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Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

#1 04-03-2009 13:20:09

Boris_F
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#2 04-03-2009 18:00:57

MiKL-One
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

J'ai toujours quelques problèmes avec ton questionnement. D'abord parce qu'il est complexe. Egalement parce que je me demande si c'est là une étape obligée pour un redécoupage du territoire. Un redécoupage du territoire, aussi profond soit-il, suppose-t-il toujours une rupture du projet de société ? Pour moi, et ce sera ma maigre contribution au débat, le territoire actuel résulte d'une accumulation de principes : d'abord l'unité et l'égalité, la proximité, puis la libre administration et les libertés locales (j'en omets certainement). Ces principes font à la fois la société d'aujourd'hui et le découpage actuel. Pour moi, ce n'est pas les principes qui sont à revoir mais leur produit : unité et égalité produisent-ils aujourd'hui encore l'uniformité ? La proximité au XXIème siècle peut-elle s'apprécier comme à l'époque féodale ou révolutionnaire ? J'ai moins de réserves sur la libre administration et les libertés locales, qui me semblent relativement récentes.

Peut-être que finalement j'ai répondu à ton questionnement (quel projet politique préalable à ce redécoupage ? [si j'ai bien compris]) : le même que celui que l'on construit perpétuellement depuis deux siècles.

Ca se tient ce que je dis où pas ?  D3

Dernière modification par MiKL-One (06-03-2009 23:34:52)

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#3 05-03-2009 16:47:16

Diagonal
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

Une des solutions de redécoupage territorial en 8 régions préconisé par certains analystes et la proposition de 15 régions du rapport Balladur de réforme des collectivités locales, serait le scénario en 12 Grandes Régions.

Il est  intéressant parce qu'il permet des fusions par couple de régions administratives, il permet un rééquilibrage plus  harmonieux des PIB régionaux en réduisant l'écart actuel entre régions phares et régions moyennes / faibles.

Pour passer du scénario à 15 Régions à 12 "Grandes Régions", il suffirait de rapprocher Bourgogne - Franche Comté et Champagne, Languedoc Roussillon et Midi Pyrénées, PACA et Corse avec un statut territorial spécifique pour l'Ile.


http://img413.imageshack.us/img413/713/frhfr12regnomti3.jpg
France métropolitaine  en  12 « Grandes Régions ».

PIB régional  Grandes Région Mio Euro en 2003 (Source Eurostat 63/2006)
IDF   448 534
Rhône-Alpes  149 445
« Bretagne + Pays de la Loire » = 145 220   (66 755 + 78 465)
« Nord-Pas de Calais + Picardie » = 120 683  (81 4763 + 39 220)
« PACA »  = 112 005
« Languedoc Roussillon + Midi Pyrénées »  = 110 885  (49 471 + 61 414)
« Aquitaine + Poitou-Charentes » = 107 240  (70 872 + 36 368)
« Alsace + Lorraine » = 93 460  ( 44 154+49 306)
« Basse + Haute Normandie » = 72 641 (30 778 + 41 863)
« Auvergne + Limousin » =  43 799  (28 404 + 15 395)

« Grandes régions » superficie en / Km2
Languedoc - Midi Pyrénées,   77 311
Aquitaine - Atlantique,  62 531
Bretagne - Pays de Loire,  53085
Bourgogne Champagne - Franche Comté,  52 770
Centre - Val de Loire,  52 170
Provence - Alpes - Côtes d'Azur + Corse,  43 459 + 8 680 = 52 139
Auvergne - Limousin,  42 955
Rhône Alpes,  40 214
Alsace - Lorraine - Vosges,  31 822
Nord - Picardie - Ardennes,  31 813
Normandie,  28 807
Ile de France,  12 011

http://img300.imageshack.us/img300/2378/popfreuroregpq9.jpg
découpage 12  « Grandes régions » et croissance démographique 2006.

