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Architecture - Les Grands Ensembles

 
#1
21-11-2005 18:09
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Banlieusard
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Bonjour j'suis nouveau sur ce forum, j'aurais voulu que vous publiez sur ce topic tt vos photos de grands ensembles, de cités HLM ! Merci d'avance les mecs  B6

#2
21-11-2005 18:40
You
Tour First
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Bienvenue  F5

http://cites2france.skyblog.com/

un skyblog avec plein de photos de cités

https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?id=10632

et là, un sujet crée qui parle des démolitions de tours et immeubles.

#3
21-11-2005 23:07
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Boris_F
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Salut Banlieusard !

Comme te le montre You, il existe plusieurs Skyblogs spécialisés dans les photos de cités, et celui que You mentionne est sans doute l'un des plus exhaustifs.

Puis-je te demander pourquoi cela t'intéresse s'il-te-plaît ?  B5


Visitez mon blog et mon album photos

#4
22-11-2005 14:36
B
Banlieusard
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Merci ce skyblog est monstrueux, il déchire trop franchement ! Bah en fait j'voulais voir un peu le niveau des grands ensembles de France, je sais que dans le 13eme à Paris y'a des tours bien hautes et j'voulais juste voir si y'avais pas des cités bien impressionnates en fait

#5
22-11-2005 15:48
Thierry
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Dans le 13ème il y a en effet des tours, j'en sais quelque chose  D6

D'autres threads ont déjà mentionné les tours du 13ème avec des photos panoramiques, dont certaines prises par moi-même :

https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?id=4228

https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic … turn=3#top

Mais c'est par le superbe reportage-photo de JP qu'il faut commencer : https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?id=22098

#6
24-11-2005 12:59
You
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un petit lien encore:

http://cite4000.blogmilitant.com/

#7
06-12-2005 01:39
Thierry
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L'utopie manquée des cités-dortoirs

LE MONDE | 05.12.05 | 15h16  •  Mis à jour le 05.12.05 | 15h21         

Coupables, complices, innocents ? Les architectes sont souvent cités au procès des grands ensembles, relancé par les violences urbaines de ces dernières semaines. Le chef d'inculpation : avoir accouché d'un cadre de vie aujourd'hui rejeté et dégradé, sans qu'on sache toujours si l'objet du délit réside dans le matériau (le "béton criminogène") ou la forme ("les barres et les tours inhumaines").

Les grands ensembles : 1,2 million de logements dans 300 cités, construits à toute allure entre 1953 et 1973 pour accueillir dans des conditions de confort inédites la population qui s'entasse dans les bidonvilles, les rapatriés d'Algérie et la main-d'oeuvre immigrée. Partout en France, des chemins de grues élèvent, en rase campagne, des kilomètres de panneaux préfabriqués sur des dalles en béton. L'Etat et son bras armé, la Caisse des dépôts et consignations, mobilisent le gratin de l'architecture moderne (Jean Dubuisson, Marcel Lods, Jacques Henri-Labourdette, Bernard Zehrfuss, Raymond Lopez...), qui peut donner libre cours à son appétit de rupture et à son goût des formes dépouillées.

Leur bréviaire : la Charte d'Athènes, élaborée en 1933 lors du Congrès international d'architecture moderne et publiée en 1943 par Le Corbusier. Ses grands principes : construire loin des villes anciennes des cités radieuses faites de "machines à habiter" dans des barres et des tours espacées et ensoleillées, entourées de nature, reliées par des voies rapides à des quartiers réservés au travail et à d'autres dédiés aux loisirs.

Ce modèle utopique forme, pour certains, le premier élément de l'acte d'accusation, par sa négation de la ville modelée par ses rues et par ses places, mêlant logement, commerces et bureaux. "Au lieu de concevoir des villes porteuses d'une continuité, les grands ensembles créent un événement idéal où l'espace est généré par l'empilement de cellules, dénonce depuis longtemps l'architecte Roland Castro, animateur du groupe Banlieue 89 dans les années 1980. Les immeubles n'ont aucun rapport avec la rue, la cité vit sur elle-même, loin de tout. La mixité ne s'obtient que si les lieux donnent aux gens l'envie d'y vivre et l'occasion de s'y rendre."

