordée de noyers, elle ne se rétricissait qu’à plus d’un kilomètre des grilles du château pour rentrer dans le bois.
Bas de la très modeste avenue Jean-Jaurès, en droite ligne du Château de SceauxP2480028-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Plus généralement, le village, encore très agricole, ne voit que peu les prémices de la révolution industrielle. L’installation de bourgeois s’accélère. Le Duc de Penthièvre achète la seigneurie de Châtenay et de Sceaux en 1779, et le bourg prend pour quelques temps le nom de Châtenay-Penthièvre.
Quelques maisons du bourg principal que j'attribue à l'époqueP2480017-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Plan de repérageC01 - Positions-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Sources :
Histoire de Châtenay-Malabry, de XXX (j'indique le nom de l'auteur dès que je retrouve le livre !)
Châtenay-Malabry, Histoires et Paysages, de l'Office de Tourisme de Châtenay-Malabry
Après plusieurs mois d'absence suite à un crash d'ordinateur, voici le retour d'un petit feuilleton qui, je l'espère, vous aura manqué !
Episode 3 - Le XIXe siècle - Une villégiature parisienne
Le XIXe siècle est selon moi marqué par la première vrai grande vague d'urbanisation venue de Paris. C'est en effet le siècle où les maisons de campagne des bourgeois parisiens, comme les parents de Voltaire, conquièrent une grande partie du territoire communal. L'identité de la commune s'en trouve largement modifiée, d'un village agricole sous l'influence de la bourgeoisie et de la noblesse, à un lieu de villégiature et de promenades dominicales.
C'est aussi à cette époque que sont pavées les rues du bourg, à commencer par celui reliant la « grande rue » à l’église, pour « rendre facile et commode le chemin qui conduit à l’Eglise et […] donner aux cérémonies extérieures de notre religion les moyens de s’exercer avec toute la décence convenable ». Cet effort de pavage s’accompagne de l’installation de ruisseaux d’assainissement, pour évacuer loin des habitants les eaux ménagères et de pluie qui stagnent. Parallèlement, de nouvelles voies sont créées dans le bourg, en coupant d’anciennes grandes propriétés.
En 1836, la commune est invitée par une circulaire préfectorale à placer aux principales issues de la ville des poteaux indicateurs de son nom. L’aménagement des voies se poursuit dans ses détails, avec la décision d’implanter des bancs le long de plusieurs voies de la commune.
La commune grandit, et connait dans les années 1830 ses premières crises de croissance. L’école devenue trop petite pour être mixte, il faut construire une école de filles. Et la salle louée pour les réunions du conseil municipal ne suffit plus, une mairie est donc construite.
L'actuelle médiathèque est implanté dans un bâtiment qui a accueilli l'école de filles, ainsi qu'une institution religieuse.IMG_4610-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L'ancienne mairie, qui a ensuite accueilli le conservatoire, et maintenant les bureaux destinés à la jeunesse.IMG_4624-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Mais 40 ans plus tard, l’histoire se répète : une nouvelle mairie est construite, alors que l’on cherche à déménager l’école de garçons. Mais le village reste malgré tout rural. A la demande des habitants cultivateurs, la nouvelle école sera dotée d’une sonnerie, permettant aux travailleurs des champs de savoir quand rentrer chez eux midi et soir.
L'autre mairie, devenue ensuite bibliothèque, puis conservatoire, et maintenant "pavillon des arts"IMG_4622-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L'accueil de familles bourgeoises parisiennes semble constituer une véritable ambition municipale, et l'aménagement de l'espace est mis à contribution.
Ainsi, la volonté du maire actuel de souligner le caractère de « Ville Parc » de la commune émerge déjà à l'époque, quand le conseil municipal réaffirme en ces termes la tradition de planter des arbres le long des chemins : « Ces plantations donnent à la commune, traversée par 33 chemins, un aspect qui la fait distinguer des autres et sont d’un effet qui y attire les étrangers, source féconde de la prospérité de ses laborieux habitants ».
Cette identité de ville de villégiature pose des cas de conscience. Ainsi, lorsque la « Société de Patronnage des jeunes filles détenues, libérées ou abandonnées » se propose d’acheter la maison de la famille Lafaulotte, le Conseil Municipal s’élève avec force, car un tel établissement « éloignerait, par un sentiment naturel de répulsion, les personnes qui viennent s’installer à Châtenay pendant la belle saison et, par la défaveur que la tristesse d’une maison de correction apporterait aux immeubles, la commune cessera d’être un lieu de villégiature pour les familles riches qui en redouteront le voisinage ». Vous avez dit « Nimby » ? Bon, finalement, après avoir donné quelques terrains à la commune, la Société en question pourra installer son patronnage.
Le patronnage Lafaulotte, devenu depuis un immeuble résidentielIMG_4602-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Parmi les bourgeois (enfin, les nobles, dans ce cas précis) s'implantant dans la commune, la présence la plus marquante à Châtenay-Malabry dura 10 ans, de 1807 à 1817. Ce fut celle de Chateaubriand, grand écrivain et homme politique français, pionnier du romantisme, riche témoin de son époque et inspirateur de Victor Hugo.
Il y vécu et s’y plu, plantant un vaste jardin dans son domaine de la Vallée aux Loups, dans le hameau d’Aulnay. Il y arriva lorsque, rentrant de son poste de secrétaire d’ambassade à Rome, il fut interdit de séjour à Paris après avoir fait paraitre un article fustigeant Napoléon pour la condamnation à mort du Duc d’Enghien. C’est là qu’il commença à écrire son œuvre la plus connue, ses « Mémoires d’Outre-tombe », dans laquelle il répète son attachement à sa propriété.
L'entrée du domaine de la Vallée au LoupsP2480047-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
« J’achetai une maison de jardinier cachée parmi les collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux dépendant de cette maison n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvaient une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances… ce lieu me plaît, il a remplacé pour moi les champs paternels, je l’ai payé du produit de mes rêves et de mes veilles. C’est au grand désert d’Attala que je dois le petit désert d’Aulnay ».
A l'intérieur du domaine, des citations de l'auteurP2480049-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
« de toutes les choses qui me sont échappées, [c’] est la seule que je regrette ».
« l’ambition m’est venue, je voudrais accroître ma promenade de quelques arpents ; tout chevalier errant que je suis, j’ai le goût sédentaire d’un moine. La Vallée aux Loups deviendra une véritable Chartreuse. »
« la passion qui a succédé à toutes les autres, c’est celle de mon jardin… J’étais dans des enchantements sans fin, j’allais, muni d’une paire de sabots, planter mes arbres dans la boue, passer et repasser dans les mêmes allées, voir et revoir tous les petits coins, me cacher partout où il y avait une broussaille, me représentant ce que serait mon parc dans l’avenir ».
Chateaubriand présida aux travaux d’aménagement de la maison, qui avait été construite une trentaine d’années plus tôt par un brasseur. « je fis quelques additions à la chaumière ; j’embellis sa muraille de briques, d’un portique soutenu par deux colonnes de marbre noir et deux cariatides de femme de marbre blanc : je me souvenais d’avoir passé à Athènes. Mon projet était d’ajouter une tour au bout de mon pavillon ; en attendant, je simulai des créneaux sur le mur qui me séparait du chemin ; je précédais ainsi la manie du Moyen-Age qui nous hébète à présent ». Ainsi, si la maison actuelle comporte des annexes construites après son départ, Chateaubriand est bien à l’origine du style assez kitsch de la maison, qui mélange allègrement les styles à la manière des constructions voisines mais bien plus récentes du Plessis Robinson. Il a également lui-même dessiné le double escalier intérieur en fer.
La maison de ChateaubriandP2480052-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Il fit établir sa bibliothèque et son bureau au rez-de-chaussée d’un petit pavillon appelé ensuite Tour Velleda, au fond de la propriété.
