Louis Marie Cordonnier : cinq réalisations de l'architecte à (re)découvrir

Architecte incontournable du Nord de la France au tournant des XIX^e et XX^e siècles, Louis Marie Cordonnier (1854-1940) a laissé derrière lui une impressionnante production architecturale. Son style, souvent éclectique, mêlant inspirations régionales et éléments néo-flamands, marque encore de nombreuses villes. Retour sur cinq de ses réalisations.


L'hôtel de ville de Loos (1884)

C'est à Loos, commune voisine de Lille, que Louis Marie Cordonnier signe en 1884 sa toute première réalisation. Le projet avait initialement été confié à son père, l'architecte Jean Baptiste Cordonnier. Mais ce dernier choisit de passer le flambeau à son fils, tout juste rentré de l'École des beaux-arts de Paris — qu'il avait quittée sans diplôme. L'édifice s'inscrit dans le style néo-flamand, que l'architecte déclinera à plusieurs reprises au fil de sa carrière. Il se distingue notamment par son beffroi élancé, devenu un symbole local et inscrit aujourd'hui au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des beffrois de Belgique et de France.

Le palais de la Paix à La Haye (1913)

Après avoir remporté en 1885 le concours pour la nouvelle bourse d'Amsterdam – projet qui ne lui sera finalement pas confié –, Louis Marie Cordonnier connaît enfin la consécration internationale en 1907 en s'imposant au concours du palais de la Paix à La Haye (Pays-Bas). Conçu dans un style néo-Renaissance flamande, le projet subit plusieurs modifications pour des raisons budgétaires, notamment la suppression d'une petite tour et d'un clocher. Inauguré en 1913, il n'en demeure pas moins remarquable et reste la seule réalisation d'envergure de l'architecte à l'étranger.

L'opéra de Lille (1915)

Après l'incendie du théâtre municipal en 1903, la Ville de Lille décide de construire un nouveau Grand Théâtre. Un concours est lancé en 1907, mais Louis Marie Cordonnier, déjà lauréat de celui de la Nouvelle Bourse voisine l'année précédente, craint d'être écarté. Il dépose alors deux projets : l'un sous son nom en style flamand, l'autre sous pseudonyme en style néo-classique. C'est ce dernier qui est retenu. Édifié de 1908 à 1915, le Grand Théâtre est réquisitionné par l'armée allemande dès 1914 et inauguré sous le nom de Deutsches Theater en 1916. Sa véritable inauguration n'interviendra qu'en 1923.

La chambre de commerce de Lille (1921)

En 1906, Louis Marie Cordonnier se voit confier la réalisation de la Nouvelle Bourse de Lille, quelques années après avoir conçu le précédent siège de la chambre de commerce. Il conçoit un vaste bâtiment de style néo-flamand à l'entrée du boulevard Carnot, tout juste percé. Le chantier, interrompu par la Première Guerre mondiale, s'achève en 1921. Avec ses façades faisant référence au style lillois du XVII^e siècle et son beffroi de 75 mètres, le bâtiment dialogue avec la Vieille Bourse voisine et témoigne du dynamisme du négoce lillois.

La basilique Sainte-Thérèse de Lisieux (1954)

La décision de construire une basilique dédiée à Thérèse de Lisieux est prise en 1925, peu après sa canonisation. Un avant-projet est soumis en 1926 par l'architecte parisien Jules Barbier, mais c'est finalement celui de Louis Marie Cordonnier, au style romano-byzantin, qui est retenu l'année suivante. Les travaux débutent en 1929 et sont poursuivis par son fils, Louis-Stanislas Cordonnier, après la mort de l'architecte en 1940. Épargnée par les bombardements de 1944, la basilique est consacrée en 1954 après plusieurs années de travaux.

Pour en savoir plus

• Fiche complète de Louis Marie Cordonnier sur PSS.

• Louis-Marie Cordonnier, l'infatigable bâtisseur — Bruno Vouters avec Benoît Cordonnier (Atelier Galerie Éditions, ISBN 978-2-916601-63-2).