«Grandes régions » population / milliers d’habitants en 2005.
Ile de France,    11 362
Nord - Picardie - Ardennes,    6198
Bretagne - Pays de Loire,   5 886
Provence - Alpes - Cotes d'Azur + Corse,   5 775
Rhône Alpes,   5 738
Languedoc - Midi Pyrénées,   5 528
Aquitaine - Atlantique,   4 498
Alsace - Lorraine - Vosges,  4 139
Centre - Val de Loire,  3 255
Normandie,  3 251
Bourgogne Champagne - Franche Comté,    3 043
Auvergne - Limousin,  2 052

Régions population estimation 2006
11 491 000     Ile-de-France
6 005 000     Rhône-Alpes
4 781 000     Provence-Alpes-Côte d'Azur
4 043 000     Nord-Pas-de-Calais
3 426 000     Pays de la Loire
3 099 000     Aquitaine
3 081 000     Bretagne
2 755 000     Midi-Pyrénées
2 520 000     Languedoc-Roussillon
2 505 000     Centre
2 339 000     Lorraine
1 886 000     Picardie
1 817 000     Alsace
1 811 000     Haute-Normandie
1 713 000     Poitou-Charentes
1 624 000     Bourgogne
1 449 000     Basse-Normandie
1 339 000     Champagne-Ardenne
1 334 000     Auvergne
1 146 000     Franche-Comté
725 000     Limousin
279 000     Corse

http://img403.imageshack.us/img403/6157/popfreuregiongf8.jpg
Carte de fusions régionales en 12 "Grandes Régions"  sans déplacement de Départements.

Pour un équilibre démographique plus pertinent des 12 "Grandes Régions", le déplacement de 7 Départements de leur affectation régionale serait aussi pertinent.
7 réaffectations départementales :
Ardennes vers Nord Picardie Ardennes
Sarthe / Nièvre vers Centre Val de Loire
Saône et Loire vers Rhône Alpes
Drome / Ardèche vers PACA
Arrondissement de Pau et Oloron Sainte Marie vers Languedoc Midi Pyrénées.


De la représentativité des élus régionaux :
https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 08#p220308
https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … 17#p238817

« Qu’est ce qu’un découpage territorial, une structure administrative, si ce n’est un espace, un outil que se donnent des hommes pour vivre ensemble, mutualiser les moyens à l’échelle pertinente et prendre des décisions qui s’imposent pour l’intérêt général …

Les financements croisés sont bien la preuve éclatante de l’inadaptation des structures administratives de notre pays.

S’il y a nécessité de financement croisé, c’est que la structure, le territoire qui est porteur du projet n’est pas le cadre optimum pour le réaliser, Commune pas assez peuplée, Département  au potentiel fiscal  insuffisant, Région trop faible, Etat qui se mêle de tout et qui finit par avoir les caisses vides  pour ce qui serait son vrais boulot soit ce qui est d’intérêt national. »

Post synthése sur un Blog

Depuis la campagne électorale des élections présidentielles le sujet est relativement consensuel au niveau du militantisme politique sur ce sujet de réforme territoriale, à l’UMP, chez les Centriste et au PS (voir forums et blogs) ce qui n’est pas forcement le cas ensuite lorsque l’on est dans le domaine des manœuvres de « politique politicienne ».

Si l'on veut que la réforme de fusion de collectivités territoriales Régions  Départements  passe, il faut que les propositions soient simples et compréhensibles par les citoyens.

1er proposition : réduire le nombre de collectivité territoriales et donc des budgets votés, pour maitriser les dépenses, en améliorant un contrôle démocratique républicain égalitaire (ce qui n'est pas le cas actuellement, très grande disparité de la représentativité du vote des budgets suivant les territoires)...
Solution : la France  métropolitaine serait divisée en 12/13 collectivités territoriales "Grandes régions", fédératrices et organisatrices des grands territoire emblématiques de l’hexagone dont le budget serait voté par une assemblée de Conseillers régionaux élus au suffrage universel scrutin uninominal à deux tours dans des circonscriptions d'environ 50 000 habitants proche des notions d'Arrondissements et de Pays, ou dans les circonscription actuellement en révision pour les élections legislatives avec 2 Conseillers régionaux élus un Homme, une Femme ce qui permettrait de préserver la parité de l’assemblée régionale.

2eme proposition : appliquer un réel principe de subsidiarité dans un duo de gestion « Grande Régions » et EPC Etablissement public de coopération proche des territoires et des citoyens .
Solution : Les grandes régions délèguent des budgets et des compétences à des "EPC" établissements public de coopération, pour gérer les projets au plus prés des populations.

Les départements et / ou grandes agglomérations deviennent des "EPC" de gestion locale, l'Etat pourrait rendre obligatoire la compétence de la gestion des affaires sociales aux "EPC" Département et Agglomération et laisser ensuite libre à chaque régions du choix des compétences gérées directement, déconcentrées ou décentralisés.