C’est là que Chateaubriand reçu de nombreux amis, venus lui rendre visite et lui apportant conseils et avis sur ses derniers écrits. Lamartine raconte avoir cherché à le surprendre là.
Non loin de là, Henri de Latouche, journaliste, directeur du Figaro, traducteur de Goethe, Schiller, Hoffmann, Shakespeare, Burns, promoteur du romantisme, acheta une maison à son tour en 1821. Il aimait signer ses écrits « Le Paysan de Châtenay ». George Sand, qu’il parrainna, lui rendit visite à de nombreuses reprises ; Balzac y séjourna régulièrement pendant 6 ans, peu après son arrivée à Paris.
Châtenay continuera d’accueillir des résidences d’écrivains, comme Jules Barbier ou Sully Prudhomme (1er prix Nobel de Littérature).
Autres propriétés bourgeoises du secteur d'Aulnay : l'Ile Verte et son jardin humide, ouvert au publicP2480056-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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En 1890, Gabriel Croux, pépiniériste ayant déjà installé depuis 40 ans ses productions aux alentours d’Aulnay, acheta une belle propriété du hameau, et commença à y planter sa collection d’arbres remarquables qui constitue aujourd’hui l’Arboretum. Sa pépinière a depuis été rachetée par Truffaut, qui y a aussi implanté un magasin.
La maison de la famille Croux, qui accueille maintenant Truffaut.P2480065-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
En 1939, la Société Immobilière « Les Murs Blancs » acheta la propriété du même nom pour y installer des amis du philosophe Emmanuel Mounier, directeur de la revue « Esprit ». Ce n’est qu’après la guerre, en 1946, qu’elle commença à accueillir des familles, dont celle de J.M. Domenach (rédacteur en chef de la revue), Henri Marou, Paul Ricoeur et Paul Fraisse, professeurs à la Sorbonne, Jean Baboulene, rédacteur en chef de « Témoignage Chrétien », qui en vivant ensemble, génèrent des échanges et des rencontres fructueux.
La résidence d'auteurs "Les Murs Blancs", qui a notamment vu grandir la ministre Marisol TouraineIMG_4601-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Outre cette villégiature bourgeoise, comptant écrivains, journalistes et philosophes de premier rang, Châtenay et ses environs savent aussi être des lieux de fête pour les parisiens moins fortunés.
Ainsi, depuis la première moitié du XIXe siècle, les parisiens et les personnes de la région affluent en nombre les dimanches et jours de fête dans les coteaux du Plessis-Piquet, où sont établies des guinguettes. Alors que celles de Nogent ou de Croissy, à l’Est et à l’Ouest de Paris, sont établies dans de larges bâtisses au bord de la Seine ou de la Marne, celles du Plessis se sont installées, faute d’eau, dans la forêt. Si certaines bâtisses sont utilisées, c’est surtout les guinguettes installées dans des plateformes accrochées aux branches des arbres qui marquent les esprits. La mode est à l’histoire de Robinson Crusoë, et le nom du quartier est trouvé : Robinson. Pour bénéficier plus directement de la renommée de ses guinguettes, le Plessis-Piquet choisira de se rebaptiser Plessis-Robinson.
Les dernières guinguettes de Robinson, en surplomb de la Vallée aux Loups, dans un état de délabrement lamentable.P2470990-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Pour en savoir plus sur les guinguettes de Robinson :
Interlude - l'Arboretum
Hop, petite remontée de fil. J'ai actuellement les deux épisodes suivant dans les cartons, mais le premier a le texte et attend ses illustrations (c'est un épisode "surprise", à voir...), le second a les illustrations, mais pas tout le texte (il s'agit de l'épisode sur la deuxième grande vague d'urbanisation, celle de la Cité Jardin de la Butte Rouge). Bref, tout ça pour dire qu'il faudra encore patienter quelques semaines avant la suite...
Mais pour vous aider à patienter, je poste ici un petit complément au dernier épisode sur les propriétés bourgeoises. Je suis retourné ce week-end à l'Arboretum de la Vallée aux Loups, qui fait partie du parc départemental de la Vallée aux Loups (qui regroupe aussi d'autres propriétés bourgeoises, comme l'Ile Verte, la Maison de Chateaubriand, et le "Parc Boisé"), et j'en ai profité pour faire quelques photos.
L'arboretum, ce fut d'abord le jardin privé de la famille Croux, dont on a parlé plus haut, qui y a collectionné toutes sortes d'abres du monde entier (érables japonais, séquoias, cèdres, pins géants, etc.). Le jardin devint ensuite un parc privé, à l'entrée payante et limitée à certains horaires. Il a depuis été racheté par le conseil départemental et intégré au parc de la Vallée aux Loups. Le conseil départemental y a installé aussi la collection de Bonzaï Rémy Sanson (Collection qui était auparavant à quelques centaines de mètres de là, dans la propriété du même Rémy Sanson), et qui comprends quelques spécimens stupéfiants, dont le plus vieux a plus de 300 ans !
Bref. Faisons un petit tour. Commençons par la petite maisonnette de la famille Croux. On savait vivre simple à cette époque !P2490462-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Son petit plan d'eau.P2490463-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Et surtout le clou de la collection : le "Cèdre Bleu Pleureur de l'Atlas", tout premier spécimen au monde, issu d'une mutation il y a plus de cent ans, et qui a été "élu" "Arbre de l'année 2015" (ce qui fait la fierté de toute la bonne bourgeoisie Châtenaysienne, vous n'en doutez pas ! :) )P2490467-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Le bidule recouvre une surface de 700 m², soit un diamètre d'environ 30 m...P2490470-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Episode 4 : Marie-Thérèse
Je saute volontairement quelques décennies, dont j’aborderai les faits marquants plus tard (les faits marquants sont peu nombreux sur cette période, dont les traces se sont relativement dissoutes dans le paysage de la ville).
Nous arrivons aux années 20, décennie décisives pour la commune, puisque c’est alors que surviennent deux événements structurant pour ce récit :
- La décision d’implanter sur la ville une des cités jardins parisiennes, la fameuse Butte Rouge, qui marque encore le paysage, l’architecture, la population et la réputation de la commune,
- La naissance de ma grand-mère, en 1921, qui a eu la bonne idée de consacrer une partie de sa retraite à poser sur papier ses mémoires, et qui serait sans doute très fière dans voir ici publiés des extraits.
On concentrera donc ce chapitre aux mémoire de ma grand-mère, petite gamine de banlieue, fille de cordonnier, vivant dans le village de Châtenay.
Le village
« Avant 1930, Châtenay comptait moins de 3000 âmes.