Grand Prix de Rome, figure majeure de l'architecture française après-guerre, Jean Dubuisson est l'auteur de plusieurs grands ensembles. "Je ne dis pas que ce qu'on a fait est tout à fait ce qu'il fallait faire, juge-t-il aujourd'hui, à 91 ans. Mais ce n'est pas la forme de barres ou de tours qui fait que c'est inhabitable. Le problème, c'est l'urbanisme. On a eu tort de construire ces zones loin des centres-villes. Les gens se sont sentis exclus." D'autant plus que les transports en commun ont souvent tardé ou échoué à relier ces quartiers entre eux ou aux centres-villes. "Je suis malheureux de ce qui se passe, confie Jean Dubuisson. La Charte d'Athènes, ce sont des principes très généraux. Il ne fallait pas les appliquer de façon brutale. Une ville est faite de quartiers dont la personnalité attire des habitants. Le problème, c'est que les grands ensembles concentrent des gens qui n'ont pas choisi d'y vivre."

La spécialisation des fonctions, théorisée par le mouvement moderne, a aggravé le malaise en créant des cités-dortoirs, faute de commerces et d'entreprises. "Le zoning est une connerie. Il faut du travail dans la ville. La vraie mixité, c'est celle des fonctions, qui entraîne la mixité sociale", estime Paul Chemetov.

Au vice de forme originel s'ajoute un élément à charge : la piètre qualité architecturale et urbaine de ces cités, qui ressemblent plus à des cages à lapins au milieu de champs de luzerne qu'aux cités radieuses décrites par Le Corbusier. "Les grands ensembles étaient, pour beaucoup d'architectes, des opérations purement techniques, qui leur permettaient de vivre comme des nababs, regrette Paul Chemetov, qui totalise quelque 7 000 logements sociaux (mais jamais plus de 300 à la fois). Les architectes des grands ensembles n'auraient jamais eu l'idée d'y vivre eux-mêmes. Les grandes agences ne prenaient pas de commandes au-dessous de 1 000 logements. Elles établissaient trois ou quatre modèles et les empilaient comme des Lego pour concevoir des villes entières, sans s'interroger sur la commande ni sur le contexte local."

A l'ombre des grands ensembles, quelques architectes défendaient en banlieue des programmes à plus petite échelle, aux formes variées, articulés en quartiers. Parmi eux, Renée Gailhoustet travaillait, avec d'autres, dans la mouvance de Jean Renaudie. "Nous rejetions l'obéissance des architectes aux exigences des entrepreneurs, se souvient-elle. Nous trouvions suspect qu'on puisse concevoir des milliers de logements avec trois modèles de cellules. Il y a eu une cavalcade des architectes importants du logement social pour exploiter ce marché, certains sont devenus des affairistes. Mais c'était du stockage, pas de l'architecture. Ce n'est pas un hasard si tous les habitants qui l'ont pu sont partis à la première occasion vers des zones pavillonnaires ou de vrais centres-villes."

Sous les coups de la crise économique, les classes moyennes, qui avaient découvert, enthousiastes, le confort moderne dans les grands ensembles, laissent la place à une population précaire et appauvrie, sans que les bailleurs sociaux maintiennent de mixité sociale. Sans entretien, les bâtiments se dégradent, les espaces verts font triste mine. Les municipalités répugnent, même après la décentralisation, à s'engager dans ces quartiers nés d'une politique volontariste de l'Etat. Les équipements collectifs prévus sont oubliés, les services publics désertent. Le résultat, explosif, est connu. "Le décor n'a pas créé la misère, mais la misère a trouvé son décor", résume Roland Castro.