Les élus de ces "EPC" sont les Conseillers Cantonaux en zone rurale élus au suffrage universel scrutin uninominal à deux tours à la tête de cantons avec pour compétence de diriger l'intercommunalité, les Conseillers d'Agglomération en zone urbaine élus au suffrage universel scrutin proportionnel à deux tours (gèrent les communauté d’agglomération, communauté urbaine, les maires des communes intégrés seraient de droit des Conseillers d’Agglomération) .

Les 12/13 « Grandes régions » disposent  de deux assemblées, l'assemblée des conseillers régionaux qui votent  le budget de l’ensemble de la « Grande Région » et gèrent les compétences de l'exécutif régional, une autre assemblée de représentants de conseillers cantonaux et d'agglomération (« Sénat régional) chargé de gérer la ventilation et la gestion des budgets aux "EPC" département et agglomération.

L’on réaffecte ainsi toutes les assemblée régionales actuelles dans la nouvelle architecture de « Grande région » .
Les duos d’assemblées seraient à :

Paris et Versailles (Ile de France)
Lille et Amiens (Nord Picardie Ardennes)
Strasbourg et Metz (Alsace Lorraine Vosges)
Dijon et Besançon (Bourgogne-Champagne Franche Comté)
Lyon et Grenoble (Rhône Alpes)
Marseille – Ajaccio et Nice – Bastia (PACA + Corse)
Toulouse et Montpellier (Languedoc + Midi Pyrénées)
Bordeaux et Poitiers (Aquitaine Atlantique)
Clermont Ferrand et Limoges ( Auvergne Limousin)
Orléans et Tours (Centre Val de Loire)
Nantes et Rennes (Bretagne Pays de Loire)
Rouen et Caen (Normandie)

La Corse Région ou Territoire jumelée à PACA pour bénéficier de son expertise technique a des conseillers régionaux qui siègent avec ceux de PACA à Marseille mais aussi à Ajaccio à l’assemblée territoriale, Bastia est le siège de l’assemblée des Etablissements Public de Coopération  de l’Ile.

3eme proposition : réduire au maximum les financements croisés.
Solution : L’Etat déconcentre et décentralise au niveau de ces 12 Grandes régions, les administrations départementales deviennent toutes régionales.
Création d’un grand corps de la fonction publique territoriale régionale, dans le domaine de l’Equipement Transports et l’Environnement, la Protection Civile - Secours Incendie, l’Action Sanitaire et Sociale, la Culture (Musée, Bibliothèques, Archives, Patrimoine) etc.

Une nouvelle approche de la représentativité nationale :

Le Sénat est réformé et gagne des compétences de contrôle, de proposition et de péréquation de ces 12 grandes régions.

Les Sénateurs pourraient être élus à la proportionnelle par les grands électeurs sur des  listes régionales …
Réhabiliter le principe du député élu de la nation et non simple représentant de sa circonscription.

Les députés pourraient être élus aussi dans une circonscription « Grande région » au suffrage universel sur des listes à la proportionnelle avec un mécanisme permettant un bonus pour des majorités stable au Parlement ….

Dernière modification par Diagonal (05-03-2009 17:04:07)

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#4 05-03-2009 20:41:46

artemis
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

J'ai du mal à saisir la pertinence d'un rapprochement institutionnel entre une région métropolitaine et la Corse. Quels seraient les avantages d'une telle initiative ?

Par contre, ça me semble être le meilleur moyen de raviver les tensions alors que l'île commençait à gagner une relative stabilité. Il n'y qu'à voir ne serait-ce que la récente levée de bouclier à la simple évocation d'un rapprochement de CCI Corses et métropolitaines pour se rappeler qu'il y a des sujets sur lesquels il convient de s'entourer du maximum de précaution ...

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#5 05-03-2009 20:55:23

Diagonal
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

Pourtant la Caisse d'Epargne de Corse est bien rattachée à celle de Marseille sans que personne n'y trouve à redire.

Ne me faites pas dire ce que je ne dit pas, le rapprochement PACA / Corse ne serait pas du même type que Haute et Basse Normandie, la Corse aurait une assemblée territoriale spécifique tout en participant aussi en commun avec la Provence et la Cote d'Azur au destin d'une grande région à vocation Méditerranéenne et maritime, c’est un plus pas un moins.