Au centre du village, allant de l’Eglise à la Mairie – l’ancienne, en face de l’école – étaient les commerces ; au carrefour de la route de Versailles : le quartier du Petit Châtenay. Tout autour, des maisons avec jardin, des propriétés bourgeoises aux grands parcs, des champs de culture, des prés avec des vaches … et des vergers … Le Bois de Verrières, le Val d’Aulnay, les Pépinières Croux, la Vallée aux Loups et le Parc de Sceaux formant un écrin de vedure … Là-haut, sur le plateau, le hameau de Malabry. »04 - Vieux Châtenay-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Le confort
« on venait d’avoir l’eau courante sur l’évier, mais il restait de place en place dans Châtenay des fontaines pour approvisionner de nombreuses familles » « dans ce temps, pas de « tout-à-l’égoût », c’était une voiture-citerne traînée par des chevaux qui vidangeait les fosses, le soir ; il fallait fermer les fenêtres !!! … par les jours d’été… »
« Les eaux usées coulaient dans les caniveaux, on disait « tiens ! c’est le jour de Mme « Untel » [de laver son linge] ! »… Un cantonnier balayait et lavait les caniveaux de temps à autre en ouvrant des bouches d’eau placées au long des rues. Les femmes qui n’avaient pas de commodités à la maison utilisaient le Lavoir du village – « et tape, et tape, et tape avec le battoir… » - qui existe encore aujourd’hui, en transportant leur linge sur une brouette… Près du Lavoir étaient l’Abreuvoir où venaient boire les chevaux des cultivateurs… et une fontaine ; Certains terrains avaient un puits […] avec une pompe sur l’évier ».07 - Lavoir-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
06 - Lavoir-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Le travail - Les commerces
« Passaient aussi dans les rues, de temps en temps, des ramasseurs divers dans des charrettes tirées par un cheval ou un mulet ; on les reconnaissait de loin par leurs appels chantants ! « papiers, chiffons, ferraille à vendre ! » ou bien « peaux d’lapin, peaux ! » ; et puis, poussant sa meule sur un chariot, le rémouleur qui affûtait couteaux et ciseaux, ou le vitrier portant les vitres sur son dos, parfois encore un Algérien (on disait « un sidi ») en djellabah et chéchia, montrant sur son épaule un lot de tapis… »08 - Cheval-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
« Un employé communal célèbre : le garde-champêtre ! Il parcourait les rues, en uniforme, portant son tambour sur le ventre, et s’arrêtait de place en place pour tambouriner et lancer d’une voix forte : « avis ! il est porté à votre connaissance […] qu’on se le dise ! »
« Au printemps, arrivaient les Bretonnes, chez les cultivateurs qui les logeaient pour la belle saison. C’étaient elles qui cueillaient les fraises en juin dans les nombreux champs entourant le village, ensuite les petits pois, les haricots verts […]. Le matin, de bonne heure, on les entendait « saboter » sur les pavés des rues ! toutes leurs allées et venues, reconnaissables au bruit, étaient sympathiques. On les retrouvait avec plaisir d’une année à l’autre… Nombreuses sont celles qui se sont mariées, et fixées à Châtenay. »
« Un monastère, rue des Tournelles, recevait des religieuses dominicaines cloîtrées : elles travaillaient – couture, broderie – pour certains Grands Magasins de Paris ; nous allions y acheter des œufs tout frais, en posant la monnaie dans un tourniquait qui rapportait les œufs… entendant une voix, mais sans jamais voir la personne. »
« Dans notre rue de l’Eglise, donc, on vivait gentiment. Des commerces variés s’alignaient depuis la mairie jusqu’à l’église. Chez les épiciers, les produits, légumes secs par exemple, se présentaient dans des grands sacs de toile, et le marchand les pesait, à la demande, dans des sachets en papier fort ; les fruits dans des « cornets », de papier aussi ; le tout sur une balance Roberval, plus tard sur une balance semi-automatique à cadran. Pour acheter du lait, on portait une « boîte à lait » métallique avec une anse au-dessus, et le vendeur mesurait le liquide à l’aide de « mesures en étain » d’un litre, un demi-litre, un quart de litre, (ce lait, tout frais trait de la veille – plusieurs fermes à Châtenay – était livré dans de gros bidons, tous les matins très tôt, devant les boutiques, par des voitures à chevaux). »03 - Vieux Châtenay-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Les loisirs
« … j’entends encore, en ce début de mai … dans le soir … les doux chants des jeunes pensionnaires des Sœurs de « La Faulotte » qui célébraient la fête de Jeanne d’Arc… ces airs mélodieux venant à moi au travers des jardins, par la fenêtre largement ouverte. »
« Maman disait manquer d’air dans la maison de la rue de l’Eglise et pour nous aérer encore, m’emmenait, à la sortie de l’école, par la Voie des Vignes, goûter dans les « Perruches » ou bien, à l’automne, ramasser des châtaignes dans l’ancienne propriété de Châteaubriand à la Vallée aux Loups (les gardiens étaient clients de la boutique [de papa]) ».
« Tous les étés, au mois d’août, à la Saint-Germain, patron de la paroisse, s’installait la « Fête à Châtenay », dans notre quartier. Oh ! la belle vie ! … Dès que j’entendais, depuis chez nous, la ritournelle du manège de « chevaux de bois qui montaient et descendaient » en tournant sur la place de l’Eglise […], je ne me tenais plus de joie… On y chantait « Oh ! ma Rose-Marie… » d’une célèbre opérette populaire de l’époque, sur le limonaire qui dévidait ses cartons perforés… Les boutiques des forains s’alignaient […] : la confiserie et puis le tir à la carabine, la loterie où l’on « gagnait à tous les coups » en tirant une ficelle, le billard japonais, les balançoires, le manège des petits enfants… […] La Commune aussi installait des distractions : séances de guignol sur la place Voltaire, courses en sacs, grimpers au « mât de cocagne » bien savonné pour y attraper des saucissons secs… Et la fanfare donnait, bien sûr, un concert… »
« A Châtenay, notre institutrice-directrice emmenait ses élèves accompagnées de quelques mamans, le jeudi après-midi, par l’autobus, pour visiter Paris : la rue St Jacques, le musée de Cluny, la Sainte Chapelle, la basilique de St-Denis et les tombeaux des rois de France, le Musée de Sèvres par bateau sur la Seine… »
« Dans les années 20, les automobiles étaient encore une curiosité ; alors pour se distraire par les beaux jours, le dimanche, nous allions nous assoir près du bois de Verrières, au long de la route de Versailles, en montant la côte de la Butte-Rouge ; il n’y avait pas encore de maisons, le bois était tout au bord de la route. Dans la soirée, Papa aimait faire un feu entre quatre pavés et Maman cuisait une belle et bonne omelette que l’on dégustait en regardant les autos passer. »09 - Route Versailles-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
« Je pense aussi aux soirées d’été, quand après le repas, nous alignions nos chaises sur le trottoir, comme les voisins, pour… écosser les petits pois, éplucher les haricots verts… ou bien tricoter ou broder, les hommes lisant leur journal ou bavardant entre eux… et Papa avait souvent une histoire ou une blague à raconter […]. Il lui arrivait aussi de prendre son « baryton » pour faire un peu danser les gens. »
« La commune avait institué depuis longtemps « l’œuvre du Trousseau » et, pour une somme modique versée chaque mois, procurait aux jeunes filles de vingt-et-un ans un trousseau complet de linge de corps et de linge de maison, à condition que chaque enfant commence à le coudre dès l’âge de neuf ans. Alors, tous les mercredis soir, nous restions à l’école pendant une bonne heure, nous cousions sous les directives des dames du pays. »
Les déplacements
« Avant 1930 il n’y avait au village ni médecin, ni pharmacien ; c’est à Sceaux qu’on les trouvait… On téléphonait dans une cabine du « café du centre » […] ou bien on déposait une demande de visite à l’un des deux médecins de Sceaux dans une boîte à lettres spéciale – près de l’ancienne Mairie – qu’ils visitaient tous les jours. »
« Principal moyen de communication dans les années 30 : la marche à pied ! Pendant les beaux mois d’été, notre plaisir était de nous rendre aux marchés des environs : tantôt le mercredi à Sceaux, tantôt le jeudi à Antony. »
« depuis l’âge de 13 ans, j’allais à Paris, à l’Ecole Primaire Supérieure Paul Bert (14e) à laquelle la commune de Châtenay versait une subvention pour ses enfants qui y étaient reçues après concours. Partant le matin à 7h, par l’autobus et le métro « porte d’Orléans » jusqu’à « Vavin », rentrant à 6h du soir, tous les jours même le samedi après-midi… pas le jeudi, toutefois ! (Il n’y avait pas d’autre école dans les environs pour continuer des études, à part le lycée Lakanal réservé aux garçons). »
« Au milieu des artères principales, depuis le Châtenay jusqu’au carrefour des Quatre-Chemins à Robinson, sillonnaient les rails du Tramway, le 128, qui rejoignait la Porte d’Orléans, par Sceaux, Fontenay-aux-Roses, Bagneux, Montrouge. Moi, je ne me trouvais pas bien dedans, on était cahotés avant et après les arrêts ; alors Maman hésitait à m’emmener à Paris où pourtant il y avait de si belles lumières ! … tandis qu’à Châtenay on éclairait encore les rues avec des « becs de gaz » - réverbères – qu’un cantonnier allumait le soir à la tombée de la nuit et éteignait le matin… Entre les becs, il faisait noir ! »02 - Avenue Tilleuls-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
01 - Petit Châtenay-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
« Bien sûr dans les rues de Châtenay on roulait moins vite puisqu’on y voyait encore les voitures à chevaux des cultivateurs, les « quatre roues », et certaines gens qui avaient un jardin s’empressaient, après leur passage, de récupérer le crottin ! »10 - Route de Versailles-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Sources :
Mes souvenirs de Châtenay..., de Marie-Thérèse Trouillot
Petit apparté...