Pour la défense de ces cités, Paul Chemetov et Jean Dubuisson rappellent que la qualité du bâti, la préservation de l'équilibre social et des équipements ont permis à certains grands ensembles de durer : les barres de Dubuisson à Chambéry et à Montparnasse, de Pouillon à Meudon, de Lods à Marly, d'Henri-Labourdette à Sarcelles... "Il y a à Genève une cité pour les fonctionnaires internationaux qui est une stricte application de la Charte d'Athènes et qui marche très bien", souligne Paul Chemetov.

Aux Etats-Unis, les émeutes ont eu lieu dans des quartiers à l'urbanisme traditionnel, comme Harlem à New York, ajoute Christian de Portzamparc, auteur à Paris des tours des Hautes-Formes (13e arrondissement) et de la réhabilitation des barres de la rue Nationale (13e), par ailleurs théoricien d'un "âge trois" de la ville centré sur le concept d'îlot ouvert. "Si les cités françaises étaient faites de petites maisons ou de petits immeubles, ça ne changerait pas grand-chose. La forme de l'urbanisme de l'après-guerre rajoute certes au sentiment pénible. Mais ce qui est en cause, c'est d'abord la pauvreté et, dans ce domaine urbain, le zoning fonctionnel, l'absence de mixité qui a permis la constitution de territoires de relégation", avance-t-il.

Relativisant la responsabilité des architectes, le lauréat du Grand Prix national d'urbanisme 2004 estime aussi "qu'il était facile, à l'époque, d'être aveuglé par l'idée de progrès. Et si le zoning s'est révélé une immense bêtise, il n'a pas été appliqué comme une utopie architecturale mais parce que cette séparation des fonctions répondait parfaitement aux intérêts économiques et techniques de l'époque moderne."

Bernard Reichen va plus loin. Pour cet architecte, en dépit des erreurs commises dans les années 1960, les grands ensembles préfigurent toujours la ville d'avenir : "La forme urbaine n'est pas pathologique par elle-même. Les grands ensembles étaient les premiers jalons d'une ville hors les murs, alors que depuis des siècles la ville se constituait par intégration progressive des faubourgs. Cette rupture n'était pas une erreur. Elle signe le passage de la ville ancienne, radioconcentrique, à une ville territoire, qui est la réalité d'aujourd'hui. En ce sens, beaucoup des articles de la Charte d'Athènes sont pertinents." Une position marginale ou anachronique ? Bernard Reichen a reçu, lundi 28 novembre, le Grand Prix national d'urbanisme 2005.

Grégoire Allix

Article paru dans l'édition du 06.12.05

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 … 646,0.html

#8
06-12-2005 01:53
Thierry
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Le Monde a écrit:

Les architectes des grands ensembles n'auraient jamais eu l'idée d'y vivre eux-mêmes.

Je crois bien que l'architecte des Olympiades, dans le 13ème arrondissement de Paris, habite dans l'une des tours qu'il a construites (et pas la plus luxueuse).

Le Monde a écrit:

Aux Etats-Unis, les émeutes ont eu lieu dans des quartiers à l'urbanisme traditionnel, comme Harlem à New York, ajoute Christian de Portzamparc, auteur à Paris des tours des Hautes-Formes (13e arrondissement) et de la réhabilitation des barres de la rue Nationale (13e)

Lapsus scripti du Monde : les Hautes-Formes ne sont pas des tours. Au contraire : le projet initial prévoyait deux tours (c'est juste à côté des Olympiades) mais Portzamparc a proposé et construit des immeubles plus bas et variés, disposés le long d'une ruelle traditionnelle reconstruite ; c'est ce qui a fait la (relative) célébrité de ce « petit » ensemble.

#9
07-12-2005 11:58
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KRIS69
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Extrait 20 minutes Paris
«Les grands ensembles sont peu denses»
Cristina Conrad
Présidente de l’ordre des architectes en Ile-de-France.