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#6 05-03-2009 21:56:30

artemis
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

J'ai bien compris qu'il s'agit que d'un rapprochement et non d'une fusion, par contre je ne comprends pas le concept de "Grande région à vocation Méditerranéenne et maritime", concrétement qu'elle serait sa vocation:

Favoriser la préservation de la Méditerranée ?  Auquel cas, ne serait-ce pas une structure pour le moins obsolete, que pourrait donc apporter l'union de deux Régions à un problème qui exige une réponse internationale ?  Question qui est d'ailleurs au coeur du plan de relance de l'UPM.
Favoriser les échanges maritimes entre ces deux Régions ?    B9

Bref, je suis tout ouïe  A8

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#7 05-03-2009 23:02:03

Diagonal
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

Vous avez déjà donné 2 réponses à une politique Méditerranéenne, d'une "Grande Région" qui serait le relais de rayonnement de la France sur un espace non négligeable à l'échelle combiné des 2 entités réunies plutôt que séparées.

En cherchant bien vous allez en trouver beaucoup d'autres.

Si vous voulez continuer sur ce thème, il peut être préférable de revenir à la rubrique « Un redécoupage territorial français... pour ou contre ? » où la question a été d’ailleurs largement développée.

Ici, je tentais de résumer, d’exposer une synthèse de solutions de redécoupage institutionnel pour répondre au questionnement de l’exposé de My night.
Pour les analyses de détails, il peut être utile de s’exprimer sur l’autre rubrique.

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#8 06-03-2009 19:37:05

Boris_F
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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

Merci pour le recadrage, Diagonal. En effet, cet espace ne sert que pour réagir à l'article, d'autres threads étant à votre entière disposition pour parler de redécoupages sur PSS  C10

@ MiKL-One

Je ne pense pas que ce soit mon questionnement qui soit complexe, mais que c'est la problématique même d'un découpage institutionnel qui engendre de manière intrinsèque des enjeux complexes. Le lien entre institution et territoires n'est pas souvent abordé, et cela me dérange beaucoup. Toi-même, tu évoques plusieurs fois un "redécoupage territorial". En fait, non. Heureusement, on ne redécoupe pas le réel  A7 La complexité de la chose, c'est que le territoire est continu, alors que l'institution est conceptuelle et discontinue, parcellisée. Le territoire n'est pas égal d'un point à un autre à cause de sa morphologie, de ses aménagements, de ses teneurs, alors que l'institution prévoit une gouvernance égale sur tous les points de son aire géographique de responsabilité. C'est là qu'existe un hiatus complexe qui mérite en effet discussion ou rediscussion.

Le fait que l'Elysée botte un peu en touche pour le Grand-Paris actuellement n'a rien d'étonnant : le projet n'est pas motivé, il parle refonte des institutions sans prévoir derrière ce qui se passera pour le territoire. Concernant les 11 métropoles choisies, c'est un peu la même chose, je dirais, a-t-on bien pris en compte la question des hinterlanders et des polarités que cela risque d'engendrer dans une lecture territoriale globale ?

Je souhaite évidemment que les choses bougent, comme je l'ai dit il va bien falloir résoudre les problèmes fondamentaux des banlieues, des régions rurbaines et périurbaines, des régions rurales également, et également des pôles secondaires. Mais pour le moment, je ne vois rien de nouveau sous le soleil, tout juste des tentatives qui n'éclaircissent guère la lecture territoriale du projet et ce que cela va engendrer à moyen et long terme. On manque d'études et de projets, on manque d'une réforme motivée. Ou du moins pour le moment elle n'est motivée que dans un aspect juridique et institutionnel, comme si le premier et principal souci avait été de trouver les modalités du changement (la méthode) sans se poser la question du contenu de ce changement (le fond, la vision politique sous-tendue ou induite).

C'est normal, ainsi que me disaient quelques amis énarques et ayant été préfets de régions il y a quelques temps, on est à l'heure actuelle pratiquement incapable de prévoir ce que l'avenir nous réserve d'un point de vue social ou économique. Dans cette optique, comment orienter sagement un aménagement du territoire sur 30 ans en revoyant la structure de l'institution ?

C'est une vision globale qu'il nous manque, et je prétends que la seule manière d'en entrevoir une, c'est de lancer un audit sectoriel d'abord sur les institutions et les modes de gouvernances, puis sur ses répercussions sur le territoire, tout en définissant avec précision le projet que l'on veut concernant le pays pour les 30 prochaines années ; bref, un état des choses à moment t, secteur par secteur, et une vision motivée et orientée du monde à moyen et long terme. Seuls des élus peuvent porter cela, certainement pas de simples citoyens ou habitants.