Outre l'article que j'ai posté ci-dessus cet après-midi (et que je vous encourage à lire !), j'ai profité de ce week-end pour peaufiner l'article suivant, sans doute le plus important et le plus volumineux de la série. Il manque encore une ou deux cartes, mais je vais surtout vous laisser un peu de temps avant de le mettre en ligne, car il sera nourrissant !
Quoiqu'il en soit, dans mes recherches, j'ai trouvé quelques photos anciennes de la gare de Robinson, que j'ai reposté dans l'épisode 3, et que je vous encourage à regarder : c'est étonnant à quel points les trains et les quais ont radicalement changé, alors que les bâtiments semblent rigoureusement identiques !
Plus encore que les photos anciennes, c'est le récit par ta grand-mère d'un quotidien concret et comme palpable qui nous fait voyager dans le temps, voire sur une autre planète... merci à elle
Episode 5 : La Butte-Rouge
Il est maintenant temps d'aborder un tournant fondamental de l'histoire de la commune, ce projet qui a fait basculer le petit village rural et provincial dans la grande ville, ce quartier qui marque encore aujourd'hui profondément l'image de la commune, et qui participe beaucoup à sa réputation, en bon comme en moins bon : j'ai nommé la "Butte Rouge".
Cette nouvelle phase d'urbanisation de la commune prend ses origines dans les années 1820 en Angleterre, avec l’avènement du mouvement des Cités-Jardin, consistant en la planification de villes nouvelles en campagne, selon des plans de Cité Idéales, afin d’offrir aux couches les plus populaires des logements de qualité et des jardins potagers à exploiter.
C’est près d’un siècle plus tard que ce mouvement fit des émules en France, avec la création des HBM en 1894 et le développement des jardins ouvriers en 1903. En 1915, l’Office HBM du département de la Seine est créé par Henri Sellier. Le mouvement d’opinion en faveur de la lutte contre les taudis et du retour à la nature le pousse à acquérir plus de 200 ha de terres et de bois par déclaration d’utilité publique, afin d’y construire les premières Cités-Jardins :
- Suresnes et Nanterre en 1921,
- Plessis-Robinson et Gennevilliers en 1924,
- Châtenay-Malabry en 1924 aussi (les terrains ont été acquis en 1917-1918).
Emprises de la Butte Rouge au sein du territoire municipalImage7-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L’Office Public d’Habitations à Bon Marché décrit ainsi son programme :
« L’idée dominante du plan d’aménagement a été de donner aux travailleurs de toutes les classes l’occasion de s’éloigner de la ville encombrée et de s’établir au milieu de la campagne aux spectacles réconfortants et sains. »
« En se servant de ce que la nature a d’aimable, en combinant ses beautés riantes et naïves, sans leur ôter jamais cet air simple et champêtre qui en rend le charme si doux. »
« Ce qui plaît dans la nature, c’est : L’ombrage des bois, la verdure des gazons, le murmure des ruisseaux ; l’heureuse bizarrerie que la nature met dans sa composition. »
« Il s’agit de rassembler tous ces avantages dans une disposition qui en fasse sentir le contraste et l’accord, sans en effacer le naturel et les grâces. »
« L’habitation, tout en étant aussi plaisante et confortable que possible, doit être très largement complétée par des services et centres sociaux, qui permettront d’offrir aux modestes ce qui est seulement à la portée des riches. »
La cité étant prévue sur les terrains de la Butte-Rouge (côteaux situés dans le Bois-de-Verrière, le long de la route Royale, devenue RN186, caractérisés par la couleur ocre de leur terre), à proximité du hameau de Malabry, il est décidé par le conseil municipal d’associer les deux noms de Châtenay et de Malabry dans le nom de la commune.
Plan de situationImage8-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
En 1920, un premier programme est esquissé. Le Conseil Municipal refuse d’y contribuer, et il ne sera jamais construit. Ce n’est qu’en 1933 que la première tranche de la Cité ouvrira, avec 508 logements. Une piste cyclable aura déjà aménagée le long de la RN186 dès 1923, pour permettre aux travailleurs de se rendre aux usines d’aviation de Villacoublay sans danger.FRAC92019_collec_marle_078-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Les architectes Bassompierre , de Rutte et Sirvin s’inspirent de l’art moderne émergeant pour bâtir une cité complète (commerces, écoles, complexes sportifs) pour toutes les catégories d’habitants (ouvriers, artisans, mais aussi professions intellectuelles et artistes) qui s’y côtoieront dans des conditions d’hygiène, de confort et d’esthétisme contrastant avec les constructions anarchiques de la proche banlieue.
Le plan est constitué de nombreux petits immeubles aux gabarits similaires, implantés le long des courbes de niveau.P2470924-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Le relief est très présent, et les rues se jouent des vallons et des buttes.P2470903-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Les possibilités du béton armé sont exploitées ; on s’inspire du Corbusier, de Mallet-Stevens, du Bauhaus. Le vocabulaire de la Cité-Jardin emploie les toits-terrasse, les fenêtres longues, les pilotis, les loggias, et les applique aux logements à bon marché. P2470904-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Les vieux arbres sont préservés, à leur emplacement d'origine. Ils enrichissent le paysage de beaux spécimens et leur désordre donne à l'ensemble un air encore très jardiné et un brin "naturel". P2470914-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Jean Pauhlan, écrivain et critique, ancien conseiller municipal de Châtenay, a décrit à l’époque la vie dans la cité jardins voisine du Plessis-Robinson où il habitait :
« Chaque locataire s’engage par contrat à verser chaque mois une certaine somme. Il lui est conseillé d’avoir plusieurs enfants. Par contre, ils acceptent de se voir renvoyés s’ils négligent d’entretenir le jardin qui leur est confié, ou laissent vivre dans leurs chambres des punaises domestiques. Un garde, qui obéit à la ville de Paris, vient leur rappeler régulièrement le premier au moins de ces devoirs. »
Des jardins familiaux ponctuent l'espace public, chaque jardinier concentrant ses efforts pour que "son" jardin soit plus beau / plus productif que celui du voisin. Chacun y va de sa décoration, multipliant fleurs, pots ou statues kitsch. Les jardins sont parfois constitués en nappes, parfois cachés par groupe de 3-4 derrières les immeubles.P2470906-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La composition joue sur d’infinies variations de détails entre des petits immeubles similaires, semés le long des rues.
Par exemple, voici la rue Marie Bonnevial. Les immeubles semblent identiques, et pourtant, leurs entrées sont toutes différentesP2470897-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Ici, 4 cages d'escalier se succèdent, similaires, mais néanmoins différentesP2470917-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L'ensemble du quartier est composé autour de places qui le ponctuent, et forment les points focaux autour desquels se concentrent les rues.
