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Bonjour la communauté 🙂
Je fais ce post à la recherche de réponses, de pistes, de conseils ou même d'inspiration concernant le sujet délicat pour moi de ma vie professionnelle: en l'occurrence, ma vie de "jeune architecte".
Il est difficile de trouver de bons interlocuteurs sur le sujet dans la vraie vie, aussi je décide de jeter une petite bouteille à la mer sur internet, en me disant que mes questionnements parleront ou feront peut être réagir quelqu'un (avec bienveillance j'espère !). De fait, je suis obligé de faire un poste beaucoup trop long, pardon d'avance, mais le sujet est à la fois trop vaste et trop personnel pour être concis. Peut-être mon poste fera réagir d'autres personnes pleines de doutes, et si je peux moi aussi les aider à avoir une autre perspective sur leur situation, j'en serai ravi. Ainsi ce sera du "donnant-donnant", et pas seulement un vidage de sac. Allons-y donc...
De nationalité française, j'ai démarré mes études d'architecture à 20 ans dans une ENSA, puis les ai poursuivies et finies à Bruxelles. J'ai désormais 10 ans de plus, et travaille depuis 1 an et demi dans un bureau d'architecture Bruxellois. Sans grande surprise, je résumerais le statut de jeune architecte à Bruxelles ainsi: le métier est difficile, les tâches parfois longues et laborieuses, pas toujours intéressantes, et globalement, la paye est relativement basse pour ce niveau d'études. Soit. Pour poursuivre mon résumé, et sur une nuance plus positive: le métier est parfois plaisant, on est amené à assister ou participer à des projets parfois étonnant et on se sent privilégié d'accéder de temps à autres à de beaux bâtiments, quand bien même on ne fait qu'y ajouter un peu d'isolant à l'intérieur. Par petites touches, on a parfois le sentiment d'avoir de la chance de faire ce métier: aider une famille à agrandir sa maison, dessiner une chapelle....En se regardant à la troisième personne pendant quelques instants, on se sent en quelque sorte "privilégié" d'être payé pour cela.
Pourtant, me concernant (et concernant sans doute d'autres!), la pilule continue d'être assez amère, et je maintiens une position inconfortable au prix de beaucoup de privations et d'efforts (tout du moins, c'est comme ça que je vis bien souvent!). Une impression de rentrer dans le moule au chausse-pieds persiste. Voire même la sensation de se maintenir en apnée. Dans mon cas, mon métier occupe une place assez centrale dans ma vie, pour ne pas dire toute la place. Depuis que je travaille, toute mon attention est dirigée vers cela, et en parallèle, j'ai tendance à énormément ruminer mes questionnements sur mon orientation professionnelle. Malgré une certaine ténacité et une certaine patience, la réussite est souvent relative, et l'échec plus courant. Je parviens difficilement à m'y épanouir, à y insuffler certaines de mes qualités, etc, etc. Au contraire, il m'arrive régulièrement d'être hors-délai, d'accumuler le retard, et de faire feuille blanche face à des tâches, malgré que l'échec soit parfois intensément appréhendé. En bref, je peine beaucoup à m'épanouir convenablement dans mon métier.
Mes études? Comme évoqué plus haut, elles furent longues, et donc douloureusement vécues. Les premières années d'étude ont été les pires: je m'étais à ce moment là complètement coupé de ma promo d'études dans laquelle je ne me retrouvais pas, les ateliers de projet étaient un cauchemar. J'étais alors capable d'enchaîner littéralement les nuits blanches, sans pour autant parvenir à avancer d'un chouilla sur mon projet. A ce moment-là ma vie personnelle était également douloureuse, et j'ai remonté la pente lentement et avec fracas. Bref...
J'ai malgré tout continué et continue encore aujourd'hui dans ce domaine. Comme évoqué, cela est d'ailleurs passé par un changement de pays. En Belgique, j'ai trouvé d'avantages chaussure à mon pied dans mes études. L'ambiance y était plus bienveillante, l'enseignement structuré et plus solide. Il comprenait des sciences dures, des matières techniques, ce qui n'était pas pour me déplaire (je viens initialement d'une filière scientifique, Bac S en France, etc). J'ai pu y rencontrer des gens de qualité, des professeurs (dans l'ensemble) bienveillants. Il a fallu s'y battre également, j'ai dû chaque année me cramponner pour passer à la suivante. De rares fois, j'ai même très bien réussi: parfois dans les sciences, parfois dans les matières littéraires, et j'ai même une fois eu la meilleure note de la promo sur un projet. Somme toute, mon parcours personnel d'étudiant, comme celui de beaucoup de gens est fait de hauts et de bas.