Problème : qui moins que l'institution (dont la commission Balladur est une émanation) peut se retourner objectivement sur elle-même ?...

Tant que ces deux prérequis -autoévaluation, vision du monde à long terme - ne sont pas clairement constitués, on peut tout redécouper, cela ne fera que constituer de la complexité supplémentaire, et ne donnera aucune autre lisibilité au problème. On se bornera à de l'expérimental orienté par des raisons  mauvaises ou fausses ou incomplètes ou imprécises et on ajustera encore une fois au fur et à mesure, par à-coups successifs, de manière à neutraliser les effets indésirables de cette réforme. C'est dommage, car cela ne m'apparaît pas une bonne manière de réfléchir ni d'agir... La complexité du droit public, notamment, et des strates successives, provient de cette méthodologie pour une grande part.

Tu as raison en disant que les institutions sont régies par des principes (républicains). Cependant, ces principes sont-ils encore en adéquation avec le réel territorial et avec la quotidienneté des habitants ?... On sait bien que nous ne sommes pas dans un monde uniforme, et que les déséquilibres existent profondément. Lesquels gommer, lesquels accentuer / assumer / reconvertir pour en faire des principes socio-économiques ? Par quels leviers institutionnels agir pour permettre d'en revoir les fondements ou d'en créer d'autres ?

Je ne crois pas en un projet politique créé depuis deux siècles et que l'on perpétue de manière endémique jusqu'à maintenant. Cela peut être valable pour une école philosophique (l'humanisme, ou le libéralisme par exemple), mais pas pour le réel. L'institution a toujours souhaité s'adapter à la donne mouvante du réel, mais sa structure est tellement complexe que les tentatives successives de simplification ont toujours au bout du compte amené à une complexité plus grande, et donc à une lisibilité moindre, à tel point que désormais, il est à craindre que le territoire ne soit plus vraiment lisible, justement.

Le territoire se développe-t-il tout seul ? A voir les cartes publiées par le Sénat et reprises dans mon article, on dirait bien en effet que le territoire devient une mosaïque de micro-régions urbaines, et qu'il faille donc désormais se contenter du bon vouloir des élus, donc certains sont éclairés, d'autres médiocres, d'autres incapables de réagir à cause d'un grand nombre de raisons qui ne leur sont pas intentionnelles nécessairement...

Je pense qu'il faut rendre lisible le territoire, à l'inverse, et que la simplification de l'institution, via la modernisation de l'Etat, en est un outil majeur. D'où le fait, en dernière analyse, qu'il ne s'agit pas d'un sujet à prendre à la légère, et qu'il faut et du volontarisme et une vision du monde pour le mener à bien.

Je ne me borne pas à de simples incantations (yakafokon), je pense juste que la première étape réside en le fait  d'étudier le problème sous un angle totalement différent, qui serait assez objectif pour remettre justement en cause les dysfonctionnements de l'institution actuelle ainsi que ses réussites. Encore une fois, à ma connaissance, ce genre d'études n'existe pas, et cela me pose question. S'il faut réformer, que ce soit sur un socle solide qui dépasse les consensus mous, les mécontentements individuels, par un projet solide et structuré concernant l'économie, le social et une vision du pays au moins à moyen terme. C'est à partir de là que l'aménagement territorial prendra tout son sens, et donc les modes de gouvernance idoines qui en découleront, et certainement pas l'inverse...


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#9 06-03-2009 20:05:44

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Re: Un redécoupage institutionnel : quels enjeux ?

@ Diagonal

Merci pour la synthèse.

Le problème, c'est que je ne crois pas à une analyse purement statistique du problème, entraînant à un redécoupage mécanique et artificiel tentant d'équilibrer des chiffres démographiques sur l'ensemble du territoire. On peut croire que le fait de créer par exemple une macro-région sud-ouest suffirait à contrebalancer l'hypertrophie (mais en est-ce une ?...) parisienne, mais c'est totalement faux. La moitié du PIB est sécrétée en France par trois régions, c'est un fait aussi technique qu'objectif qui montre que finalement, un petit tiers des habitants produit la moitié des richesses nationales. Pour autant, si cela fait sens dans une thématique purement économique, je pense que cela est d'importance moindre concernant l'aspect social et global du problème territorial.