Les places et artères principales de la compositionImage9-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Place Jean AllemaneFRAC92019_collec_marle_082-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Place François SimiandP2470927-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La perspective depuis la place vers la "Demi-Lune"03 coll. marle-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
La Demi-Lune, centre de la Cité-JardinP2470911-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Une tour de 10 étages, surplombant le tout, sert de repère, et sera la première tour de logement social en France. Une autre la rejoindra un peu plus tard.
Le "gratte-ciel", rue Albert-ThomasP2470925-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Depuis la place François Simiand08 coll. thiebaud-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Sa soeur, place Cyrano de Bergerac01 coll.thiebaud-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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D'autres "immeubles événements" marquent les entrées des rues ou les places, par des rotondes, des verrières...
L'entrée de la rue Albert Thomas, conçue comme un des cœurs commerçants de la citéP2470920-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Au fond, sur la Place François SimiandP2470928-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Plus bas, l'entrée de la rue du Général DuvalP2470877-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
La rotonde, juste à côté de la Demi-LuneP2470905-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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L'église de la Butte, Sainte-Clotilde, devenue église chrétienne coptecollmarle_072-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Dans son discours d’inauguration, en 1938, le maire, Jean Longuet, inscrit clairement la cité dans le mouvement socialiste. Il faut dire qu’il est lui-même fils du directeur du Journal Officiel de la Commune de Paris, et petit fils de… Karl Marx !
« Il sera loisible à celui qui pendant cinq dures journées de labeur aura peiné dans l’atmosphère lourde et malsaine de l’usine, de connaître ces lumineux matins qu’elle a si bien goûtés, notre grande poétesse [Anna de Noailles, citée juste avant] »
« Quel contraste pour celui qui n’avait connu jusque là que les sombres taudis, honte de notre grand Paris, foyers de maladie et de tristesse ! Et qui, grâce à l’œuvre de nos H.B.M. jouit ici des beautés de la nature et du travail de l’homme et peut habiter en des logements sains et clairs à des prix souvent beaucoup moins élevés que ceux que leur coûtaient les tristes demeures empuanties où ils étaient logés hier, eux et les leurs ! »
« Ainsi à côté du vieux Châtenay – […] où naquirent, ou bien vécurent Voltaire […] ; Chateaubriand […] ; Eugène Suë […] ; H. Taine […] ; Sully Prudhomme […] ; Eugène de Girardin […] ; Barbier ; Edmond About ; Henri de Latouche – un nouveau Châtenay s’élève. »
« Puisqu’aussi bien notre belle Cité avait été élevée sur une « Butte Rouge » nous avons voulu que la couleur superbe de nos étendards, en laquelle se symbolisent les espoirs de l’humanité, en lutte pour son affranchissement, s’exprimât par quelques-uns des noms illustres de ceux qui ont consacré toute leur existence à l’émancipation du travail. […] Vous avez proposé, mon cher Sellier, et j’ai accepté avec enthousiasme votre suggestion que nous consacrions les voies du nouveau Châtenay aux noms les plus chers, parmi les chefs et les combattants de notre glorieuse Commune de Paris. De ces martyrs, […] Eugène Varlin, […] le Général Duval, […] Jean Allemane, […] Edouard Vaillant, […] Charles Longuet, […] Paul Lafargue, […] Benoît Malon, […] Eugène Pottier, […] »
Citant les grands inspirateurs de l’urbanisme social en Europe, il continue : « L’œuvre qui a été édifiée ici ne puise pas seulement sa raison d’être dans l’exemple, dans l’enseignement des fondateurs du Socialisme en notre pays. Elle est essentiellement internationaliste, comme le socialisme l’est lui-même, sous peine de perdre son âme. »
La construction se poursuit, et le plan intègre un réseau d’assainissement intégral, de gaz, d’électricité… Selon la loi, les surfaces libres doivent représenter un quart au moins de la surface, et la commune impose une largeur minimum des voies, des bordures en grais et des caniveaux pavés. Un groupe scolaire de 20 classes est construit. En 1939, la cité jardin a permis d’accueillir 7 000 nouveaux habitants, qui surpassent en nombre les « historiques », qui n’étaient pas 4 000 en 1935.
L’installation de la cité jardins s’accompagne de l’aménagement de terrains de sports, et surtout d’une piscine, la première de la banlieue Sud, et rayonnant sur tous les environs (pas moins de 10 communes y envoient leurs enfants à l’eau, parmi lesquelles Versailles !). Installée à proximité directe de la cité jardin, elle joue les synergies à la manière des plus belles expériences du développement durable : la chaleur de l’eau doit être produite par l’incinération des ordures des logements de la cité jardin ! Et pour éviter de faire circuler des convois de collecte d’ordure, on utilise les eaux usées des éviers pour pousser les ordures le long de la pente, jusqu’à la piscine, où elles sont récupérées. Malheureusement, la cité jardin, dont la construction et lente, et dont les habitants son pauvres, produit peu de déchets, et le système est vite abandonné pour de classiques chaudières au fuel.
Emplacement des équipements sportifs et culturels de la CitéImage10-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Fermée et transformée en théâtre dans les années 1970, la piscine a subit une lourde restructuration dans les années 2000, sous l'égide de Nicolas Michelin, qui y a intégré également un conservatoire.P2470714-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La salle des chaudières accueille désormais la buvette du théâtre.P2470716-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La salle est couverte d'une structure arachnéide en métal, couverte de bois.P2470707-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La coursive et son puit de lumière respectent encore l'identité du quartier.P2470703-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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En 1945, le cinéma "Le Rex" complète le panel d'équipements de la Butte, en s'implantant, comme la piscine, le long de la RN186. Il comporte alors une belle salle avec balcon, qui existe encore.Chatenay Malabry by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La construction se poursuit d'abord a l'est (cité des aviateurs), puis au nord (cité des peintres) jusqu’en 1963. La dernière phase suit un plan moins minutieux, basé sur des tours et des barres en plan libre, abandonnant l’alignement sur rue et les jardins ouvriers pour des pelouses et des parkings, à la manière des grands ensembles de la reconstruction. Les barres, toutefois, se courbent pour continuer de suivre les courbes de niveau.
Les deux phases ultérieures de la CitéImage11-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
La Cité des Peintres01 coll.thiebaud-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Le vocabulaire architectural d'origine de la Butte-Rouge, ses couleurs, ses gabarits, ses tours de fenêtre, ses auvents, continue encore aujourd'hui d'alimenter le dessin de certains immeubles nouveaux, qu'ils soient à proximité ou à l'autre côté de la commune.
Ici, la mairie annexe et la supérette dessinés par Roland CastroP2470923-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L'ensemble d'immeubles autourP2470885-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Là, les nouveaux immeubles d'habitation construits autour du cinéma Le Rex dans les années 2000P2470922-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Au cœur de la Butte, par contre, les édifices publics modernes tranchent avec les environs... Peut-être pour mieux rattacher la butte au reste de la commune ?P2470913-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Sources :
Histoire de Châtenay-Malabry, de XXX (j'indique le nom de l'auteur dès que je retrouve le livre !)
Châtenay-Malabry, Histoires et Paysages, de l'Office de Tourisme de Châtenay-Malabry
Butte Rouge, histoire d’une piscine, de Marcel Parent et Michel Barat
Les archives municipales de Châtenay-Malabry, http://archives.chatenay-malabry.fr/?id=informations
Ciné-Façades, http://sallesdecinemas.blogspot.fr/sear … ay-Malabry
merci pour toutes ces informations sur cette ville que je traverse tous les jours....
Si je comprends bien, le prochain chapitre de ta saga sera consacré aux énormes projets le long de la nationale entre le Parc de Sceaux et le centre ancien ? Ce qui est interessant c'est de voir que la gradation de style architectural entre la Butte Rouge, où les nouvelles constructions sont de style moderne, poru s'harmoniser avec le style 30's en place, alors que plus bas, c'est du "néo-classique".
yb a écrit:
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merci pour toutes ces informations sur cette ville que je traverse tous les jours....