Si j'ai pu au final sortir de mes études, je continue d'avoir l'impression d'être "en sursis". Constamment menacé d'être rattrapé par le hiatus qui me ronge depuis le tout début de mon choix d'orientation. Et régulièrement, un sentiment de suffocation, d'être coincé: suis-je en train de miser tant d'efforts sur un domaine qui ne m'a simplement jamais réellement correspondu? Dans mon cas, le sujet n'est pas tant une déception à l'arrivée dans le milieu pro, mais le diagnostic est plus celui d'une orientation "auto-forcée" à laquelle j'ai fait le choix de me contraindre, à la fois par orgueil et par exigence d'aller au bout d'un projet entrepris.
Ma situation actuelle est d'autant plus frustrante que je viens d'une scolarité plutôt brillante, où j'étais la plupart du temps abonné aux meilleures notes de la classe, et qui m'a légitimement donné l'idée de m'investir dans ma carrière et dans l'apprentissage universitaire.
Le bon côté, j'espère, c'est que l'âge tend à me rendre pragmatique, et cela fait maintenant un bon moment que je suis pro-actif dans ma recherche de solutions pour tendre vers plus de satisfaction. A ce stade, je regarde dans 4
directions différentes et ai déjà lancé plusieurs démarches en ce sens. Peut-être certains qui me liront auront un avis sur la question ou des expériences à partager qui pourraient m'éclairer d'avantages.
1) La recherche en architecture.
C'est un domaine qui m'attire depuis le tout début de mes inscriptions en Architecture. J'y ai toujours vu une porte de sortie vers l'aspect "Projet" des études et du métier. En effet, mon malaise dans le domaine de l'architecture intervient principalement quand je dois prendre cette posture de décideur ou d'artiste qui doit proposer des solutions pratiques. Je préfère largement la théorie et le questionnement, et me sens plus doué dans ce versant là. J'apprécie à la fois l'aspect littéraire que colporte la recherche: écriture, etc, mais aussi l'idée de mettre en place une réflexion logique pour démontrer une hypothèse. J'aime les questionnements imbriquées, la recherche du mot juste pour exprimer une idée. Cependant, mon rapport à l'architecture demeure assez distant, et je peine à trouver une question dont me saisir avec une réelle conviction. Par ailleurs, le monde de la recherche en architecture est particulièrement fermé, du moins j'en ai l'impression. Beaucoup de sujets de thèse que je croise me parlent peu voire pas du tout (bref, je ne me vois pas passer 6 ans sur ce type de sujets). Enfin, la rémunération est incertaine et le statut peut même être assez précaire.
Néanmoins, je garde certaines envies liées à ça: on peut faire une thèse en CIFRE (donc pas totalement s'enfermer dans le public), certains sujets pourraient m'intéresser, en principe plus ceux qui touchent de près ou de loin aux sciences dures ou aux mathématiques. Si certains ont des expériences dans le domaine de la recherche en Architecture, je serai très curieux d'en savoir plus 🙂
2) Le double diplôme ingénieur - architecte
En tant qu'architecte en bureau, j'ai parfois l'impression d'avoir un domaine d'expertise très relatif. Cet aspect généraliste des compétences de l'architecte donne une certaine versatilité et une variété, mais ne met jamais dans une position de "sachant". Ainsi, j'ai trop souvent l'impression d'avoir une plus-value faible quand je dois conseiller les clients ou autre...J'envie un peu les ingénieurs qui au moins ont des connaissances et des compétences plus creusées, ce qui à mes yeux les rend un peu plus "incontournables". Par exemple, si je n'avais jamais fait d'études d'architecture, j'aurais pu prendre plaisir à concevoir ma maison moi-même, et en connaissant mes envies mieux que personne. En revanche, l'aide d'un ingénieur aurait pu être cruciale sur certains points techniques....