La forme architecturale des banlieues est-elle une des causes des récentes violences urbaines ?

Pas en tant que telle. Une tour en soi n’offre pas forcément un mauvais cadre de vie, cela devient problématique quand les gens y sont enfermés. En somme, les tours sont agréables pour les gens aisés, qui peuvent sortir, partir en vacances, recevoir des amis. Cela pose problème lorsque les personnes ne sont pas mobiles. Et quand les bâtiments sont mal construits, vétustes et mal isolés, la situation devient invivable.

La densité de population de ces quartiers ne pose-t-elle tout de même pas un problème ?

Contrairement aux idées reçues, les grands ensembles sont peu denses. C’est l’échelle des espaces et des bâtiments qui conduit à une impression de densité. Le fait d’avoir beaucoup de logements du même type au même endroit donne aussi le sentiment d’un paysage urbain très dense, ce qui est faux. L’îlot haussmannien est sept fois plus dense que les quartiers de banlieue. Et l’habitat individuel ou collectif est aussi dense que le grand ensemble. Il est donc possible de reconstruire le même nombre de logements, sans reproduire cette sensation d’écrasement.

L’habitat individuel est-il l’avenir du logement social ?

Tout dépend de la façon dont il est conçu. Je ne suis pas, par exemple, pour l’idée de « la maison à 100 000 e ». Les lotissements, tous construits sur le même modèle, rendent le paysage tout aussi monotone que les tours et les barres. De plus, le pavillon isole. Il est construit au milieu d’une parcelle et ne permet pas de créer du lien social. La maison de ville est beaucoup plus adaptée. Elle est accolée et forme une continuité urbaine. Elle permet aux gens de communiquer entre eux.

Existe-t-il, alors, un modèle de réhabilitation des quartiers ?

Non, il n’y a pas un projet unique. Il faut avant tout éviter de reproduire les mêmes erreurs. Mais on ne peut pas multiplier un seul modèle d’habitat dans les différents quartiers. On a tendance, à propos des banlieues, à tout mettre sous le même vocable. Or, chaque grand ensemble a son histoire, son vécu, son réseau social. Il faut créer les projets à partir de ce qui existe et non pas industrialiser le bâtiment. Recueilli par Pauline Théveniaud

#10
07-12-2005 12:44
Thierry
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Pour une comparaison avec la Belgique, un article intéressant d'Agora Vox :

Violences urbaines. Belgique : les bienfaits d’un urbanisme plus humain

On a craint une contagion des violences urbaines en Belgique, mais hors quelques incidents, rien de tel. Ce pays si proche de la France, par la géographie et les influences culturelles, a-t-il échappé de justesse au même type de réactions, ou a-t-il su traiter les problèmes à la source ?

Jeudi 10 novembre, la Belgique découvrait, en première page d’un quotidien national, la reproduction d’un appel publié sur internet en vue d’un rassemblement le samedi, dans le centre de Bruxelles « pour casser et tout faire flamber, comme en France ». Ce traitement quelque peu spectaculaire de l’actualité, qui a ému de nombreux responsables politiques belges, n’offrait pas, loin de là, une illustration pertinente des rares violences urbaines qui ont touché ce pays de 11 millions d’habitants depuis le début des émeutes en France. Pour l’instant, les dégâts constatés, certes non négligeables, demeurent isolés, et on est loin d’une flambée de violence. Tout au plus quelques actes, qui tiennent du mimétisme.

En tout, c’est une dizaine de voitures qui ont été incendiées à Bruxelles, plusieurs actes de dégradations dans certaines localités comme Liège, où un car scolaire a été incendié. Rien de comparable avec l’embrasement et le déchaînement de violences qu’a connu la France. On aura même pu entendre, ou lire sur deux ou trois murs d’immeubles à Bruxelles, des slogans anti-Sarkozy qui n’ont absolument rien à voir avec la situation locale.