Si je comprends bien, le prochain chapitre de ta saga sera consacré aux énormes projets le long de la nationale entre le Parc de Sceaux et le centre ancien ? Ce qui est interessant c'est de voir que la gradation de style architectural entre la Butte Rouge, où les nouvelles constructions sont de style moderne, poru s'harmoniser avec le style 30's en place, alors que plus bas, c'est du "néo-classique".
Merci pour les encouragements !
Oui, la promotion privée le long de la nationale sera bien entendu traitée, avec ses réussites et ses échecs, et les fascinants panneaux de promotion qui promettent bonheur et félicité à tous ceux qui investiront.
Mais avant ça, il y a encore d'autres choses à traiter :
- l'installation des deux grands campus universitaires dans les années 60-70 et leurs architectures monumentales,
- la conquête des propriétés bourgeoises par des immeubles résidentiels,
- l'urbanisation des friches le long de la Vallée au Loups et de la LGV Atlantique
Cela dit, le sujet risque d'être en pause pour quelques semaines ou quelques mois, un événement familial heureux risquant d'accaparer une bonne partie de mon temps !
Oh ! bon, rdv dans 15 ans !
driving down your freeways …
Cette illustration d'un article du parisien montre que les cités jardins de la Butte Rouge et du Plessis Robinson ont été intégrées à une époque dans un projet beaucoup plus vaste d'une ville nouvelle centrée sur Vélizy et s'étendant du Parc de Sceaux à Versailles... On voit encore l'ancien dessin du parc de Sceaux à l'ouest de la carte, et la cité jardin dans son aménagement sur la partie sud...
http://s1.lprs1.fr/images/2016/10/18/62 … eeee-1.jpg
Episode 6 : Après-guerre - Vie de banlieue / Ville parisienne
Nous voilà arrivés après-guerre. Châtenay, dont le rapport à Paris fut longtemps, comme de nombreuses communes similaires, marqué par une complémentarité à la vie citadine (d’abord une campagne productrice de nourriture, puis un lieu de villégiature dominicaine pour familles fortunées, et enfin une ville nouvelle construite en opposition aux faubourgs), va finalement se dissoudre complètement dans la vie parisienne, et devenir une véritable banlieue, marquée par l’implantation progressive d’activités desserrées du centre, et fonctionnant désormais comme un trop-plein de la grande voisine.
Il s’agit de l’action bien connue de trois phénomènes : l’afflux autours des grandes villes de populations nouvelles venant des campagnes de tout le pays, l’arrivée de populations immigrées des anciennes colonies, et la dé-densification du centre, dont les populations populaires, fuyant les logements trop petits ou insalubres, ou tout simplement chassés par l’augmentation des prix et la transformation de logements en bureaux, préfèrent s’établir en banlieue, dont le foncier est moins cher et leur offre souvent de meilleures conditions de vie.
La ville, déjà organisée en deux territoires très différents (une zone encore villageoise, entre Châtenay et Aulnay, et une zone plus citadine, autour de la Cité Jardin), continue de cultiver ses deux visages.
L'avenue de la Division Leclerc et ses abords
L’avenue de la Division Leclerc (ex-route royale ou route de Versailles), jusqu’alors encore une route de campagne, prend la forme d’une nationale de banlieue. Intégrée à la RN-186, seule véritable rocade complète de l’agglomération à l’époque, elle structure la partie la plus populaire du territoire.
A ses abords s’installent plusieurs ensembles de logements sociaux (quartier de la Briaude, quartier des Vaux-Germains, Cité de Transit), alors que la composition de la population de la Butte Rouge se métisse lentement, avec l’arrivée de nouvelles populations immigrées.
La Briaude, seul véritable "grand ensemble" de ChâtenayP2470835-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Outre ces petits grands-ensembles, les champs bordant l’avenue sont peu à peu bâtis, lui donnant un air purement banlieusard. S’y installent des commerces automobiles (stations-services, garages) ou plus généralement moyennes surfaces spécialisées (marchand de meubles, grossiste de vins, quincaillerie), quelques bar-tabacs-pmu avec leurs terrasses couvertes, restaurants asiatiques ou méditerranéens, mais aussi de nombreux pavillons siégeant fièrement au milieu de leurs jardins, avec parfois, pour les plus opportunistes, un panneau publicitaire géant en 4x3 accroché au pignon pour arrondir les fins de mois.
L'avenue de la Division Leclerc, paysages de banlieueP2470937-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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C’est dans ce paysage, dans un de ces pavillons, que j’ai grandi jusqu’à mes 11 ans, profitant au maximum du jardin, achetant mon pain à la boulangerie arabe du bas de la Butte Rouge, allant à l’école, au sport, ou à toute autre activité assis à l’arrière de la voiture de mes parents. Une vraie petite vie de banlieusard ! Et finalement, malgré l’intense laideur de cet environnement, c’était bien agréable. Et l’été, quand les grands platanes de l’avenue étaient en feuille, c’était presque beau !
Disparition des grandes propriétés et multiplication des résidences
Dans le reste de la commune, la plupart des grandes propriétés bourgeoises ont peu à peu muté.
Un grand nombre d’entre elles furent vendues et bâties, pour construire des résidences privées. La commune s’est ainsi peu à peu couverte de petites barres rectangulaires de 3-5 étages, aux styles variés, du plus simple parallélépipède à fenêtres carrées aux immeubles parés de pierres de taille, avec balcons et toits d’ardoise. Chaque résidence comporte une poignée de ces petites barres, uniformes dans leur aspect, et disposées en plan libre dans un parc reprenant les limites de l’ancienne propriété. Ainsi, la ville s’est peu à peu densifiée tout en gardant le réseau routier très lâche hérité des anciens chemins de campagne, causant aujourd’hui des embouteillages sur certains axes structurants aux heures de pointe.P2470977-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Les équipements publics
D’autres furent rachetées par la puissance publique, pour y installer des équipements en conservant les parcs existant. C’est le cas de la nouvelle Mairie et son parc communal, de la résidence étudiante du CROUS, ou du CREPS d'Île-de-France (Centre de Ressources, d'Expertise et de Performance Sportives), principal centre public de recherche et de formation en sport de haut niveau dans la région, qui s’est installé en 1975 dans le parc de la Petite Roseraie auquel est adjoint la propriété Arouet (famille de Voltaire).
La nouvelle mairie...IMG_4644-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
...et le commissariat attenantIMG_4645-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Le parc du CREPS... De quoi inciter à se mettre au sport !IMG_4636-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
La résidence du CROUS... De quoi dégoutter d'étudier ! IMG_4617-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L'Ecole Centrale des Arts et Manufactures
Dans les années 1970, l’Etat se lance dans une politique de déménagement et d’agrandissement des établissements d’enseignement supérieur parisiens, dont la concentration sur la Montagne Sainte-Geneviève à Paris n’est plus vue d’un bon œil depuis les événements de Mai 1968.
C’est ainsi qu’en 1969, l’Ecole Centrale des Arts et Manufacture, ou Centrale Paris, quitte la rue Montgolfier à Paris pour s’implanter à Châtenay, aux abords du Parc de Sceaux.
Vue générale du Campus (du nord vers le sud) :
- le parc de Sceaux est à gauche,
- en bas : le bâtiment des études,
- à droite : le bâtiment scientifique,
- à gauche : la résidence des élèves,
- au fond : le gymnase et le resto U02-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Le nouveau campus, très vert et arboré, aux bâtiments cubiques et très minéraux (fiche PSS : https://www.pss-archi.eu/immeubles/FR-92019-36391.html), rappel l’aménagement de la Butte Rouge, notamment aux environs de la résidence des élèves, constituée de petits immeubles cubiques disposés aléatoirement dans les pelouses, à l’ouest de la piste d’athlétisme qui marque le centre du campus.