Il existe des solutions pour passer des diplômes d'ingénieur bâtiment, ou ingénieur structure, en horaire décalé. C'est une piste qui par moment m'enthousiasme, mais dont je me demande parfois si elle ne m'enfonce pas dans la mauvaise direction. Je crains que la formation et le métier ne me rapproche pas d'avantages de la dimension "scientifique" et "théorique" que j'ai toujours recherché. Au contraire, même si la discipline est bien plus au croisement de sciences dures, cela reste une finalité très concrète, technique, et j'ai peur de m'enfoncer dans une posture qui ne me correspond pas d'avantage: je ne suis en rien bricoleur, ni n'ai l'esprit très pratique...J'apprécierai sûrement les cours de mécanique des stuctures, de physique du bâtiment, de mathématiques appliquées, d'acoustique...Mais tout ce qui se rapprochera du monde du chantier me mettra dans le même malaise que celui dans lequel je suis déjà. En somme, une option qui me rapproche des sciences, mais ne m'éloigne pas tellement de la maîtrise d'oeuvre... Je m'interroge cependant: le double-diplôme combiné n'ouvre-t-il pas des portes auxquelles je n'ai pas pensé ? A nouveau, si certains ont des expériences, je serai très intéressé...
3) Se faire la malle en suisse
A s'être trompé d'orientation, autant être bien payé? Voici ce qui résume cette troisième option. J'aime Bruxelles et la Belgique, mais la paye ici laisse malheureusement un gout un peu amère, et limite beaucoup les possibles. Je ne suis pas certain de vouloir remplir ma vie avec des acquisitions matérielles ou autre, mais l'argent va aussi avec un sentiment de confort et une grande sécurité. Si je m'avance vers une carrière semée de doutes et peu épanouissantes, j'apprécierai déjà beaucoup de pouvoir compter sur une paie confortable. Par ailleurs, l'idée de tenter l'architecture dans une contexte un peu différent, peut être moins urbanisé, peut me tenter. Et rien ne me dit que je ne tomberai pas, là bas aussi, sur des gens bienveillants qui m'aideront à voir le verre à moitié plein. En somme, ce n'est pas une piste qui cherche au fond du problème, mais j'y pense toutefois beaucoup. Si des gens ont des expériences d'architecture en Suisse, je serai là aussi très curieux 🙂
4) Je la cherche !
Pour celle-ci, je peine à trouver...peut-être pourtant que c'est la bonne, et que c'est pour celle-ci que j'ai le plus besoin d'aide. Somme toute, je crois que cela pourrait être une voie dans laquelle mon diplôme d'architecte a du sens, mais qui ne me met pas réellement sous une casquette d'architecte. Moyennant un master complémentaire par exemple, quel type d'activité pourrait donner un sens autre à mon diplôme et combler mon envie de sciences et de théorie. Pour vous donner une idée: je pense à un proche qui pour sa part a étudié en pharmacie. Au final, moyennant un master de statistiques, il a pu faire un doctorat dans le domaine des biostatistiques et travaille désormais dans une boite où ses connaissances de pharmacien sont un plus appréciés mais où il est avant tout statisticien entouré d'autres statisticiens ! J'aurais beaucoup souhaité trouver une voie qui me permette cette même "distance" avec mon diplôme initial tout en le valorisant, et où je puisse bifurquer vers un domaine proprement scientifique qui me parle et me motive. S'il y a bien un point pour lequel je sollicite des renseignements et de l'aide, c'est celui-ci, car mon imagination que manque tout simplement.
BREF
Hors les quatre pistes que j'expose, je serai curieux d'avoir des témoignages de vie et de métier de gens qui ont rongé leur frein mais ont trouvé un épanouissement dans leur métier d'architecte. Des profils comme le mien, ou tout à fait différent. Les rencontres et discussions, moyennant une certaine bienveillance mutuelle, aident à voir les choses sous une toute autre perspective. N'hésitez donc pas à partager votre ressenti personnel, ou à faire part de vos propres questionnements.
Merci à ceux qui auront pris le temps de lire mon pavé, et s'y seront un tout petit peu intéressés 🙂
Belle soirée à tous !!!
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