« Cités dortoirs » contre « cités jardins »

La Belgique est un pays qui s’intéresse beaucoup à la France, et qui sait tout aussi bien s’inspirer de ses réussites que tirer d’intelligentes leçons de ses échecs, d’autant que ceux-ci apparaissent comme nombreux. En particulier en Wallonie, dans la partie francophone du pays, le débat politique est de temps à autre influencé par les grandes questions soulevées en France : le cas du foulard à l’école est ainsi apparu sur l’agenda des responsables politiques belges de ces derniers mois et a fait l’objet d’un large débat. Il y a, à l’égard de la France, un sentiment ambigu, un mélange de proximité et de recul, d’empathie et d’incompréhension, de bienveillance et d’appréhension. Aussi, lorsqu’il s’agit d’évoquer les violences dans les banlieues françaises, le regard est-il à la fois critique, plutôt lucide, et empreint d’une certaine inquiétude, chargé d’interrogations sur les failles possibles de son propre modèle. Mais rares sont, à l’exception de quelques voix marginales, les discours prédisant de telles révoltes en Belgique : la prudence et la mesure sont de mise. A juste titre, semble-t-il. En effet, les facteurs urbanisme inhumain, confinement de populations d’origine étrangère dans des banlieues coupées du reste de la société, chômage de masse et mauvaise utilisation de l’aide sociale ne trouvent pas de points de conjonction tels semblables à ceux qu’on peut retrouver en France dans les « cités  ».

Ce dernier terme évoquerait d’ailleurs plutôt les « cités-jardins » dont le pays aurait certainement de quoi s’enorgueillir. Les années 1960 n’ont pas vu, comme en France, pousser de grands ensembles urbains de barres modernistes issues des théories fonctionnalistes. Alors que la France entreprenait des travaux pharaoniques pour reconstruire de l’habitat après les destructions de la guerre, les flux massifs de migrants tel le million de pieds-noirs débarquant d’Algérie en 1962, la Belgique poursuivait à un rythme moins soutenu l’extension de ses cités-jardins et peuplait ses cités ouvrières. Le recours à la petite propriété terrienne, très développé, ainsi que le recours massif aux bailleurs privés pour combler la demande expliquent également pourquoi, alors que l’État français assumait presque seul la question du logement -  le privé étant de fait écarté avec le blocage des loyers - l’urbanisme n’a pas suivi la même voie. Il est ainsi aujourd’hui flagrant de constater que les moyennes et grandes villes belges ne sont pas ceinturées de grands ensembles sans âme, mais plutôt de maisons bien entretenues, où le calme règne et y est recherché. Le centre des villes n’est à l’opposé pas réservé aux populations bourgeoises, et revêt bien souvent un caractère « populaire ». Les Français sont ainsi généralement surpris, lorsqu’ils arrivent à Bruxelles, de constater que le centre est relativement peu mis en valeur et ne correspond pas vraiment à l’image du centre « historique », qui remplirait les fonctions de ville-musée et de centre commercial auxquelles ils sont habitués. C’est même dans les centres qu’on retrouve les populations les plus pauvres et la plus forte proportion d’immigrés et de personnes d’origine étrangère.

La France est du sud, la Belgique du nord

Cela ne signifie pourtant pas que la Belgique n’ait pas succombé çà et là à la mode des tours et barres d’immeubles dans les années 1960 et 1970. Mais celles-ci ont été construites dans les villes, et non à leur périphérie, et leurs habitants ne sont par conséquent pas tenus à l’écart des centres ; ils sont physiquement intégrés à la diversité urbaine.