La résidence avec, au fond, le foyerP2470746-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Une chapelle ?P2470748-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Les petits bâtiments cubiques de la résidenceP2470753-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La résidence a son propre système de vélopartageP2470747-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Au nord est situé le bâtiment des études, grand bloc carré monumental, percé en son milieu d’une grande cour minérale.
Le bâtiment des études, vu de l'extérieur (devant, une sculpture : "la pensée créatrice", du sculpteur Félix, ancien élève)P2470741-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Au nord toujours, on trouve le bâtiment administratif, et ses grandes baies de verre et d’acier qui donnent une large vue sur les arbres du Parc de Sceaux.
A droite, le bâtiment administratifP2470742-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Au Sud se trouve le restaurant universitaire et le gymnase, dont l’exostructure en béton marque le paysage. P2470749-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Le quatrième côté, à l’Est, est fermé par le bâtiment scientifique, grande barre de béton. Je parle sous le contrôle d’autres forumeurs, qui ont vécu là plusieurs années. Pour ma part, mes visites n’ont jamais été que très ponctuelles.
A gauche, le bâtiment scientifique. Au fond, le bâtiment des études.P2470750-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
La Faculté de Pharmacie
Peu après, suite à la création de l’Université Paris-Sud en 1970, une Faculté de Pharmacie s’installe à Châtenay en 1972. Elle regroupe aujourd’hui 3 500 étudiants, et constitue le plus grand centre français de recherche académique en Pharmacie. Elle est implantée sur un terrain plus ingrat, aux abords de la RN 186. Le relief est repris, et le côteau d’origine est remplassé par de larges terrasses étagées et bétonnées (fiche PSS : https://www.pss-archi.eu/immeubles/FR-92019-34766.html).
Vue aérienne du sitePharma-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
(une autre, plus belle : https://sofredblog.files.wordpress.com/ … 13-a-2.jpg )
Là s’implantent de longs immeubles bas, reliés entre eux par des passerelles, et surplombés de petites tours, ou plots, cubiques et identiques.
De longs bâtiments plats surplombés de petits plots cubiquesP2470862-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Des passerelles allant de bâtiment en bâtiment, une surface dédiée aux voitures, des cheminements piétons mal-pratiques, un terrain réaménagé en grandes surfaces planes et petite côtes très pentues... on est bien sur de l'architecture sur dalle...P2470859-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Au centre se trouve le bâtiment principal, assez monumental, avec sur le côté le petit bâtiment administratif, dont l'architecture bétonnée détonne du reste de l'ensemble.
Le bâtiment principalP2470857-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Le bâtiment administratifP2470858-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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L’ensemble s’assimile à un quartier sur dalle, avec ses différents niveaux, ses passerelles et ses tours, et forme de loin, une mini-skyline, dont les revêtements ont mal vieilli, mais qui garde son caractère.
Vues d'ensemble et inscription dans le paysageP2470855-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Je n'ai pas parlé de la piscine universitaire, située de l'autre côté de la rue, mais en la voyant, vous comprendrez pourquoi...
Un monument qui donne envie de se remettre au sportP2470856-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Petit plan de repérage :Carto-EP6-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Merci Lupus, très bon comme toujours.
Quel avenir pour la faculté de Pharmacie ?
PSS a besoin de vous pour assurer son existence et son développement futur
--> https://fr.tipeee.com/pss-archi
Maza a écrit:
Merci Lupus, très bon comme toujours.
Quel avenir pour la faculté de Pharmacie ?
La Fac de Pharmacie doit partir sur le plateau de Saclay, laissant des terrains important à la sortie de l'A86 et à proximité du futur tramway. La municipalité y prévoit un écoquartier de bureaux. Plus d'infos sur ce post que j'avais écris en sortie de réunion publique : https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 22#p527622
Merci Lupus
La "chapelle" de l'Ecole Centrale est en fait un théâtre.
Le campus de Centrale comme celui de Pharma sont vraisemblablement promis à la reconversion en grands ensembles résidentiels dans la lignée de ce qui se fait ailleurs le long de l'avenue Leclerc (plus d'info dans le prochain reportage ?)
Stifff38 a écrit:
Le campus de Centrale comme celui de Pharma sont vraisemblablement promis à la reconversion en grands ensembles résidentiels dans la lignée de ce qui se fait ailleurs le long de l'avenue Leclerc (plus d'info dans le prochain reportage ?)
Les infos en l'Etat sont :
- Pour Pharma, un business park : https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 22#p527622
- Pour Centrale, un quartier résidentiel et commerces : https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 32#p561432
Episode 7 – Fin XXe – Friches, servitudes et délaissés
C’est dans le dernier quart du XXe siècle que survint un nouveau type d’influence de la Métropole sur le territoire de Châtenay, un développement qui a touché une grande part des communes de l’agglomération 20, 50 ou 150 ans auparavant.
Il ne s’agit plus d’une complémentarité de territoires, d’un échange d’activités, d’un desserrement de population ou d’une délocalisation d’équipements. Le développement n’est pas lié aux caractéristiques propres au territoire, ou à sa proximité, mais simplement au fait qu’il est « dans le passage ».
En effet, c’est à la fin du XXe siècle que les grandes infrastructures métropolitaines firent leur apparition sur le territoire de la Ville.
L’A86
L’édification d’une section de l’autoroute A86, périphérique d’Ile-de-France, sur le territoire communal, a finalement peu modifié la morphologie de la commune. Il s’en est toutefois fallu de peu, car à l’Est (à Fresnes) comme à l’Ouest (à Vélizy), l’autoroute a repris l’alignement de la RN186. C’était également prévu à Châtenay, et les documents d’urbanisme prévoyaient un recul des façades d’une vingtaine de mètres par rapport à la chaussée, afin de laisser la place suffisante à l’insertion d’une autoroute.
Finalement, Châtenay a été sauvée, aux dépends du Bois de Verrière, dans lequel l’autoroute crée une grande coupure, en contournant les habitations, et notamment la Butte Rouge, au loin. Cette section de l’A86 doit être la seule qui traverse une forêt, et le long de laquelle on peut voir des chevreuils.
Pas de chevreuil sur la photo, mais ça reste chouette en comparaison au Pont de Bondy, à Créteil...P2470801-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
...Ou même ici, juste un peu plus basP2470757-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L'échangeur de Châtenay, fierté du Maire, qui a du prendre encore quelques hectares de forêt pour être construitP2470864-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Plongeant du plateau de Vélizy dans l’obscurité de la forêt, elle offre d’ailleurs la nuit une très belle vue sur la banlieue industrielle illuminée du Val de Marne, en contrebas. Le Bois de Verrière est ainsi coupé sur sa partie Nord, ne laissant qu’une lisière d’une centaine de mètres entre les premiers bâtiments et l’autoroute.
On n'est pas très haut, et la vue n'est pas aussi impressionnante qu'elle peut l'être, mais vous comprenez l'idée...P2470758-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Notons toutefois que cette section, mise en service en 1975, n’a jamais été officiellement une autoroute, et porte toujours le doux nom de RN385.
La ligne Paris-Chartres
L’autre projet trouve sa source dans une histoire plus ancienne, et aurait pu tout autant saccager le paysage urbain à plusieurs reprises.
Tout commence en 1879, quand l’administration des chemins de fer de l’Etat, qui exploite plusieurs lignes de chemin de fer dans l’ouest à partir de Chartres, reçoit la concession pour la construction d’une nouvelle ligne Paris-Chartres par Gallardon, doublonnant la ligne Paris-Chartres par Rambouillet, appartenant à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest. Cette nouvelle ligne permettait à l’Etat d’avoir ainsi un propre accès à Paris. Déjà à l’époque, on préférait, pour remédier à un problème d’organisation, se lancer dans des projets d’infrastructure plutôt que faire un peu de gouvernance.