Ainsi, créer par exemple 6 régions en France à 11 millions d'habitants résoudrait quoi exactement ?... Mieux, en imaginant une redistribution égale des recettes publiques, sur un seul paramètre démographique, que chercherait-on à faire ? L'aire urbaine parisienne est l'une des cinq villes-monde existant, l'affaiblir par une péréquation démographique permettrait-il à Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes et Lille de devenir d'autres villes-monde s'appuyant sur ces nouvelles régions totalement polarisées par leurs nouvelles capitales institutionnellement décisionnelles ?... J'en doute fort  A7

Si dans l'équation l'on doit tenir compte du fait républicain qu'à chaque point du territoire, chaque citoyen doit disposer des mêmes services, du même gisement global d'emploi, des mêmes richesses et des mêmes possibilités, cela signifie que chaque grand pôle doit pouvoir fournir les mêmes structures, les mêmes potentiels, les mêmes puissances économiques, les mêmes offres sociales etc. Cela signifie donc que l'institution se plaque à un territoire très abstrait, finalement, totalement décentralisé, faisant fi de toute spécificité, et exigeant de surcroit des aménagements très très lourds (par exemple, de manière caricaturale, chaque citoyen doit être à 15 minutes d'une maternité, puisque l'Etat garantit ce service de la même manière pour tous).

L'aménagement, le maillage territorial dans un total rééquilibre est donc une absurdité, semble-t-il. Pourtant, c'était l'une des idées sous-jacentes des régions-programmes et des métropoles d'équilibre, face à ce qui était considéré à l'époque comme la macrocéphalie parisienne et jacobine... Macrocéphalie qui a tout de même permis à la France de disposer d'une ville-monde et de rester pendant des années de la 4ème à la 6ème position des pays sécrétant le plus de PIB...

Le polycentrisme maillé a éparpillé la question, et a joué mécaniquement dans l'urbanisation globale du pays. Il suffit de prendre le TGV ou d'emprunter les autoroutes pour s'en convaincre.

Maintenant, il est temps d'imaginer un troisième niveau. Dans une optique polycentrique au point actuel, comment aménage-t-on les espaces nouvellement définis (arrières-pays, régions périurbaines, rurbaines, pôles de services, d'industrie, de santé, de culture, de recherche, de commerce, transports pour relier les polarisations en micro et macro lecture, etc...)

Face à ce questionnement posé par un troisième niveau, on se rend bien compte que l'unité territoriale ne tient plus face aux réalités, et qu'il faut accentuer la puissance publique d'une manière rationnelle et structurée selon les territoires, et que par-là même, seule une vision du monde éclairée, aussi globale que locale, permet de le faire. En imaginant un territoire à long terme, on peut y adapter l'action publique via un schéma institutionnel idoine. Cela exige des orientations précises, des buts à atteindre, des objectifs et de l'auto-évaluation, ainsi qu'un budget (aussi global que local) au cordeau, afin de voir comment on investit sur le moyen terme sans accentuer une dette pour l'heure totalement catastrophique, quitte à trouver de nouveaux partenariats public-privé. Cela demande aussi un échelonnement des aménagements à prévoir, ainsi qu'une image précise du monde que l'on veut obtenir. Cela exige donc une idéologie sous-jacente...

Il me semble que sans ces prérequis, l'on reste dans le domaine de l'incantation ou de la technocratie. Les mécaniques de gouvernance existantes à l'heure actuelle sont juste un modèle au service d'une vision des choses qui n'a pas été remise en cause depuis (très) longtemps, même si cette vision est républicaine (la dernière date de 1958) et il faut désormais s'appuyer sur une image des choses abordée sans doute différemment pour inventer de nouveaux modèles idoines.

C'est ici que devrait se situer une réforme globale de l'Etat, ce qui est loin d'être utopique. Juste, cela demande du travail, de la volonté et du courage... et du temps loin de toute agitation de communication et d'urgence.

Bref, le sujet est très complexe et assez inépuisable, et pour l'instant je trouve qu'on fonce dans un excès de simplification qui me laisse très perplexe...

Tout reste encore à inventer en la matière, autant dans un système d'évaluation que dans une prise de décision amenant enfin à une réforme des institutions en adéquation avec une vision territoriale à moyen terme qui soit aussi globale que locale. C'est ici qu'il faut créer un système institutionnel qui prenne en compte tous ces paramètres, excessivement nombreux, de manière à ce qu'enfin l'institution puisse s'approcher d'une adéquation avec son territoire.

Pour l'heure, on est vraiment très très loin du compte...


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