Comme le souligne Christian Lasserre, consultant en immobilier belge (dans La Libre Belgique du 11 novembre 2005), les Français sont du sud, et les Belges du nord, différence intéressante, qui peut notamment aider à comprendre pourquoi les situations des deux pays face à l’intégration des populations d’origine étrangère, des politiques sociales et de logement sont d’inspiration différente. Libre de toute référence à de lourds principes nationaux, tels ceux du modèle républicain, la Belgique est bien plus marquée par le pragmatisme que la France, et ne tend pas à s’arc-bouter sur des principes érigés en idéaux collectifs (laïcité, égalité, refus catégorique de la discrimination positive, méritocratie...). En tant que pays du nord, la Belgique attache beaucoup d’importance à l’univers familial et à sa responsabilisation, qui passe notamment par la propriété, la France étant plus ancrée dans une tradition où le collectif prime. En outre, l’esprit de consensus, le souci de la paix sociale, s’ils impliquent des complications très problématiques au niveau fédéral entre Flamands et francophones, dont les relations sont très tendues, sont généralement une marque de la vie politique belge.

Ces différences culturelles et politiques ne sauraient pour autant tout expliquer, ni laisser croire que la Belgique n’a pas aussi ses propres problèmes d’intégration et de discrimination. Mais il importe, en la matière, de faire une distinction profonde entre les deux Belgique, la flamande d’un côté, la francophone de l’autre. Voire les trois Belgique, si l’on considère le cas de la région de Bruxelles à part.

La suite porte plus sur la société et moins sur l'urbanisme : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=4874

#11
07-12-2005 12:57
Thierry
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Merci pour l'article Kris69. Cristina Conrad souligne que les gens aisés sont très contents d'habiter dans des tours. L'article que j'ai cité remarque aussi que les tours ne posent pas les mêmes problèmes lorsqu'elles sont en pleine ville, intégrées au tissu urbain. En tant qu'habitant d'une tour plutôt "aisée", je suis prêt à confirmer tout cela.

Les tours ont été chargées de tous les péchés de l'urbanisme contemporain. Je suis persuadé que, si on faisait un sondage, les gens associeraient les tours pêle-même à une densité trop grande, à la pollution, au manque d'espaces verts. Alors que les îlots haussmanniens sont bien pire sur chacun de ces points.

Mais l'habitat haussmannien avait une grande qualité : on ne voit pas qu'il est dense. On n'y trouve pas des couloirs immenses, des vastes halls d'entrée. Les parents peuvent plus facilement surveiller leurs enfants dans une cour intérieure, fût-elle minuscule, que dans le rez-de-chaussée ouvert à tous d'un immeuble sur pilotis à la Le Corbusier. Il y a du monde sur chaque mètre carré, mais les parcours sont différents et plus privatisés : on croise moins de gens différents, la confiance mutuelle peut donc mieux naître. C'est très important dans un quartier populaire, moins dans un quartier bourgeois où l'indifférence n'entraîne pas la méfiance.

#12
08-10-2015 10:52
Lupus
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Superbe déterrage de sujet après 10 ans de sommeil, pour les non moins superbes photos de grands ensembles en construction de cette galerie :

Libération - 08/10/2015

Grands Ensembles : Henri Salesse, Tour Opérateur

http://www.liberation.fr/debats/2015/10 … or=rss-450

#13
09-10-2015 22:30
Lupus
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Libération - 07/10/2015

Grands ensembles: démolir les clichés, pas les cités

A Sarcelles, fin septembre les terrains de sport à proximité des Prés-sous-la-ville. Photo Martin Colombet
Moches, dégradés, mal conçus... Les grands ensembles souffrent d’une mauvaise réputation, souvent injustifiée. «Libération» passe au crible huit idées reçues.

Libération - 07/10/2015

Sarcelles, les tours vers le futur

Le 2 octobre, à Sarcelles. Eddy, conducteur sur la ligne de bus 368 depuis vingt ans. Photo Martin Colombet
Symbole de modernité et de mixité sociale lors de la construction de son «grand ensemble» il y a tout juste soixante ans, la ville du Val-d’Oise pâtit aujourd’hui de nombreux problèmes. Le Grand Paris pourra-t-il changer la donne ?

http://www.liberation.fr/politiques/201 … ur_1399292

 

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