L’utilité publique étant déclarée en 1903, les travaux peuvent commencer en 1907, alors que la rentabilité semblait déjà au mieux douteuse, et se poursuivirent jusqu’en 1931, même si dès 1909, l’administration de l’Etat reprend la Compagnie de l’Ouest, qui a fait faillite, supprimant de fait toute raison d’être au projet.
Les travaux furent important, pour notamment éviter tout passage à niveau, avec la construction de plusieurs viaducs, et mirent en œuvre des techniques innovantes, au point que le maître d’ouvrage parle de la « ligne de chemin de fer la plus moderne d’Europe » (ça ne vous rappelle rien ?). Pour en savoir plus, je vous encourage à consulter l’article de Roland Arzul : http://roland.arzul.pagesperso-orange.f … ardon1.htm . Pour ma part, je reviens à Châtenay.
Les rails, venant du Sud, arrivèrent à Châtenay, qui fut le point d’arrêt des travaux. Les quelques kilomètres manquant encore pour rejoindre le réseau Montparnasse à Bagneux ne furent jamais construits. Ainsi, si une gare était prévue sur la commune, non loin du centre, et une rue baptisée « rue de la gare » en son honneur, aucun train ne vint jamais, et la rue devint « rue Colbert ». Seue la section entre Chartres et Massy fut jamais exploité, et ce pendant seulement 9 ans de faible fréquentation, entre 1930 et 1939.
Toujours est-il que voilà, même les rails enlevés, l’emprise prévue pour la voie est restée intacte, au cas où. Car à mesure que la banlieue s’est urbanisée, que Paris a grossi, que les déplacements longue distance se sont multipliés, la valeur d’une bande continue entre Paris et la campagne a terriblement augmenté.
Il fut longtemps prévu de faire passer là l’autoroute A10, de Massy au quartier Montparnasse, via la Porte de Vanves et la fameuse « radiale Vercingétorix », pour se connecter à une rocade autoroutière interne à l’intramuros. Toutefois, l’A10, qui arrive bien à Massy par les emprises de la ligne Paris-Chartres, a dans un premier temps été raccordée à l’autoroute A6, par un barreau autoroutier de rocade qui devait préfigurer la seconde rocade d’Ile-de-France, l’A87, jamais construite.
Heureusement pour Châtenay, cette solution provisoire en chicane a longtemps perduré, la déclaration d’utilité publique du projet de 1966 restant une menace jusqu’à ce qu’on finisse par trouver un autre usage plus utile à ce bel itinéraire radial (pour en savoir plus : http://routes.wikia.com/wiki/Autoroute_ … m%C3%A9ro)).
En effet, c’est finalement la LGV Atlantique, reliant la gare Montparnasse à Tours et au Mans qui passera par l’itinéraire. La ligne, étudiée dès le milieu des années 1970, fut ouverte en 1989, avec un début des travaux en région parisienne en 1984.
L’avantage, par rapport à une autoroute, est qu’une ligne de TGV est beaucoup plus étroite, et a besoin de beaucoup moins de points d’échanges avec l’extérieur. C’est ce qui a permis, en accord avec le conseil régional, et compte tenu de la densité des zones traversées, de construire la ligne en tranchée couverte sur l’essentiel de son trajet dans l’agglomération.
Le reste des emprises a été transformé en voie verte, la « Coulée Verte du Sud Parisien », reliant la Place de Catalogne (Paris) à la gare RER de Massy-Verrières, et devenue depuis la « Promenade des Valons de la Bièvres ». L’itinéraire, composé d’un chemin piétonnier et d’une piste cyclable, est très fréquenté le week-end par les familles, et en semaine par les cycliste allant travailler. Il varie en largeur, d’un simple chemin sur la partie la plus au nord du trajet, à de véritables parcs et esplanades paysagères plus au Sud.
Encore un fois, la chance a souri à Châtenay : suite à un intense lobbying du maire, qui a profité de la proximité immédiate du Parc et du Château de Sceaux, la ligne est entièrement enterrée sur une bonne partie de la traversée de Châtenay, alors qu’elle circule ailleurs (comme au droit de l’Ecole Centrale, à Châtenay toujours) dans un simple sarcophage de béton.
Il faut avouer que cela aurait été dommage de gâcher ça avec un sarcophage de béton !P2470732-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
L’espace libéré constitue un grand parc très ouvert, en belvédère sur le Château de Sceaux, où sont organisées les festivités annuelles du 14 Juillet. Drôle d’impression quand, assis sur l’herbe, la vibration des fesses au passage d’un TGV fait écho aux explosions des feux d’artifice !
Un itinéraire pas trop désagréable pour aller au boulot le matin...P2470717-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Qui dans le TGV croirait qu'il passe juste en-dessous de ça ?P2470723-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La valeur de certains pavillons a du exploser...P2470729-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
La zone des Perruches
La fin de l’incertitude sur l’utilisation du tracé du Paris-Chartres a libéré plusieurs terrains situés dans le secteur, et des opérations de construction ont pu être lancées.
On compte d’une part un petit quartier de logement, reprenant une fois encore le principe de la Butte Rouge : de petits immeubles se ressemblant, dans des espaces verts plantés et ouverts. C’est la zone de la Croix Blanche, qui fait face au Parc de Sceaux.
Le quartier de la Croix Blanche, et sa réinterprétation de la Butte RougeP2470738-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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D’autre part, la mairie en a profité pour créer des zones d’activité, qui, il faut bien l’avouer, ne font au mieux que vivoter depuis.
On a d’un côté Centrale Parc (admirez le fin jeu de mot, la zone étant dans la double proximité de l’Ecole Centrale et du Parc de Sceaux), une zone d’activité typiquement 80’s, avec ses parements de pierres blanches et ses vitres en verre fumé, son côté un peu néo-classique (des arches, des arcades), où sont implantés quelques PME et, il y a peu, la communauté d’agglomération des « Hauts de Bièvres ».
Presque aussi prétentieux que du Bofill, mais un peu petit bras...P2470734-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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De l’autre côté, les immeubles construits ont eu un destin plus facile, puisqu’une grande agence étatique, l’ANDRA (chargée de la gestion des déchets radioactifs… sexy, quoi) y a installé son siège.
Le siège de l'ANDRA, antre du diable pour pas mal de gens de l'AubeP2470725-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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La ZAC des Friches et des Houssières
Ces mêmes années, la Ville s’engage dans un projet d’urbanisation important, à cheval entre la zone la plus bourgeoise de la ville (Aulnay et le Vieux Village) et les parties plus modestes (l’avenue de la Division Leclerc et la Butte Rouge). Il s’agit de la ZAC des Friches et des Houssières, qui ambitionne de créer un cœur de ville.
Pourtant, malgré cette ambition affichée, la ZAC est crée sur un plan de petites voies non structurantes, et sans commerces. Le quartier est aujourd’hui un quartier que l’on peut facilement ignorer, tant il y a peu de raison de s’y rendre.
Un mail certes monumental, mais qui mène de nulle part à rienIMG_4653-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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On peut toutefois noter qu’un effort y a été fait pour permettre aux architectes de s’exprimer, et que les nombreux immeubles de logements qui s’y trouvent arborent des formes intéressantes et modernes.
Quelques exemples de bâtimentIMG_4654-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Les coursives extérieures sont appréciéesIMG_4652-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
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Des maisons individuelles, modèle "Jacques Tati"IMG_4656-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Quand on vous dit que la ville est en pente (au fond, le château de Sceaux)...IMG_4658-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Plan de repérageImage1-mini by Lupus_Galerie, sur Flickr
Sources
Wikisara : http://routes.wikia.com/wiki/Autoroute_ … 7aise_A10_(Ancien_num%C3%A9ro)
Manche-Océan : http://roland.arzul.pagesperso-orange.f … ardon1.htm
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/LGV_Atlantique
Pages: 1
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