La Défense : 2004 - 2014

Il n’est pas si loin le temps où, sur tous les forums de discussion dédiés à La Défense, les forumers se plaignaient d’une forte léthargie à propos du plus grand quartier d’affaires d’Europe. Rappelez-vous : les nouvelles tours se comptaient sur la moitié des doigts d’une main, et souvent elles étaient petites, pas vraiment audacieuses et restaient dans une sorte d’anonymat maussade. Tout autour, en Europe, l’architecture d’affaires était en ébullition. Londres diffusait, dans les années 2000, un nouveau rendu par jour — et dans un photoréalisme qui nous laissait pantois !... Moscou s’équipait d’un CBD, comme Madrid. Francfort poursuivait sa fonction de symbole de l’audace européenne, Milan s’affirmait comme capitale économique d’Italie, Barcelone explosait... et même Malmö s’offrait sa Turning Torso.

La Défense voyait ses tours de première et deuxième génération s’abîmer depuis la crise immobilière 1993-1997. Bien sûr qu’on vit monter les tours de la Société Générale, mais amputées de 50 bons mètres. Les rêves d’élancement seraient pour plus tard. Et puis l’échec de la Tour Sans Fins de Nouvel restait dans toutes les mémoires.

Mais pour les choses de l’urbanisme, le temps n’est pas celui de l’humain, il est bien plus long. Et quand la reprise arrive, il faut plusieurs années pour qu’elle puisse se voir en dur, dans le béton. Entre 1997 et 2004, de vieilles tours furent bien rénovées, entre Nobel (la plus ancienne) et Europlaza. De petits immeubles furent livrés, comme Palatin ou Guynemer. Mais outre Cœur Défense — le plus vaste immeuble d’Europe à l’époque avec ses presque 200 000 m² de surface — rien n’arriva à étancher la soif des forumers.

En 2004, ce sont sans doute Granite, CBX, Exaltis et T1 qui annoncèrent le plus clairement la suite. Le boulevard circulaire nord devenait enfin un cañon. Et Bernard Bled redynamisa l’EPAD pour un vaste plan de développement de notre quartier préféré. Et c’est à cette belle époque qu'est né le forum PSS... à point nommé !

Le plan de renouveau sortit quelques années après La Défense de sa léthargie, pour une remise à niveau visible dans l’Europe entière. Jamais notre beau quartier n’avait connu une telle profusion de projets... On peut rapidement les citer ici :
— un gros travail sur l’irrigation du quartier est prévu, avec le prolongement de la ligne E du RER depuis Saint-Lazare et une liaison avec l’ouest vers Mantes-la-Jolie, est programmée à cette époque ;
— l’humanisation du boulevard circulaire est sur les rails, ce qui libère des espaces propices à la construction d’édifices à très grande hauteur tout en permettant de lier le quartier avec les villes alentour ;
— on souhaite renforcer la mixité fonctionnelle du quartier en créant 100 000 m² de logements supplémentaires, parfois dans des formes extraordinaires (suivez mon regard vers Hermitage Plaza...) ;
— on rénove de manière volontariste les plus vieilles tours. Entre Axa/First, Gan/CB21, Opus 12, Eqho, Initiale, ce sont 150 000 m² de bureaux supplémentaires qui sont livrés !
— on va construire 300 000 m² de bureaux neufs : bienvenue aux nouvelles tours D2, Majunga, Carpe Diem... et bientôt Air 2 et Mélia.
— un concours d’architecture est lancé pour un signal fort. Certes, il occasionnera bien des déceptions pour certains, de l’enthousiasme pour d’autres. Mais la tour Phare, c’est une mixité renforcée et proclamée, des formes architecturales inédites en France, et du symbole, du symbole, et encore du symbole.

Et puis jusqu’à aujourd’hui, il y a aussi ce qui est dans les tuyaux : Hermitage Plaza, les jumelles de plus de 300 mètres de haut qui vont transformer radicalement la skyline parisienne.

D’autres projets ont vécu, où Jean Nouvel n’a pas été, une fois de plus, le grand gagnant. Des tours qui étaient presque acquises, comme Generali, Signal, Osmose ou PB22A ont dû disparaître sous les coups de boutoir de la nouvelle crise économique... Enfin sait-on jamais ?...

Entre 2004 et 2014, nous avons eu la belle chance d’assister à l’une des phases de développement les plus foisonnantes et enthousiasmantes de l’histoire de La Défense. Ceci pour montrer que parfois, avec de la volonté, l’Île-de-France peut parfaitement tenir la compétition avec les autres pays. Nous verrons bien, par la suite, que malgré la crise, La Défense va continuer à se développer, et PSS à suivre de très près toutes les péripéties urbaines liées à ce pôle majeur de l’économie européenne.